Paula Becker, La peinture faite femme
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Paula Becker, La peinture faite femme , livre ebook

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Description

« Je ne suis plus ni Modersohn ni Paula Becker. Je suis Moi ».


Worspswede, Allemagne, début du XXe siècle. La peintre Paula Modersohn-Becker vit avec son mari, entourée d’amis artistes : le poète Rainer Maria Rilke et la sculptrice Clara Westhoff. Mais au sein de la communauté, son travail visionnaire peine à émerger. À l’aube de son 30e anniversaire, poussée par le besoin de s’accomplir, elle quitte tout pour s’installer à Paris afin de s’assumer comme femme et artiste.


Pourra-t-elle trouver dans la capitale des Arts la reconnaissance qui lui manque tant ? Pourra-t-elle enfin vivre en femme libre ?


Paula Becker, La peinture faite femme est à la fois un roman biographique inspiré et une œuvre profondément féministe cheminant entre amour, aventures, deuil, peinture expressionniste et quête de soi.


Maïa Brami est écrivaine, poète, dramaturge et dirige des ateliers d’écriture. Son travail s’articule autour du monde de l’enfance, des femmes et de la musique. Elle a publié plus d’une vingtaine de livres primés et traduits dans différents pays.


Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 mai 2022
Nombre de lectures 3
EAN13 9782384390182
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

COLLECTION BLANCHE
LITTÉRATURE CONTEMPORAINE
 
 
 
 
 
 
Image couverture : Paula Modershon-Becker, autoportrait, Brême, musée Paula Modersohn-Becker
Composition du livre : Valentine Flork / Les éditions d’Avallon
 
Distribution papier/numérique : SODIS & Immatériel
 
ISBN papier : 9782384390175
ISBN numérique : 9782384390182
 
Deuxième édition
 
Dépôt légal : mai 2022
 
Éditeur : Les éditions d’Avallon
342 rue du Boulidou
34980 Saint-Clément-de-Rivière
 
 
© 2022 Les éditions d’Avallon

Paula Becker
La peinture faite femme
Maïa Brami
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Paula Becker
La peinture faite femme
 
 
ROMAN BIOGRAPHIQUE
 


 
 
 
 
 
Principales œuvres de l’autrice
 
 
Romans
 
Toute à vous , collection « L’Ardeur », éditions Thierry Magnier, 2020
Norma , éditions d’Avallon, 2020
L’inhabitée , éditions de l’Amandier, 2015, réédition Amazon, 2019
Le Sang des cerises , récit, éditions Rhubarbe, 2010
 
 
Poésie
 
L’Ephémère, 88 plaisirs fugaces , anthologie, éditions Bruno Doucey, 2022
Leoš Janáček : On an overgrowing path , Camerata Zürich, ECM 2021
De l’attente et Après , traduction de l’anglais, éditions Unicité, 2021
Oser encore , hommage à Andrée Chedid, éditions Erès, 2020
Suite enfantine , éditions du Petit flou, 2013
Pas ici, pas ailleurs , anthologie de voix féminines, éditions Voix d’encre, 2012
Enfances, regards de poètes , anthologie, éditions Bruno Doucey, 2012
Pour qu’il advienne , poèmes, éditions Caractères, 2010
 
Théâtre
 
Tout va bien se passer , éditions La Feuille de thé, 2019
 
 
Nouvelles
 
Passages , nouvelles, Océan éditions, 2010
 
 
Essais
 
Lettre au poète Cocteau à Milly-le-Forêt , éditions Belin, 2014
 
Jeunesse
 
La Terre est mon amie , éditions Saltimbanque, ill. Karine Daisay, 2022
L’Attente , éditions HongFei, ill. Clémence Pollet, 2021
Le Royaume sans soleil , éditions Saltimbanque, ill. Karine Daisay, 2020
Les princes charmants n’existent pas , éditions d’Avallon, 2021
Le Monde est ma maison , éditions Saltimbanque, ill. de Karine Daisay, 2017
Même les stars aiment les sardines à l’huile , éditions de la Martinière jeunesse, 2015
Serpent à lunettes ! , éditions Nathan, ill. Joëlle Passeron, 2006
En rentrant de l’école , éditions Grasset jeunesse, ill. Yann Autret, 2006
Mon arbre mon ami , éditions Casterman, ill. Ingrid Monchy, 2006, Prix du Salon du livre St Germain-Les-Arpajons 2006
Goûte au moins ! , éditions Circonflexe ill. Barroux, Prix Matti Chiva/Institut Danone, ill. Estelle Meyrand, 2005
Ne me parlez plus de Noël ! éditions Nathan, 2005
Les pères aussi ont leurs secrets , éditions Grasset jeunesse, 2002
Vis ta vie Nina , éditions Grasset jeunesse, 2000, Prix Chronos 2002
 
