USALAMA
234 pages
Français

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Description

Usalama est un jeune congolais qui vit à Goma. Un jour, derrière la porte, il écoute sa mère qui crache à un psychologue le secret noir qu'elle n'a jamais osé lui dévoiler. Ce secret dévoile que son père n'est pas mort comme on lui ment. Il n'a jamais existé. « Toute vérité libère » mais celle-ci le renferme sur lui-même. Dans cette partie du monde en proie à la désolation de l'humanité, le jeune Gomatracien cherche le chemin de la paix, il fait des rencontres inattendues et à chacune d'elle se dessine un morceau attristant de la réalité cruelle qu'on impose à cette région du monde. Lorsque le sourire réapparaît sur son visage, le volcan de Nyiragongo entre en éruption et ôte la vie à sa mère. Contraint de quitter Goma, Usalama déménage à Kinshasa à la recherche de la quiétude et la paix mais le nom n’est pas toujours un augure. Car, Usalama, qui veut dire calme, tranquillité, sécurité, quiétude ou paix, semble être tout le contraire de ce qu'il vit.
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Publié par
Date de parution 01 septembre 2023
Nombre de lectures 27
EAN13 9782082950060
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0600€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

USALAMA
©Éditions Colline Inspirée, 2023 + 243 812 141 719 KinshasaRD Congo ISBN : 978-2-0829-5006-0Dépôt légal : Septembre 2023 : SP 3.02309-57530
I
Je suis né orphelin d’un père qui ne mourra jamais parce qu’il n’a jamais existé. Ni pour ma mère, ni pour moi-même. Je me répète cette phrase tout au long de mon existence enfin de vivre apaisé. Mais non, rien ne ressemble à cette époque où je ne savais rien de ma propre histoire. Rien ne ressemble à avant ce voyage pendant lequel je me suis découvert au lieu de découvrir la ville de Bukavu que nous visitions. Et ce matin, malgré mon exécration de quitter Goma, ma ville, je n’ai pas pu trouver comment y renoncer car je dois accompagner ma mèreà l’enterrement de son époux. J’aurais pu essayer décliner sa demande comme j’en ai pris l’habitude. Tiens, l’exemple le plus proche est mon refus de voyager à Rutshuru où il était question de veillé mortuaire de mon cousin Baraka que je connaissais personnellement. Sans compter les trois jours sans école que ça m’aurait valu, mais entre un ventricule qui abhorre le voyage et l'autre gai des vacances qui m’étaient offertes, le premier avait gagné haut la main.
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Le soleil s'est levé très tôt ce matin. La vision a eu un peu du mal à s'y accommoder mais après quelques minutes tout a semblé normal. Par la fenêtre, je voisune silhouette très familière qui s’approche. C'est un miracle, je me dis. Et une tragédie à la fois. Car là dehors, c'est mon ami Amisi qui vient me rendre visite. Nous nous sommes connus à l’école depuis lasixième année primaire et aujourd’huic’est la première fois qu’il met ses pieds chez nous. Le petit moineau va s'envoler, me balance-t-il en venant à ma rencontre avant de continuer : Usa, je te présente mes sincères condoléances, tu sais perdre un père… Un beau-père, lui coupe-je. Comme si mon père n’était pas beau,ajoute-jeavec un beau sourire qui accompagne ma blague. Usa, prend courage ! dit-il en me tapotant à l’épaule.« Usa» a toujours été sa manière de m'appeler. Une fois, il m’avaitque dit m’appeler par mon nom en entier était pour lui un tabou, une entrave à la bonne conscience. M'appeler « Usalama », qui veut dire « paix », « sécurité » ou quelque chose qui n'existe pas chez nous dansl’Est, serait un semblant de la part de ceux quim’ont nommé ainsi. Il avait aussi ajouté que les groupes armés, l’armée nationale, les organisations internationales et la société civile et tout les autes qui disent vouloir qu'il y ait la paix, pratiquent la guerre ou rajoutent les épices à cette sauce sanguine. Au milieu de tout ceci, porter un nom comme « paix », concluait-il, serait se moquer des
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gens qui vivent tous les jours, attendant je ne sais quel genre de lumière viendrait colorer leur quotidien depuis longtemps assombri. Amisi, pourquoi n'es-tu pas allé à l’école, lui demande-je. Comment as-tu su à propos de mon beau-père ? Il me lance juste un petit sourire pour me faire comprendre qu’il n'a aucune réponse à me donner. Je le prends par la main en l'invitant à entrer. Maman est toujours sur le canapé depuis que la mauvaise nouvelle nous est parvenue. Ses yeux sont rouges comme le ventre du Nyiragongo. Sa voix lui vaut un siège à la chorale de petits batraciens des marecages. Je lui présente Amisi. Elle acquiesce les politesses de mon ami, ni enchantée, ni attentionnée. Amisi reste en ma compagnie, le temps que maman rassemble quelques morceaux de force qui lui restent et s’apprêter pour la route. Au sortir de la parcelle, je m’accorde le temps de regarderderrière moi, et c’est ma tanteFeza, devant le seuil de la parcelle, debout, un sourire au visage et une main nous faisant le signe d’aurevoirdans les airs. Mon regard, en se croisant avec le sien, me rappelle que comme à chaque fois que ma mère tourne le dos à la parcelle, Alfred son petit ami viendra une fois de plus en hôte de valeur pour profaner notre domicile. Je dis aurevoir à Amisi en le regardant s’éloigner de nous puis me retourne vers ma mère, le cœurremplit de dégout :
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Maman, Fezava rester jusqu’à notre retour ? Tu sais qu’il nous faut bien quelqu'un qui puisse garder la maison, d'ailleurs elle va rester vivre avec nous. Un cadenas aurait aussi assuré cette tâche. Joe, Feza est l'unique famille que nous avons à Goma. Elle t'aime beaucoup. Tu devrais faire pareil, au lieu de toujours chercher à te débarrasser d’elle.Avec beaucoup de chagrinque j’entrevoie dans le regard de ma mère, l’envie de continuer cette conversation m’ait coupée. A chaque fois que je la vois triste le temps remonte à quatre années passées. Je n’ai cessévouloir vaincre mon à emprise à toujours y plongermais je n’y peuxrien. Il est des souvenirs qui ne vieillissent jamais avec le temps et des verités qui se doivent de rester cachées au risque de chambouler la cour des choses. Pendant ce voyage durant lequelje m’étais decouvert,je me rappelle qu’en quittant Goma, mon esprit etaitenivré par l’enthousiasme et l’envie de découverte et d'aventure. Je n'avais pas eu à demander quel était le vrai objet dudit voyage à ma mère. Me rendre à Bukavu etait un grand plaisir pour moi, tout ce que j'y avais vu, vit encore dans mes souvenirs. Par contre, ce que j'avais entendu avait recréé ma vie dans l’espace de quelques minutes. Nous avions visité beaucoup des places et avions vu beaucoup des choses à Bukavu. Tout était lumineux jusqu’à ce que nous nous rendions
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