Un été catalan
238 pages
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Un été catalan , livre ebook

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Description

C’est en juillet, au bord de la mer, dans l’univers éblouissant de l’été catalan, que Jacques Derieux voit Clémence pour la première fois. Blonde, des yeux d’un bleu profond et captivants, une robe légère... Avec Esteban son nouvel ami, un Catalan gouailleur et attachant, c’est le début d’une aventure d’adolescents, légère et grave où se mêlent la découverte des premières amours et la joie des vacances aux côtés de la jeune fille et de ses amies. Mais celle-ci cache un secret qui vient troubler le paradis estival de Jacques. Les garçons sauront-il faire face ? La réponse viendra peut-être de la grande bleue, de son mystère mais aussi des forces nouvelles qui répondent à l’appel de la vie lorsque l'on a quitté l’enfance et que l'on n’a pas encore vingt ans...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414067442
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-06742-8

© Edilivre, 2018
Dédicace

A ma mère…
I
Cet été-là, Jacques lui était revenu comme on répond à l’appel impérieux d’un amour ancien qui s’est joué du temps qui passe. Après toutes ces années, elle le hantait toujours et les pensées du jeune homme volaient vers elle tandis qu’il évoluait sur le sentier poudreux où sévissait le soleil cuisant de l’après-midi.
– Jacques ! Jacques ! Attends-moi.
L’appel avait résonné dans la colline, couvrant le chant des cigales. Jacques se retourna, sorti de ses rêves par son oncle qu’il regarda gravir péniblement la pente et venir à lui. L’homme qui approchait était coiffé en bataille et chaussé d’espadrilles délavées. D’une poche de son short en jean frangé dépassait le coin d’un paquet de cigarettes.
– Jé viens. J’arrive, souffla l’oncle avec un fort accent espagnol. C’est dur pour un fumeur.
– Nous ne sommes pas pressés, Carlos. Prends ton temps.
L’adolescent porta son attention sur le littoral qu’il distinguait derrière des pins parasols. Sa récente arrivée sur la Costa Brava lui revint en mémoire et, aussitôt, s’imposa à son esprit l’image enchanteresse de la route de la corniche qu’il devinait au loin. Elle ondulait en surplomb de ravins vertigineux finissant dans la mer. Comme à bien d’autres occasions, Jacques l’avait empruntée pour revenir avec sa famille dans ce paradis estival et, vitres baissées, il en avait respiré les parfums d’anis sauvage et de pierres sèches en contemplant la mer retrouvée.
Un bruit sourd le fit se retourner. Son oncle venait de s’asseoir lourdement sur une grosse pierre plate.
– Dos minutos …
Jacques sourit.
– Tu peux t’asseoir aussi, marmonna Carlos en tirant une cigarette de son paquet froissé. Dos minutos …
Ce geste désola Jacques dont le regard scruta une nouvelle fois la côte rocheuse. La vision lumineuse et fascinante lui revint de la route sur la corniche dont il percevait au loin les lacets. Les images de son parcours dansèrent dans son esprit et il fut repris par l’émotion qui le submergeait lorsque, chaque fois, lancé dans ces virages, il se sentait flotter hors du temps, laissant derrière lui Port-Bou et, plus loin, la France. À mesure que cet itinéraire lumineux serpentait plus avant vers le sud, il s’y produisait un phénomène insolite : tout l’univers alentour s’ennoblissait…
– Tu as trouvé des copains ? le coupa encore son oncle, étranger à ses rêveries.
Cette fois encore, Jacques dut revenir à lui.
– Non, répondit-il vaguement. On vient d’arriver, tu sais.
– ¡Naturalmente ! Mais tu peux mé démander, reprit gentiment Carlos. Cet été, jé pourrai té présenter des jeunes du village.
– C’est gentil… On verra. Pour l’instant, je ne suis pas pressé.
– Bien sûr… Mais viens quand même danser la sardane, vendredi soir. Tu sais, sur l’esplanade… Tu verras beaucoup dé jeunes dé ton âge.
Jacques acquiesça de la tête mais l’odeur du tabac pour lui gâtait tout. Sur le sol, l’adolescent observait l’ombre des volutes de fumée danser en arabesques paresseuses puis s’évanouir mollement dans l’air chaud. Ses yeux s’échappèrent encore pour vagabonder de la garrigue qui le cernait à la montagne, puis de la montagne au ciel pur. Pour Jacques, l’éclat du soleil ne pouvait à lui seul expliquer cette atmosphère unique, cette sublime beauté. Le complément de réponse venait de la mer, de la grande paix qui naissait de sa vaste étendue, de ce bleu profond que buvait l’horizon. Elle régnait là, magnifique, souveraine.
« Dès que, laissant derrière soi l’Atlantique et passé le rocher de Gibraltar, on pénètre dans la plus belle de toutes les mers du monde… ».
Jacques sourit. Ses mots lui revenaient, découverts dans l’introduction d’un ouvrage traitant de l’histoire de la Grèce, à la bibliothèque du lycée.
– Assieds-toi. Mais assieds-toi donc, insista son oncle en souriant. Né té gêne pas pour moi. Lé coin qué tu veux mé montrer, il peut attendre.
– Je sais, Carlos. Je sais, répondit vaguement Jacques.
Cependant il resta debout, le regard dans le vague. Toujours la mer… Ce bleu inimitable, ici presque sombre, envoûtait, captait l’estivant avec une puissance d’attraction que ne rendent qu’imparfaitement les toiles, pourtant très belles, des grands peintres venus rêver entre Collioure et Cadaquès.
Cette fois, son oncle se leva et s’approcha de Jacques toujours à ses rêveries.
