Landais et Pignada : Histoire d une symbiose - Tome 2
259 pages
Français

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Landais et Pignada : Histoire d'une symbiose - Tome 2 , livre ebook

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Description

Ainsi continue l’histoire d’une famille landaise à laquelle j’ai la fierté d’appartenir. Au bout du chemin, ouvert à la fin du 16ème siècle, nous attend mon arrière-grand-père maternel, Joseph dit Justin Ferrier. Aujourd’hui le rideau s’ouvre avec les Lumières et se referme à la pé-riode de la Révolution… Mais c’est juste la seconde partie du voyage. Nous avons précédemment partagé la vie de nos aïeux landais tout au long du 17ème siècle, ils nous invitent à réembarquer, pour continuer de traverser le temps qu’ils ont vécu, pour découvrir leur quotidien, leurs émotions et leurs secrets aussi, enfin… quelques-uns seulement !Suivez les protagonistes de ce roman historique, dans les Landes du 18ème siècle

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 novembre 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782492126352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Landais et pignada :
Histoire d’une symbiose.
 
TOME II
 
 
Revers de fortune
 
18 ème siècle
 
 
 
 
 
Titre : Landais et pignada : Histoire d’une symbiose.
Sous-titre : Tome 2 – Revers de fortune. 18 ème siècle.
Auteure : Sylvie Prat
Éditeur : Éditions Plume Libre.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À la mémoire de mon grand-père,
André FERRIER.
 
 
 
 
 
 
 
Préambule
 
 
 
 
 
 
Lettre à Jean de La Ferrière, «   héritier désigné   ».
 
