Une semaine
154 pages
Français

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Une semaine , livre ebook

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Description

Thomas est un chanteur célèbre.

Lisa fait une rencontre inattendue.

Louis est témoin d’un terrible accident.

Trois vies. Trois destins. Chacun étant inéluctablement lié aux deux autres.

Une semaine où les jours se suivent mais ne se ressemblent pas...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 avril 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414347209
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Laurent Tariotte
Une semaine
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Le couloir qui menait à la chambre lui semblait interminable. Elle martelait le carrelage de ses talons, marquant un tempo régulier qui résonnait dans tout l’étage de l’hôpital. Son cœur ne cessait de s’accélérer à chacun de ses pas. La porte de la chambre se dressait désormais devant elle. Elle hésita une seconde avant d’ouvrir. Dans quel état vais-je le trouver ? Sera-t-il conscient ? Cela n’avait plus la moindre importance, elle devait le voir. Elle s’en voulait d’avoir pensé de telles choses, sans même lui laisser le bénéfice du doute. Elle n’avait pas cru en lui. Elle devait se racheter. Serait-il prêt à accepter ? Elle était prête à tout. Elle poussa la poignée de la porte et le rai de lumière provenant de la chambre l’éblouit.
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Lundi
Six jours plus tôt. 11 h 26.
Arrivée du train en provenance de Paris-Gare-de-Lyon. Thomas Nolan remettait les pieds dans le chef-lieu de la région Rhône-Alpes pour la première fois depuis deux ans. La gare de la Part-Dieu était toujours aussi fréquentée qu’avant. Il lui était difficile de se faufiler au milieu de la foule pour quitter les quais. Il y avait une boutique Virgin devant lui. Il y entra et acheta un carnet de feuilles blanches, de quoi prendre des notes, au cas où… Devant la gare, l’arrêt du tramway. Quinze minutes de trajet et il pourrait enfin revoir sa ville natale.
* * *
Thomas Nolan avait vu le jour le 10 août 1981. Enfant non déclaré par son père, il avait récupéré le nom de jeune fille de sa mère.
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Celle-ci travaillait comme assistante maternelle pour élever son fils et lui offrit une demi-sœur et un beau-père lorsqu’il n’avait que trois ans. Thomas se plia au jeu que sa mère lui proposait, tout en appelant cet homme par son prénom, mais en veillant sur sa sœur comme un véritable grand frère. Arriva l’école. Thomas était bon élève mais n’adhérait pas au système de l’éducation. Il rêvassait, écrivait des textes sur sa feuille qui n’avaient rien à voir avec le sujet traité en classe. Puis Thomas pratiqua la danse de couple. Ce fut une révélation. Il se découvrit une passion pour la musique et pour le langage du corps. Il avait à cette époque neuf ou dix ans. C’était avant le retour du tramway, avant la construction des immeubles sur la rue de la République et sur la place François-Mitterrand, et avant la destruction du salon de coiffure, de la boulangerie et de la boucherie de l’autre côté de la rue de la Fraternité. À sa majorité, Thomas mit fin à ses études, sans diplôme en main, et commença à jouer de la guitare. Il vivait la nuit et composait ses propres chansons. Chaque fin de semaine il passait ses soirées dans les écoles de danse lyonnaises qui organisaient des nuits dansantes. L’éducation de sa mère avait été sans faille. Il se préoccupait de sa propre santé. Il ne fumait pas, il buvait seulement pour les occasions spéciales, il traitait les femmes avec respect et galanterie, et travaillait pour payer son loyer. Puis il eut vingt-quatre ans et connut le premier amour de sa vie. La relation dura trois ans, jusqu’à ce que sa compagne le quittât. Il partit alors pour Paris où sa véritable carrière débuta, comme offerte sur un plateau.
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C’était comme si la capitale l’avait attendu depuis toujours, comme s’il avait juste eu à y mettre le pied pour que tout lui sourît. Thomas Nolan connaissait la célébrité depuis deux ans et sa carrière lui réservait encore de belles surprises prometteuses…
* * *
