Au nom du diable
420 pages
Français

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Description

Un adolescent de 17 ans passe pour la première fois ses vacances chez une tante éloignée qui habite sur une île isolée de Bretagne.
Jour après jour, le garçon découvre les bizarreries des habitants et les secrets du lieu. D’abord, il s’en amuse. Puis, il s’en inquiète. Enfin, il s’en effraye.
D’un quotidien estival banal, il bascule dans l’irrationnel le plus angoissant.
Et qui est donc ce Yezekaël que chacun semble attendre comme le diable en personne ?
Les investigations du garçon l’entraînent sur des sentiers qui vont au-delà de l’imaginable, au-delà du bien et du mal, au-delà de la raison...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 octobre 2018
Nombre de lectures 2
EAN13 9782414269747
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-26975-4

© Edilivre, 2018
Du même auteur
Du même auteur :
Le sirop de la rue
(Chronique d’un passé révolu)
biographie
La Bande du Rex
(Meurtre chez les yéyés)
roman
Au nom du diable
(Mystère sur l’île des Sept Saints)
roman

L’auteur a pris quelques libertés avec la trame historique et la topographie des lieux jusqu’à créer de toutes pièces, au nord du Trégor, une région qui n’existe pas.
Ce roman est une œuvre de fiction dans laquelle toute ressemblance avec des personnes vivantes ou ayant existés ne pourrait être que fortuite.
Les faits décrits dans ce roman sont appréhendés par le protagoniste principal, un garçon de dix-sept ans. Sans qu’il soit le narrateur, c’est par son regard que l’on découvre l’univers dans lequel il évolue presque par hasard. On suit le cheminement de ses pensées, ses analyses, ses réactions, ses erreurs, ses revirements, ses sentiments, son entêtement et son interprétation subjective.
Les courtes expressions en breton et en latin ne sont pas traduites dans le seul but de placer le lecteur dans la même sujétion que ce personnage.
Couverture : illustration adaptée d’un détail du tableau de Dieric Bouts
« La Chute des damnés »
peint en 1470 et conservé au Palais des Beaux Arts de Lille.
© copyright Jean-Jacques Snaps 2018. Tous droits réservés.
Exergue