Jean, mon cher Petit,
À l’heure où je prends la plume, tu n’es pas encore de ce monde alors que moi, ton arrière-grand-père, je m’apprête à le quitter.
Je sais pourtant que tu liras cette lettre, parce qu’il ne peut en être autrement. Bien des mystères restent entiers tu sais, même à l’aube de notre mort. Il en est un cependant, et ce n’est pas le moindre, dont je peux, je dois, te donner la clef. Le jour viendra où tu retrouveras notre Pierre, et ce jour-là, tu liras ma lettre.
Le cristal de quartz rose et de tourmaline noire est devenu talisman de notre ancêtre Pierre de la Ferrière dès l’instant où il l’a trouvé, au bord de l’Ouzoum, voilà maintenant plus de cent cinquante ans. L’homme et la pierre sont descendus de la vallée pyrénéenne, ils ont remonté l’Adour jusqu’à Saint-Sever où les premières empreintes de la famille resteront à jamais gravées au hameau de Sainte-Eulalie.
La Pierre est essentielle, elle est la Mémoire de la famille. Voilà la raison pour laquelle je pense qu’elle n’est pas issue du cours d’eau comme tous ces autres cailloux auxquels elle ne ressemble en rien. A-t-elle été, un jour plus ancien, déposée à cet endroit précis pour y être «   retrouvée   » par notre aïeul   ? Cela, je n’ai pas réussi à le savoir et je ne sais pas non plus si Pierre, notre Ancien, le savait lui-même.
Juste avant de mourir, à la fin de l’année 1599, il a transmis le joyau à son fils Jehan-Salvat. Ce dernier, devenu père de famille nombreuse, n’a pas gardé notre pierre avec autant d’engouement que son père, personne n’a pu m’expliquer pourquoi. Il a hésité, s’est interrogé avec son épouse, Guironde de Marsan, et finalement l’a transmise à son fils Pierre que l’on appelait «   Cadetoun   ». Lui bien sûr, je l’ai bien connu, il était celui de mes frères aînés pour lequel j’ai eu le plus d’affection, celui qui m’a servi de père de substitution, même si à ce moment-là, c’est notre sœur Marguerite qui s’est occupée de moi. À la mort de nos parents, en 1621, Pierre avait déjà épousé Jehanne Lagardère. Leur premier fils, Jehan, était déjà né. Moi j’étais son oncle et je n’en étais pas peu fier, d’autant que je n’avais que dix ou onze ans   ! Et puis Jehanne nous a quittés, bien trop tôt, en mettant au monde ses jumeaux, Vincente et Vincent. Nous étions alors en 1626, et tous les orphelins de la Ferrière, depuis le plus jeune, Vincent, jusqu’au plus âgé, moi-même, sommes restés un temps chez la tante Marguerite. À cette époque, puisque nous grandissions sous le même toit et partagions le même pain, nous avons reconstruit une nouvelle fratrie.
Mais voilà que quelques années plus tard, mon frère est mort à son tour. Et la Pierre… disparue avec lui   ? Personne n’en savait rien, c’est en tout cas ce que je croyais. Mais c’était sans compter sur la sagesse de Marguerite   ! Elle me disait en souriant : «   La Pierre est née sur un cœur de marguerite, et c’est toujours là qu’il faudra la chercher quand elle semblera perdue   !   ». Je t’avoue mon Petit que je ne comprenais pas à l’époque le sens de ses paroles, mais je respectais bien trop ma tante pour lui poser davantage de questions   !
Ce que nous devons tous retenir, nous, descendants de La Ferrière, c’est que la Pierre doit son salut à Vincent, car c’est bien lui qui l’a sauvée de l’incendie de la maison familiale quelques vingt années plus tard à Sainte-Eulalie. Ce mérite lui incombant, il se l’est appropriée, pour le restant de son existence à Onard, et il a très bien fait   ! Enfin, sans doute a-t-il bien fait   ? On ne peut pas dire que la Pierre l’ait protégé ni surtout, rendu heureux bien longtemps… Bref, c’est son fils Bernard qui en a hérité. Il en a pris soin de notre Pierre, il a fait son devoir Bernard   ! Il savait pourtant, à l’instar de son père, qu’il ne pouvait pas, qu’il ne devait pas la garder. Il l’a donc donnée à sa fille aînée, Marguerite.
La pierre a-t-elle été dévoyée de son véritable chemin   ? Quel descendant de La Ferrière en était le légitime héritier   ?
Moi, Arnaud de La Ferrière, je ne suis pas de ceux qui vivent à grand bruit. Le 11 novembre 1634, ma tendre épouse, Marie Momas, ton arrière-grand-mère Petit, m’a donné un fils, que l’on a prénommé Jean comme son «   étourdi   » de grand-père, celui-là même qui n’aurait peut-être pas transmis la Pierre ancestrale à son légitime héritier.
Plus tard, Jean, ton grand-père donc, a épousé Laurence Cavalerie. De leur mariage sont nés quatre enfants, dont Bertrand, Marguerite, Arnault ton oncle et Arnault ton père bien entendu   ! Ils vivaient alors à Gousse puis ils se sont installés ici, à Saint-Jean-de-Lier, tout près d’Onard où vivait la famille de Vincent. Nous sommes tous restés très liés et quand le malheur s’en venait frapper à la porte de l’un, celle d’un autre s’ouvrait tout aussitôt. Et qu’il en soit ainsi à jamais   !
Au printemps de 1668, Vincent et moi-même avons eu le bonheur de voir naître nos petites-filles, toutes les deux baptisées… Marguerite   ! Elles se sont «   retrouvées   » ici à Saint-Jean, et tu sais Petit, elles ont toutes les deux cette même douce et étrange lumière au fond des yeux, la même qui éclairait les histoires extraordinaires que nous racontait ma pauvre tante dont elles portent le prénom. Pour l’heure, elles sont bien jeunes, mais je suis certain que nous pouvons leur faire confiance, n’oublions pas que le secret de la Pierre ancestrale repose dans leurs cœurs.
La Pierre semble s’être amusée des errances des enfants de La Ferrière. Elle a accepté quelques boucles de temps, elle a mis en mémoire des secrets et protégé ceux de la famille qui en avaient le plus besoin.
Désormais, c’est ta tante Marguerite qui pourra te guider, elle t’expliquera tout j’en suis sûr, car c’est bien ici que ta mission commence Jean. Tu dois continuer l’histoire et la transmettre à tous nos enfants à venir.
Une amie de grande sagesse m’a dit un jour que rien n’existe sans être écrit, ni dans le passé, ni dans le présent, ni dans le futur. Je crois, moi, que le temps n’a de limites que celles que chacun veut bien lui donner, et que la seule chose qui importe, c’est qu’on lui accorde, à ce temps-là, un véritable sens   ! Notre Pierre est la seule qui le traverse et le transcrit, pour nous tous, enfants de La Ferrière.
Adioù Petit,
Ton arrière-grand-père, Arnault de La Ferrière.  
 
