La Croix Saint-Verny - La vigne du père Tupal
93 pages
Français

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La Croix Saint-Verny - La vigne du père Tupal , livre ebook

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Description

Sur fond de guerre d'Algérie, un médecin rentre dans son village natal en Auvergne - Le portrait fidèle d'une époque : l'auteur plonge son lecteur dans l'atmosphère des années 1960, toute la jeunesse des lecteurs de romans du terroir d'aujourd'hui - L'auteur fait coexister la petite et la grande histoire dans un roman haletant - Entre aventures, histoire sentimentale, description de la vie rurale d'alors, un roman qui sait tirer son épingle du jeu,

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 décembre 2009
Nombre de lectures 4
EAN13 9791096394173
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

ISBN : 979-10-96394-17-3
© Éditions Victor Le Brun, avril 2017
Tous droits réservés. Toute reproduction, traduction ou adaptation en tout ou en partie, par quelque procédé que ce soit, est strictement interdite sans l’autorisation préalable de l’Éditeur.
ROMAN

© Éditions Victor Le Brun
YVES TRÉHIN
LA CROIX SAINT-VERNY
La vigne du père Tupal
À PROPOS DE L’AUTEUR
Né à Clermont-Ferrand, Yves Tréhin vit à Blesle, l’un des plus beaux villages de France, en Auvergne. À 64 ans, après une carrière professionnelle d’ingénieur dans le domaine aérospatial et les systèmes d’information, il consacre aujourd’hui son temps à l’écriture et au bénévolat au sein d’une association d’aide à domicile.
À Marie-Claude et nos deux filles. Y.T.
U N ÉTÉ FESTIF
C ETTE FOIS , c’était officiel. Le père de Paul l’avait entendu chez Raymond Lagoisse, tenancier du bistrot sur la nationale 89. Le Tour passerait à Ceyrat, c’était sûr. Le maire l’avait confirmé. Le trajet retenu pour l’étape finissant au sommet du géant des Dômes traverserait bien sa commune. Quel honneur !
Lagoisse en était des plus heureux. Avait-on déjà vu une telle manifestation cycliste avec un public qui ne boirait pas ? Pour peu que la température soit caniculaire comme elle peut l’être en Auvergne, et c’était la recette de l’année qui s’annonçait. Il fallait tout organiser au mieux. En matière d’organisation, Lagoisse ne craignait personne. Il eut tôt fait de réserver chez son fournisseur habituel le nombre d’hectolitres voulus ; pas de trop qui lui resteraient sur les bras mais suffisamment pour ne pas manquer. La finesse, et aussi la difficulté de la prévision, résidaient dans la répartition à faire entre les différents breuvages. La bière pression occupait une place de choix, mais il fallait aussi compter avec les enfants et prévoir moult sirops de grenadine, menthe et framboise, sans oublier les cacahuètes et surtout les glaces : en cornets ou en bâtonnets. En dernier lieu, penser aussi à augmenter le stock de cigarettes, car Lagoisse tenait également le bureau de tabac du village. Une fois le nécessaire fait auprès de ses fournisseurs, Lagoisse commença à prévoir des renforts de main-d’œuvre. Il lui faudrait des bras supplémentaires pour venir à bout de l’affluence extraordinaire prévue.
Il pouvait compter sur l’appoint de quelques jeunes qui l’aidaient parfois le dimanche. Lagoisse entretenait d’excellents rapports avec la jeunesse. Il avait su la fidéliser en lui offrant la possibilité de se rencontrer autour d’un vieux baby-foot et d’un flipper accolé à un jukebox rutilant. Lagoisse l’aimait bien, cette jeunesse. Il la laissait, des après-midi entières, occuper la moitié de la surface de son établissement sans la forcer à consommer. Il se contentait des pièces de vingt centimes régulièrement glissées dans la fente de ses appareils. Au bout de la journée, la recette ne couvrait guère plus que les frais de location et d’entretien des appareils, mais au moins, pendant qu’ils étaient chez Lagoisse, les mômes ne trainaient pas dans la rue. Contrairement à ce que des âmes bien nées auraient pu croire, l’endroit n’était pas un lieu de perdition. Même les filles y venaient. Il faut dire que leur présence y était très appréciée des garçons qui avaient passé l’âge de faire semblant de les ignorer. Au milieu de tout ce jeune monde, Lagoisse vaquait à ses occupations de tenancier. Connaissant à la fois les fils et les pères qui, tous, fréquentaient son établissement, bien que ce ne fût pas aux mêmes heures, Lagoisse était une sorte de trait d’union entre les générations. Et souvent, il prenait fait et cause pour la jeunesse dont il savait l’impertinence, mais dont il connaissait aussi l’honnêteté malgré ses allures de blousons noirs.