– Tu régardes encore la mer, pétit Parisien ?
Jacques se retourna et, cette fois, sourit. Il acquiesça de la tête.
– Oh ! moi, tu sais, jé la connais, reprit Carlos. Toute l’année, jé l’ai devant les yeux, à Barcelona. Bien sûr, elle est plus jolie ici, à Port-de-la-Selva. Mais c’est toujours dé l’eau, conclut l’oncle en riant.
– Pas pour moi… C’est magnifique, ici, Carlos.
– ¡Claro ! Jé comprends.
– On y va ? suggéra Jacques. Il voulait couper court à ce dialogue qui dissipait l’enchantement.
– ¡Vamos ! Répondit l’oncle qui époussetait son short. Ton coin dé paradis nous attend. Mais doucément…
Ils reprirent donc leur progression. Jacques inspirait profondément l’air chaud et sec, saturé d’essences de térébinthe, de romarin et de thym. Son compagnon arpentait de ses espadrilles délavées le sol pierreux chauffé à blanc. Sous leurs pas, dans une poussière ambrée, craquait un tapis d’herbes sèches. La nature semblait ployer sous la chaleur accumulée. La marche avait à peine repris que l’oncle Carlos s’arrêta en soufflant des paroles inintelligibles. Jacques le vit s’appuyer à un jeune figuier et porter attention à ses espadrilles poudreuses.
– Ça ne va pas ? demanda Jacques.
– Continue sans moi, répondit une voix embarrassée. Mon espadrille est déchirée. Les cailloux rentrent et mé font mal.
Jacques se rapprocha de son oncle mais il ne remarqua rien de particulier.
– Qu’est-ce qu’on fait alors ? demanda-t-il.
– Jé l’ai dit : continue si tu veux. Moi, jé rentre.
– Ça va aller ? insista Jacques embarrassé.
– ¡Si ! ¡Si ! No problema . Continue…
Carlos fit prestement demi-tour et s’éloigna en claudiquant légèrement. Il adressa encore à Jacques un bref signe de la main et disparut derrière de grands buissons de romarin. L’adolescent ne croyait pas à l’accroc de l’espadrille. Son oncle restait un piètre marcheur et il venait de décrocher, préférant évidemment à la marche sa moto de trial ; voilà tout. Jacques, reprenant sa progression, ne pensa plus à lui.
La mer le reprit tout entier. Toujours elle… Ne pouvait-il pas la décrire les yeux fermés, avec ses mille petits éclats de lumière, telles des poussières de mica ? Il se souvenait aussi des jours de tramontane où il la retrouvait troussée, mouchetée d’une foule de petits moutons blancs. Emerveillés comme lui, la plupart des estivants voguaient vers elle puis s’en éloignaient au rythme des virages et des lacets lorsqu’ils empruntaient la fameuse route de la corniche. Une autre surprise attendait le voyageur lancé sur cet itinéraire enchanteur et obsédant : « Vous savez bien, après la vieille tour en ruine, ce virage en épingle ! » répétaient à l’envi Jacques et son frère à leurs parents. En effet, peu après Llança, station balnéaire, et à peine dépassée une tour de guet médiévale en partie ruinée qu’enroulait un virage, apparaissait au loin le Port-de-la-Selva, village immaculé. Au milieu de ce bleu souverain, ce petit port sommé de son église, ruban blanc au pied d’une pinède, imitait au loin la ligne pure d’un navire près de partir.
Jacques atteignait le but de sa promenade. Le large chemin des années passées s’offrit bientôt au jeune estivant avec ses haies de cyprès odorants suivies des somptueux lauriers roses et blancs d’une propriété déserte. L’adolescent s’y engagea, fébrile. Plus loin, lui apparut enfin une descente d’escalier dont le sommet, tel un palier, constituait pour lui un poste d’observation. Son pied foula la dalle de calcaire familière, cette première marche, grossièrement taillée, tapissée d’aiguilles sèches et de petites pommes de pin, et l’adolescent fut parcouru d’un frisson. Un an s’était écoulé mais la magie opéra de nouveau.
En contrebas, le village apparut, caché jusqu’alors par les cyprès et la cime des pins qui descendaient à flanc de colline. Le regard émerveillé de Jacques se porta aux petites maisons blanches lovées autour du clocher mauresque. Port-de-la-Selva présentait la forme d’un croissant que baignait la mer au repos. Le long de la jetée, s’alignaient les bateaux de retour de pêche. Tout était comme Jacques l’avait laissé l’année passée. Un détail cependant capta son attention. Il planait sur cette petite terrasse un parfum inhabituel.
– On dirait de la fleur d’oranger, murmura l’adolescent. Sûrement une eau de toilette. Une femme est passée par là…
Il scruta les environs. L’endroit paraissait désert.
– Je l’aurais fait fuir ? reprit-il pour lui-même. Une simple passante ? Peut-être très belle.
Il sourit de ce qu’il venait de dire. Son regard se perdit de l’autre côté de la baie, vers les Albères où, de loin en loin, la garrigue partait à l’assaut des masses montagneuses nues ; cette extrémité des Pyrénées qui, de Collioure à Roses, expire domptée dans la grande bleue. Seule, au milieu de ce désert montagneux strié de murets de pierres sèches, émergeait la masse claire et lointaine du monastère de San Pere de Rodes, dans son écrin de verdure ; austère veilleur de ce paysage irradié. Jacques s’assit sur le tapis d’aiguilles sèches mais un nouveau détail perturba l’ordonnance de son univers. Il se pencha pour saisir un pastel de couleur émeraude qui gisait à ses pieds.
– Quelqu’un a dessiné ici, dit-il en caressant le crayon. Peut-être l’inconnue au parfum de fleur d’oranger. Qui sait ?

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