On n’est pas sérieux, quand on a dix-sept ans
Et qu’on a des tilleuls verts sur la promenade.
Arthur Rimbaud
Prologue
Une espèce d’ectoplasme secouait l’homme endormi.
Il ouvrit les yeux. Ni surpris ni effrayé de se retrouver nez à nez avec l’insolite zombi féminiforme qui le tirait par la manche de sa chemise de nuit pour l’inviter à le suivre. L’homme se laissa entraîner. Docilement.
L’étrange couple parcourut les ruelles désertes de villages assoupis, coupa à travers bois empruntant de ténébreux sentiers, traversa des champs moissonnés, des landes de callune et de molinie pour enfin marquer une pause au milieu du chaos de rochers en granit rose qui borde la grève.
La marée haute n’arrêta pas cette curieuse escapade nocturne. Sans se mouiller les pieds, l’homme enjambait lestement les vagues derrière son guide qui planait au ras de l’eau et slalomait entre les nombreux îlots qui parsèment la côte du Trégor.
Enfin, ils stoppèrent sur une île inhabitée, une vaste étendue sauvage et rocheuse montant en plan incliné jusqu’à son versant nord escarpé en falaises.
La créature spectrale motiva alors leur surprenante expédition en se lançant dans une longue explication.
Yann Marionnik de Kéranrais se réveilla en sursaut. Pour de bon ce coup-ci.
Une sueur glacée perlait sur son front et exsudait de sa poitrine.
Première observation rassurante : il était bel et bien dans son lit. Et ce lit se trouvait là où il devait être, dans cette grande chambre dépouillée du château de La Landec.
Yann Marionnik écarta drap et fourrure qui le couvraient. Il se leva.
À l’autre extrémité de la pièce, une timide lueur vacillait autour de la cheminée au foyer encadré d’oribus.
Vêtu de sa chemise de nuit, nu-pieds, Yann Marionnik alla jusqu’à l’âtre, tisonna les quelques braises incandescentes à coups de ringard, y enflamma une brindille de bois sec avec laquelle il revint allumer les bougies du candélabre posé sur la commode.
Assis dans son antique fauteuil, il se remémora dans le détail sa pérégrination cauchemardesque.
La première constatation qui s’imposa à lui ne présageait rien de bon. À l’évidence, ce rêve bizarre recelait un message prémonitoire.
D’abord… fallait-il qu’il appelât un chat un chat, et un fantôme un fantôme.
En vérité, Yann Marionnik avait sur l’instant identifié sa visiteuse. Plus exactement, il n’ignorait pas quel mauvais génie possédait la faculté de se glisser dans l’inconscient des dormeurs. C’était son ancêtre, Tiphaine de Rostreen, dame de Kéranrais. Celle-ci n’avait pas son pareil pour mettre magistralement en communication intemporelle les vivants et les morts. En soi, ce point acquis n’augurait aucune réjouissance pour la suite.
Voyante extralucide dont la réputation dépassait largement les frontières de Bretagne, Tiphaine de Rostreen avait été, en son temps, la pénitente d’Yves Hélory de Kermartin, pasteur de Louannec. La dame s’était distinguée en prédisant, au jour près, la mort de son pasteur bien aimé. Et Yves Hélory de Kermartin n’avait rien d’un pasteur ordinaire. Loin s’en faut ! Quarante-quatre ans après sa mort, le pape Innocent VI le canonisa. Devenu saint-patron des hommes de loi, les croyants le vénéraient depuis des siècles sous le nom de saint Yves.
Ceci établi, Yann Marionnik poursuivit le décryptage des indices parsemés dans son rêve.
Il situait parfaitement l’île sur laquelle Tiphaine l’avait entraîné. Entourée de sables mouvants qui formaient un rempart infranchissable, l’endroit était inaccessible à marée basse. Et Yann Marionnik n’ignorait rien du passé sulfureux de ce lieu malfamé. La mauvaise réputation de l’île ne datait pas d’hier ! Elle remontait précisément aux premiers temps de l’ère chrétienne. La légende voulait qu’une nuit de tempête, sept religieux aient fait naufrage à proximité de l’île. Ils auraient atteint celle-ci à la nage pour s’y abriter dans une sombre grotte sous les falaises. Là, ils se seraient endormis pour ne se réveiller que… deux siècles plus tard.
Au début du XI ème siècle, en commémoration de cette prétendue résurrection, l’un des premiers évêques de Tréguier, Hugues 1 er de Saint-Pabutral, baptisa alors ce bout de terre rocheux l’ Île des Sept Saints .
Au XIII ème siècle, ce fut au tour de l’évêque Alain 1 er de Lezardrieu d’y faire construire un monastère avec son abbaye. Mais quelques années après leur installation, pour d’obscures et mystérieuses raisons, les moines de l’ordre de saint Colomban abandonnèrent les lieux saints, même au prix de l’anathématisation et de l’exil.
Jusqu’à la fin du moyen âge, le site resta consacré, mais désert. Par superstition, les pèlerins eux-mêmes se tinrent à l’écart.
Puis, le temps passa. Et à mesure que le temps passait, paysans et pêcheurs commencèrent à donner foi aux histoires maléfiques que des nécromants colportaient de ferme en hameau et de bourg en port. La rumeur publique décréta que l’île des Sept Saints était un haut lieu sabbatique où sorcières et satanistes armoricains se rendaient en barque les nuits de pleine lune lors des marées propices pour y célébrer d’orgiaques messes noires dans les ruines de l’abbaye.
Alors, sans qu’aucun élément probant ne corroborât jamais cette conviction populaire, l’île fut damnée, proscrite par Dieu et oubliée des hommes.
Cette nuit-là, Tiphaine de Rostreen, ou du moins son esprit, venait de renouveler la prédiction faite à saint Yves plusieurs siècles auparavant. Elle avait annoncé à Yann Marionnik la date exacte de sa mort prochaine. Toutefois, avant de quitter le monde des vivants, il lui resterait six années à vivre pour s’acquitter d’une impérative mission. Il devrait acquérir en toute propriété l’île des Sept Saints et y faire édifier le nouveau fief des Kéranrais.
Yann Marionnik de Kéranrais cumulait les titres nobiliaires de comte de La Landec et vicomte du Trégor.
Le lendemain, dès l’aube, il donna l’ordre à ses gens d’atteler sa calèche pour 14 heures. D’une ponctualité aristocratique, deux coups sonnaient au carillon du vestibule quand il parut sur le perron du château. Un brillant soleil automnal lui fit cligner les paupières. Il incurva le large bord de son feutre noir pour préserver des rayons aveuglants ses yeux couleur de nuit aux iris d’un bleu si foncé que les mauvaises langues prétendaient que le comte avait le regard d’un rapace.
Maître Bourniac, notaire à Lannion, restait l’un des rares autochtones à entretenir encore quelques relations avec ce vieux comte solitaire qui vivait reclus en son château. Une ou deux fois l’an, les deux hommes se rendaient une visite de courtoisie et discutaient des affaires du pays. Pays qui, une fois encore, était à feu et à sang. Yann Marionnik puisait ses informations dans les lettres détaillées que lui envoyait son fils Loïc, avocat dans la capitale. Par cette source épistolaire, Yann Marionnik se remémorait la Révolution que lui-même avait vécue un demi-siècle auparavant.
Loïc de Kéranrais avait décrit à son père par le menu les chaudes journées de février, les barricades, l’abdication du roi, la fuite de la famille royale en Angleterre, l’installation du gouvernement provisoire à l’hôtel de ville où flottait le drapeau rouge, l’attentat contre l’assemblée…
Dans sa dernière lettre, il s’attardait sur les évènements sanglants du mois de mai. On s’était battu un peu partout, à la barrière de Fontainebleau, place de la Bastille, faubourg Saint-Antoine. Un certain général Cavaignac, Eugène, un socialiste, venait de prendre le pouvoir…
Le notaire et son visiteur commentèrent longuement ces évènements récents avant que le comte de La Landec n’exposât le but de sa visite. Il mandatait officiellement maître Bourniac d’effectuer, en son nom, les démarches visant à l’acquisition de l’île des Sept Saints qui appartenait toujours à l’ancien évêché de Tréguier, mais dont le siège épiscopal avait été supprimé par bulle pontificale.
La transaction fut rondement menée. En ces temps où une terrible épidémie de choléra venait de vider Tréguier de ses habitants, et où l’église connaissait une complète débâcle, le nouveau vicaire accueillit comme un don du ciel l’occasion de se débarrasser enfin de cette île frappée de malédiction.
L’offre du comte fut acceptée sans la moindre négociation.
Yann Marionnik exécuta à la lettre les ordres

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