Ce vendredi, le soleil était au rendez-vous de cette douzième étape. Le départ de Tulle avait eu lieu dans la matinée et les premiers coureurs étaient attendus au pied du puy de Dôme en milieu d’après-midi. En ce jour de fête, la route menant au géant des Dômes était parée de banderoles multicolores vantant les mérites d’une boisson anisée réputée. La chaleur aidant, le doux parfum de l’anis emplissait les narines des buveurs entassés au bar de Lagoisse. Comme prévu, la journée s’annonçait chargée pour le cafetier qui depuis l’aube s’affairait à tout organiser. Suivant les instructions précises de Lagoisse, la cour attenante au café avait été transformée en tribune d’honneur pour assister au passage du Tour. Plusieurs tables étaient dressées. Celle du milieu était réservée aux notables locaux ; le maire avait promis d’en être, de même que les présidents des associations locales. Pour une fois, la petite reine les réunissait dans un enthousiasme oecuménique loin de leurs querelles habituelles à propos des subventions municipales.
Il était maintenant 2 heures passées et la tension montait au sein du public amassé dans la tribune Lagoisse et de chaque côté de la nationale où devaient passer les vedettes de l’été. La route était maintenant quasi fermée à la circulation normale et seuls quelques riverains étaient autorisés par les gendarmes à l’emprunter sous le regard curieux de centaines de paires d’yeux.
Le père de Paul était en bonne position chez Lagoisse et Paul l’avait rejoint pour ne rien manquer du spectacle. Une clameur se propagea soudain le long de la route. Des spectateurs situés en amont avaient averti de l’arrivée prochaine des coureurs. L’information était confirmée chez Lagoisse où l’on était en écoute permanente de la radio diffusant régulièrement les nouvelles de l’étape. Le poste de radio était une merveille de technologie. Il pouvait fonctionner sans être branché, seulement alimenté d’une pile. Un drôle de nom lui était donné : transistor. Paul n’en avait encore jamais vu, et restait ébahi par sa différence avec le poste familial. Le coffre d’ébénisterie de ce dernier lui octroyait un statut d’objet de grande valeur au sein du foyer et l’interdiction paternelle de toucher les boutons, afin de ne pas dérégler la réception des ondes, pesait toujours lourdement. Rien de comparable avec ce transistor dont les dimensions étaient plus celles d’un gros dictionnaire que celles d’un poste de TSF digne de ce nom. D’ailleurs, le son était un peu nasillard et ne rivalisait en aucune manière avec celui restitué par le gros haut-parleur enfermé dans sa caisse en bois massif.
L’arrivée prochaine des coureurs ne faisait maintenant aucun doute. La caravane du Tour était là pour l’annoncer. De puissantes et impressionnantes voitures défilaient depuis quelques minutes déjà sous les regards admiratifs du public. Chaque véhicule faisait sa réclame et lançait des objets à l’attention des plus jeunes spectateurs : des bonbons, des ballons à gonfler, etc. Les mômes se partageaient le butin. La journée était une vraie féerie. Des applaudissements fournis accompagnaient le passage de motocyclistes – des gardes républicains, disait-on – debout sur leur machine. Les motos suivaient une trajectoire rectiligne impeccable et les motards étendaient les bras en croix pour ajouter encore au péril de l’exercice. Jamais la nationale n’avait vu ça. Après les motos, les coureurs n’étaient en principe pas loin. Ça y était. « Les voilà ! » Le cri était venu d’un coup. Toutes les têtes s’étaient penchées de la tribune vers la route pour tenter de voir, chacune la première, l’arrivée tant attendue. Cette fois, c’était bien eux. Le coureur en tête du peloton était courbé sur son guidon. Au droit de la tribune, la douce pente de la route apportait son quota d’énergie à la vélocité de l’ensemble coureur-bicyclette et à peine avait-on pu lire son numéro pour tenter de l’identifier qu’il avait déjà disparu en négociant le virage de la côte de Boisséjour par laquelle le Tour rejoignait une route départementale l’amenant directement au puy de Dôme.
Le peloton suivait dans une vague drue. La vive rotation des roues à rayons produisait un vrombissement allant crescendo avec la masse des compétiteurs. C’était une vraie avalanche de coureurs multicolores. Les cous se tendaient pour en voir le maximum à la fois. Chacun des spectateurs s’échinait à reconnaître les plus célèbres. Les encouragements poursuivaient le maillot jaune tout au long des barrières où se pressaient les supporters de la petite reine :
– Allez, allez, vas-y ! Bravo !
À peine l’avait-on identifié au milieu du long serpentin de vélos agglutinés roue dans roue que déjà le coureur était loin. Le passage de Jacques Anquetil ne fut qu’une vision fugitive. Lui et ses rivaux étaient mainten

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