V.I.T.R.I.O.L.
166 pages
Français

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Description

Guillaume aurait pu mener une vie tranquille et confortable sur les rives du lac de Genève. Mais il n'a pas envie de rentrer dans ce moule d'une vie assoupie. À la mort accidentelle de ses parents dans un accident d'avion, il comprend que le non-conformisme coule peut-être dans ses veines : son grand-père, grand flic, est aussi franc-maçon. Sa grand-mère, d'origine portugaise, se revendique de filiation insolite. À 20 ans, Guillaume est un historien-chercheur défendant une thèse qui lui est chère : la Confédération helvétique a été fondée grâce aux templiers. L'Ordre du temple, quel bel idéal ! Il accumule les faits et les preuves, mais l'université suisse ne veut pas de cette hypothèse. Trop dérangeant. Mais Guillaume est repéré par une étrange fondation, Neofutura, où il découvrira l'alchimie spéculative, et le voilà bientôt parti pour la jungle amazonienne... V.I.T.R.IO.L. est à la fois un roman initiatique, un conte philosophique et un roman d'aventures.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 18 octobre 2017
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342157352
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

V.I.T.R.I.O.L.
Xavier Prokesch
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
V.I.T.R.I.O.L.
 
 
 
À mes trois fils,
Luca,
Giacomo,
Stefano.
 
 
 
 
L’homme ne se connaît lui-même qu’à la mesure de sa connaissance
du monde. Il ne devient conscient de lui-même qu’à l’intérieur du monde
et conscient du monde qu’à l’intérieur de lui-même.
Goethe
 
