Vie de komian
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Vie de komian , livre ebook

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Description

Le rôle des komians, dans notre société traditionnelle, n’est plus à démontrer. Leur maîtrise du monde invisible et leur savoir-faire dans l’utilisation de la pharmacopée naturelle dans le diagnostic, le traitement ou la prévention des maux qui minent la société humaine sont à saluer avec respect.
Êmoh Agny, en collaboration avec les génies angbins, s’initie dans ce monde hermétiquement fermé qui a traversé les siècles passés, tutoyé le présent et se prépare à affronter les futurs, pour le plus grand bonheur de ses contemporains. Ce jeune étudiant devenu komian a sacrifié ses connaissances livresques pour s’immerger, corps et âme, dans sa culture. Mais cette confrérie transgénérationnelle a-t-elle encore de l’avenir dans ce monde où les luttes interconfessionnelles battent leur plein ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414334605
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-33461-2

© Edilivre, 2021
Du même auteur
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Chez les Editions Edilivre
Le prix de ma peau
Note de l’auteur
L’idée d’écrire ce livre m’a hanté depuis mon jeune âge. Né de mère komian , toute mon enfance a été façonnée, influencée par les pratiques spirituelles traditionnelles, cérémonies au cours desquelles la communauté exprime sa gratitude à Dieu, à travers les dieux et la nature.
Ces fêtes cultuelles ont toujours été des occasions de commémoration en faveur des ancêtres et de communion avec les génies, nos voisins invisibles. L’école, essentiellement extra-culturelle, ne m’a pas permis de faire la lumière sur certains phénomènes métaphysiques constatés au village, à savoir, la guérison miraculeuse de malades condamnés par la médecine moderne, la résolution spectaculaire de situations difficiles et incertaines. Plus tard, dans la vie active, mon incursion dans le monde de nombreux écrivains, conférenciers et coaches exerçant dans les neurosciences, la médecine quantique, le développement personnel, etc, m’a permis d’avoir un début d’explication à quelques-unes de mes interrogations.
Les livres du Dr. Joseph Murphy (Le pouvoir du subconscient) et de la psychologue Pilar Varela (Ansiosa-Mente) ont été les premiers à me donner les armes nécessaires pour l’élimination des conditionnements, croyances endogènes et exogènes négatives afin d’affronter, avec détermination, les tribulations auxquelles j’ai été confronté à un moment ou un autre de ma vie.
Convaincu du pouvoir réel du subconscient, persuadé que le corps et l’esprit sont indissociables en termes de maladies, de guérisons et de bien d’autres réalités humaines, j’ai décidé d’écrire ce livre pour aider mon prochain afin que, dans cette vie, personne – je dis bien personne –, plus jamais ne doute de ses capacités intrinsèques pour venir à bout de n’importe quelle épreuve supposée insurmontable.
C’est à dessein que j’ai donné la parole aux komians , gardiens du temple traditionnel, pour qu’ils puissent s’exprimer librement, défendre les fondements de la culture, enseigner les savoirs multiséculaires et préserver les valeurs coutumières.
Mon père, le meilleur enseignant de ma vie, n’a jamais ménagé ses efforts pour me répéter que : « Le danger guette toujours l’oiseau qui s’éloigne trop de sa branche. », « Les mots déracinement et acculturation sont des maux qu’ils faut savoir soigner pour éviter des séquelles sociales indélébiles à tous points de vue. », « N’est-ce pas le poussin le plus proche de sa mère qui a la chance de manger la cuisse du cafard ? ».
C’est pourquoi, même la distance ne m’a guère arraché à mon village. J’adore les miens !
I
Quelques mois après mon aventure comato-onirique avec les angbins , je tombai grièvement malade. Tous les groupes de prière traditionnels et modernes furent mis à contribution pour me faire recouvrer la santé. Je fis plusieurs séjours à l’hôpital où tous les efforts consentis par le corps soignant se révélèrent inefficaces face à ce mal pernicieux qui me rongeait jusqu’au fond de mon être. Finalement, je fus ramené définitivement au village en attendant que la mort vînt me chercher pour donner à manger à la terre qui tremblait déjà d’impatience de me dévorer, me digérer, me réduire en poussière et, pour finir, m’anéantir. Les féticheurs, guérisseurs, sorciers et autres praticiens traditionnels de la santé défilèrent jour et nuit à mon chevet. Rien n’y fit. Tout semblait indiquer que mon sort était déjà scellé. Le contrat avec la vie était rompu. Ma mission sur terre était arrivée à son terme. Je devais me préparer pour quitter irrévocablement le village, les miens, somme toute la vie, pour un autre monde, le monde des éternels invisibles, l’asile des esprits. La déchirure entre mon corps décharné et mon âme dépitée devenait une réalité poignante. Après tant de vain temps de résistance pour m’accrocher à la moindre branche d’espoir de vie, je finis par me résigner. J’étais prêt à accepter le verdict fatal, la sentence létale. Partir, tout quitter à jamais.
