Une ère nouvelle , livre ebook

Mon Petit Editeur - Daniel Valot

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100 pages

Français

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Extrait

Description

Sur Alpha du Centaure, une ère nouvelle est annoncée. Non, le Père éternel ne s'est pas totalement gouré dans sa création. Sachons partager la gracieuse béatitude du chimpanzé ! Connaissez-vous les spectacles routiers ? Plus quelques merveilleux duos, comme : La rapière et la cassette. Ou encore : l'orgueil et la canne Et bien d'autres contes plus ou moins farfelus...

Sujets

Short Stories

Société

Fiction

Satire

Politique

Humour

Informations

Publié par	Mon Petit Editeur
Date de parution	05 octobre 2016
Nombre de lectures	0
EAN13	9782342056419
Langue	Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Une ère nouvelle
Daniel Valot
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.

Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Une ère nouvelle

Le dessin qui orne la couverture de ce livre a été réalisé par Pinko Takuya.

Pour mes loupiots

François
Te voilà devenu un homme, mon fils.
Je suis fier de toi, fier de ton courage,
De ton sens du devoir et du sacrifice.
Tu as su maîtriser tes accès de rage.
Tu as dompté ton naturel volcanique.
Tu as appris les choses de la vie :
L’effort et la patience héroïque,
L’attention aux sentiments d’autrui.
Le jeune homme impétueux est devenu sage.
Oui, c’est très bon que la sagesse grandisse.

À l’homme que tu es je veux rendre hommage.
Te voilà devenu un homme, mon fils.

Le père que je suis est très fier de son fils.
Lorsque je me remémore ton jeune âge,
Quand tu gambadais sous le soleil de Tunis,
Le soir venu, c’était un plaisir sans partage
De prendre ta petite main dans la mienne,
Pour rentrer la voiture chez nous pour la nuit.

Ta main est toujours là, quoi qu’il advienne,
Sa chaleur confiante m’a toujours suivi.
Le droit d’aînesse est un immense avantage :
Toi et moi sommes depuis longtemps complices.

Chaque jour que Dieu fait je t’aime davantage.
Le père que je suis est très fier de son fils.

Tu t’es toujours donné du mal, mon fils.
À Passy-Buzenval, tu bossais bien davantage
Que les autres. Les maths étaient ton calice.
À Denver, à New York, toujours la même rage
De travailler, de vaincre et de réussir.
Chemin faisant, tu as traversé des épreuves.
Ce sont les chagrins qui font grandir.
Et puis, il t’est venu une chose très neuve :
Le sentiment paternel, ce qui fait qu’on s’engage
À velouter d’amour et sa fille et son fils.
Te voici donc lesté d’un merveilleux bagage :
Te voici devenu un père, mon fils.

Antoine
Écart
En 1974, le 2 février au soir, tu avais un jour,
J’en avais dix mille sept cent soixante-neuf,
J’étais plus de 10 000 fois plus âgé que toi, petit amourx 10 769

Tu t’es mis avec ardeur, étant sorti de l’œuf,
À grandir. Tu as atteint ton premier anniversaire.
Tu étais un bébé gai, tonique, heureux comme un roi.
Je fêtais le millésime 31, mon cher,
J’étais donc 31 fois plus âgé que toi.x 31

Un jour, tu as eu dix ans, mon Pinpin,
T’en souviens-tu ? Tes 2 petites dents te donnaient l’air
De Bugs Bunny. Et comme nous aimions tous ta voix !
De mon côté je devenais quadragénaire ;
J’étais donc 4 fois plus âgé que toi.x 4

Tu deviens un collégien assidu, un lycéen distrait.
Ta voix mue. Il te pousse du poil au menton.
À l’Université tu préfères tes jardins secrets
Tu deviens insaisissable, comment t’approche-t-on ?
Bref tu attrapes ton vingtième anniversaire.
Et moi du coup, j’ai 50 ans tout ronds.
Notre écart d’âge devient 2 et demi, mon petit père.x 2,5

Mais l’histoire ne s’arrête pas là, elle s’accélère.
Tu quittes le nid et plonges dans le net.
Tu deviens accro du massage de la souris.
Tu rencontres, séduis, épouses Élizabeth.
Et vous faites des ‘tis choux pour ton Pouti chéri.
Tu es devenu un homme, te voici à 30 ans.
Je me retrouve donc sexagénaire, oui Messire,
Je suis deux fois plus âgé que toi, mon grand.x 2

Et notre écart va continuer de se réduire…
Un calcul simple : quand tu auras 1 000 ans,
J’en aurai 1030, soit 3 % de plus, une broutille.x 1,03
Plus de différence, nous serons contemporains !
Ensemble, on pourra rire, boire, draguer les filles,
Et devenir enfin tous les deux de vrais copains.

Héloïse
Que pourrais-je donc bien te dire
Ma belle Héloïse
Que tu ne saches déjà ?

Sais-tu qu’un seul de tes sourires
Me rend plus riche
Que le plus riche des rajahs ?

Ignores-tu l’étendue de ton empire
Et à quel point je biche
À chaque fois que je te vois ?

Comment faire pour te décrire
Toi mon incroyable fille ?
Tu es bien plus que tu ne crois.

Ton sérieux, tes grands fous rires,
Ta gaieté, ta sagesse, ta folie
Tout me ravit toujours chez toi.

