Zawgyi, l'alchimiste de Birmanie , livre ebook

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En novembre 1885, Mandalay, capitale du royaume de Birmanie, est prise par les Anglais. Maung Aung, garde au palais royal, est le dernier des Aris, une secte ésotérique qui veille sur le secret de la pierre philosophale. Fuyant l’invasion, il disparaît pour retrouver le Zawgyi, l’alchimiste immortel qui provoquera l’avènement d’un roi messianique et du prochain Bouddha. En septembre 2007, Éric Tamino arrive en Birmanie au moment de la « Révolution de Safran », une révolte de moines qui entraîne une répression violente. Témoin d’un meurtre, Éric, se met en quête du sens du tatouage qu’il découvre sur la victime. Ses recherches vont le mener d’aventures en dangers, de Yangon à la « Vallée de la mort », sur les traces de Maung Aung. Poursuivi en pleine dictature militaire par des agents voulant s’emparer de la pierre philosophale avant lui, ses péripéties lui feront entrevoir l’amour, la souffrance et la mort, ainsi que le chemin conduisant à l’Illumination.

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Date de parution

01 mars 2012

Nombre de lectures

0

EAN13

9782748378368

Langue

Français

Zawgyi, l'alchimiste de Birmanie
Jak Bazino
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Zawgyi, l'alchimiste de Birmanie
 
 
 
À mon épouse, avec tout mon amour.
Merci de m’avoir supporté et encouragé.
Ce livre n’aurait pas pu voir le jour sans toi.
 
 
 
À la Birmanie et à ses habitants,
qu’ils connaissent un jour la paix.
 
 
 
 
 
 
 « Enfin j’ai réalisé mon désir. J’ai obtenu la ‘pierre de métal vivant’ et je suis devenu un Zawgyi. Ma pierre peut changer le plomb en or, le bronze en argent. J’ai avalé ce mélange alchimique, qui me place au-delà de la nature et de la condition humaine. Je ne peux être touché par les balles et les bombes, et épées comme lances ne peuvent me blesser… Je peux devenir roi. Mais, quel intérêt a le pouvoir terrestre ? Faites place, faites place, je souhaite quitter le monde des humains et me retirer dans la forêt.
 
J’ai atteint le cœur vivant de la forêt. Regardez les parterres de fleurs, regardez les cascades. Il y a ici un ruisseau, là-bas une petite mare. Là, des galets et du sable argenté. De la mousse verte couvre ce rocher, de l’eau opaline coule silencieusement de cette pierre. La chaleur du soleil méridional n’affecte pas cet endroit paisible. Arbres petits et grands, larges et fins, poussent côte à côte. Celui-ci se cramponne à son amant, cet autre est rebelle. Ce buisson semble accueillant, ce bambou charmant. L’ombre de cet arbre est doucement gazonnée. Une fée aurait-elle joué ici avant que je ne vienne, ne la dérange et ne la fasse fuir ? Quel endroit paisible ! Un poète peut vivre dans un pareil lieu à jamais, composant vers après vers sur cette beauté ! »
U Kyin Oo (1773 – 1838), poète et dramaturge birman
La Birmanie
Prologue
 
 
 
Bagan, XI e  siècle après Jésus-Christ
Eizagona plongea une nouvelle fois la boule de métal dans l’acide. Rien n’advint. Il n’y comprenait rien. Il se reporta au parchemin déplié à côté de lui qui l’avait guidé dans ses expériences depuis des années. Une fois encore il lut avec attention la dernière instruction tracée à la main en pali. Elle était claire et il l’avait suivie à la lettre. Rien. Il avait fait tout cela pour rien. Des années de recherches et d’expérimentations pour en arriver là. Pris d’une rage qu’il n’a jamais éprouvée avant, il déchira le parchemin, se saisit d’une barre en bronze et attaqua son fourneau à grands coups jusqu’à ce qu’il n’en restât plus que des morceaux éparpillés. Puis, il empoigna la boule de métal et alla la jeter dans les latrines au fond du jardin. C’était la place qui lui revenait. Celle qui aurait dû devenir la « pierre de métal vivant », capable de changer le plomb en or et de lui procurer la vie éternelle, n’était qu’un amas de matière inerte. De dépit, il se laissa tomber sur le sol, où il resta immobile pendant de longues minutes.
 
Il fallait qu’il se calme. Il était un moine quand même. Des telles pulsions étaient indignes d’un Ari et elles l’éloignaient de la voie menant à l’Illumination. Il retrouva peu à peu sa sérénité, et avec elle sa lucidité. Il fallait qu’il informe le Roi de son nouvel échec. Celui-ci serait déçu. Mais, bien plus que cela, cette déconfiture le placerait dans une position difficile vis-à-vis de ses sujets. Le souverain avait progressivement dilapidé l’argent du royaume pour soutenir ses expériences coûteuses. Il avait plusieurs fois été obligé d’augmenter les impôts pour éviter la banqueroute. Si bien que le mécontentement grondait parmi la population, déjà rendue méfiante par le secret dont s’entourait son ordre religieux ésotérique. Des bruits circulaient sur des pratiques impures et magiques, allant à l’encontre des enseignements du Bouddha. Les Aris seraient certainement la cible de représailles lorsque la nouvelle se répandrait.
 
