Une chanson d acier - Partie 1
252 pages
Français

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Une chanson d'acier - Partie 1 , livre ebook

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Description

Une nuit, dans le quartier malfamé de Neuve-Chapelle, dans le royaume de Wallane, Pierre et Hugues, deux amis forgerons, passent un contrat avec un certain Azraël. La transaction se passe bien, mais pour des raisons inconnues Pierre et Hugues se font agresser sur le chemin du retour par des hommes de main et Hugues est battu à mort avec une violence inouïe, tandis que Pierre est sauvé de justesse par un mystérieux archer.
Sept ans plus tard, Adam, le fils d’Hugues, veut venger la mort de son père. Malgré sa force apparente, le jeune garçon est fragilisé par la haine qui le ronge, faisant de lui un homme brutal et solitaire. Aidé par sa cousine Alice, il retrouve Pierre qui finit par lui raconter ce qui s’est vraiment passé cette funeste nuit. Ces révélations permettront aux deux jeunes gens de suivre la piste de l’assassin d’Hugues, qui les mènera vers les noirceurs de Neuve-Chapelle.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414091157
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0015€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-09113-3

© Edilivre, 2017
Prologue L’ombre du passé
« C’est étrange, je ne m’attendais pas à ce qu’il y ait aussi peu d’étoiles, cette nuit.
– Tu ne pourrais pas te préoccuper un peu plus de notre situation et un peu moins de la beauté du ciel ? »
L’homme qui avait parlé le premier jeta un regard désappointé à son compagnon qui marchait légèrement en retrait. Celui-ci avait tout du citadin banal : de taille moyenne, une barbe relativement fournie, des yeux noisette enfoncés dans leurs orbites et des cheveux bruns coupés courts. Il n’y avait guère qu’une légère balafre sur sa joue gauche pour le distinguer d’un autre passant, souvenir lointain d’une maladresse de jeunesse.
L’amateur des étoiles poussa un léger soupir et annonça sur le ton de l’évidence :
« Je t’ai déjà dit que nos arrières étaient assurées, Pierre.
– Une remarque très rassurante, railla le balafré avec amertume. »
Pierre Legrand avait toujours été stupéfié par la crédulité de son ami Hugues Lorenti. Cela faisait quinze ans désormais qu’il connaissait le grand blond aux yeux verts émeraude, aux larges épaules, à la carrure forgée par de longues années de labeur et au cou de taureau, mais il était toujours aussi surpris par cet aspect de son comportement. Hugues avait tendance à croire trop vite et trop facilement n’importe quelle déclaration et donnait sa confiance trop aisément à son goût. Toutefois, ce penchant était contrebalancé par la dureté que son ami accordait à toute personne osant en profiter pour le tromper.
N’étant pas un exemple de patience, Hugues ne lui laissa pas le temps de finir ses reproches, et coupa d’un ton sec :
« Ils m’ont assuré certaines garanties. De toute façon, nous n’avons pas le choix.
– Arrête de te répéter ! s’exclama Pierre, exaspéré. Tu crois que je ne sais pas que tu préférerais être chez toi avec Adam ? Mais Hugues, tu te rends quand même compte du merdier dans lequel nous sommes !
– Évidement sinon pourquoi est-ce que j’aurais pris la peine d’être armé ? Pour profiter des commodités du quartier ?
– Ce n’est pas pour cela qu’on a été invité ? remarqua Pierre d’un ton grinçant.
– Sans doute, quelque part, répliqua Hugues. On dirait que nous sommes arrivés. »
La ruelle dans laquelle les deux hommes se trouvaient était située dans un des quartiers les plus pauvres de la ville. Sombre, juste éclairée par la pâle lueur de la lune, ce qui évitait d’avoir à supporter le spectacle des ordures jonchant les pavés humides et mal agencés, elle semblait sous la coupe de la négligence depuis des années, offrant un déluge de trous béants et de lézardes spectaculaires propres à briser les chevilles des individus nonchalants. L’odeur dégagée était proche de l’insupportable, mélange lourd de foutre, de moisissure et d’humidité, et les façades crasseuses des maisons n’arrangeaient rien. Le fleuve qui traversait la cité se faisait entendre, tout proche, au milieu des étranges bruits nocturnes, rappelant sa présence par un râle incessant.
Le lieu n’était pas une exception au milieu d’une ville dont le seul reflet du lustre passé était le quadrillage parfait des rues, toutes placées parallèlement ou perpendiculairement les unes par rapport aux autres. Néanmoins, le temps des grandeurs était passé et les affres douloureux de la décadence avaient plongé les quartiers extérieurs sous une chape de plomb qui les privait des étincelles d’espoir, laissant l’ombre s’infiltrer sur les murs comme une maladie purulente que l’on ne pouvait fuir. Ainsi, le visage de la ville se trouvait défiguré, lacéré de mille cicatrices, les bâtisses parées de mille plaies, les rues ornées de mille maux et ce jusqu’aux murailles internes où la lumière régnait encore, là où on chassait de son regard la pénombre et où le danger n’était pas un élément incontournable de chaque coin de rue.
Les deux hommes auraient pu être surpris d’être convoqués dans un endroit aussi sinistre mais la raison était évidente. Là où la pauvreté se terrait, les yeux du gouvernement n’avaient aucun intérêt à regarder. Ainsi, les activités souterraines pouvaient y fleurir en toute quiétude. Le jour où les rois prendraient la peine de s’occuper des bas-fonds de leurs cités était aussi proche que celui où la paix universelle parviendrait à s’imposer. Encore que le royaume de Wallane demeurait un cas spécial.