Tu es unique et sans pareille
Mon Hélo, ma douce merveille,
Ta lumière est comme un soleil

Dont ton père ne se lasse pas.
Une ère nouvelle
Quand les gros maigrissent, les maigres meurent.
LAO TSEU
Alpha du Centaure, mai 2072. Au terme d’une campagne électorale mouvementée, les Centauriens se réveillent le lundi matin, un peu groggy, effarés, hébétés : ils réalisent qu’ils viennent de porter au pouvoir un nouveau Président, Arsène Lapin, le chef du PDP (Parti des Partageux).

Du coup, ils se posent deux questions :
a) Comment ont-ils pu voter en majorité pour un cornichon pareil ?
b) Où va-t-il nous emmener, cet olibrius, avec ses idées à la noix ?

Les seuls à être divinement ravis sont les partisans du Président, les Lapiniais et les Lapiniaises. Ils bavent d’enthousiasme et de contentement. Sur les écrans de la mondiovision, on les voit exulter. À les en croire, ce qui se prépare, c’est une ère nouvelle. Sur Alpha du Centaure, aucun doute, la misère, la maladie, la souffrance vont être éliminées sous peu. Même l’échec scolaire ne sera plus possible : la preuve, le Président Arsène Lapin vient de nommer Lucie Nunuche, une Lapiniaise d’élite, au poste nouvellement créé de Secrétaire d’État à la Réussite Éducative ! Une formidable avancée, pas vrai ? Ainsi, plus personne ne sera abandonné sur le bas-côté de la route ; tous les jeunes Centauriens ont désormais le droit de réussir à l’école, et donc de se présenter ensuite, bardés de superbes diplômes, sur le marché du travail.

Oui, oui, diront les éternels râleurs, les éternels mécontents, les éternels réacs. Et alors ? À quoi leur serviront leurs super-diplômes s’ils ne trouvent pas de travail sur le marché du travail ?

Pauvres râleurs, vous n’avez rien compris. En fait, pour parvenir au nirvana collectif, c’est achement simple : suffira de défaire tout ce que les prédécesseurs du Président Lapin ont fait. En effet, tous ces gaillards étaient des incapables, pire, des malfaisants, qui ne rêvaient que d’accroître la pauvreté, le chômage, la précarité du pauvre peuple, tout en ménageant la fortune de leurs complices, les milliardaires. Pas étonnant que le pays soit en crise, avec de pareils bandits. Mais tout cela va changer radicalement. La preuve : l’un des Lapiniais les plus hauts en couleurs, Gaëtan Grimpeville, vient d’être nommé par le Président à la tête d’un Ministère nouveau et prometteur, le Ministère du Redressement Productif. Oh je sais bien, les journaux de la réaction ont eu beau jeu de dauber sur cette géniale innovation, en parlant du Ministère de l’Affaissement Improductif, ou en raillant Grimpeville, affublé du titre de Ministre Viagra. Les chiens aboient, la caravane passe. Le redressement de notre économie est en marche. Vive le PDP !

J’entends bien certains des opposants du PDP qui continuent de couiner. Oui, oui, oui, couinent-ils, c’est bien joli, mais il n’en reste pas moins que le niveau de vie des Centauriens n’est pas le même, selon la région dans laquelle ils vivent. Il y a des régions riches, et notamment la capitale, Alphaville, et des régions pauvres, surtout en zone rurale, où les services publics n’existent plus et où la vie quotidienne des citoyens est plus difficile.

Décidément, les cathos réacs ne comprennent rien à rien : dans sa grande sagesse, le Président Arsène Lapin a prévu la création du Ministère de l’Égalité des Territoires, et l’a confié à une formidable experte, Caroline Flopflop. Personne avant lui n’y avait pensé. Qu’est-ce que vous en dites, les cathos réacs ? Ça vous la coupe, hein ? Et vive le PDP !

Et l’ère nouvelle commence.

Pour commencer, le Président Arsène Lapin décide de s’attaquer à la pauvreté, ce scandale absolu, cette insupportable atteinte à la justice sociale. Première priorité : prendre davantage d’argent aux riches, qu’il s’agisse des grosses fortunes ou des grandes entreprises. L’avantage, dit le Président en privé, l’avantage est triple :
1. Procurer des recettes au Trésor Public, qui en a bien besoin,
2. Chatouiller délicieusement la grande majorité des électeurs,
3. Faire reculer le taux de pauvreté.

— Euh, ose demander un Ministre novice, en quoi le fait de ratiboiser des riches peut-il rendre les pauvres moins pauvres ?

— On voit que vous êtes tout neuf, mon cher Thierry, dit le Président, avec un bon sourire. C’est la magie du seuil de pauvreté. Expliquez-lui, Vincent.

Ainsi interpellé, Vincent Saroule, le Ministre de la Baisse du Travail, de la Hausse de l’Emploi, de l’Harmonie Sociale et du Bien-Être des Salariés, explique la chose au novice. Ce qu’on appelle le « seuil de pauvreté » est une donnée statistique : c’est le pourcentage de la population qui vit avec moins de 60 % du revenu médian des Français…

— Euh, médian ? chuchote le dénommé Thierry, un peu honteux, mais désireux de s’instruire.
— Le revenu médian est celui qui partage les Centauriens en deux : 50 % d’entre eux ont des revenus supérieurs, 50 % des revenus inférieurs à ce revenu médian. D’accord ? Et donc, quand vous pressurez les riches, vous diminuez le revenu médian, vous faites donc baisser la valeur égale à 60 % du revenu médian, et vous faites donc diminuer le nombre de citoyens qui vivent en dessous de cette barre. À vrai dire, les pauvres sont toujours aussi nombreux, et ne sont pas moins pauvres qu’avant. Mais les médias, qui n’y connaissent que pouic, auront l’occasion d’en faire des tonnes sur « la baisse du taux de pauvreté » et ce sera la joie