1 Le bûcher des vanités
C’est tout de même une ville magnifique, Paris… Malgré les années vécues ici, son pouvoir de séduction reste intact.
En traversant le Pont Neuf pour arriver jusqu’à la pointe du Vert Galant, Guillaume ne pouvait que s’extasier une fois encore sur cette unité architecturale, celle des petits immeubles alignés sur l’île de la Cité, tout comme sur la beauté classique du Palais du Louvre, face à lui. Et puis quel charme, ces quais de Seine, et le ciel de mars, mi-gris mi-bleu, qui illuminait si subtilement l’ensemble. Bien sûr, il fallait faire abstraction de la circulation, quelque peu délirante pour un Genevois de souche, mais en ce milieu de semaine, en fin de matinée, elle restait tolérable. Même pour un Suisse installé en France. Guillaume avait ralenti le pas pour admirer la vue sur la Seine et, au fond, la pointe de l’obélisque de la place de la Concorde et les toits du Grand Palais. Il aperçut, à sa droite, à la hauteur de la statue d’Henri IV à cheval, deux hommes vêtus de la tenue des Croisés : chasuble blanche et croix rouge pattée sur la poitrine. Il ne manifesta aucune marque de surprise et nota au passage que les autres rares promeneurs n’avaient pas l’air d’en témoigner davantage : cette indifférence était typique de Paris. Ces deux hommes allaient de toute évidence au même endroit que lui : à la commémoration de l’exécution par le feu de Jacques de Molay, dernier Grand Maître de l’ordre du Temple. Cet événement avait lieu chaque année à Paris, et en ce 18 mars 2014, on célébrait le 700 e anniversaire du bûcher de Molay, allumé le même jour en 1314 sur ce qui était jadis « l’île aux Juifs ».
Guillaume Apocrifo connaissait bien l’histoire des Chevaliers du Temple et les légendes et fantasmes que l’Ordre avait nourris. Normal, étudiant en histoire, il avait pondu un mémoire sur ce sujet sensible, après avoir beaucoup lu de ce qui avait été écrit à ce propos. Bien qu’il fût installé ici depuis longtemps, après avoir quitté Genève où il se sentait à l’étroit, Guillaume n’avait encore jamais assisté à cette cérémonie qui avait lieu chaque année. Voir des photos publiées ici et là, c’était une chose, participer à l’évènement en était une autre. Au moment où le trentenaire atteignit la petite foule de 200 à 300 personnes rassemblées en contrebas pour l’hommage du jour, une péniche achevait de passer sous le Pont Neuf et une odeur de remugle remonta vers l’assemblée. On y trouvait des hommes et des femmes, des jeunes et des vieux et ces gens ne ressemblaient ni à des illuminés, ni à des simplets. Ils étaient, tout comme lui, Guillaume Apocrifo, admiratifs de cet Ordre de moines-soldats, qui avaient participé à l’histoire de l’Europe du Moyen Âge et s’étaient évaporés, après seulement deux siècles d’aventure, soit parce qu’ils avaient été assassinés ou emprisonnés, soit parce qu’ils avaient pris la fuite pour ne pas finir comme Jacques de Molay. Le petit groupe était assez silencieux et écoutait les discours qui se succédaient et rappelaient des faits et des valeurs. Les propos étaient respectueux et solennels, ça n’échappa pas à Guillaume, aucune envolée et encore moins d’appels tonitruants à imiter les Templiers ou à revendiquer leur credo pour démarrer une révolte citoyenne. Le groupe était là pour rendre hommage dans le calme et la réserve, répétant souvent et à voix haute : Non Nobis Domine, Non Nobis, Sed Nomini Tuo Da Gloriam  – « Pas En Notre Nom Seigneur, Pas En Notre Nom, Mais Au Nom De Ta Gloire ! »
Guillaume regarda discrètement ceux qui l’entouraient : que pouvait représenter cet Ordre du Temple pour les gens d’aujourd’hui ? L’universitaire Michel Beauvais, un spécialiste de cette époque, qui avait reçu le thésard Guillaume à deux reprises alors qu’il était encore étudiant, l’avait mis en garde sur les récupérations auxquelles se livraient certains à propos des valeurs du Temple. La meilleure preuve en était cet autre rassemblement qui commémorait le même évènement, le même jour, également à Paris, mais pour une tout autre raison : glorifier la supériorité supposée de l’occident blanc et chrétien sur le reste du monde. À l’époque des croisades, mais surtout en ce début de xxi e siècle, avec tous les sous-entendus qu’on pouvait y mettre.
Pour Beauvais, comme pour tout historien sérieux, ceux qui aliénaient l’esprit de l’Ordre du Temple dans cette voie-là étaient, au mieux des incultes, au pire des manipulateurs cyniques. Lorsqu’on examinait les faits de près, on trouvait au contraire un Ordre religieux tolérant et sagace, qui avait su vivre en bonne intelligence avec les musulmans et les Juifs en Terre Sainte, engagé et progressiste dans sa défense de la citoyenneté, compte tenu du contexte historique. À travers le nouveau royaume latin de Jérusalem les chevaliers de la Première Croisade ne portaient-ils pas l’espoir qu’un jour nous accéderions tous au statut de citoyen ? Officiellement, le roi Philipe le Bel avait déclaré la guerre aux Templiers pour hérésie : ces moines étaient taxés de sodomie et de commerce avec les esprits, et puis ils crachaient sur le crucifix, convaincus que quand Jésus avait été oint de l’esprit divin, il était alors devenu Christ mais qu’il restait un homme comme un autre, contrairement à ce que prêchait Rome. Au xiv e siècle, en France, alors que l’Église catholique est toute-puissante, tout cela avait de quoi contrarier le Pape autant que le Roi, monarque de droit divin. Guillaume, en bon chercheur, avait vite compris qu’il y avait eu des raisons moins dogmatiques et plus temporelles à l’anéantissement programmé des Templiers : l’Ordre du Temple était à la tête d’une fortune colossale et au fil du temps et des croisades, il était devenu une force militaire imposante qui pouvait tenir la dragée haute à n’importe quelle autre armée. Philippe le Bel avait désespérément besoin d’argent et ne voulait plus de cet état dans l’état. L’intérêt du Royaume devait donc prévaloir. Le vendredi 13 novembre 1307, le roi ordonna l’arrestation officielle de tous les Templiers. Il est difficile d’avancer des chiffres fiables, mais on compta à peu près 600 détenus du Temple dans les geôles françaises dans les mois qui suivirent. Conformément à la loi de l’époque, beaucoup vont être torturés et à peu près 200 finiront sur le bûcher pour hérésie. Quant à Jacques de Molay il s’est laissé prendre dans un piège de police, bêtement, sans doute un peu trop confiant en son immunité de Grand Maître. Pourtant le torchon brûle depuis longtemps entre Philippe le Bel et Jacques de Molay. Ce dernier n’a-t-il pas refusé d’initier le Roi et de l’intégrer à l’Ordre quelques années plus tôt ? Le Templier abhorre ce roi de France qui a su contraindre le Pape Clément V à venir siéger en Avignon, alors que tous les pontifes depuis Saint Pierre règnent à Rome. En outre, l’Ordre du Temple a prêté des grosses sommes d’argent au Roi et le Bel ne rembourse pas. Molay voit en lui un ambitieux sans scrupule ni foi. Depuis le début des hostilités, Le Templier a demandé au Pape d’intervenir, de dépêcher une commission d’enquête pour démêler les accusations d’hérésie avancées par le roi de France. Le Pape a accédé à sa demande, car l’Ordre dépendait exclusivement de la Papauté, mais le roi a passé outre. Et là, Clément V n’a que mollement protesté… Le Grand Maître va subir la prison, rendre des aveux sous la torture et finir sur le bûcher. Pour Guillaume, de Molay est un des martyrs des Templiers et son exécution confirme une réalité séculaire : le triomphe de l’establishment sur l’utopie. Il le sait bien, il en vient de l’establishment. Sa thèse de doctorat contenait un chapitre à ce sujet, si l’Ordre a été considéré comme dangereux, c’est, entre autres, parce que son idéal d’un état plus égalitaire, duquel la qualité de citoyen aurait dû émerger, contrevenait à la politique des puissants de l’époque. D’ailleurs même le pape avait fini par abandonner de Molay à son sort. L’Église pouvait se compromettre pour défendre l’Ordre, mais jusqu’à un certain point. Il ne fallait tout de même pas trop en demander.
Certes, le Grand Maître, interrogé par les délégués pontificaux dans des conditions humainement correctes, était revenu sur les aveux d’hérésie qui lui avaient été extorqués sous la torture. Il avait alors été déclaré relaps, ce qui ne valait guère mieux. Mieux valait pour le Pape un discret compromis avec le roi de France, que de continuer à naviguer en eaux troubles au grand jour avec cet encombrant de Molay.
Fin de l’histoire.
Pas tout à fait.
Car heureusement pour quelques Templiers, il y eut des fuites dans l’entourage royal juste avant la grande vague des arrestations du vendredi 13. Prévenu à temps, un certain nombre de moines-soldats s’enfuirent au triple galop en emportant les biens les plus précieux. Les soldats du roi trouvèrent alors des commanderies désertes, et pire encore, des coffres vides. Les fugitifs avaient quitté la France pour le Portugal, l’Espagne et le Saint-Empire romain germanique. La puissante flotte templière avait appareillé depuis le port de La Rochelle, pour voguer vers l’Écosse et peut-être aussi ve

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