Un gentilhomme français sous les tropiques pendant la colonisation
170 pages
Français

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Un gentilhomme français sous les tropiques pendant la colonisation , livre ebook

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Description

Arnaud de la Manelle de Claiveaux conçut le projet d’exercer son métier de médecin au Gabon. Après ses études à l’Ecole de Santé des armées de Lyon, il fut affecté au Congo-Brazzaville, dans un village au cœur de la forêt équatoriale. Idéaliste et humaniste par nature, il désirait édifier une œuvre durable en éveillant la conscience des populations locales et en les aidant à se développer suivant l’idéal des philosophes français des Lumières.
Mais à cause de l’hostilité des représentants de la France, qui rejetaient et combattaient un tel idéal et ses intentions humanistes, Arnaud de la Manelle connut plusieurs affectations et déboires au cours de sa carrière dans les différents territoires de l’Afrique noire ; ainsi que des amours passionnées en Asie. En vertu de ses difficultés, pourrait-il rester fidèle à ses idéaux et aller jusqu’au bout de ses projets ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 juillet 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332583222
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright




Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-58320-8

© Edilivre, 2013
Chapitre premier L’histoire d’une famille
La demeure de la famille de la Manelle de Clairveaux était un genre de château composé d’un mur épais flanqué de tours garnies de créneaux et de meurtrières, à l’instar des bâtisses du Moyen-âge. Le tout était entouré d’un large et profond fossé qui rendait toute effraction difficile aux intrus. À l’intérieur de cette enceinte, il y avait une place publique assez spacieuse où se situait une ancienne petite chapelle. Cette demeure était construite sur une colline au pied de laquelle coulait une rivière dans la commune de Clairveaux-Les-Lacs. C’était une grande et haute maison à triples niveaux sous des combles imposants entièrement aménagés au XIX e  siècle, avec goût et ostentation. On accédait au cœur de l’enceinte par un élégant portail à grille, précédé d’un pont-levis qui traversait un canal entourant cet ensemble. Le toit de la demeure avait une forme conique, élancée, surmonté d’un lanterneau. Une grande forêt meublait le vaste espace domanial. L’habitat comptait environ douze grandes pièces, hormis l’aile de la maison réservée aux personnels domestiques.
La famille de la Manelle de Clairveaux avait fait fortune au Gabon au milieu du XIX e  siècle. Jacques de la Manelle, le dernier fils d’une nombreuse famille de douze enfants, dont la moitié était morte en bas âge, avait l’aventure dans la peau. Très tôt, il comprit qu’il n’avait aucun avenir ni dans sa famille, à cause de la pauvreté de ses parents, lesquels étaient de petits agriculteurs, ni même en France. Certes, sa famille était issue d’une aristocratie datant du XVIII e  siècle ; mais c’était une branche morte. Son grand-père avait été déshérité pour avoir fait acte de rébellion contre les codes de sa famille qui mariait ses enfants à d’autres familles d’aristocrates. Lui avait choisi d’épouser une roturière par amour, laquelle lui avait été fidèle jusque dans son infortune et sa misère crasse.
Il décida donc de partir à l’aventure très loin de chez lui. Sans un sou, à partir de quinze ans environ, il traversa à pied une partie de la France. Au cours de cette aventure pédestre, il rencontra des fortunes parfois heureuses, parfois douloureuses. Le long de sa route, il loua ses bras aux paysans pour se nourrir. De temps en temps, il volait de quoi s’alimenter pendant quelques semaines. Il prit soin de dormir entre les branches accueillantes des arbres car les dangers étaient permanents : les bandits de grands chemins qui n’hésitaient pas à violer, à tuer ; les loups etc.… Bon an, mal an, il se retrouva à Bordeaux. C’était une ville florissante grâce au commerce triangulaire auquel les riches familles bordelaises participèrent activement. Telle était, d’ailleurs, l’origine de leur fortune qu’elles employèrent à édifier des bâtisses somptueuses, des hôtels particuliers opulents etc. On disait même que l’importance de son port en dérivait, car de Bordeaux les bateaux marchands desservaient le monde entier, notamment les pays côtiers africains sous occupation française.
Jacques de la Manelle de Clairveaux travailla au port jusqu’à dix-huit ans. Même s’il était encore mineur, il mentit sur son âge n’ayant aucun papier d’identité et réussit à se faire embaucher comme matelot à bord d’un navire marchand. Après un mois de navigation, il débarqua à Libreville, au Gabon, cité fondée en 1849 par des esclaves affranchis. Au bout de quelques mois d’errance au cours desquels il ne dédaigna pas d’exécuter toutes sortes de travaux pour survivre, il finit par être embauché par un riche marchand d’origine grecque.
