Au-delà de la peur : une aube nouvelle
108 pages
Français

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Au-delà de la peur : une aube nouvelle , livre ebook

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Description

Heurts et malheurs du Mali qui meurtrissent un peuple ballotté entre le bon vouloir des institutions internationales et un pouvoir qui manie le temporel et le spirituel dans un gant de fer. Le putsch apparaît comme l’accoucheur d’un nouvel espoir, ce levier qui soulèvera le joug des opprimés pour que jamais ils n’abandonnent : « assumer ou trahir sa mission ». Le choix est fait... L’auteur nous offre un récit maîtrisé, efficace car dénué de sensiblerie. Véritable plaidoyer pour la cause des jeunes maliens qui espèrent une nouvelle aube pour leur pays, les mots s’enchaînent à l’instar des rébellions d’une nation qui s’insurge contre un pouvoir qui se pérennise sans apporter de solution à ses problèmes. Comme il est long mais passionnant, le chemin vers la démocratie !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 mai 2012
Nombre de lectures 2
EAN13 9782748376050
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Au-delà de la peur : une aube nouvelle
Madjoum Traoré
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Au-delà de la peur : une aube nouvelle
 
 
 
À la mémoire des martyrs de la quête démocratique au Mali de janvier et mars 1991 et de tous ceux, connus ou inconnus, qui les ont précédés sur le chemin. À mes enfants et à tous les enfants de leur génération, avec, pour eux, le vœu profond d’un monde meilleur.
 
 
 
Prologue
 
 
 
La première République, proclamée dans la ferveur en 1960 après l’éclatement de l’éphémère Fédération qui chapeauta l’accession à l’Indépendance nationale, fut renversée huit années plus tard par un coup d’État militaire. Le pouvoir de transition mis en place par les putschistes et le pouvoir du Parti unique constitutionnel qui prit le relais engagèrent le pays pendant plus de deux décennies dans la voie de la répression.
Les cadres patriotes furent systématiquement mis à l’écart, sinon contraints à l’exil pour échapper à une lente agonie. Un clan se cons­titua autour du pouvoir et, à l’aide de multiples ramifications, mit le pays en coupe réglée, réussissant la remarquable « performance » de dé­ve­lopper le sous-développement.
On avait assisté progressivement à un renversement des valeurs, dû à l’apparition ou à l’amplification de phénomènes de société négatifs. Corruption, détournement de deniers publics, népotisme, etc., s’étaient généralisés, engendrant une véritable course à l’enrichissement illicite, le pillage systématisé et la gabegie des ressources publiques, laissant pour compte les masses rurales et le prolétariat.
Bref, le bilan était cruellement négatif et les rêves au fil du temps s’étaient évanouis. Le désespoir du peuple avait trouvé refuge dans la religion dominante dont les prédicateurs, au demeurant, répandaient une philosophie de soumission et de résignation opposée à toute forme de révolte contre le pouvoir, émanation de Dieu qui se réserve la faculté de punir ceux qui l’exercent mal.
Mais la jeunesse, elle, ne se laissait pas mystifier et contenait difficilement ses velléités. D’abord embrigadée à coups de slogans dans les structures d’animation du Parti, elle avait fini par se démobiliser face à l’horizon bouché qu’elle percevait par-delà la phraséologie rituelle des offi­ciels.
La préoccupation réelle de ceux-ci était la conserva­tion du pou­voir, pour le confort et les honneurs qu’il leur procurait, et après eux le déluge !
Au bord de la catastrophe, ils avaient demandé le se­cours de la Banque mondiale et du Fonds monétaire inter­national, spécialistes du redressement des économies mourantes. Comme ailleurs, ces institu­tions étaient accou­rues avec leur remède miracle consistant à mettre le pays au PAS (Programme d’ajustement structurel). Mais ici, les me­sures draconiennes préconisées (gel du recrute­ment à la fonction pu­blique, liquidation des sociétés d’État, compressions diverses, et autres dispositions impopulaires), cinq ans après leur mise en œuvre, ne pa­raissaient plus être la panacée.
Le trentième anniversaire de l’Indépendance qui se préparait était placé sous le signe de la méditation. La parade militaire, véritable cé­rémonie d’intimidation du peuple, n’était pas au programme cette an­née, austérité obligeant.
 
En attendant une inspiration salvatrice, on végétait.
 
 
 
Chapitre premier. Ambiance de fête
 
 
 