« Car il existe quelque part une
vieille inimitié entre la vie et l’œuvre.
Aide-moi pour que je puisse la reconnaître et la
nommer. »
 
Rainer Maria Rilke
Pour une amie, Requiem, 1909
 
 
« C’est alors seulement que je m’aperçus qu’on ne pouvait rien dire d’une femme ; je remarquai, quand ils parlaient d’elle, combien ils la laissaient en blanc, qu’ils nommaient et décrivaient les autres, les environs, les lieux, les objets, jusqu’à un certain endroit où tout s’arrêtait, s’arrêtait, doucement et pour ainsi dire prudemment, au contour léger qui l’enveloppait et qui n’était jamais retracé.
“Comment était-elle ?” demandai-je alors. »
 
Rainer Maria Rilke
Les Cahiers de Malte Laurids Brigge , 1910
 
 
 
 
 
Préface
 
 
Mai 1906, Paris, quartier du Montparnasse, une peintre allemande de trente ans se déshabille devant le miroir de son atelier. Avec sa robe tombe le masque social, ses costumes d’épouse, de belle-mère, de sœur et de fille. Elle s’apprête à réaliser son autoportrait le plus célèbre, qui continue à intriguer jusqu’à aujourd’hui. En bas du tableau est écrit : « J’ai peint ceci à l’âge de trente ans/le jour de mon 5e anniversaire de mariage/P. B. » Paula Becker.
Dénudée, perles d’ambre sur la poitrine, hanches drapées d’un voile à la manière antique, mains encerclant son ventre rond — pouvant laisser croire à un début de grossesse —, elle proclame l’avènement de la femme moderne. Car Paula ne cache pas son ambition, elle veut tout : liberté, reconnaissance, gloire, le droit de jouir de son corps et d’en jouir, et même d’avoir un enfant toute seule. Elle a laissé son mari, le peintre Otto Modersohn, à Worpswede (au nord de Brême), pour venir se mesurer à Paris, capitale mondiale de l’Art. Il lui reste un an et demi à vivre.
Sa meilleure amie, la sculptrice Clara Westhoff — épouse du poète Rainer Maria Rilke —, l’a immortalisée cou tendu en avant, déterminée, lancée vers son destin. Car Paula pressentait que son temps était compté. Durant sa courte vie, elle n’aura eu de cesse de grimper dans les hauteurs, l’ascension artistique comme une réponse pour mieux distancer la mort qui la talonnait depuis l’enfance, depuis ce jour où elle avait failli être ensevelie sous une dune avec ses cousines. Quand l’aînée, Cora, âgée de onze ans, avait été emportée, Paula et Maidli s’étaient caché le visage dans le sable.
Pas étonnant donc de retrouver des fillettes dans ses toiles comme un leitmotiv. En 1897, tout juste installée dans la colonie d’artistes de Worpswede, elle écrit à ses parents :
« Aujourd’hui, j’ai peint mon premier portrait en plein air devant l’argilière, une fillette blonde aux yeux bleus. La façon dont la petite se tenait devant le sable jaune était si belle — brillante et miroitante. Ça m’a fait un coup au cœur. Peindre quelqu’un est vraiment plus beau que de peindre un paysage. »
Aura-t-elle eu conscience alors d’immortaliser Cora phagocytée par la dune, ensevelie jusqu’aux oreilles, ton sur ton, paysage parmi le paysage et par effet d’optique, sa réminiscence, esprit flottant aux iris délavés tournés vers l’intérieur ? À moins qu’il ne s’agisse de son propre regard à elle — Paula, neuf ans —, sa stupeur lors de l’accident, avant de basculer hors de l’enfance ?
Morte dans l’anonymat, son étoile brillera le temps de l’entre-deux-guerres avant d’être aspirée dans les confins de l’Histoire de l’Art, jusqu’à ce que des universitaires américaines publient ses lettres et son journal dans les années 80. Hasard ou coïncidence, Paula est entrée dans ma vie l’année de mes trente ans et plus qu’à aucune autre, je désirais un jour rendre hommage. Qu’elle trouve en France, sous les doigts d’une artiste parisienne, la place qui lui revient, elle, inclassable pionnière de l’Art moderne, qui a rendu son corps aux femmes.
 