À cette époque, les Grecs faisaient une rude concurrence aux Français en Afrique équatoriale, notamment au Cameroun et au Gabon. Papadoupoulos, un riche commerçant grec qui l’avait employé comme commis dans ses magasins, avait une fille unique dont la mère était morte en couches. Cette jeune fille, désœuvrée, s’ennuyait chez elle et son père ne lui laissait guère de liberté. Elle ne pouvait ni se mêler aux activités de son père, ni même sortir pour se divertir avec les jeunes personnes de son âge. Devenue adolescente, puis une très belle jeune fille brune aux yeux d’amande, à la chevelure abondante tombant jusqu’aux fesses, son père avait des liens intimes singuliers avec elle et un empire sur son âme. D’où son penchant à la mélancolie. Papadoupoulos s’employait à écarter vertement tous les jeunes gens, en particulier grecs, qui tournaient autour de sa fille Hélène ; ce qui expliquait sa tendance inconsciente et constante de la mettre à l’abri, à domicile, de tout regard étranger à la famille. Mais il ne put l’empêcher de sauter au cou de ce jeune et bel homme que son père venait d’embaucher et qui avait à peu près le même âge qu’elle.
Après plusieurs tentatives agressives pour casser les liens entre sa fille et Jacques de la Manelle, Papadoupoulos consentit du bout des lèvres au mariage d’Hélène et de son employé. Malgré le mariage de sa fille, il était toujours si présent qu’il gênait la vie de ce jeune couple. Jaloux de son gendre, dès que celui-ci était absent, il tentait d’avoir accès à sa fille, comme auparavant. Elle ne pouvait pas toujours résister au désir intense d’accouplement de son père. Aussi, elle dut confesser à son mari le secret de l’amour irrésistible que son père lui vouait. Jacques de la Manelle, qui soupçonnait cette relation incestueuse, en était horrifié. Mais il ne pouvait rien faire qu’Hélène n’ait décidé. Cependant, ne supportant plus d’être l’objet des assauts de son père et craignant de tomber enceinte, elle demanda à ses domestiques gabonais de l’empoisonner.
Après sa mort, le couple devenait ses seuls héritiers. Un premier fils naquit et fut prénommé Auguste Florent Aurélien.
La concurrence sur les matières premières telles que l’ivoire, le bois d’ébène, la culture d’hévéa pour fournir les usines Michelin en France etc, entre Français et Grecs était toujours tendue et rude. En outre, Jacques de la Manelle était considéré comme étranger parmi la communauté grecque qui le soupçonnait d’avoir fait empoisonner son beau-père pour s’emparer de ses biens. Aussi, le couple était-il l’objet de toutes sortes de tracasseries de la part de ses membres, lesquels travaillaient à faire péricliter la position dominante, en matière de commerce, de l’entreprise Papadoupoulos. C’est pourquoi, pour se soustraire à ces contraintes quotidiennes, le couple décida de rentrer en France. Il vendit tous les biens aux commerçants Grecs à un prix très avantageux, avec le concours d’un avocat qui défendait les intérêts des membres de la communauté française au Gabon. Jacques et Hélène de la Manelle de Clairveaux embarquèrent sur un paquebot de luxe, en première classe. Au terme de quelques semaines de navigation, ils débarquèrent à Marseille. Jacques de la Manelle revint sur les terres de ses pères pour y créer une entreprise industrielle de transformation de bois. Ils eurent trois autres enfants : Yves-Alexandre, Diane-Paule et Jean-Marie-Eloï.
Auguste Florent Aurélien de la Manelle de Clairveaux hérita de l’entreprise familiale. Comme elle était florissante, il n’eut pas beaucoup de peine à faire un gros emprunt aux Banques, qui lui avaient accordé toute leur confiance, pour racheter la part de ses deux frères et de sa sœur. Il investit une partie de cet emprunt dans la transformation de l’entreprise afin de la rendre plus performante. Par la suite, elle compta jusqu’à cent employés ; autant dire qu’il était devenu le seul grand employeur de sa région. Il se maria à Jeannette Rose-Marie des Claudes, une fille d’aristocrates décadents et désargentés. Mais elle était hautaine et fière de son rang. Sa famille avait perdu son prestige dans la région après avoir pris des risques inconsidérés pour gagner beaucoup d’argent en très peu de temps. Il s’agissait d’affaires foireuses avec des banquiers suisses œuvrant pour le compte de l’une des maffias italiennes. Après son mariage en grande pompe, Auguste Florent Aurélien de la Manelle acquit une vieille demeure à un prix dérisoire. Elle était mise en vente aux enchères à la suite de la débâcle financière des anciens propriétaires. Il la fit entièrement rénover en lui donnant l’allure d’une maison bourgeoise des nouveaux riches de la fin du XIX e  siècle et dont la majeure partie d’entre eux avait fait fortune en Afrique noire ou en Amérique.
Le jeune couple eut six enfants dont quatre garçons et deux filles. L’aîné, Jean-Noël de la Manelle fit de hautes études de commerce à H.E.C. de Paris. Aussitôt après sa formation, il fut embauché par une grande entreprise d’import-export où il connut une brillante carrière. Il réussit même à se hisser au sommet de la hiérarchie en devenant le Président Directeur Général de cet établissement.
Brun aux yeux noirs et vifs, de taille moyenne comme sa mère, cheveux courts, Jean-Noël de la Manelle avait une allure plutôt sportive. Il était séducteur et manifestait une très forte appétence pour les femmes ; autant dire pour les aventures sans lendemain. Au début de sa carrière, le projet de mariage ne lui effleurait nullement l’esprit. Il était bien dans son état de jeune cadre dynamique qui, très vite, était à l’aise financièrement et il s’en contentait. Le fils cadet de la Manelle, Arnaud suivit des études à l’Ecole des services de santé des armées de Lyon. Comme il figurait parmi les premiers reçus au concours en tant que major de sa promotion, il eut le choix des Ecoles de Médecine. Il était aussi grand que son père, brun aux yeux bleus foncés ; il était considéré, selon les canons esthétiques courants, comme un beau jeune homme séduisant et agréable

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