Acouphanges
94 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
94 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

LOU-VALÉRIE VERNET


ACOUPHANGES


Un homme meurt assassiné, d’un couteau en plein cœur, chez lui. Le seul témoin, Athéna, sa fille, 13 ans, échappe à la police. Innocente ou coupable ? Ingénue ou machiavélique ? Victime ou bourreau ? Sensée ou démente ? Fuyant de Roussillon à Paris un éprouvant et noir passé, l’héroïne sème les enquêteurs et brouille les repères.


L’ambivalence de ce thriller psychologique qui prend, tantôt le point de vue des enquêteurs en chasse, tantôt celui d’Athéna en fuite, tient le lecteur sous emprise jusqu’au dénouement.



L’auteure


Lou-Valérie Vernet, auteure multi-cartes, photographe amateur, baroudeuse au grand cœur, n’en est pas avec Acouphanges à son coup d’essai. Essayiste et poète à la plume acérée, elle excelle dans ce deuxième thriller noir totalement atypique.



Sa devise : « Ne prenez pas la vie au sérieux, de toute façon vous n’en sortirez pas vivant » B.Fontenelle.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782382110218
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ACOUPHANGES
 
© M+ éditions
Composition Marc DUTEIL
 
 
ISBN 978-2-38211-021-8
 
 
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle
 
LOU VALÉRIE VERNET
ACOUPHANGES
 
 
 
Roman
 
 
 
 
 
 
M+ ÉDITIONS
5, place Puvis de Chavannes
69006 Lyon
mpluseditions.fr
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Au fond, le seul courage qui nous est demandé
Est de faire face à l’étrange, aux merveilleux,
À l’inexplicable que nous rencontrons.
Rainer Maria Rilke.
Lettre à un jeune poète – 12 août 1904
 
 
 
Ce sont les enfants que le monde a failli briser
qui finissent par le sauver.
Blacklist. Réplique de la saison 3.
 
 

1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
Épilogue
Remerciements
 
 
 
 
 
 
 
 
Elle a vu le sang couler toute sa vie. Elle y est habituée. Rien de différent cette fois-ci. En vrai, il n’est jamais aussi rouge ni brillant que les films le montrent. En séchant, il a même tendance à devenir marron. Presque sale.
Autour de la tête, ça fait une grande tache brune. Autour du corps, c’est épars. Des moyennes et des grandes, aux formes incertaines. Des rigoles aussi, çà et là, et quelques traînées sombres comme lorsqu’on essuie mal une surface. Dans les joints du carrelage, tout a été absorbé, le blanc a noirci. Quelques insectes, au début, sont venus coller leurs pattes. Pas beaucoup en vérité, mais aujourd’hui, elle a peur. Il y en a vraiment trop et puis ça sent mauvais. Cela devient écœurant. Toute cette mélasse agglutinée, presque en train de se battre, à croire que c’est leur premier cadavre. Elle devrait bouger, elle le sait. Une voix qu’elle connaît bien le lui scande depuis un bon moment « Sors, Athéna, sors, ou sinon ça sera ton tour ». Mais non, elle reste encore, elle veut voir. Jusqu’au bout. Jusqu’à ce qu’il ne reste plus rien. Juste une carcasse vide. Parce qu’alors l’âme sera bien obligée de sortir.
Un homme, ce n’est pas différent d’une bête. Quand ça meurt, l’âme s’enfuit. Tout de suite. Elle ne peut pas dire en vrai qu’elle l’a vu, mais elle l’a senti, quand pour la première fois, elle a tué un lapin. C’est ce qui l’a le plus surprise. Aussitôt il y a eu un murmure, à son oreille est venu un son qui ne ressemblait à aucun autre. Comme lorsque le vent fait frissonner un rideau, une espèce d’envolée invisible venue froisser le silence. Qu’elle n’avait jamais entendu ! Elle s’est sentie frôlée, ça n’a même pas duré une seconde, mais elle a su. Le lapin était mort et l’âme, de suite, s’en était libérée. Elle a filé aussi vite que le vent et Athéna, pour la première fois, a failli pleurer. C’était une émotion trop forte. Jamais elle n’avait ressenti cela. Et toujours, le même phénomène s’est reproduit, elle en est certaine. Pour tous les animaux. Des dizaines de fois.
Là, ça fait des heures qu’elle attend, sans bouger, sans dormir, sans sourciller, à en avoir les yeux qui brûlent et les membres tout endoloris, mais il ne se passe rien. Pas un souffle. Pas un bruit. Pas un frôlement. Elle ne comprend pas. S’entête. Se questionne.
Où et quand est partie l’âme de son papa ?
Qu’attend-il pour s’enfuir ?
Pour une fois qu’elle aurait eu le droit de pleurer !
 
1
 
 
 
 
 
