Andreotti
70 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
70 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Octobre 2011 : plusieurs meurtres surviennent à Rouen, en Seine-Maritime. L’enquête est confiée à Andreotti, un lieutenant de police judiciaire, « légèrement » ripoux, alcoolo et certainement minable...
Au cours de l’enquête, nombreux seront les détails qui se rapporteront aux aventures extraconjugales d’une époque que le lieutenant aurait volontiers oubliée. Andreotti se lance dans une quête dont il ignore assurément tout de la fin. Durant des semaines, les allusions à son passé feront surface malgré lui et remettront en question ses convictions.
Mais qui peut bien en vouloir au lieutenant, qui n’attendait finalement qu’une chose : rester tranquillement au chaud dans son placard en attendant la retraite.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 avril 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334246316
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-24629-3

© Edilivre, 2017
1 Bonjour lieutenant Andreotti
12 octobre 2001, titre d’un journal régional…
« Un homme mort découvert par un équipage police secours a été retrouvé cette nuit au pied d’un immeuble désaffecté de ROUEN. Son identité n’a pu être relevée et sa description est sommaire : européen, une quarantaine d’années, vêtu d’un jean’s et d’une chemise bleue, cheveux bruns. Il est porteur d’une gourmette en or avec une inscription « pour toi mon amour ». Si vous détenez des informations sur cette personne, vous pouvez prendre contact avec la police judiciaire ».
Andreotti arriva tôt le matin à la terrasse de café pour prendre son thé, son œil fut attiré par les gros titres du journal régional. Sa première pensée fut… « regarde-moi ces rapaces ; tout est bon pour faire du fric sur le dos des autres ! » tout à ses réflexions, sa tasse vidée sans y penser, il se remit en marche pour rejoindre son bureau.
A peine arrivé au central, le taulier l’interpella :
– « Vous, dans mon bureau, et tout de suite ! » avait-il ajouté sur ce ton si agréable que chacun lui connaissait.
Andreotti, entre les quatre murs du chef, lui demanda le motif de cette convocation. Ils avaient pas mal bossé ensemble… dans le temps… mais l’autre avait gravi les échelons et lui…
En tout état de cause, le boss souhaitait lui donner une affaire qui « portait jusqu’à son nom » (scandait-il !).
C’était cette fameuse affaire qui avait éclaté dans les quotidiens. Une fois la discussion finie et le dossier en main, il se rendit à la morgue.
Extrait du rapport d’expertise daté du 12 octobre 2001 : « … homme édenté postérieurement à la mort, face écrasée, extrémités des doigts et des pieds sectionnés. Par ailleurs, l’examen de la poche stomacale révèle une balle à jouer de type « ping pong » fondue préalablement à l’ingestion et renfermant une pièce de papier portant mention « pour toi, lieutenant ANDREOTTI ».
Le lieutenant avait pris bonne note du message que son taulier lui avait transmis. Il fit faire une copie du rapport et des photographies, afin d’étoffer le dossier, il fallait avancer.
Une fois sorti, et pour assimiler les détails sordides de l’affaire, il alluma une cigarette. Son exaspération était telle que son tabac se consumait avec une rapidité rarement égalée. Il assortit ce geste d’un café brûlant mais infecte, né dans un distributeur automatique sans âme. Les volutes le laissaient songeur : pourquoi lui, pourquoi ce fou sanguinaire et barbare l’avait-il nommé ?
Voilà déjà vingt-cinq ans qu’il était rentré dans la police et il avait vu quelques criminels !! Pas de grandes affaires dignes de faire des unes de journaux ! Des trucs sans grand intérêt dans le fond et qui lui permettaient de garnir son frigo… Mais c’était la première fois qu’un criminel l’interpellait de cette manière aussi atypique et aussi brutale.
Et il est vrai qu’il en était arrivé à être écœuré de toute cette humanité vicieuse, visqueuse, grouillante, de toute cette vermine à nettoyer (quand cela était possible !). Sa carrière l’avait motivé dans un premier temps, celui de la jeunesse sans doute et puis, tout lasse… Tout comme sa vie affective du reste : en demi-teinte, morne, sans réelle saveur. Aussi, dans des moments de tourment comme en cet instant, il se sentait bien seul. La seule idée qui lui vint fut de se plonger dans ses archives afin de trouver son… correspondant anonyme !
