Une vie d’enfer
216 pages
Français

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
216 pages
Français
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Si la religion définit l’enfer comme un feu éternel de l’au-delà réservé à ceux qui ont mené une mauvaise vie sur terre, il n’en demeure pas moins vrai que certains le vivent sans avoir passé l’arme à gauche. Tel est le cas de Cynthia, cette jeune fille promise à un bel avenir qui va voir sa vie basculer progressivement. De Bertoua à Penka-Michel, en passant par Douala où elle décide de s’établir, on dirait qu’une immense coalition d’âmes malfaisantes et de vampires la poursuit sans lassitude pour tuer ses espoirs et ses rêves. Comment survit-elle face à cette adversité ? Quelles sont ses ressources et ses options ?Une vie d’enfer c’est aussi cet amour pur et rare, idyllique même, qui fleurit comme un joyau entre Cynthia et Désiré, deux jeunes gens qui se sont rencontrés au lycée de Bertoua.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 octobre 2022
Nombre de lectures 34
EAN13 9956429001870
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une vie d’enfer
Rollin Leandre Wassom
Une vie d’enfer
Proximité, octobre 2022
Toute œuvre d’art est d’abord une inspiration divine, quelques fois imaginaire, bien que basée sur des faits réels.
Éditions Proximité, Yaoundé, octobre 2022 République du Cameroun Tél : +237 6 99 85 95 94/ 6 72 72 19 03 Courriel : editionsproximite@gmail.com ISBN : 9956 429 001870
À tous ceux et celles qui souffrent d’une maladie incurable.
I J’ai certainement été prédisposée à vivre une vie infernale depuis ma venue au monde. Mon état de santé actuel en témoigne, car en très peu de circonstances, je peux me mouvoir comme bon nombre de gens de ma tranche d’âge. Proche de mon cinquantième anniversaire, par moment j’implore l’Éternel de mettre un terme à mes jours sur terre, an de faire moins souffrir ceux et celles qui prennent soin de moi. Plongée dans cette amertume, car le moindre léger effort physique, pour me rendre au culte ce jour, brise encore mes membres supérieurs et la douleur me tenaille de plus belle. Je n’ai même pas pu manger mon repas du soir déjà refroidi. Allongée, je me demande si je tiendrai encore longtemps. Soudain, dans ma mémoire qui se perd de temps en temps, je revis le lm de ce parcours terrestre non loin d’être gai. Par la force du destin, je suis venue au monde avec une sœur jumelle. Bien que nous eûmes à notre naissance, chacune son placenta, plusieurs personnes disaient à notre endroit que ma sœur jumelle et moi ne nous ressemblions pas. C’est une évidence, car je suis claire de peau, rafnée, contrairementà Élisabeth qui est foncée comme le bois d’ébène, et plus corpulente. Dans notre aire géographique, les enfants jumeaux sont vénérés et leurs parents également. Dès notre tendre enfance, nous recevions tous ces privilèges de
7
la grande famille. Et ces privilèges contribuaient sans doute à nous rendre capricieuses et désobéissantes envers nos parents. Oui, Élisabeth et moi étions têtues, je dois l’avouer. Toutefois, notre père ne se laissait pas inuencer par ce soi-disant privilège d’être sorties du sein de notre mère à deux. Il nous rouait de coups chaque fois que nous transgressions les normes. Si vous vous êtes trompées de voie en entrant dans ma famille, il est encore temps pour vous de rebrousser chemin, comme l’avaient fait vos aînés, nous disait-il de manière crue. Bien avant notre naissance, notre mère avait eu une paire de jumeaux, un garçon et une lle, qui quittèrent ce monde après trois semaines. Laissant dans l’émoi toute la grande famille, surtout mes parents qui portaient cette dénomination particulière deTagneet deMagne.Après ceux-là, ma mère a conçu notre frère aîné. Ma complicité avec Gabriel excède de loin celle qu’Élisabeth a avec lui. Par moment, j’aurais aimé que ce soit Gabriel qui soit venu au monde avec moi. Sans pourtant remettre en cause le fait que le Créateur ait décidé de m’associer à Élisabeth. Au l du temps, malgré nos différends perpétuels, j’ai ni par m’y faire. Plusieurs regards posés sur moi me trouvaient plus jolie que ma sœur, sauf que cette beauté physique m’attirait plus d’ennuis qu’elle, lorsque nous étions encore adolescentes. Beaucoup de jeunes garçons me taquinaient, contrairement à ma sœur, et cela me mettait quelquefois hors de moi.
8
J’avais vu le jour dans la province du soleil levant, bien qu’étant originaire de la province du soleil couchant. Mon père, enseignant de son état y avait été affecté six années avant notre naissance. Le département ministériel en charge de l’éducation l’avait presque oublié dans cette partie du pays, au point où il s’était constitué une zone de confort en s’appropriant un lopin de terre sur lequel il avait bâti une grande maison de quatre chambres à coucher, au vu du nombre d’enfants que nous étions, quatorze au total, à l’époque. Dans la ville de Bertoua, la majeure partie des riverains connaissait notre famille :la Chine populaire, le petit nom que nos voisins nous avaient donné. Une chance, une grande d’ailleurs, venait du fait que nous étions tous nés de notre mère par voie basse. Si mes frères aînés n’étaient pas partis de ce monde, nous serions au nombre de dix-sept enfants. Mes parents se plaisaient à faire les enfants. D’ailleurs, mon père aimait se bomber le torse en disant qu’il était riche : juste pour le nombre de Illes que je détiens, disait-il, j’aurai beaucoup de gendres. Une conception ancestrale, car la réalité du terrain était autre. Le temps que mes parents passèrent dans cette ville du soleil levant leur donna l’opportunité d’emprunter des espaces cultivables à dix kilomètres de la ville. Nous nous y rendions le weekend pendant le début de la petite saison des pluies. Avec une main d’œuvre abondante, nous cultivions un hectare de terrain en peu de temps. Les céréales, les tubercules, récoltés de
9
là, permettaient de renouer notre grenier une année entière. Le maigre revenu de papa suite à la baisse des salaires des années de crise ne pouvait lui permettre de prendre soin de nous. Quelques fois, au vu de cette récession économique, ma mère s’aventurait à commercialiser l’excédent de production. Et très vite, elle était ramenée à l’ordre par mon père qui estimait que l’épouse d’un futur chef ne doit point se livrer à de telles activités. Comme épouse soumise et respectueuse, ma mère obtempérait. Cette situation me révoltait. Regardant la dureté de la vie dont nous faisions l’objet, nous nous indignions contre notre père, qui à son tour nous menaçait de nous maudire, si d’aventure nous nous ingérions dans leur différend, sa femme et lui. Je n’avais jamais donné l’impression à papa de craindre ses menaces. D’ailleurs, bravant le fouet qui était son outil phare de redressement, souvent, je lui crachais avec indignation, au visage ce que je pensais de la vie et de la notion de couple. Et il me passait à tabac. Je me suis toujours offusquée de cette conception de la gent masculine qui réduit la femme à un simple objet sexuel et rien d’autre. Malgré mon jeune âge, je concevais la vie autrement, et j’avais d’ailleurs la détermination de m’affranchir très vite. La dévotion de mon affranchissement devenait une obsession pour moi, cependant il fallait avoir les moyens de ma politique pour y parvenir.
1
0
  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents