1000 Maux
270 pages
Français

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Description

Des sans-abri sont retrouvés sans vie et la police ne semble pas s’y intéresser jusqu'à ce qu'un psychiatre de renom soit agressé à son domicile, avec la même arme utilisée que pour les meurtres. Une arme disparue 15 ans plus tôt sur les lieux d’un double homicide sanglant.

Un tueur en série rôde en ville et le Lieutenant Tom Castle sera surpris d’apprendre qu’il est bien plus proche de lui qu’il ne le pense...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 04 mai 2016
Nombre de lectures 7
EAN13 9782334132602
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-13258-9

© Edilivre, 2016
Prologue
La hachette s’abat une nouvelle fois. Une dernière fois. La porte d’entrée grince puis se referme sur son dernier soupir.
Les cris ont enfin cessé. Le silence s’installe comme lors d’une brutale perte de l’audition. Après que le corps ait cessé de se contracter sous la douleur et d’être secoué de convulsions, le sang est expulsé par petites giclées au rythme de plus en plus lent des battements du cœur. Son ombre s’invite sur le cadavre, comme pour s’assurer que plus jamais il ne se relèvera. La lame tranche la chair avec violence. Le son produit par l’impact est insupportable. Le spectacle ne le satisfaisant pas, il choisit de fermer les yeux, espérant ainsi décupler son ouïe, intensifier la jouissance provoquée par les sons. Sans cesse à la recherche d’une quelconque satisfaction, du moindre sentiment, d’une simple sensation, il voudrait pouvoir ressentir lui-même chaque coup de lame. Il s’amuse chaque fois un peu plus. Son sourire le trahit. Il alterne les coups légers et les martèlements frénétiques.
Il frappe encore, bien après que la respiration ait cessé. Bien après que le cœur ait – enfin – cessé de battre, des taches de sang, telles des ombres, tapissent les murs. Un homme gît au sol. L’os de son crâne, explosé en une multitude de morceaux, ne recouvre désormais plus l’espace entre le cortex cérébral et le cervelet. Son cerveau, ainsi exposé à la lumière artificielle du néon de la cuisine au fond de la pièce, semble pulser au rythme d’un cœur qui ne bat plus depuis longtemps déjà. La suspension dégage dans la pièce une ambiance chaude de maison close.
Du sang coule des ampoules teintées par l’hémoglobine. Les gouttes tombent, venant tacher la chemise bleu ciel du père. La mère n’a de cesse de fixer son agresseur. À genoux, elle se contente de hocher la tête, ne posant à aucun moment les yeux sur le corps de son mari, gisant à quelques mètres d’elle. Des larmes noires de mascara coulent le long de ses joues poudrées plus tôt dans la soirée. Des larmes de désespoir contrastent avec le sourire doux qu’elle lui renvoie. Elle fixe, impassible, le balancement de la hachette, disséminant au passage le sang de son mari sur le tapis fade du salon, lui donnant de petites taches de couleur. La lame apparaît comme scintillante lorsque les larmes viennent brouiller sa vision. Des larmes emplissant son regard bleu azur, quelle ironie ! S’allongeant sur le ventre, obéissante, la mère choisit de tourner la tête du côté de son mari. Lorsque son regard se pose sur le corps affreusement mutilé, elle étouffe un cri.
Elle ne peut ignorer les cris de douleur de son époux. Elle cesse de compter le nombre de coups lorsque la hache s’abat pour la trentième, peut-être même la quarantième fois. Mais ce qu’elle voit dépasse tout ce qu’elle a pu imaginer. Sa poitrine offerte à l’air libre. Son crâne défoncé. La quantité de sang autour de lui suggère que les organes se sont totalement vidés sur le sol. Ayant jusqu’alors gardé son sang-froid, que l’on pourrait qualifier de surréaliste, elle sent tout à coup son front se tremper de sueur. Comme si elle réalisait seulement maintenant qu’elle ne s’en sortirait pas. Qu’il n’y avait désormais plus d’espoir de se réveiller de ce cauchemar. Elle murmure son nom du bout des lèvres.
Les coups de hachette sur le crâne du pauvre homme ont expulsé les yeux de leur orbite. La mère ne peut détacher son regard des quelques cheveux de son mari restés incrustés sur la lame. Malgré l’horreur de la situation, la mère fait preuve d’une lucidité et affiche une impassibilité hors du commun. Elle ne peut que penser à son fils. L’unique bonheur de sa vie, sa fierté, la seule empreinte qu’elle va laisser derrière elle. Elle n’aura jamais la chance de le voir grandir. Elle ne saura jamais s’il deviendra astronaute, un grand scientifique, ou s’il s’orientera vers la littérature comme elle. Comme toutes les mères – ou presque – à ses yeux, son fils est unique. Il représente un petit miracle et elle est sûre qu’il fera de grandes choses. Malgré ses douze ans, son quotient intellectuel est déjà élevé. Elle espère qu’il se souviendra toute sa vie de toutes ces petites choses qu’elle s’est efforcée de lui transmettre durant ces premières années.
