Un voyage sans rivage
106 pages
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Description

Directeur-gérant de JR Engineering en Belgique, Jean a une vie minutieusement planifiée dans laquelle il n’y a pas de place pour l’imprévu, prix à payer pour sa réussite et ses succès. Mais un jour, durant une réunion professionnelle, alors qu’est abordée la participation de JR Engineering aux études relatives au projet de construction du pont route-rail reliant Brazzaville à Kinshasa, les deux capitales les plus rapprochées du monde, une profonde envie, étrange et indéfinissable envahit Jean : fuir, échapper aux contraintes, être libre de son temps et se laisser guider par rien d’autre que le hasard. Echappant soudain à ses obligations professionnelles du jour, guidé par une force intérieure à laquelle il semble se soumettre bien malgré lui, il conduit sans but en écoutant la radio où il est interpellé par la biographie de Johannes Brahms. Goûtant à de nouveaux plaisirs et au doux sentiment d’être libre, Jean, qui jusqu’à présent ne doutait de rien, sera bientôt confronté à un enchaînement d’événements qui ébranleront ses certitudes et l’obligeront à se remettre profondément en question. Jean aura-t-il le courage de fuir, d’abandonner tout ce qu’il a patiemment construit autour de sa famille, de son amour de l’Afrique et du jazz, échappera-t-il à la folie qui ne cesse de le guetter ?
D’une plume emplie de délicatesse offrant de belles pages d’évasion, avec notamment des évocations lumineuses du Congo (RDC) et du Bénin, Albert Maurice Drion explore, dans un roman aux accents musicaux aussi variés qu’inattendus (la playlist du roman peut être visionnnée sur le site www.albertdrion.be), une envie secrète, et un peu folle, qui nous a tous titillés un jour ou l’autre : changer de vie afin de vivre le bonheur absolu, ou ce que l’on en imagine...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 février 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342130744
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été édité par la Société des Écrivains,
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
www.societedesecrivains.com
client@societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-14972-2

© Société des Écrivains, 2022
Dédicaces
A mes frères, Pierre et René, dont le voyage s’est achevé bien trop tôt, mais qui, jamais, ne m’ont quitté,
A ma sœur, Véronique, qui aurait dû m’accompagner jusqu’au bout du chemin,
A mon père, qui, après avoir cheminé si durement, a atteint sa destination finale plus tôt que prévu,
A ma mère, le super héros de ma vie, et à qui je dois le courage qui m’anime quand le voyage est bien trop pénible,
A mes enfants, Jolie, Brenda, Frank et Francine qui sont ma vie, et plus encore,
A mon beau-fils, Jonathan, même si le parcours n’a pas toujours été aisé,
Enfin, à mon amour, l’amour de ma vie, Fabienne, sans qui…
Exergue
Mais il y a des moments dans votre vie où la méthode raisonnable est exactement celle dont vous ne voulez pas. Je voulais être irresponsable comme si cela pouvait souligner mon amour pour elle, atténuer mon sentiment de culpabilité.
William Boyd, Les Nouvelles Confessions
Jean a taillé la mine de son crayon avec le même soin que, lorsqu’enfant, il calligraphiait, sur une page vierge de son cahier d’écriture, sous le regard attentif de sa mère, les lettres de l’alphabet. Il y mettait d’autant plus d’application qu’il était loin d’être le meilleur de sa classe dans cet exercice. S’il s’en souvenait, c’est sans doute parce qu’il avait toujours eu du mal à accepter son incapacité à produire un résultat digne d’éloges.
Dans ses mains, il tient le carnet à spirale qu’il vient d’acquérir, il y a quelques minutes. Il a opté pour une couverture luisante mais a longuement hésité sur le choix de la couleur. D’emblée, il a rejeté le rouge, mais a failli adopter le vert. Finalement, c’est le bleu qui lui a semblé le mieux correspondre à la tranche de vie qu’il entame aujourd’hui même, et qui, dans son esprit, sera définitivement marquée par le sceau de la liberté. Du moins, c’est le sentiment qui l’anime à présent.
Il ouvre le carnet, le feuillette doucement, simplement pour en prendre possession et créer, entre cet objet et lui, une relation qu’il qualifie en lui-même de charnelle. Ce n’est sans doute pas le terme le plus approprié. Peu importe. Mais ce dont il est certain, c’est que, dès que ses doigts ont effleuré le carnet, ce dernier a trouvé une place dans sa sphère intime et qu’une fois pour toutes, il aura à l’esprit, à chaque contact, les raisons qui l’ont poussé à l’acquérir, les sentiments qui l’ont habité lors de son achat et les circonstances exactes qui l’ont conduit à cette décision. Ainsi, tout naturellement, il s’insérera dans son espace de vie et il sait que désormais, il fera partie intégrante du long voyage qu’il entreprend aujourd’hui et dont il constitue, en quelque sorte, le point de départ. D’une certaine manière, il symbolisera le changement radical qui s’est opéré en lui durant les dernières semaines, voire les derniers mois.
Il ferme le carnet et l’ouvre à nouveau. Il n’écrit rien sur la première page. Il la tourne simplement avec soin et sur la seconde page, en veillant à calligraphier chacune des lettres et en tentant de respecter les instructions que lui avait enseignées son instituteur de première année d’école primaire – instituteur dont il n’avait jamais oublié ni le nom ni le prénom. Il prend tout son temps – le temps n’est plus pour lui la contrainte à laquelle il se heurte constamment et qui fait en sorte qu’il a toujours été pressé par l’urgence de ce qui devait être fait. A présent, rien ne l’oblige à se projeter dans le futur – et c’est avec une délectation qui sera longue à assouvir qu’il écrit :
Parfois, c’est le regard qui se perd, ou c’est l’âme qui s’égare…
1 re partie
1.
Il y a déjà dix minutes qu’André Bruneteau a pris la parole. Jean a du mal à suivre le fil de l’exposé qui, une fois de plus, est clair, précis et jalonné d’arguments probants, peut-être même trop.
Ses pensées sont ailleurs. Il ignore pourquoi mais contrairement à son habitude, il a du mal à se concentrer. Des mots, des phrases, des images lui viennent à l’esprit sans rapport avec le propos d’André, des visions qui surgissent, suppose-t-il, de son inconscient. Enfin, il ne sait pas…
Sa seule certitude – et quand il prononce ces mots en son for intérieur, il choisit le terme avec précaution – est qu’un changement déterminant dans sa vie est en gestation. D’où lui vient cette conviction ? Il n’en sait rien mais il pressent qu’une transformation dont il ne mesure pas bien l’ampleur est en cours. En quoi, cela consiste-t-il ? Il ne peut le dire. Ce n’est pas la première fois qu’il fait face à ce désir mais à chaque fois, il se heurte toujours aux mêmes questions : « Quel changement ? », « Pour quoi faire ? », « Pour quelles raisons ? ». Aujourd’hui, il est confronté à une évidence, et cette évidence est que – c’est en cela qu’il a le sentiment que ce qui s’opère en lui est à la fois différent et inéluctable – il va définitivement s’engager dans une nouvelle direction. Le bouleversement qui s’annonce dans sa vie n’a rien à voir avec la trame de son existence actuelle et tout le parcours qui l’a amené ici, maintenant, dans ce bureau, au siège de la société qu’il a créée, voici un peu moins de dix ans.