C’est une scène de crime comme on en voit peu. Et même jamais. Surtout ici, à Roussillon, dans cette enclave paradisiaque, fief du plus grand gisement ocrier de France. L’odeur vous saute à la gorge en même temps que l’image foudroie le regard. Toutes les synapses en sont immédiatement anarchisées. L’information s’arrête net, incapable d’agencer de façon cohérente la pagaille qui agite les neurotransmetteurs.
Pour les témoins, liquéfiés sur le seuil de la pièce, il y a un mouvement de recul, une subite envie de faire demi-tour, une bile acide ravalée de justesse. On peut être gendarmes et ne pas savoir faire face pour autant. L’uniforme a des limites qui s’arrêtent à l’homme qui le porte. Il faut un temps pour voir, un autre pour encaisser et un dernier pour oser affronter ce qui peine à émerger d’un probable scénario de film d’horreur.
La femme qui les a alertés a été mise KO au premier round. Elle est ressortie aussi vite qu’elle était entrée, mais a tout de même trouvé le courage de les appeler. Ça n’a pas été facile de comprendre au travers de ses pleurs, à moitié hystériques, à quel point l’urgence était réelle. Et les faits avérés.
Quand ils se sont garés, gyrophare hurlant, elle était assise par terre, devant le portail, sonnée. Il avait fallu l’éloigner avant d’entrer. Elle répétait en boucle que ce n’était pas possible, pas possible du tout, qu’elle avait dû se tromper. Dans son état, et selon ses indications, tous n’avaient encore qu’une confuse idée de ce qui les attendait. Il y a souvent un gap entre ce que l’on croit visualiser dans sa tête et la réalité qui ne fait qu’un tour dans les tripes. Et si peu de temps, jamais assez, pour réduire la distance qui sépare les deux quand rien ne nous y prépare.
Ce qui fut autrefois un salon est devenu l’antichambre d’un massacre aberrant. Un homme git à terre, tout habillé, raide comme un pic, au milieu de son sang séché et d’une centaine de voraces en train de parfaire sa décomposition. Un couteau planté dans le cœur acte la finale tragédie. Pas moyen de se tromper ou de se leurrer. Il est mort. Violemment.
À l’autre bout de la pièce, couchée dans un coin, sous une console rectangulaire, se trouve une adolescente, repliée sur elle-même, au regard hypnotique. Elle, elle est bien vivante. D’ailleurs, plus les gendarmes la fixent, plus ils ont l’impression qu’elle se replie sur elle-même. Capable d’enrouler son corps pour ne plus en faire qu’une boule compacte, à l’image d’un escargot rentrant sous sa coquille. Ou d’un fœtus.
Il leur est impossible d’englober la scène en une seule fois. Leurs regards vont de l’un à l’autre, en totale dichotomie pendant qu’un bourdonnement néfaste amplifie la puanteur et s’incruste dans chaque pore de peau.
Il y a comme un refus spontané de relier toutes ces occurrences entre elles. Et pourtant, c’est bien de cela qu’il va s’agir. Rendre cohérent un chaos auquel ils n’ont jamais été confrontés.
Si leur chef daigne, un jour, sortir de sa stupéfaction.
 
2
 
 
 
 
 
 
D’un côté l’agitation, le branle-bas de combat, de l’autre une interpellation en douceur. Il a fallu baliser bien au-delà des limites du jardin, fermer l’accès de la rue, agiter le blason tricolore sous la pression de riverains trop curieux et simultanément établir les premières constatations. Procédure tout à fait salvatrice pour reprendre pied et sortir enfin d’une espèce d’apathie consternante. Un ballet orchestré à la perfection dès lors que l’adolescente s’est dépliée spontanément. L’instant d’avant elle n’en finissait pas de se recroqueviller, celui d’après elle se dénouait. C’est ce lent mouvement telle une volte-face imprévisible qui a activé le processus. Aussitôt, les ordres ont fusé à la manière d’une mitraillette impatiente de loger sa cible. Toutes les cibles.
La gamine s’est levée et s’est rendue d’elle-même. Comme si elle avait fait cela toute sa vie. Les mains derrière le dos, le regard baissé. Sans défier quiconque ou vouloir opposer la moindre résistance. Toute son attitude trahissait plutôt un immense soulagement et l’envie d’en finir rapidement. Elle était habillée d’un pyjama qui sentait la sueur et l’urine, mais n’était en aucune façon souillé. Un pot de fleurs, retrouvé au pied de la console, lui ayant servi de latrines, elle avait pu tenir son poste d’observation sans s’éloigner. Ses déjections flottaient au milieu d’un abondant éparpillement de papiers toilette. Jetée pas très loin, les racines encore embourbées de terre et les fleurs toutes rabougries, une orchidée avait été sacrifiée. C’est peut-être cela qui l’a fait se déployer après s’être ratatinée. Quand les gendarmes sont rentrés, l’instinct du fœtus a été le plus fort. Puis elle a vu la fleur, offerte pour son treizième anniversaire. Alors lui est revenue en mémoire cette dernière joie avant que tout bascule.
Papa Raph. Ses 13 ans. L’orchidée.
 
3
 
 
 
 
 
─ Est-ce qu’elle a parlé ?
L’homme qui a ouvert la porte, passé la tête et posé la question ressemble à un gigot. Taillé dans un même bloc. Tête, buste, jambes, un gros gigot tout ficelé dans sa tenue de policier. Je pourrais, si je voulais, lui raconter toute sa vie et même celles d’avant. Il est facile à lire celui-là. Carrément transparent. À ce point creux, que j’oublie en un instant, les images qui me traversent. Trop dégoûtantes. À lui, c’est sûr, je ne dirai rien. Il ne comprendrait pas. Un pur 3D !
─ Non, pas un mot. Ni bougé d’un poil. T’en es où avec la prof ?
À celle qui répond, non plus, pas un mot. Un peu moins 3D et rigide que le gigot, mais aussi poreuse qu’une éponge. Si je lui déverse un dixième du truc, elle ne va pas s’en remettre. Un biscuit, la gendarmette. Pas taillée pour ce boulot, mais elle ne le sait pas encore. Faudrait déjà qu’elle divorce. Elle a encore pleuré cette nuit. Ça se voit. Elle a le fond de l’œil tout vague. Mon Dieu ce qu’elle est triste. Plus que moi je crois. Comme elle n’a pas compris le problème, elle ne voit pas la solution et ça la mine. La pauvre !
─ Elle est encore avec Jean-Jean

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents