Wilhem le Bâtard
300 pages
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Wilhem le Bâtard , livre ebook

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Description

Si vous êtes de ceux qui croient tout savoir sur le Moyen Âge et la guerre de Cent Ans, attendez-vous à avoir quelques surprises ! Ici, vous n’aurez ni vision flatteuse sur les rois qui ont régné sur ces années sombres ni couplet flatteur sur les grands du royaume.
Dans ce témoignage fictif ou réel – qui peut le dire ? – de la vie d’un gueux au temps de la guerre de Cent Ans, la bassesse côtoie la grandeur d’âme de même que la grande misère côtoie l’or du pape. Par contre, vous y trouverez ce qui fait la vie de tout un chacun : du rire et des larmes, de grands bonheurs et de terribles drames... Mais aussi le sifflement des faucilles et le cliquetis des armures, du sang et des cris...

À travers ses mots de manant suffisamment instruit pour savoir lire et écrire, Wilhem le Bâtard aura vite fait de vous faire oublier l’histoire de France édulcorée des manuels scolaires de votre enfance et la vision idyllique du Moyen Âge laissée dans l’imaginaire collectif par les Très Riches Heures du duc de Berry !

Alors, approchez et écoutez-le vous conter sa vie de manant. Une vie tout sauf simple et un parcours loin d’être linéaire !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 janvier 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332857552
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-85753-8