Sans plus attendre, il se précipita au palais pour informer le monarque de son fiasco et pour plaider la cause de son ordre. Lui, Eizagona, était seul responsable et acceptait d’en payer le prix. Les Aris n’étaient pas à blâmer. La rumeur s’étant répandue, le moine n’avait pas encore terminé son entretien qu’une foule en colère s’était déjà amassée aux portes du palais. Les insultes pleuvaient à l’encontre du roi, accusé de s’être laissé berner par un vieil imposteur. On réclamait du sang. Le souverain, lui, était embarrassé car il savait le moine honnête. Mais, il se devait de rétablir l’ordre et la justice. L’Ari décida de résoudre lui-même ce dilemme. Il sortit du palais et s’arracha les yeux en face de la foule médusée. « Mes orbites sont maintenant vides. Ne trouvez-vous pas que j’ai été assez puni ? », demanda-t-il à ses concitoyens. Les cris se calmèrent, les voix se turent et tous s’en retournèrent chez eux dans un silence coupable.
 
Le moine rentra alors au monastère, le cœur empli de désespoir. Il avait échoué à créer le datlone , la pierre philosophale, et il était maintenant aveugle. Il savait qu’il était censé se détacher de tout pour atteindre l’Illumination, mais il ne parvenait pas à imaginer comment il pourrait un jour combler ce vide et faire un avec l’univers. Qu’elle était longue et difficile la voie menant au Nirvana ! Soigné par son disciple, il se coucha tôt en espérant que le sommeil lui apporterait un peu de paix. Il n’en fut rien.
 
En pleine nuit, il fut réveillé en sursaut par son jeune disciple qui, tremblant de peur, lui chuchota à l’oreille :
 
— Maître, réveillez-vous ! Nous sommes hantés ! Un fantôme s’est introduit dans les latrines.
— Tu as encore peur d’aller seul aux toilettes dans le noir à ton âge ? le réprimanda le moine. Tu n’as qu’à te retenir jusqu’au matin !
— Mais Maître, insiste le jeune homme, je ne mens pas. Regardez, on dirait que les toilettes brillent de mille feux.
— Rappelle-toi que je suis aveugle ! le rabroua Eizagona. Décris-moi plutôt le phénomène.
 
En écoutant la description que lui fit son novice, il sut tout de suite ce qu’il se passait. Il avait réussi ! La boule de métal s’était métamorphosée en pierre philosophale. Il comprit que l’auteur du parchemin avait commis une erreur et écrit ‘acide’ au lieu de ‘terreau nocturne’, deux termes très proches en pali. Il ordonna aussitôt à son élève de lui apporter la pierre et de se rendre chez le boucher pour y récupérer deux yeux de bœuf. De longues minutes s’écoulèrent pendant lesquelles le moine contint son excitation avec difficulté. Que faisait cet imbécile de disciple pour que cela lui prenne autant de temps ?
— Je suis désolé, Maître, s’excusa le novice à son retour. Toute la viande a été vendue et il ne restait plus qu’un œil de bouc et un œil-de-bœuf.
— Ce n’est pas grave ; cela fera l’affaire.
 
Sur ces mots, Eizagona prit les deux globes, les plaça sur ses orbites creuses et les toucha avec la pierre. Comme par miracle, ils y entrèrent aussitôt, rendant immédiatement la vue au vieil alchimiste. En riant, il déclara qu’il répondrait dorénavant au nom de Moine Bouc-Bœuf. Puis, sans perdre un instant, et malgré l’heure tardive, il alla réveiller le roi pour lui annoncer la bonne nouvelle.
— Sire, je compte désormais quitter le monde des humains pour attendre la venue du prochain Bouddha. Mais, avant mon départ, je souhaite tenir ma promesse et vous remercier du soutien que vous m’avez apporté toutes ces années. Demandez à vos hommes de faire fondre tout votre plomb et tout votre bronze, et de les placer dans des jarres devant le palais avant le lever du soleil. Et dites à tous vos sujets de faire de même.
 
Le roi s’exécuta, ainsi que tous les habitants de Bagan. À l’aube, comme il l’avait annoncé, Eizagona sortit de son monastère en compagnie de son novice. Arrivé devant le palais, il plongea la pierre dans les jarres. Aussitôt, le bronze se transforma en argent et le plomb en or. Il fit de même devant chaque habitation de la ville jusqu’au coucher du soleil, jusqu’à la dernière jarre. Puis, ayant rempli ses engagements, il partit en direction du Mont Popa, accompagné de son disciple. Après plusieurs jours de marches, les deux Aris finirent par arriver au sommet du sanctuaire, que gardaient les plus puissants esprits.
— Creuse un trou ici, demanda le maître en indiquant un petit terre-plein. Tu m’y enterreras pendant sept jours, afin que je puisse absorber les pouvoirs de la pierre et atteindre l’immortalité. Je compte sur toi pour veiller sur mon corps durant tout ce temps.
— Oui Maître, lui répondit le novice sans hésitation.
— Ne te laisse pas impressionner ou distraire par ce que tu verras. Des esprits chercheront à s’accaparer mes pouvoirs quand je serai sous terre et vulnérable. Tu ne dois pas avoir peur, ils ne peuvent rien contre toi.
 
Sur ce, le jeune homme alla creuser un trou et y plaça le weizza , son maître alchimiste. Pendant sept jours et sept nuits, démons et devas vinrent le tourmenter, l’effrayer, le menacer. Mais, fidèle à sa promesse, il ne cessa de veiller sur la tombe. Finalement, à l’aube du huitième jour, alors qu’il était sur le point de s’endormir, épuisé, un homme lui apparut dans un éclat de lumière.
— Qui êtes-vous ? demanda le novice qui n’avait pas reconnu son maître.
— Je suis le zawgyi, l’immortel, répondit Eizagona. Tu m’as servi pendant toutes ces années et c’est grâce à toi que j’ai pu atteindre l’Illumination. En cadeau, je t’offre cette pierre et tout mon savoir. Va et transmets-les à ton tour. Assure-toi que jamais ne meure le savoir des Aris.
 
Avant même que le jeune homme n’ait eu le temps de répondre, l’être de lumière ava

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