Le soleil était au zénith, fixant ses rayons incandescents sur la toiture en papo qui craquetait. Un vent chaud se glissa dans ma chambre à travers les interstices du mur en bambou de la maison. Quelques petites salamandres affamées se jetaient avec détermination sur des mouches qui, poussées et soutenues par un pouvoir de conservation parfois très poussé, arrivaient à s’échapper à coups de battements d’ailes rapides et précipités. Les plus malchanceuses des victimes de ces amphibiens voraces, généralement distraites, étaient capturées et avalées sans autre forme de procès ; ou, ironie du sort, finissaient leur course dans des toiles d’araignées souvent éparpillées dans les encoignures de la toiture ou des murs, avant d’être rudement rattrapées et dégluties. La brusque apparition d’une scolopendre qui se déplaçait le long de la plinthe en latérite accéléra le rythme des battements de mon cœur et m’obligea à me recroqueviller sur moi-même. Non loin de la fenêtre, à côté d’une cantine en bois massif contenant les pagnes, les bijoux et beaucoup d’autres objets nuptiaux de ma mère, une horde de cafards s’activait sur des restes de nourriture mal nettoyés la veille. Mon corps était transi de frissons à l’idée qu’un de ces insectes qui ne demandaient qu’à vivre tranquillement montât jusqu’à moi pour accentuer le stress que m’imposait mon état.
L’atmosphère était pesante et délétère. Dehors, le vide dans les rues faisait froid dans le dos. De ma couchette de grabataire, j’entendais le clapotis des vagues qui se poursuivaient et s’entrechoquaient à la surface de la lagune et sur le rivage. On avait l’impression que tout le monde avait déserté le village pour aller chercher de la fraîcheur en brousse. Quelques poules assoiffées caquetaient sans cesse à l’ombre des cases, pendant que des moutons énervés bêlaient à tue-tête sous les arbres. Vautré sur un tas de sable sous un acacia qui décorait le mur arrière de la maison, un chien paresseux glapissait avec une détresse intestine ; plutôt que d’aller chasser les rongeurs qui dévoraient les tubercules de manioc, d’igname et de tarot dans les champs. La pression de la quasi-absence humaine dehors mêlée à celle de la canicule me suffoquait. Mes forces s’amenuisaient irréversiblement. Contre toute attente, au moment où l’ultime indice d’espoir se préparait à m’abandonner pour de bon, à l’instant même où mes paupières s’apprêtaient à capturer mes yeux pour toujours, me plongeant dans une nuit sans fin, mes amis angbins firent leur entrée dans ma chambre, la mine grave, dans un silence de prière. Étrangement, cette présence inattendue poussa l’air dans mes poumons. Mon rythme respiratoire passa de saccadé à normal. Ainsi que l’aiguille d’une horloge détraquée, mon cœur qui venait de suspendre toute activité pendant quelques secondes recommença à battre par à-coups.
Ils s’assirent à côté de moi, toujours silencieux et sages. Ils paraissaient sérieusement ébranlés par ce qui m’arrivait. Quelques minutes après, le chef angbin se leva doucement, concentré, tel un robot, se pencha sur moi, marmonna quelques mots et déposa un peu de poudre de kaolin sur mon front. Il me demanda d’ouvrir la bouche et fit le même geste sur ma langue. La gravité de mon état était telle qu’elle demandait un traitement de choc particulier. Si bien que les deux autres angbins ne demeurèrent pas en reste. Pendant que leur chef s’occupait de moi, ils s’affairaient, tout en proférant des incantations, à saupoudrer et à asperger la pièce où je me trouvais avec des produits à base de kaolin et de mixture de plantes. En conclusion de ce travail de délivrance, trois œufs furent écrasés sur ma fontanelle, après avoir fait chacun trois fois le tour de ma tête. « Yêmin, ô grand Dieu, nous avons fini notre part. Le reste ne dépend que de Vous », dirent-ils à l’unisson. Au bout d’un certain temps, une onde de chaleur parcourut tout mon corps de la tête aux pieds. Je commençai à trembler et à transpirer abondamment sous l’effet spasmodique d’une force incontrôlée. Quelques minutes plus tard, comme si l’on venait de me débarrasser d’une pesanteur maléfique d’une rare cruauté, mes sens se réveillaient peu à peu. La vie venait de reprendre ses droits en moi. Pour la première fois depuis le début de la maladie qui me clouait impitoyablement au lit, je demandai à boire et à manger. Désir qui fut satisfait sans tarder par les deux sempiternels accompagnateurs angbins qui, sous l’ordre de leur chef, m’aidèrent en introduisant quelques gouttes d’eau et un peu de soupe dans ma bouche. Je retrouvai un peu mes sens sans pouvoir me mouvoir totalement.
– Nous sommes porteurs d’un message de la part de dame komian qui, étant informée de ton état de santé préoccupant, nous a mandés auprès de toi pour t’assister et, le cas échéant, te faire part d’une proposition, introduisit le chef angbin lorsqu’il nota que j’étais apte à les écouter et à leur parler.
– Et quelle est cette proposition ? lui demandai-je d’une voix à peine audible, teintée d’inquiétude.
– Comme tu le sais si bien, nous vivons dans un monde mystérieux, un monde non perceptible aux hommes. Dame komian te demande d’accepter de travailler avec nous, d’être une sorte de liaison, un intermédiaire, un intercesseur entre nous et les humains que vous êtes.
Sur-le-champ, dans mes méninges, un combat acharné se déclencha entre le refus et l’acceptation. Ce qui me fit tomber dans une introspection profonde pour interroger ma conscience en vue de prendre la mesure de la responsabilité d’une telle mission et décider de la suite à

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