 
 
 
 
1
 
«   Une seule pierre éclaire le chemin   »
 
1700 – 1730
 
 
 
 
 
 
Saint-Jean-de-Lier, 26 janvier 1700
 
Comme tous les jours avant l’aube, Johan s’est levé en silence, prenant garde de ne réveiller personne. Il a enfilé sa pelisse de laine et ses sabots qui lui blessent les pieds et il est sorti discrètement. Aujourd’hui, il doit parler avec Marguerite qui est de passage à Saint-Jean-de-Lier. Il aime sa cousine, elle lui rappelle sa défunte grande sœur. Elle aussi est orpheline, de père et de mère et ce, depuis plusieurs années maintenant. Avec elle, il peut partager sa peine, lui dire combien il souffre dans son corps chétif et malade, même si ce matin, il se sent étrangement plus léger.
Il a essuyé la pierre avec soin avant de la glisser, une dernière fois, dans l’écrin de sa ceinture. Voilà longtemps qu’il veut s’en débarrasser. Après tout, elle ne l’a jamais vraiment protégé, ni lui, ni tous ceux qui l’ont abandonné trop tôt, ceux qu’il chérit en silence et qu’il va rejoindre, il le sait, un jour très prochain. Fort de cette intime conviction-là, au point d’orgue de sa réflexion, il veut pourtant que sa cousine le rassure.
«   Mais quand même Marguerite, tu es certaine que c’est aujourd’hui que je dois te la rendre   ?
— Oui, tu le sais bien   ! Elle revient désormais au petit Jean. C’est ainsi   !
— Mais comment peux-tu en être si sûre   ? Après tout, c’est Grand-père Vincent qui avait sauvé la pierre   !
— C’est vrai, et c’est pourquoi il l’a gardée   ! Il a eu raison, tu sais   ? J’en ai si souvent parlé avec Marguerite   ! Nous ne comprenons pas tout Johan, mais ce que je crois, au sujet de notre pierre, c’est que nous, toute la famille j’entends, nous lui avons toujours beaucoup demandé et jamais rien donné en retour   ! Ton grand-père a gardé un trésor qui aurait déjà «   dû   » être en possession de mon père tu comprends   ? Et maintenant, ils sont tous morts, tes parents et les miens, et ta chère sœur et tant encore   !
— Mais Marguerite, c’est une pierre, un caillou quoi   ! s’exclame Johan qui, dignement, refuse de s’émouvoir. Pourtant, il n’est plus très certain d’avoir pris la bonne décision.
— Chut   ! l’interrompt sa cousine à l’approche subite de trois sombres cavaliers tout de noir vêtus. 
De son bras protecteur, elle tire Johan à terre et, camouflés à l’abri d’un buisson, ils laissent passer les chevaux fumants. La brume sur l’Adour ne s’est pas encore dissipée, et le jour commence à peine à poindre. Quelques minutes de silence plus tard, Marguerite reprend :
«   Nous ne devons pas tarder Johan, en plus tu vas finir par attraper la mort avec ce froid   !
— D’accord, se résigne l’enfant d’un sourire si triste que Marguerite regrette instantanément la maladresse de ses dernières paroles.
D’un geste très maternel, elle aide son jeune cousin à se redresser. Puis elle sourit, avant de poursuivre :
— Tu sais, toi et moi sommes bien insignifiants dans toute cette histoire, nos pères et grands-pères aussi d’ailleurs, avec tout ce que cela a pu susciter de chamailleries et d

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