L Observateur Toubabou : Un reporteur français au Burkina Faso
191 pages
Français

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L'Observateur Toubabou : Un reporteur français au Burkina Faso , livre ebook

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Description

« Je n’ose pas imaginer le pire, mais il suffirait d’une étincelle pour enflammer… » Depuis cet avertissement inquiet d’un analyste avisé, un matin de janvier 2016, le Burkina Faso s’est embrasé : plus de 1 650 morts dans des centaines d’attaques, près d’un million de déplacés internes fuyant la progression des groupes terroristes dans le nord et l’est du pays, 350 000 élèves se retrouvant sans école…
Dans un témoignage original, au ton personnel et à la langue délibérément métissée, ce livre vous propose de revivre les événements fondateurs de la présente séquence : le premier attentat djihadiste à frapper Ouagadougou, mais aussi l’échec du coup d’État du général Gilbert Diendéré, la toute première passation de pouvoirs démocratique depuis l’Indépendance, ou encore la montée en puissance de mystérieuses milices d’autodéfense, engendrant des affrontements intercommunautaires qui font planer sur la « Patrie des hommes intègres » le risque d’une guerre civile.
« Un vade-mecum pour jeunes reporteurs, un riche document d’archive pour les historiens, et un savoureux voyage au cœur du Pays des hommes intègres pour les lecteurs amoureux de mots et de récits où palpite la vie, fragile et tenace comme une algue sur un rocher. » (Édouard Ouédraogo)

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2021
Nombre de lectures 8
EAN13 9782411000886
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Observateur Toubabou
Thibault Bluy
L’Observateur Toubabou
Un reporteur français au Burkina Faso
LES ÉDITIONS LEN
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Toutes les photographies sont de l’auteur.

© Les Éditions LEN, 2020
ISBN : 978-2-411-00088-6
À mes grands-parents, à mes parents et à mes frères.
À Monsieur Édouard Ouédraogo, à ma famille d’accueil et à toute la chaleureuse équipe de L’Observateur Paalga .
À tous ceux qui m’ont reçu, ouvert les bras et permis de comprendre un peu de ce coin d’Afrique.