© Edilivre, 2015
Préface
Cette fois, il ne rentre pas les mains vides de la salle des ventes. À peine la porte de son domicile franchie, il fonce dans son bureau pour y déposer son précieux fardeau : plusieurs manuscrits rédigés en vieux français et une petite bible à la couverture toute racornie, le tout pour une bouchée de pain.
Les mains tremblantes d’impatience, il ouvre d’abord la bible qui a dû connaître des temps meilleurs dans un passé fort lointain. Les enluminures ont perdu leurs couleurs d’origine et les caractères calligraphiés sont partiellement effacés. Le moindre espace libre est couvert de gribouillis et de mots rédigés d’une écriture malhabile, comme enfantine. Étrange…
La lecture du premier manuscrit s’avère difficile, tant le français a changé depuis l’époque médiévale. La nuit tombe peu à peu sans que le lecteur s’en aperçoive. Le voilà vêtu de haillons et chaussé de sabots, pataugeant dans la boue des chemins… loin, très loin de la quiétude de son bureau.
Ce n’est qu’au petit matin que l’homme achève sa lecture et que son esprit réintègre son cadre familier. Malgré la fatigue, il jubile. Ce manuscrit n’est rien de moins que le témoignage de la vie d’un gueux. Rien à voir avec l’histoire de France des manuels scolaires ! À une époque où seuls les nobles, les membres du clergé et quelques bourgeois savaient lire et écrire, un manant a non seulement bénéficié de ce privilège réservé aux grands, mais il a aussi osé écrire ses mémoires. Il s’agit, sans conteste, d’un témoignage unique sur la vie de l’époque et sur la guerre de Cent Ans. Le Moyen Âge revu et corrigé par un gueux !
C’est décidé, ces mémoires seront publiés ! Il faut faire connaître l’histoire de ce manant, la vie de Wilhem le Bâtard.
Wilhem le Bâtard
L’homme, à un moment de sa vie, ressent le besoin de se retourner sur son passé. L’heure est venue pour moi de le faire. Je repense à tous ces moments que j’avais fini par oublier, tellement d’années se sont écoulées… Armé d’une plume d’oie, je n’ai plus qu’à laisser remonter du passé la foule de souvenirs qui hantent ma mémoire pour noircir les feuilles de vélin. Le flacon d’encre n’attend plus que le passage à l’acte. Au moment de me lancer dans le récit de ma vie, à la lumière chancelante de deux bougies, je suspends mon geste. Par où commencer ? Il y a tant à dire ! Les souvenirs ressurgissent. Je me revois sortant de notre masure faite de terre séchée et couverte d’un toit de chaume…
… mes trois sœurs derrière moi, courant pour me rattraper. Je suis l’aîné d’une famille de quatre enfants. J’ai 11 ans et l’insouciance de mon âge.
Le repas frugal composé de pain trempé dans la soupe aux choux a été vite expédié, car il faut aller ramasser du bois dans la forêt voisine. C’est le moment idéal pour profiter d’un instant de liberté.
– Méfiez-vous des loups !, nous rappelle la mère depuis le seuil.
La dernière recommandation s’adresse à mes sœurs :
– Ne vous éloignez pas de votre frère !
Mes parents ont un petit lopin de terre qui suffit à peine à nous nourrir tous. Alors, en plus de l’exploitation de sa terre, mon père propose ses services comme journalier aux grands propriétaires de la région. Il est parti depuis plusieurs jours, car notre baron a besoin de tous les bras disponibles pour entretenir les remparts de son château. Notre seigneur pioche à volonté dans la main-d’œuvre gratuite constituée par les habitants de son fief. Je suis encore trop jeune pour participer aux travaux de terrassement et de maçonnerie, mais d’ici quelques années je serai obligé d’accompagner mon père pour participer aux corvées imposées par notre condition de manant.
Pour l’heure, je cours dans les bois. Comme je suis plus rapide que mes trois sœurs, je profite de mon avance pour me cacher dans un buisson. De là, je peux les surveiller et attendre… Je surgis en criant quand mes sœurs arrivent tout essoufflées devant ma cachette. Surprises, elles poussent en chœur des cris de frayeur. Je suis heureux de mon stratagème, même si mes sœurs protestent.
Notre petit groupe s’enfonce de plus en plus profondément dans la forêt. Je suis à l’aise dans cet univers de verdure, où nous nous glissons entre des arbres géants. Des bruits sourds attirent mon attention et, curieux, je me dirige dans leur direction. Ce sont des bûcherons qui, regroupés autour d’un chêne, manient la cognée de toutes leurs forces. Mes sœurs me rattrapent et nous restons tous les quatre à admirer la dextérité et la force des hommes qui s’acharnent sur l’arbre plus que centenaire. Les bûcherons sont en sueur. Ils s’arrêtent régulièrement pour reprendre leur souffle et boire une mauvaise piquette qui leur redonne du courage.
Le chêne émet des craquements sinistres. J’ai l’impression qu’il appelle au secours.
– Attention, il tombe !, hurle tout à coup l’un des bûcherons.
Le géant de verdure vacille puis commence à pencher avant de tomber de toute sa masse dans un fracas de branches cassées, entraînant dans sa chute les arbres se trouvant sur son passage.
Celui qui semble être le chef interpelle les autres bûcherons :
– C’est du bon boulot, les gars ! On va pouvoir manger.
Les poings sur les hanches, il regarde le chêne à terre d’un air satisfait. Puis il s’assoit sur une vieille souche, sort de son sac une miche de pain déjà entamée et coupe de larges tranches qu’il distribue aux membres de son équipe.
D’un seul coup, le chef remarque notre présence et nous fait un signe de la main en criant :
– Hé, les drôles, venez par ici !
Craintivement, je m’approche suivi de mes sœurs. Marie, qui a un an de moins que moi, me retient par la manche.
– Partons, ces gens sont dangereux, me glisse-t-elle à l’oreille.
Je n’ai pas le temps de décider quoi faire que deux des bûcherons s’avancent. Ils sont encore plus sales que nous. Ils portent tous une barbe noire, leurs habits sont en haillons et leurs pieds chaussés de mauvais sabots. Notre père dit tout le temps qu’il ne faut pas leur parler.
Un homme a repéré Marie.
– En voilà, une belle demoiselle ! Viens donc par ici, lui dit-il en s’approchant d’elle.
Et il tend le bras pour la toucher, mais, au moment où il passe à côté de moi, je lui flanque un grand coup de pied dans le tibia. Surpris, l’homme pousse un cri de douleur pendant que je m’enfuis avec mes sœurs.
Des rires gras et des exclamations retentissent derrière nous :
– Tu voulais lui faire quoi, à la petite ?, demande le chef.
Nous sommes trop loin pour entendre la suite, mais je me doute de la réponse. Je ne m’arrête que lorsque je suis à bout de souffle. Un coup d’œil derrière nous me rassure. Les hommes ne nous suivent pas.
Notre insouciance d’enfants reprend vite le dessus et l’intermède est vite oublié. Nous arrivons bientôt devant un cours d’eau. Courageusement, je m’engage dans le faible courant.
Derrière, les filles m’appellent :
– Reviens nous aider, Wilhem !
– Dis, est-ce que je vais me noyer si j’y vais toute seule ?, me demande peureusement Augustine, la plus jeune de mes sœurs, de sa petite voix.
– Pour sûr ! J’ai déjà de l’eau jusqu’aux cuisses. Alors toi, avec ta taille de drôlesse de 4 ans, elle va t’arriver jusqu’au buste.
Je retraverse la petite rivière et j’attrape Augustine par la taille. Mes deux autres sœurs me cramponnent et nous traversons ensemble le cours d’eau. Une fois sur l’autre rive, je dépose mon fardeau et regarde la course du soleil dans le ciel.
– Allez, les drôlesses, on ramasse du bois et on rentre à la maison !
Notre masure est la dernière du hameau en bordure de la forêt. Nous déposons notre lourde charge de bois sous une soupente branlante pour le mettre à l’abri de la pluie.
Assise sur un banc en bois le long du mur de torchis, la mère ravaude à la lumière du jour les habits de toute la famille. Elle profite de la chaleur printanière pour se réchauffer au soleil de ce début de saison.
Tous les autres logis du hameau abritent plusieurs générations sous le même toit. Pas chez nous depuis que la grand-mère maternelle est morte, il y a deux ans, après avoir attrapé froid en lavant le linge à la rivière. Ce qui a fait dire au père :
– Il va falloir payer l’enterrement de la vieille, ça va encore nous coûter des sous !
Depuis, nous n’avons plus d’aïeule à nourrir !
– Wilhem, va chercher la vache et vous, les filles, rentrez nettoyer avant de m’aider à préparer le souper.
Quand le père est absent, je suis l’homme de la maison. Alors, j’en profite un peu. Je prends un bâton et me dirige d’un pas ferme vers le pré appartenant au château. Nous avons momentanément le droit d’y faire paître notre unique vache avec l’accord de notre baron. Dans le cas contraire, je la conduis là où il y a de la bonne herbe.
Arrivé au pré, j’ai à peine soulevé la barrière en bois que notre vache, qui m’a reconnu, vient à ma rencontre de son pas paisible. Comme d’habitude, je lui donne un petit coup de bâton sur l’arrière-train pour la faire avancer. Je pourrais pourtant m’en passer tant elle est docile. Elle marche tranquillement à mon côté en direction de notre maison, dont elle connaît le chemin par cœur.
Arrivé devant la masure, j’ouvre en grand la vieille porte en chêne et fais rentrer notre vache. L’habitage 1 ne dispose que d’une grande pièce séparée en deux. Le sol est en terre battue. Une partie sert d’étable pour la vache, les poules et les canards. Nous vivons dans l’autre partie avec, pour tout mobilier, un buffet, une vieille table en bois et des chaises héritées des grands-parents maternels. Une cheminée réchauffe l’ensemble. Le lit des parents lui fait face. Au pied du lit, un coffre en bois cerclé de fe

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