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Description

Dans une société corrompue par les corporations, Alexandre travaille comme coursier de l'ombre. Il voyage seul, le cœur meurtri, poursuivi par son passé. Enid est une jeune fille rebelle fuyant sa famille et avide de révolte contre le monde entier. Lorsque les deux se rencontrent, ils sont embarqués dans de sombres affaires qui les amènent à traverser la France et à être surveillés par la puissante entreprise Chrono Inc.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 décembre 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334048606
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-04858-3

© Edilivre, 2016
 
Acte I
Le soleil fuyait à travers l’horizon, et le coursier le suivait.
C’était un soleil de plomb. La route était droite, vide et mortellement ennuyeuse. Alexandre avait déjà passé la journée à conduire, et comme le paysage ne se prêtait pas spécialement à la contemplation, il ne s’était presque pas arrêté. Seulement pour quelques pauses salvatrices, indiquées précisément par la sécurité routière. Le soleil cognait aussi tellement dans la cabine que c’en était devenu un sauna. L’ouverture de la vitre offrait une possibilité de respirer, mais empêchait la musique d’émettre suffisamment fort. Alexandre n’avait jamais compris comment on conciliait chaleur et lecteur de CD dans une voiture. Tu connais pas la climatisation ? Lui dit une voix dans sa tête. Une invention bien futile. Tout le monde en faisait tout un foin mais ce n’était pas si bien que ça.
Le meilleur moment restait sans doute quand le coursier reprenait son véhicule après l’avoir laissé plusieurs minutes au soleil, la vitre fermée. Le volant en cuir noir brûlait les mains comme si elles avaient été posées sur un poêle. Décidément, Alexandre n’était pas très fervent de l’été, mais c’était comme toutes les saisons. On s’en plaignait pas mal et puis on s’habituait. De plus, on ne pouvait pas y échapper. Un peu comme la mort.
C’est toujours mieux que les mecs qui bossent dans les bureaux, pensa-t-il.
En vérité, il n’aurait jamais pu travailler dans un bureau. Alexandre avait la bougeotte, c’était un fait avéré depuis longtemps. Il avait commencé à travailler comme coursier quelques années auparavant. Trois ans qui lui paraissaient bien longs à présent. A cette époque-là, il ne savait pas quoi faire de sa vie, mais il savait ce qu’il ne voulait pas faire. Les corporations de métiers l’auraient accueilli à bras ouverts s’il s’était donné la peine d’aller les voir. Mais Alexandre ne les aimait pas, même si par ce sentiment, il se mettait à dos les trois quarts du monde connu.
Les coursiers dépendaient normalement de leur corporation correspondante et agissaient pour le compte de la boite. Mais il arrivait parfois que certaines taches requièrent des agents de l’ombre qui œuvraient entre corpos. Ils étaient plus ou moins protégés de leurs agissements. En général, ils étaient rares et importants. Néanmoins, si une ou deux corpos voulaient leur peau, il arrivait subitement que personne ne s’y oppose. C’était un métier à risque.
Alexandre aimait ce boulot parce qu’il était d’un naturel solitaire et qu’il aimait bien conduire. Il ne se faisait jamais remarquer, c’était essentiel pour travailler dans l’ombre, et il avait toujours évité les cargaisons à haut risque. Celles qui risquaient de provoquer une confrontation étatique sans précédent. En plus, ça lui faisait voir du pays. Même si en trois ans, il avait largement fait le tour de la question. Evidemment, il ne prenait pas l’autoroute. Depuis quelques années, elle était bien trop surveillée, et bien trop chère. Il n’était jamais pressé. Les commanditaires préféraient la sécurité à l’empressement.
Alexandre aimait ce boulot également parce qu’il n’avait de compte à rendre à personne. Il faisait sa mission, on le payait, point final. Cette distance lui laissait le temps de réfléchir aux problèmes du monde tranquillement, dans son pick-up, sans personne pour le contredire. Il avait déjà assez de problèmes personnels à régler, comme ce qu’il allait manger ce soir-là, pour se préoccuper de tout le reste. Il n’espérait pas grand-chose de l’avenir, ni du monde dans lequel il vivait. Après sa crise d’adolescence, il s’était rasé le crâne et avait gardé ses t-shirts noirs près du corps et ses pantalons treillis, jetant ses longues vestes en cuir et ses couteaux de combat. Ses doigts restaient toutefois ornés de nombreuses bagues, toutes différentes les unes des autres, symboles d’expériences et de rencontres diverses.
Des bagouzes de tapettes, manque plus que tu te fasses des piercings aux oreilles et tu pourras te prendre pour Mademoiselle Frida des beaux quartiers ! Répondit la petite voix dans sa tête.
C’était déjà difficile d’avoir une pensée dans le cerveau sans que la présence d’une voix secondaire agaçante le rappelle constamment à l’ordre. Alexandre l’avait surnommé Joe. Il ne savait plus pourquoi mais ce nom lui faisait penser à quelque chose de très vieux. Et de très malsain. Joe, c’était le mec un peu cow-boy , un peu vantard qui sautait sur tout ce qui avait un trou. Il était froid, mais cinglant, et accompagné d’un humour très particulier.