« Si vous parlez à quelqu’un dans une langue qu’il comprend, vous vous adressez à sa tête. Si vous lui parlez dans sa langue, vous vous adressez à son cœur. »
Nelson Mandela
Préface
Zola à Ouaga
Partir fut longtemps une injonction faite aux journalistes et écrivains pour satisfaire le désir de connaissance du monde et d’exotisme du public occidental. Reporteurs et hommes de plume d’Europe et d’Amérique se ruèrent vers les autres continents, Asie et Afrique notamment, comme des gerfauts, semblables aux « Conquérants » de José-Maria de Heredia.
Albert Londres, Jack London, Lawrence d’Arabie, Joseph Conrad, Henry de Monfreid, Nicolas Bouvier, Ryszard Kapu ś ci ń ski, Gilles Lapouge, Sylvain Tesson… Pourquoi évoquer toutes ces augustes figures de flâneurs, d’arpenteurs infatigables de la planète, avaleurs insatiables de distances et grands conteurs ? Cette énumération de noms prestigieux à qui l’on doit tant d’odes sur « l’autre versant du monde » veut montrer que L’Observateur Toubabou s’inscrit dans une longue tradition de lettrés occidentaux partis à la découverte d’autrui.
Il ne s’agit cependant pas de lui trouver une glorieuse parentèle, mais de l’y inscrire pour mieux l’en extraire et affirmer sa singularité. D’abord, l’ouvrage s’intéresse principalement à une partie du globe peu explorée par les grands chroniqueurs et écrivains. Hormis Pierre Loti, qui évoque le Burkina Faso dans Le R oman d ’un spahi – et encore, seulement la beauté de son coucher de soleil –, notre terre est quasi absente de la littérature et du journalisme de voyage.
Ensuite, Thibault Bluy ne regarde pas les hommes et les choses comme le ferait un entomologiste : il descend de la hautaine hauteur d’où le scientifique toise les autres, comble le fossé entre l’observateur et l’observé en s’incrustant chez l’hôte et en partageant sa vie. Lui-même se qualifie de Candide, mais, plus que le personnage voltairien, il est Zola à Ouagadougou.
Tableau réaliste
L’Observateur Toubabou est une œuvre de première main pour comprendre le pays pris dans les événements de 2015 et 2016, dont certains restent des histoires quotidiennes d’hommes et de femmes en lutte pour arracher du pain ou de la liberté tandis que d’autres participent de la grande Histoire et sont parfois, cinq ans après, toujours d’une brûlante actualité : le putsch sous la Transition, l’attentat du Cappuccino, le cancer terroriste qui a fini par métastaser, le printemps des milices d’autodéfense Koglweogo , etc.
Cela en fait un livre-témoignage où l’auteur, à la manière d’un portraitiste, saisit sur le vif et à grands traits le visage du Burkina en ces instants-là. Mais le tableau se veut réaliste, car cet artiste garde constamment à l’esprit la nécessaire objectivité du journaliste, qu’il sait menacée par l’émoi dans les grandes tragédies. « Vite, rédiger. Décrire ce que l’on a vu, entendu, senti. Surmonter ses émotions. Garder la patte ferme et laisser les faits tenir la plume. Leur crudité donne le ton, leur enchaînement dicte le rythme. Dans ces moments-là, ils se livrent bruts », relate-t-il si justement.
Sur cette terra incognita , le vingtenaire est à l’opposé de Tintin, le reporteur à la célèbre huppe blonde de Hergé. Contrairement à celui-ci, il est habité par le souci permanent de ne pas céder au sensationnalisme, comme en attestent les questions qui l’assaillent quand il va interviewer le propriétaire du café Cappuccino, qui a perdu dans l’attaque terroriste du 15 janvier 2016 son outil de travail et des membres de sa famille : « Tout au long du trajet, des dilemmes éthiques me torturent. Comment éviter le sensationnalisme ? Comment exprimer la cruauté et l’arbitraire sans pour autant verser dans le putassier ? Comment aborder un malheureux dont le sort a été si brutalement éprouvé ? »
Mélodie des mots
Toutefois, si son souci premier est d’informer, de tenir le citoyen éveillé sur la marche du monde, le rédacteur a aussi conscience que la narration lui donne une grande force de subjugation, et que le lecteur peut succomber à la musique des mots, tel un naja sous la flûte du charmeur de serpent. L’auteur de L’Observateur Toubabou embouche ainsi de nombreux champs lexicaux, car il sait que le reportage bascule dans la littérature quand il mêle la précision journalistique et l’invention stylistique, comme le note Paul Aron.
Tel qu’il le raconte, c’est en partie la curiosité linguistique qui amène le tout frais diplômé à solliciter un poste à L’Observateur Paalga , envoûté qu’il est par l’idiome burkinabè, fait de vocables morts en France mais ressuscités ici, d’africanismes, d’expressions et d’images qui se créent au jour le jour sous le stylo des hommes de presse. Un cocktail qui le séduit parce qu’il aime les belles lettres, et que sa plume puise tout autant dans les dictionnaires que dans le langage qui s’invente dans les cités de notre continent. Son écriture orchestre d’improbables mais heureuses rencontres de termes, qui, sans lui, ne se seraient jamais retrouvés dans la mélodie d’une phrase ou le tumulte d’une même page.
« L’accueil est délibérément plus algide que la veille. L’homme de tenue impatronise un journaliste de la télévision nationale, par ailleurs chargé de communication d’une éminente administration. […] Je me défends d’avoir déclenché une querelle qui préexistait à mon immixtion , et contre-attaque en relayant les griefs des activistes à l’encontre des corps habillés », peut-on par exemple lire.
Ce texte, qui rassemble également les comptes-rendus de multiples escapades dans la sous-région, est bâti comme un grand reportage. Il fourmille d’anecdotes, d’images, de détails qui « donnent à ressentir ce que l’on a soi-même ressenti », suivant ce que l’on enseigne dans les écoles de journalisme. L’auteur y parcourt tous les registres de la langue, du plus soutenu au proprement familier voire argotique, des néologismes de son cru au français vieilli que presque plus personne ne parle mais qu’il se plaît à remettre au goût du jour. Une occasion en or, pour tout un chacun, de dépoussiérer et d’étoffer son vocabulaire.
Chronique d’une époque
Nicolas Bouvier conclut, dans L’Usage du monde , que l’on croit faire un voyage alors que c’est le voyage qui nous fait ou nous défait. Thibault Bluy, jeune Français ayant la fringale de l’aventure, a débarqué à Ouaga un jour de juillet 2015 ; il en est reparti sans doute changé, avec un nouveau nom de baptême – Toubabou – qui sonne comme une renaissance, et, de notre nation, il est devenu le chroniqueur d’une époque de gésine.
Pour toutes ces raisons, L’Observateur Toubabou est un vade-mecum pour jeunes reporteurs, un riche document d’archive pour les historiens, et un savoureux voyage au cœur du Pays des hommes intègres pour les lecteurs amoureux de mots et de récits où palpite la vie, fragile et tenace comme une algue sur un rocher.
Édouard Ouédraogo
Directeur de publication de L’Observateur Paalga Ouagadougou, septembre 2020
Pourquoi L’Observateur Toubabou ?
« L’Afrique n’intéresse plus. » Le verdict de cet éditeur parisien aurait dû condamner mon projet d’ouvrage. Il n’a fait que décupler mon envie d’écrire.
Écrire pour raconter cette extraordinaire succession d’événements, passée largement inaperçue en France, qu’il m’a été donné de couvrir en seulement dix mois au Burkina Faso, entre juillet 2015 et mai 2016 : une tentative de coup d’État, un tour cycliste international, la toute première transmission de pouvoirs entre civils depuis l’Indépendance, le premier attentat djihadiste à Ouagadougou, l’émergence d’obscures milices d’autodéfense… Autant de

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