Toute cette paperasse le rendait serein, apaisé, comme dans un cocon douillet. Après plusieurs jours de recherche, aucune affaire traitée antérieurement ne semblait lui fournir un potentiel suspect… Et la question du premier jour lui vrillait la tête : « Pourquoi un tel taré vient me casser… ma petite routine ? Il ne manque pas de jeunes flics pour qui ce serait l’AFFAIRE DU SIECLE, moi je suis passé à autre chose et je veux qu’on me foute une paix royale ! Fini la vocation monacale pour sauver la veuve et l’orphelin ! Maintenant, à moi les dossiers à classer, le bureau qui ressemble à un placard à balai et je m’en fous ! »
Pour faire passer son mal être, Andreotti se rendit dans un bar comme il les aimait, malfamé, dans une ruelle de Rouen. Après avoir levé le coude plusieurs fois pour atteindre ce sentiment de plénitude, il décida de rentrer chez lui pour évacuer le surplus d’alcool. Sur le chemin du retour, il rencontra une jeune femme : en pleurs le visage violacé, les vêtements en désordre… Celle-ci, passablement exaltée, ne cessait de répéter qu’elle avait été agressée. Il lui assena une gifle sans ménagement afin que l’hystérique retrouve ses esprits. Andreotti obtint une description des types qui l’avaient rouée de coups. Il rejoignit un des gars très vite : il trinquait à ses exploits nocturnes dans un café que le lieutenant fréquentait lui-même depuis… depuis… depuis combien de temps déjà ? Il s’accouda au comptoir juste à côté de cette ordure et, d’emblée, lui montra sa carte professionnelle et lui demanda de le suivre. Menotté dans une ruelle sombre, il se livra à des voies de fait comme il aimait (à en faire) : sauvagement, sans but précis mais pour faire (le) mal. Il le laissa à terre, gisant, gémissant dans son sang… Il s’éloigna très vite avant qu’il ne se souvienne éventuellement de lui. La traque lui avait heureusement donné un exutoire à sa colère. Andreotti se sentait temporairement soulagé : tabasser cette raclure n’avait pas été une bonne action : il l’avait fait pour lui, rien que pour lui… Voilà qui clôturait bien cette journée… Sans risque…
Andreotti ramena la jeune femme à son domicile et insista, juste ce qu’il faut, pour qu’elle dépose plainte. Il était bien chez elle et… pourrait se sentir mieux encore. Pourtant, elle ne voulut pas participer à son « épanouissement » et il prit congé.
Enfin, il pouvait rentrer chez lui, dans ce qu’il ne pouvait plus trop nommer son foyer mais un endroit où il dormait, une simple adresse administrative. Il voulait trouver dans le sommeil de quoi oublier… Comme plus tôt dans la soirée avec l’alcool… Demain, il espérait… Il espérait quoi ? Ah, trouver pourquoi cette enflure le narguait avec cette balle de ping-pong…
Andreotti arriva chez lui sans trop de difficultés : l’alcool est une vieille compagne qu’il avait maîtrisée après quelques années. Sans mal, comme une brute, il s’allongea sur son canapé en velours marron qui avait déjà bien vécu. La pièce était sombre, le peu de lumière qui parvenait à rentrer provenait du lampadaire sinistre de sa rue. Il fournissait une lumière timide qui passait entre les lamelles du store vénitien de la baie vitrée. Le lieutenant ferma les yeux et un large rictus de satisfaction se dessina sur son visage avant de s’endormir très vite.
2 Exode
6h45 : Andreotti se trouva réveillé par le claquement de la pluie sur la baie vitrée. Le réveil était dur : la soirée qu’il venait de passer l’avait sali. Il se dirigea vers la salle de bain pour se donner un coup de propre avant de repartir au travail.
Une fois dans la pièce il se vit dans le miroir au-dessus du lavabo en céramique blanc que le temps et ses humeurs avaient ébréché. Il constata malgré lui les marques laissées par l’alcool. Son visage était si blessé qu’il se faisait peur… Un regard pervers, salace, presque maléfique… il mit ses lunettes, qui lui donnaient ce genre intello pouvant encore séduire une femme pas trop observatrice… de gros verres avec des branches noires épaisses fournissant un gros contraste quand il les avait sur le nez en regardant son reflet… il se mit à délirer et à s’injurier tant, finalement, il se dégoûtait… « C’est moi que tu regardes là, c’est à moi que tu parles ?!! » avec un faciès d’ordinaire (c’est-à-dire aigri.). Car, voilà ce qu’il était : aigri, vieilli, usé par le temps qui passe et qui trépasse tout, « bon sang ! » Une fois fini, il retrouva son sourire en coin, un sourire de composition (il avait franchement oublié ce que cela signifiait !) et repartit dans sa chambre pour se changer.
Le mot chambre était usurpé car cette pièce se composait d’une armoire en piteux état, la porte d’accès, le papier peint étaient verts passés avec des traces d’humidité dans les coins… Cela sentait le vieux, le moisi, l’abandon… Sur...

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents