Un Noël à Plessis-lès-Tours
98 pages
Français

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Un Noël à Plessis-lès-Tours , livre ebook

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Description

Noël 1482 : Le château est en effervescence... Que veut ce roi vieillissant ? En ce jour de la naissance du Christ, la grâce l’aurait-elle touché, ou sa cruauté prendra-t-elle le dessus...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2018
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414235582
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-23556-8

© Edilivre, 2018
Un Noël à Plessis-lès-Tours
 
 
La neige se mit à tomber juste un peu après minuit… D’abord, quelques flocons, ici et là, voletant mollement, comme hésitant à se poser… ; à toucher le sol glacé et noir pour le marquer de sa note blanche… La nature a ses timidités prolongées dans ses débuts ; ses manifestations d’eaux, de vents, de neige, d’orages, avant de se lancer soudain, alors que l’on croit qu’elles vont rester modestes et disparaître, dans les excès de sa violence particulière, rappelant aux hommes que s’ils peuvent crâner les uns devant les autres, dans leurs illusions de surpuissance n’ayant de comptes à rendre nulle part ni à personne, écraser d’autres hommes classés par ces mêmes illusions dans le rang des forts ou des faibles, devant la nature, ils ne sont rien ; moins encore (s’il est possible d’être moins que rien…) face aux puissances d’un univers non conscient de l’existence des hommes. Sans doute pas même de lui-même…
Ces flocons à peine visibles avaient flotté ainsi, rares, pendant environ une demi-heure. Et puis, insensiblement, s’étaient faits plus nombreux, plus denses, plus gros. Leur chute s’était accélérée lentement, régulièrement, de plus en plus serrée et rapide…
Dans le noir de la nuit, des formes surgissent. D’abord confuses, puis de plus en plus nettes, de toits de chaumières blanchis de flocons ; d’enclos faits de piquets et de planches ; de cabanes, de palissades ; d’aires de boues figées par le froid de décembre, où dans la journée viennent errer des chèvres osseuses ; des bovins étiques ; des poules, gratter tristement la bouillasse cimentée de l’hiver. Bêtes à la recherche d’un ver qu’elles ne trouveront pas ; d’une épluchure quelconque ; d’une immondice ayant échappé à leur attention d’animaux mal nourris, ne songeant qu’à manger, comme leurs maîtres, les paysans : – Cernés par les rudesses de la saison mortelle, et celles, à temps continu, des chevaliers et des hommes d’armes, les travailleurs de la terre savent à peine ce que manger gras veut dire.
La neige tombe dans la nuit… Blanchit son obscurité, donnant à cette étendue de la nature pétrifiée, d’habitations faites de cette même terre, coiffées de paille pourrie, mal taillée et comme ébouriffée, un aspect de misère fantomatique ; de tranquillité de cauchemar dont on ne se réveille pas, parce qu’il ne s’y passe rien. Qui dure autant que l’on est en vie. Que rien de saillant dans le continuel déroulement de ses difficultés ne vient vous secouer le cœur ou le cerveau pour vous dégager de son emprise… Le paysan du moyen-âge est pris dans son époque comme un rat dans une nasse : La porte de sortie ne donne pas sur l’amélioration de son sort, mais sur la mort dans des conditions d’une dureté variable. C’est selon le caprice du seigneur et maître possédant la clef de cette porte, ou en manie le verrou.
De temps en temps, le paysan forme groupe. On attend le chevalier, allant à quelque affaire, à l’orée de la forêt ; au tournant du chemin sur lequel il s’avance sur son destrier drapé à ses couleurs où s’allient les tons flamboyants. Fort de son arrogance de seigneur surpuissant ayant des droits sur ces manants vivant dans la peur de ces droits sur eux, bien que seul, mais armé cependant, le chevalier avance au trot de sa lourde monture dans la quasi-certitude qu’il ne risque rien ; qu’en cas de rencontre avec de la plèbe, il verra cette dernière se courber jusqu’au sol, coiffure crasseuse enlevée précipitamment de la tête et serrée contre soi à deux mains convulsives… Le seigneur passera en jetant ce coup d’œil de côté où l’on met tout l’instinctif mépris qu’éprouve le fort envers le faible taillable et corvéable à merci ; que d’un geste impulsé par un caprice aussi soudain que mal fondé on peut envoyer à la torture, au gibet, entre quatre chevaux pour être écartelé ; sur un tas de bois pour y être brûlé vif… Ce sentiment de puissance que même l’enseignement du Christ ne parvient pas à amoindrir ni à intimider chez le chevalier, pas même cette présence, si douce, de la Vierge Marie, imposée au peuple au point que l’on en écœure une partie allant se vouer au Diable, – ce sentiment de puissance emplit jusqu’à ras-bord le chevalier lorsqu’il n’est qu’une brute inculte – ce qu’il est trop souvent – et le mène à ces fautes qui le déshonorent ; le font démériter de son rang, chuter en dessous du niveau du peuple qu’il méprise du haut de ses illusions sur lui-même. Il est à peine sur ses gardes en abordant cette forêt, l’orée de ce bois, ce tournant du chemin. Enfermé dans sa brutalité d’assurance coutumière, il ne voit que sa personne, représentante de la puissance et du droit – ce droit imposé par la force des armes sur laquelle il a plaqué la volonté de Dieu… Il a fini par croire à son mensonge ; construire une vérité hérissée de pointes de fer qu’il transmettra à ses fils, et ses fils aux leurs, comme lui-même a reçu cet héritage de son père, lequel l’avait eu du sien, serviteurs intéressés et plus ou moins traîtres à l’occasion, d’un autre roi identique dans ses prérogatives au souverain actuel, comme tous ceux à venir jusqu’au dernier d’entre eux quatre siècles plus tard…
Un mouvement dans les broussailles bordant le chemin : Un groupe d’êtres à face crayeuse, d’épuisés par les travaux payés par des injures et des coups, humains aux yeux globuleux d’affamés, bondissent par la force nerveuse du désespoir hors des feuillages. Silencieux par leur détermination de tuer, – à cinq, à huit, à dix, on saute à la tête de la monture pour l’immobiliser, pendant qu’à trois ou quatre, on désarçonne le chevalier tiré en arrière, soudain alourdi et encombré par ses armes devenues d’un poids problématique… L’importance même de son armure, quand il la porte, aide à sa chute ; le maintient à terre dans l’impossibilité de se défendre sitôt tombé sur le dos. On se rue sur lui avec la fébrilité du porc quand on remplit sa bauge. L’urgence de tuer, sa nécessité compréhensible, quand l’abus des forts contre les faibles a dépassé ce que les lois de l’Univers peuvent accepter de l’homme, touche à ce qu’est un crachat vers le ciel, donnent à l’acculé contre le mur invisible de la détresse humaine une compétence soudaine dans le crime ; une férocité supérieure encore à celles de ceux chez qui c’est une longue habitude, une coutume bien installée sur les bases illusoires de la légalité des lois seigneuriales. Le chevalier attaqué par ses paysans exaspérés par sa sereine monstruosité, perdait la vie dans l’addition de ses yeux crevés par une pointe enfoncée dans son crâne jusqu’au-delà des orbites ; de sa gorge tranchée par la lame d’une faux ; de ses poumons, de son ventre transpercés par les pointes des fourches ; de ses mains et pieds coupés – pas trop vite – par une serpette… Les années 1300 et suivantes ont vu périr de cette façon, variable selon les départements, moult chevaliers abusifs qui s’étaient pris pour les maîtres du monde et quasiment pour celui du Créateur lui-même, dans leur idée, sorte de serviteur supérieur pourvoyant à leurs désirs sans limite… Des ordonnateurs d’atrocités au nom du droit élaboré par la brutalité de l’égoïsme avaient la surprise de se faire écharper par du petit peuple ; de découvrir et vivre dans leur peau la souffrance physique qu’ils avaient jusqu’ici décidée pour les autres au nom d’un Christ dont ils auraient aidé à la mise en croix s’ils avaient été son contemporain ; d’un Dieu qui pourtant les désavouait du haut du ciel par ses lois insufflées à Moïse ; d’une Vierge Marie qu’ils auraient violée s’ils l’avaient rencontrée seule sur un chemin, souiller la pureté ayant toujours été le mouvement premier des forts et de la puissance sur autrui quand le moyen de défense du faible est infime… On plaque sur ce qu’il y a de plus commun dans l’ambition les mots de grandeur, de noblesse, d’honneur, sur ce qui dans les faits et le secret des esprits est l’appel a tous les moyens contraires à ces mots, en toute lucidité de la bassesse de ses choix conduisant à ces moyens toujours les mêmes dans la façon de raisonner et d’agir… Les régimes s’écroulent les uns après les autres par la persistance de leur vanité à cheval sur la fébrilité du gain qui un jour les fait tomber pour être remplacés par un autre régime, lequel reprendra la même faute à son tour ; et ainsi de suite tant qu’il y aura des hommes sur terre qu’on laissera libres d’en écraser d’autres sans plus d’état d’âme qu’en mettant le pied sur un insecte… : La mégalomanie de la race humaine ne peut supporter ce fait comme toute vérité vraie, instinctivement rejetée : La terre poussera – avec les animaux – un immense soupir de soulagement lorsqu’en aura disparu l’homme, si tard apparu sur sa surface et si tôt révélé l’ennemi de lui-même, de l’air pur, des eaux et du sol, qu’il tue par ses inventions plus utiles au culte de sa vanité et de l’argent qu’aux besoins fondamentaux de la Vie…
En flocons serrés la neige tombe sur Plessis – Lès – Tours depuis une heure… Sous la blancheur de leur toit, les chaumières se dégagent de la nuit ; révèlent leurs formes humbles aux murs de terre pailleuse. Ici et là, des morceaux de bois enfoncés de biais dans le sol maintiennent debout des débuts d’écroulement. Par la brièveté de la hauteur de leurs murs, entre l’épaississement progressif de la neige sur les toits et celle du sol qui monte, les chaumières semblent se tasser sur elles-mêmes… Si la neige continue de tomber aussi drue pendant une heure encore, peut être vont-elles disparaître de la vue, entre les deux couches de neige du toit et de la terre se rejoignant ; devenir invisib

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