Il a l’intuition que s’investir totalement dans sa vie de couple et l’éducation de ses enfants, se rendre tous les jours à son bureau pour faire prospérer l’entreprise qu’il a fondée pour échapper à la courbe toute tracée d’une carrière professionnelle qui présente toutes les caractéristiques du succès, assumer, avec tout le sens des responsabilités dont il se sait capable, son rôle de fils épris des valeurs familiales, gérer au mieux ses intérêts financiers et aider quand il le faut ses proches, échappant ainsi aux accusations d’égoïsme et d’arrivisme inhérentes à sa position financière, tout ce qui constitue le soubassement de sa vie présente, est sans commune mesure avec cette force intérieure qui ne demande qu’à s’exprimer. Cette vie-là, la vie qui lui est en quelque sorte imposée et qu’il subit plus qu’il ne l’édifie, c’est un peu comme interpréter une sonate ou une symphonie (de qui ? de Chopin, Brahms, Liszt… ?) les yeux rivés sur la partition. Lui ce qu’il affectionne le plus, ce qui le passionne, c’est le jazz. Quand le musicien se lance dans les chemins improbables de l’improvisation, quand les notes prennent racine dans le tréfonds d’une âme torturée, quand elles s’arrachent des tripes et qu’elles ont le goût de la chair et du sang, produisant une musique qui soupire, crie, étouffe, s’embrase, devient orgasme, cri, douleur, joie, désespoir au-delà des sons, des accords, des règles harmoniques, une musique si organique qu’elle vous possède, vous envoûte, vous étreint, vous terrasse et vous laisse enfin pantois, abasourdi.
André amorce la conclusion de son exposé.
— Des chiffres, ce sont des chiffres que je veux. Tu peux bien discourir pendant des heures, tenter de me convaincre… Mais au fait, qu’avons-nous à gagner dans cette histoire ? intervient Jean en interrompant l’exposé d’André.
La réunion se tient depuis un peu plus d’un quart d’heure. Tous ses plus proches collaborateurs sont réunis dans son bureau qu’il a voulu à la fois simple et spacieux. En face, une large fenêtre s’ouvre sur le paysage verdoyant d’un verger où paissent quelques vaches qui semblent égarées tant elles paraissent étrangères à cet endroit qui tient plus de la périphérie urbaine que de la campagne. Au loin, accentuant encore plus l’impression que le siège de la société est situé en zone rurale, une fermette transformée en taverne-restaurant est posée au milieu des prés. Il y déjeune parfois quand il s’autorise un autre repas que le sandwich qu’il se prépare chaque matin avant de se rendre au bureau. La fenêtre opposée offre un panorama tout autre, celui d’un parc d’activité économique : des routes rectilignes jalonnées de bâtiments fonctionnels mais sans âme. L’immeuble qui abrite l’entreprise voisine a la forme d’un hangar plus long que large, avec un toit plat, un bâtiment dénué de charme, d’une laideur absolue comme si le but recherché par celui qui en a conçu les plans était d’engager une lutte acharnée contre l’harmonie et la beauté. A l’extrémité, comme un appendice imposé à l’ensemble sans souci de cohérence architecturale, une annexe abrite des bureaux presque toujours vides. Dans le parking « visiteurs », Jean n’a jamais dénombré plus d’une voiture. Il n’y a ni panneau ni enseigne : aucun signe distinctif qui permet de deviner le nom ou le secteur d’activité de la société. Cette bizarrerie l’a toujours intrigué, et il s’en est ouvert à ses collaborateurs mais cela ne semble pas avoir aiguisé leur curiosité, comme si c’était absolument sans importance, alors que…
Jusqu’à présent, seul André a pris la parole. Il défend son raisonnement avec acharnement. Après quelques secondes de réflexion, il réagit à l’intervention de Jean :
— Je ne te comprends pas !
André prononce ces mots comme s’il devait réagir à une agression verbale. Jean ne peut faire autrement que s’immerger à nouveau dans la réalité de la réunion qu’il a suscitée pour prendre position sur un projet dont il ne peut dénier l’importance. Il fait donc un effort pour se concentrer à nouveau. Sans succès. Il profite des minutes de silence pour observer les protagonistes de la séance. En fait, il ne jauge pas leur réaction à l’exposé d’André. Ce qui l’intéresse, aussi étrange que puisse être cette attitude dans le contexte d’une réunion aussi décisive, c’est sonder ce que chacun d’eux tente de dissimuler, la part d’inavouable.
— Comment pourrait-il, songe-t-il, percer leurs secrets ?
Jean reprend la parole :
— Et si tu ne peux pas nous donner des chiffre

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