Il arriva enfin devant la porte de son immeuble. Le temps de trouver les clefs, et il pourrait enfin sentir la fraîcheur qu’offrent ces halls d’immeuble les jours de forte chaleur. Thomas habitait l’appartement que contenait l’une de ces nouvelles tours de la rue de la République qui avaient été dressées en face du salon de coiffure et de la boutique de produits capillaires. Il pénétra dans l’allée et passa devant l’un de ses voisins qui attendait l’ascenseur. Thomas le salua, sans trop le regarder, pour ne pas avoir à raconter les raisons de son absence durant ces deux années. Au bout du couloir qui s’alluma automatiquement sur son passage, la porte de son appartement. Il trifouilla à nouveau son trousseau et inséra la clef dans la serrure. Dedans, une odeur de renfermé, malgré les passages réguliers de sa mère pendant ces deux années pour aérer un peu les pièces. L’appartement lui semblait vide. S’il n’y avait pas eu les cadres accrochés au mur, on se serait cru dans une allée de chez Ikea. Les murs étaient blancs, le carrelage était clair, un séjour donnant sur une terrasse en dalles de pierre avec vue sur un parking, une cuisine, une
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chambre et une salle d’eau, le tout desservi par un couloir en « L ». Il ouvrit sa valise et commença à en sortir les vêtements quand son portable sonna. – Maman ! – Alors, où en es-tu ? – Je viens d’arriver chez moi, maman. – Bien. Tu as vu ? Je t’ai mis un Tupperware dans le frigo, tu n’auras plus qu’à faire réchauffer. Ce sont des lasagnes que j’ai cuisinées hier soir, tu m’en diras des nouvelles ! – Je n’ai pas eu le temps d’arriver jusqu’au frigo, encore. J’étais en train de défaire ma valise, mais ensuite, je te promets d’y goûter. – OK. Bon, aujourd’hui, j’ai ma réunion. Mais je serai de retour vers 18 heures, peut-être un peu plus tard. Si tu veux passer, n’hésite pas, tu pourrais même manger avec nous, enfin… avec moi, parce que je ne sais pas si ta sœur a décidé de rentrer ce soir… – Elle est encore partie ? – Oui, depuis qu’elle a rencontré cet Anglais, je ne la vois plus trop, tu sais… – Ne t’inquiète pas, elle ne va pas t’oublier. Même pendant deux ans à plusieurs centaines de kilomètres de Décines, c’était impossible de t’oublier ! – Oh ! ça va, hein ! Il fallait me le dire si tu ne voulais pas que je t’appelle ! – Mais je plaisante, maman, c’est toujours un plaisir de t’entendre. – Pff ! – Allez, arrête un peu, on dirait ta fille ! Bon… Je vais voir pour ce soir, j’ai des choses à faire et le voyage m’a un peu
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fatigué, mais j’essaierai de venir. Quoi qu’il en soit, je t’envoie un message dans l’après-midi pour te tenir au courant. – OK, et ne reste pas sans manger, va goûter à mes lasagnes ! – Oui, maman. – Allez, mon chéri, je ne t’embête pas plus. Passe une bonne journée ! – Merci, toi aussi. Il raccrocha et soupira. Puis il retourna à sa valise et continua de ranger ses affaires. L’armoire de la chambre ne contenait plus qu’une chemise pendue sur un cintre et un jean plié et posé sur l’une des étagères. Les vêtements qu’il déposa dans le meuble avaient été achetés à Paris, mais ne différaient que peu de ce qu’il portait autrefois. Sa célébrité n’avait en rien changé son style vestimentaire. Il s’y était toujours refusé. Pourquoi ? Pourquoi changer ? Le public l’avait découvert ainsi, et il avait plu ainsi. Alors pourquoi changer ? Il n’aurait en aucun cas suivi une quelconque mode pour ressembler à tous ces autres « talents ». Il s’était concentré sur son travail et avait gardé son style naturel. Lors de son arrivée dans la capitale, Thomas avait dormi quelques mois dans les hôtels, peinant à joindre les deux bouts. Puis l’argent avait commencé à couler, en même temps que la notoriété grandissait. Les portes s’étaient ouvertes devant lui, les journalistes s’étaient disputé les interviews et il avait acquis à la fin de la première année un appartement dans le quartier de Neuilly. La deuxième année, il avait récolté les fruits du travail accompli depuis son enfance et avait pu ensuite vivre paisiblement avec environ une vie de salaire de cadre devant lui.
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À la fin de la deuxième année de sa vie parisienne, ses racines lui avaient manqué, et, pour ne pas se laisser emporter dans ce nouveau monde qu’il ne connaissait que depuis quelques mois, il avait décidé de rentrer une semaine chez lui. L’appartement inoccupé depuis deux ans était un bien que sa mère avait hérité lors du décès des grands-parents de Thomas. Il y avait vécu jusqu’à son départ pour la capitale. Situé à deux ou trois cents mètres du centre-ville, il lui convenait tout à fait. Il était proche de ses amis et de ses lieux préférés.
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