 
 
 
 
 
Ouverture
 
 
Alors, le Destin frappa et l’emporta. Il n’eut pas peur de la famille autour, des deux hommes — son frère Kurt et son mari Otto — qui la soutenaient dans sa chemise de nuit immaculée. Il n’eut pas peur de se brûler aux flammes des dizaines de bougies qui illuminaient le séjour comme à Noël, ni de la présence d’un ange accroché au milieu. Il n’eut pas honte de l’emporter au sortir du lit, sa fille Mathilde, âgée de vingt jours dans les bras et devant sa mère encore, qui lui avait déjà tenu tête trente et un ans auparavant, en mettant Paula au monde lors d’une nuit de tempête, bravant le feu provoqué par une lampe à alcool trop remplie.
Le destin frappa et l’emporta. Mais avant, dans sa perversité, il prit soin de brouiller les pistes : rappelé au chevet de l’artiste quelques jours après l’avoir accouchée à cause de douleurs lancinantes à une jambe, le médecin prit sa phlébite pour une névralgie et lui conseilla de rester allongée. C’est que le destin voulait ménager l’effet de surprise, il voulait confondre Paula, la cueillir au moment précis où elle se penserait hors de danger, la battre à son propre jeu : ne l’avait-elle pas appelé de ses vœux pendant toutes ces années, confiant à son journal le pressentiment que sa vie serait écourtée et par conséquent, qu’il lui fallait se dépêcher, se dépasser, si elle voulait s’accomplir ?
Quand elle repoussa les draps pour s’avancer au bord du lit, qu’il la vit remettre de l’ordre dans sa toilette face au miroir en pied, coiffer sa splendide chevelure auburn avant de la natter en couronne et y piquer des roses blanches, il se frotta les mains et rit sous cape. C’était digne d’un opéra, d’une Traviata ou d’une Carmen matinée d’Ophélie. À lui à présent d’entrer en scène et de faire basculer l’histoire dans la tragédie. L’effet dramatique allait être de toute beauté. Il la laissa se lever, sourire aux lèvres, accompagnée par Otto et Kurt, s’émerveiller des bougies dans le séjour. Elle demanda à ce qu’on lui amène sa fille, la serra contre elle en disant : « à présent, c’est presque aussi beau que Noël » et là, telle la foudre, le destin tomba. La douleur fusa dans la jambe de Paula. Tous se précipitèrent pour l’aider. On apporta chaise, tabouret pour surélever le pied, on reprit Mathilde de ses bras, on l’éventa, on courut chercher des sels, mais le caillot, pas plus gros qu’une goutte de rouge de Cadmium à la pointe de son plus petit pinceau en martre, continuait à remonter ses artères, telle une bulle dans une bouteille de Champagne, défiant la gravité, il filait vers ses poumons.
Paula n’était pas morte. Pas encore. Elle percevait l’affolement autour comme si on eut secoué un drap devant son visage. Des voix, des sanglots lui parvenaient de très loin, clairs et feutrés à la fois. La douleur avait cessé, elle n’avait plus aucune sensation de son corps et n’aurait su dire dans quelle position elle se trouvait. Des ombres passèrent dans son champ de vision, corbeaux affolés, puis plus rien. Alors, à l’intérieur de ses yeux aveugles aux pupilles dilatées, sa vie se mit à défiler, par flashs, comme autant de tableaux.
 
 
 
 
 
 
1
 
 
Les rugissements de sa fille la sortent d’une brume âcre, sommeil d’éther dans

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