La date anniversaire tombait cette année un lundi. La perspective du week-end prolongé avait rendu les cœurs euphoriques dès la sortie des bureaux le samedi à midi. Le climat, en cette période charnière en­tre l’hivernage et la saison froide, était assez clément. Aussi, le quartier commercial, principal pôle d’attraction, connut-il pendant tout le week-end une affluence soutenue. Quelques privilégiés désertèrent tout de même la capitale pour leurs coquettes résidences en banlieue, où il était à la mode d’avoir son champ ou son verger, signes distinctifs de la nomenklatura locale.
La commémoration proprement dite débuta le dimanche par le discours bilan du président de la République, au journal télévisé de vingt heures. On eut droit à la litanie habituelle des réalisations du Parti « malgré une sécheresse endémique et une conjoncture internationale difficile ». Pour faire bonne mesure, les problèmes cruciaux furent évo­qués. « Les réformes mises en œuvre, dit-il, visaient le rétablissement des grands équilibres fondamentaux de l’économie, qui sera suivi d’une relance de l’emploi. » On eut droit aussi à des promesses de relèvement des salaires, bloqués depuis près de vingt ans. « C’était l’objectif priori­taire du Parti, enchaîna-t-il, parmi les perspectives qu’ouvrait l’exploi­tation imminente de gisements aurifères localisés deux ans plus tôt. » Suivit une mise en garde contre les fraudeurs et leurs complices cor­rompus. Et pour terminer, il exhorta les masses laborieuses à un sur­saut national, à une vigilance accrue et une lutte implacable contre ces fossoyeurs de l’économie nationale. Bref, du déjà-entendu ici comme ailleurs et qui ne trompait plus personne.
Au moment où passait le discours, synchronisé à la radio, Adama Diarra et quelques collègues étaient sur la route, rentrant d’une mission de campagne. Douanier de profession mais aussi, homme de culture avisé, Adama avait parfaitement saisi les non-dits du propos et s’en délectait. Le véhicule dans lequel ils voyageaient était équipé de radio et ils avaient tous suivi avec attention le message à la nation du chef de l’État. C’est dans une atmosphère houleuse que se terminera le voyage, le message étant apprécié différemment par les uns et les au­tres.
Sitôt rentré chez lui, Adama prit un bain rapide, se changea et ressortit. Il était impatient de retrouver ses amis au grin * . La bande qu’il fréquentait comptait une dizaine de membres effectifs. Ils étaient tous des amis d’enfance, ayant gardé de solides liens depuis l’école primaire. Ils avaient une passion commune pour la belote. D’autres compagnons les fréquentaient occasionnellement, en particulier lors des championnats qu’ils organisaient, comme ce soir, et auxquels tous les grands amateurs notoires du quartier étaient conviés. Ces parties n’allaient pas sans tapage et, fort heureusement, le lieu s’y prêtait. La maison était l’une des dernières à la limite ouest de la ville. Elle était située presque au pied de la colline, dans le prolongement du collège privé catholique. Au-delà, seuls quelques champs de maïs et d’arachide s’étalaient jusqu’au versant.
Mohamédoun Boré, professeur d’anglais au lycée mixte et Isac Sy, comptable dans un supermarché, étaient colocataires de la concession. Une cour assez vaste où trônaient quelques manguiers offrait un cadre idéal au groupe. Le bâtiment principal comportait deux appar­tements de deux pièces chacun, communiquant sur un grand salon dont Boré et Isac avaient la jouissance commune. Une cuisine, un débar­ras et des toilettes annexes complétaient le décor.
Au volant de sa voiture, Adama fonçait sans trop se sou­cier, pour une fois, de l’état cahoteux de la route. Il arriva enfin et se gara, non sans acrobaties, entre les nombreuses motos et quelques voitures dénotant un grand rassemblement. En un lieu moins isolé, cela aurait inévi­tablement attiré une foule d’enfants et de badauds. Il sortit de la voiture en prenant soin de boucler les portières.
Déjà, il était agressé par la musique et le brouhaha carac­téristiques des réunions du genre. Il franchit la porte d’un pas pressé et plongea dans l’ambiance entraînante.
Le cercle des beloteurs occupait comme d’habitude le mi­lieu de la cour. Une ampoule, fixée pour la circonstance à une branche surplom­bant la table, suppléait celle de la façade, illu­minant l’assistance. À mi-chemin, un peu en retrait sur la gauche, quelques jeunes garçons s’af­fairaient à préparer le thé, boisson privilégiée de ces parties. Deux d’entre eux s’affrontaient gaiement au jeu de dames. Adama leur lança la formule d’usage : « Salut au plus fort ! » Tous les deux y répondirent, chacun contestant ainsi la suprématie de l’autre. La partie n’étant pas terminée, une vaine mais joyeuse discussion s’ensuivit. Adama tendit la main vers le plateau où l’un des gosses commençait à servir le thé.
Il saisit un verre et progressa vers la table de belote en sirotant la boisson chaude. Il y arriva au moment où prenait fin la partie en cours, de sorte que ses salutations se perdirent dans la confusion provoquée par les protestations de l’équipe perdante et les commentaires, désor­donnés et passionnés, des spectateurs. L’arbitre du moment, Oumar Cissé, inscrivit la victoire des gagnants au bilan et appela l’équipe en tête de liste. Pendant que celle-ci s’installait, Oumar se tourna vers Adama qu’il apostropha :
— On joue à la vedette maintenant ? Tu nous as fait prendre un sacré retard, tu sais !
— J’en suis navré, crois-moi, je t’expliquerai plus tard la raison de mon retard. Quelle est la situation au bilan ?
— L’équipe en tête a huit victoires. Puis il y a des ex aequo à six, quatre, trois et deux victoires. Les autres sont à la traîne.
— Ce n’est pas alarmant ! dit Adama, faisant une tape sur l’épaule de son ami. Avec un peu de chance, nous les remonterons. J’espère au moins que tu ne m’as pas attendu pour nous inscrire ?
— Non, bien sûr ! Nous avons déjà sauté plusieurs tours mais présentement, il y a juste une équipe avant nous. J’en étais à me demander s’il ne valait pas mieux m’engager avec un autre partenaire. C’est te dire que tu es arrivé in extremis.
 

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