Ses yeux se ferment, lui permettant, l’espace d’une seconde, de faire le vide. D’oublier sa fin imminente. Elle sourit en repensant au petit roux dans son pyjama trop grand. En rouvrant les yeux, ils se posent directement dans ceux de son agresseur, de son tueur. Elle ne l’aura jamais quitté des yeux, même lorsque sa main, empoignant – au départ timidement – la crosse de l’arme, assène des coups de plus en plus assurés à son mari. Les cris, la respiration haletante et sifflante, le craquement des os semblent lui insuffler une force surhumaine et lui donne de l’assurance.
Les os qui se brisent, le sang qui coule. L’excitation est à son comble. Les premières minutes, la femme s’était dit que ce n’était qu’un cauchemar. Terrifiant, certes, mais rien de plus qu’un cauchemar. Elle ne cessait de se le répéter même lorsque son mari cria son nom, la suppliant de lui venir en aide. Lorsqu’elle se décida à s’interposer, l’agresseur réprima son excès de courage par un violent coup de manche derrière les genoux. Ne perdant ni sa rage, ni son sang-froid, il n’eut aucune hésitation lorsqu’il fut contraint de punir la mère. Déjà physiquement affaiblie, elle tomba, genoux à terre. Une douleur fulgurante se propageant directement dans tout le corps, des orteils jusqu’au bout des doigts. Elle sut alors que tout était bien réel. Cette douleur ne pouvait être imaginée. On ne peut que la ressentir.
Ses tempes frappent, lui faisant désirer une mort rapide, une exécution propre. Elle pense que sa tête finira par imploser si l’agresseur n’achève pas rapidement sa macabre torture. Elle l’implore silencieusement de s’exécuter. Il lui doit bien ça, puisqu’il est limpide qu’il en serait ainsi. Telle était la finalité. Fixant à présent le néant, ses yeux expulsent leurs dernières larmes.
Allongée sur le sol, les mains contre le carrelage froid, elle récite pour la toute dernière fois une prière de louange : « Gloire à Toi, ô mon Dieu. Tu m’as rendue digne d’être mère de famille. Ta bonté m’a accordé un fils. Tout comme Toi, j’ai tenté d’élever au mieux mon fils, lui donnant tout l’amour que je possède. Seigneur ! Je te confie en ce jour ma chair et mon sang. Préserve-le dans l’état de Grâce jusqu’à la fin de sa vie, illumine-le par Ta vérité. Éclaire-le de la lumière de Ta sagesse. Aide-le à s’orienter dans ses choix futurs. Accorde-lui Ton pardon pour ses péchés. Qu’il agisse jusqu’à la fin de ses jours avec le sentiment de Ton omniprésence. Dieu de toute bonté, qu’il se souvienne toujours de Toi. Qu’il ne fasse pas attention aux discours corrupteurs, qu’il n’écoute pas les gens insouciants, que des exemples mauvais ne l’écartent pas de Ta voie. Éternel, j’invoque Ton Saint Nom, Père, Fils et Saint Esprit, au siècle des siècles. »
Sa bouche se mouvant dans ses derniers mots : « Je te pardonne. »
Chapitre 1
Cela fait maintenant presque dix ans que j’enquête sur des crimes. Cette apathie qui me caractérise est un moteur, même s’il s’agit là du principal frein qui empêche le développement d’une quelconque vie privée. Cette compulsion à vouloir toujours tout résoudre par moi-même n’est plus aussi forte qu’à mes débuts. J’ai appris à déléguer. Certainement pas à faire confiance. Alors peut-être est-ce mon intérêt qui décroît avec le temps ? Cet état de confusion dans lequel je me trouve lors de la découverte d’un cadavre s’apparente plus aujourd’hui à de l’apragmatisme. Il n’y a plus d’anxiété ou d’angoisse lorsque le téléphone sonne. J’ai souvent pensé à abandonner pendant mes premiers mois de service. Mais la perspective de devoir choisir une autre carrière me décourageait. Juste une profonde sérénité de se lever au petit matin et de savoir que des familles, des autopsies, des cadavres, des auditions nous attendent.
Les médias nous diffusent presque non-stop des images de corps sans vie. Dans chaque film, chaque série, chaque reportage, on nous présente ce métier comme le plus beau. Le plus excitant. Le plus glorifiant. La mort est omniprésente à la télévision. Les séries policières se mènent une guerre permanente. C’est à celle qui présentera le meurtre le plus insupportable, les actes les plus obscènes, les tortures les plus insoutenables, les criminels les plus détraqués.
Le meurtre excite. Peut-être bien plus qu’il ne terrifie. Cette surenchère d’horreur a dénaturé la mort.
J’ai toujours eu ce sentiment d’étrangeté, de ne pas être une personne réelle. Plus je grandissais et plus je me disais que tout ça ne pouvait pas être vrai. Tout mon environnement me semblait absurde. Cela n’allait pas jusqu’à la dépersonnalisation, simplement le fait de ne pas comprendre tout ce qui m’entourait. Cela m’arrive encore aujourd’hui lorsque certaines personnes en assassinent d’autres et s’en défendent en mettant en avant la religion. Mon métier m’aura permis de reprendre un semblant de vie sociale et donc de retrouver le contact avec la réalité. Cette frustration de ne pas comprendre l’univers qui m’entoure, les gens qui y habitent, les protocoles sociaux, les conventions sociales, m’est encore insupportable. C’est, je crois, cette différence qui a fait de moi une personne plus asthénique que la normale.
Mon ego est démesuré et je ne le nierai pas. N’ayant d’admiration pour personne, cela n’est pas une surprise. Je ne m’intéresse simplement pas aux autres. Ne leur trouvant rien d’attrayant ou d’ex

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