La réputation du quartier n’était plus à édifier. Neuve-chapelle avait pourtant été créé à l’occasion de l’ancien plan de reconstruction des cités lancé par l’éphémère roi Léon II. Le projet était beau : détruire les anciens quartiers insalubres pour en rebâtir de nouveaux, plus sûrs, plus propres, plus vivables. Sauf que le rêve s’était heurté à l’imperturbable mur de la réalité, matérialisé par les comptes catastrophiques du royaume. Cependant, le roi s’était accroché à son idée comme un possédé, prolongeant une saignée intolérable de l’argent du peuple. Mais Léon II avait fini par tomber malade et la tuberculose n’avait montré aucune pitié. Les feux de joie avaient salué la mort de ce roi aux idées pétries de bonnes intentions mais utopiques et à l’obstination sans limite.
Son fils, Léon III, avait fait cesser le projet et lancer un vaste programme de relance économique qui s’était traduit par un redressement spectaculaire des caisses de l’État. Sa stratégie avait été assez simple : favoriser son secteur fort, l’agriculture, et permettre l’essor du commerce pour profiter des retombées de l’exportation tout en limitant les importations en enflant les droits de douane à la limite du supportable. Cependant, Léon III ne s’était guère occupé des villes et le quartier de Neuve-chapelle s’était transformé en refuge pour rejetés de la société, voleurs, violeurs, receleurs de tout poil. Les flammes de joie s’étaient muées en celles d’un enfer où il n’était pas rare de voir des scènes de meurtre ou de viol. Cela expliquait en partie pourquoi Pierre et Hugues avaient pris soin de se munir d’une épée avant de venir.
Malgré la lame qui pendait à sa hanche, Pierre se crispa à la vue de deux hommes qui se trouvaient non loin d’eux, de part et d’autre d’une porte sombre, sentiment accentué par l’équipement militaire qu’ils affichaient de manière ostentatoire, épée nue au poing. Cependant, aucun d’entre eux ne semblait les avoir remarqués. Hugues s’avança vivement à leur rencontre, s’arrêta un instant en les dévisageant avant de poser sa main sur le loquet et d’ouvrir la porte. Les deux gardes n’avaient pas cillé, pas esquissé le moindre mouvement et il pénétra donc d’un pas décidé dans l’établissement. Pierre fut plus prudent en fixant un moment les deux hommes, qui ne s’intéressaient nullement à lui, avant de suivre son ami. Juste avant de franchir le seuil, son regard accrocha l’enseigne du lieu et il ne fut pas surpris de voir qu’il s’appelait Les Tables Rouges. Pierre savait qu’il ne fallait y voir aucune trace d’humour.
L’intérieur n’était pas en meilleur état que la rue. Sombre et assez exiguë, encombrée de dizaines de meubles et de multiples étagères où des bouteilles d’un autre âge prenaient la poussière, la taverne était totalement vide de vie à l’exception d’une table placée dans le coin gauche de la pièce, occupée par un homme seul reculé dans l’ombre. On ne devinait d’ailleurs sa présence que grâce à sa silhouette se découpant à la lueur des braises mourantes de l’âtre situé face à la porte et au pichet de vin posé sur la surface de bois poussiéreuse et visible à la lueur de l’unique chandelle de la pièce.
Hugues s’offrit tout de même un regard circulaire, histoire de vérifier l’absence de toute autre présence humaine, s’imprégnant au passage de l’air âcre et vicié, alourdi par l’odeur du tabac froid et de l’alcool, avant de s’avancer, tirer une chaise et s’asseoir face à l’homme, rapidement imité par Pierre.
A cet instant, leur protagoniste sembla s’agiter et une main apparut dans le cercle de lumière pour saisir le pichet.
« Un peu de vin, messieurs ? demanda d’une voix douce l’inconnu.
– Sans façon, répondit Hugues, préférant garder les idées claires et soucieux d’éviter d’avaler tout élément inconnu de cet endroit sordide.
– Vous avez tort, il est délicieux, répliqua l’homme en le portant à ses lèvres. Je l’ai fait ramener par mes hommes lors de leur dernier voyage. Un grand cru d’Asharima. »
Il s’écoula une poignée de secondes pendant lesquelles l’inconnu but à petites gorgées, un instant qui parut durer une éternité à Pierre. Mal à l’aise, il déglutit avec difficulté avant de jeter un rapide coup d’œil à son ami qui fixait leur interlocuteur d’un air impassible. Comment faisait-il pour paraître aussi calme ? N’aurait-ce pas dû être l’inverse alors qu’il ne faisait que suivre tandis que Pierre regrettait à chaque seconde d’être à l’origine de cette histoire ?
Un claquement de langue ramena son attention sur l’homme dans l’ombre. Dans un réflexe, il posa sa main sur la garde de sa lame, un geste de nervosité qui n’avait pas pu échapper à leur interlocuteur. Pierre déglutit quand ce dernier reprit la parole d’une voix froide :
« Je croyais avoir déclaré que les armes étaient inutiles.
– Simple mesure de sécurité, répondit Hugues. Les rues de Neuve-chapelle ne sont plus ce qu’elles étaient et je n’aurais pas aimé manquer ce rendez-vous à cause d’un incident de parcours.
– Cela aurait été effectivement très regrettable, murmura l’homme. »
Celui-ci reposa le pichet avec un bruit sourd et frotta ses deux mains l’une contre l’autre. Sa voix resta parfaitement ferme quand il dit :
« Alors, Messieurs, je n’irai pas par quatre chemins. Je n’ai pas parcouru tant de lieux pour parlementer

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