Dis tout de suite que t’veux pas de moi ! Qu’est-ce tu f’rais pas si j’étais pas là, mon poto ! Ça se voit que ça fait un bail que t’as pas ramoné une ch’minée, tu cogites trop, ça va te donner des boutons un d’ces jours.
Alexandre n’écoutait pas beaucoup Joe d’ailleurs. D’abord parce que s’il passait son temps à écouter les voix dans sa tête, il en perdrait vite la raison. Ensuite parce que Joe était ce qu’on appelait communément la voix de la conscience. En général, personne n’aimait écouter sa conscience ; parce qu’elle avait souvent raison.
La route arrivait à ce stade où elle allait traverser un grand nombre de villages avant d’arriver à la ville. Ça signifiait que ce serait lent, car chaque village obligeait à ralentir la cadence. L’autoroute devait sans doute avoir été inventée pour éviter ça, à la base, c’est-à-dire en des temps immémoriaux. Malgré tout, Alexandre était presque aux anges. La route était entourée de vignes, des vignes flamboyantes. Elles recouvraient les collines par dizaines. Des parcelles immenses qui ne s’arrêtaient pas en bas des pentes, mais qui continuaient à grimper dans les hauteurs, pour couler de l’autre côté. Cette nature maîtrisée semblait envahir le paysage.
Le coursier admirait distraitement cet incendie de couleurs ( Faut bien aussi que tu r’gardes la route si t’veux pas clamser dans l’décor !) . Il retira de la fenêtre son coude qui commençait à griller et remonta la vitre. Un de ses morceaux favoris passait sur le lecteur du pick-up. Il monta légèrement le son et remua la tête en rythme. C’était du hard rock, du vieux des années 80, un groupe antique qui ne plaisait plus tellement à Alexandre au jour d’aujourd’hui. Ce qui ne l’empêchait pas d’écouter ces vieilles chansons encore et encore. Le côté kitch du synthétiseur faisait partie de l’affection presque attendrissante qu’il pouvait ressentir envers cette musique.
I’m a cow-boy, on a steel horse I ride.
I’m wanted, dead or aliiiiiiiiiive…
Il n’était pas vraiment un cow-boy solitaire, mais c’était un détail. Alexandre pouvait bien s’imaginer sur une moto, une grosse Mustang bien rodée, à rouler vers nulle part, dans un attirail en cuir. Et puis avec une moustache qui pendouille et une grosse chaîne argentée au cou, tu peux pas faire plus cliché mec , lui murmura Joe. Au lieu de ça, il se contentait de traîner un Cheyenne américain fatigué, mais encore debout. Conduire cette merveille avait pu être un rêve, mais les factures de garagiste pas entièrement remboursées sur ses frais professionnels, il les sentait passer. Il n’aurait pas eu le courage d’en changer. D’une part, c’était un de ces véhicules typiquement classé USA qui sentait le cuir brûlé et la graisse de toute la malbouffe qu’on pouvait consommer en des années d’existence. C’était rare, et particulièrement cher. D’autre part, c’était une boîte de vitesse automatique, et Alexandre y était habitué.
* *       *
Pénélope fumait, allongée sur le lit. C’était un de ses nombreux défauts. Mais à tout défaut correspondait sa qualité. Pénélope ne fumait que quand elle venait de faire l’amour. Seulement à ce moment-là, elle permettait à son corps de recevoir quelque chose de néfaste, comme pour compenser tout le plaisir qu’elle avait pu avoir précédemment. Alexandre se demandait parfois si elle fumait même quand elle n’avait pas joui.
Ses cheveux bruns cachaient une grande partie de son visage. Elle faisait partie de ces femmes qui n’ont jamais l’air de se coiffer, mais à qui ce chaos allait bien. Sa coiffure devait sembler décente à une époque moins mouvementée de sa vie. Dès lors, c’était un nid d’oiseau. Un nid d’oiseau très sexy.
« Je vais sans doute partir bientôt, dit-elle, avant d’aspirer une grande goulée de fumée. »
Alexandre ne tourna même pas la tête vers elle, il regardait le ventilateur tourner.
« Où ? Demanda-t-il sans conviction. »
Comme il s’y attendait, Pénélope ne répondit pas. Elle restait assise là, nue, à regarder dans le vague. Alexandre ne savait pas trop quoi dire. En fait, il savait qu’il n’y avait plus rien à dire. C’était difficile à supporter, mais il n’était pas du genre à lui montrer ses faiblesses. Il voulait être fort pour elle, peut-être pour la séduire, pour lui montrer qu’elle pourrait toujours compter sur lui, même si elle ne s’accrochait pas à lui comme il l’aurait voulu. C’était triste, et pourtant, il n’avait plus le courage de faire quoi que ce soit.
Pénélope souffla un nuage gris devant elle avant de tousser.
« Je n’ai pas envie de partir.
– Alors ne pars pas, renchérit Alexandre. »
Il n’eut pas besoin de se tourner vers elle pour voir ce qu’elle pensait. Elle aussi était triste. Non, c’était un autre état. Une forme d’angoisse, de dépression. Quelque chose qui lui prenait les tripes et qui ne la lâchait jamais.
« On ne se reverra sans doute plus, dit-elle. »
Pour une fois, Alexandre fut surpris. Il ne laissa rien transparaître, mais son cœur manqua un battement. Ce petit jeu durait depuis assez longtemps pour qu’il sache qu’ils allaient se séparer pendant une lon

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