Un dernier cri
99 pages
Français

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Description

Fragile, je l’étais. Perdu, je le fus immédiatement. Je ne comprenais rien à son attitude, mais j’ai aimé sa façon de bouger dans l’espace, ses mains et son sourire. Je n’ai pas vraiment aimé qu’elle parle et rie avec d’autres. Je l’ai embrassée, je ne sais plus comment c’est venu, j’avais mes mains sur ses seins, elle avait envie, moi aussi. Tout a commencé comme ça et j’ai plongé dans l’inconnu.








Notre histoire a duré des années, des années d’amour et de plaisir mais aussi des années d’attente et de solitude, elle avait un mari et des enfants. J’ai fini par fuir ma souffrance. Nous nous sommes quittés.








Quinze ans après, je l’ai retrouvée, elle était seule. J’étais marié et j’avais des enfants. J’ai couru vers elle, mais j’ai été lâche, je n’ai pas su la retenir, je l’ai perdue.








Longtemps, j’ai eu peur de la solitude. Il y avait dans ce face à face avec moi même un risque évident. Désormais, tout est là, bien en place et mon amour pour elle et tous mes souvenirs, toutes mes images. J’aime, plus que jamais je suis vivant. Je ne suis plus seul, je vais bien.








Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 mai 2021
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342350074
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Société des Écrivains
Immeuble Le Cargo, 157 boulevard Mac Donald – 75019 Paris
Tél. : 01 84 74 10 20 – Fax : 01 41 684 594
client@societedesecrivains.com
www.societedesecrivains.com

Tous droits réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-342-35006-7

© Société des Écrivains, 2022
Dédicace
À toi, mon amour, ma folie, ma douleur, ma tendresse.
À toi que j’ai déçue
À toi que j’ai blessée
À toi que je n’ai pas su aimer.
Un dernier cri
Fragile je l’étais
Perdu, je le fus immédiatement,
Je ne comprenais rien à son attitude, mais j’ai aimé sa façon de bouger dans l’espace, ses mains et son sourire
Je n’ai pas vraiment aimé qu’elle parle et rie avec d’autres
Je l’ai embrassée, je ne sais plus comment c’est venu, elle avait envie, moi aussi
J’avais mes mains sur ses seins
Tout a commencé comme ça et j’ai plongé dans l’inconnu
Notre histoire a duré des années
Des années d’attente et de solitude
Elle avait un mari et des enfants
Et puis nous nous sommes quittés
Plus exactement, j’ai fui ma souffrance
Quinze ans après je l’ai retrouvée, elle était seule
J’étais marié et j’avais des enfants
J’ai accumulé toutes les maladresses
J’ai été lâche, je l’ai perdue
Depuis, rien ne parvient à combler le vide de son absence
Longtemps, j’ai eu peur de la solitude, il y avait dans ce face-à-face avec moi-même un risque mortel évident
Maintenant, ma douleur est là tout entière, elle m’accompagne, fidèle
Il ne faudrait pas qu’elle s’éloigne trop de moi, je l’entretiens soigneusement, je ne suis pas seul.
Elle est ma plus belle histoire d’amour.
 
PRINTEMPS
Notre printemps, c’était l’hiver…
Elle m’énerve, elle ne sait toujours pas son texte. Pourtant, nous avons commencé tranquillement, mais elle ne fait aucun effort. En tout cas, ce n’est pas suffisant pour permettre des répétitions efficaces. Elle a, pour l’instant, cinq pages de texte et encore cinq pages de dialogues uniquement. Ce ne sont pas des pages pleines d’une prose fournie et dense, mais elle hésite, elle bute sur les mots. Elle n’aime pas ce qu’elle dit. Oui, elle n’aime pas mon texte. En tant qu’auteur, c’est crispant de voir un texte abîmé de cette façon. Elle dit : « c’est un texte de “macho” » avec un sourire ironique. Je dis : « non, pas du tout, vraiment pas. Les femmes ne peuvent pas toujours avoir le beau rôle. » Mais elle poursuit ses critiques à la moindre occasion en haussant les épaules et lit ou dit son texte en y mettant de la mauvaise volonté.
Pourtant, relisant mon texte, je le trouve bon. Il exprime d’une manière parfaite ce que je désirais transmettre. Il me semble efficace, sans avalanches exagérées de mots inutiles. Il est sensible, pas trop mélodramatique, alors que le sujet est grave. Je n’ai pas dit triste, mais sérieux, plus exactement grave, c’est le bon qualificatif. Un homme est touché par un cancer. Sa vie et celle de sa famille s’en trouvent bousculées. Il suit un long traitement et semble sortir vainqueur de l’épreuve après une lutte éprouvante. Pour combien de temps ? Je crois avoir dessiné le rôle de l’épouse qui l’accompagne dans son parcours avec justesse. Voilà, c’est simple, très actuel, rien de plus clair.
Elle n’aime pas les dialogues et conteste le contenu des didascalies. Pourtant ces indications de jeu sont essentielles pour que tout fonctionne correctement. Au cinéma, c’est différent. Claude Lelouch laisse certainement ses comédiens jouer à l’instinct, mais ce sont des professionnels de haut niveau. Là, sur les planches, dans ce spectacle que nous préparons, les comédiens sont des amateurs. Dans ce cadre, l’improvisation n’a pas sa place, les amateurs n’ayant pas la formation nécessaire à l’improvisation heureuse ou tout simplement le talent. Dans notre petit théâtre, tout doit être, si possible, réglé au cordeau. Nous sommes dans un spectacle vivant, ce n’est pas la même chose, il n’y a pas d’à-peu-près possible. Les comédiens demandent d’ailleurs, pour certains, des indications précises, ils se sentent rassurés. Mais d’autres aiment bien jouer comme ils sentent. Ces comédiens, même amateurs, finissent par exprimer un ego de bonne dimension. Ils ont leurs manies, leurs humeurs, leurs tics de langage, leurs phases dépressives. L’une me dit : « Je ne veux pas jouer comme ça, ce n’est pas possible, c’est trop incarné. » Où va-t-elle chercher ça ? Je lui demande simplement de jouer normalement, dans le texte, avec mes mots. Tout y est dit. Il n’y a rien d’autre à chercher. C’est un texte dense, sérieux, c’est vrai, ce n’est pas un spectacle de Gad Elmaleh.
Elle tient le rôle de mon épouse dans la pièce, j’ai le rôle du mari malade. Elle discute sans cesse de tout. Elle ne va pas être facile à diriger, tout simplement à gérer.
Je regarde ses mains, ou plus exactement la façon dont elles bougent dans l’espace. Elle parle sans arrêt même lorsqu’on discute du texte, de la façon de le jouer, du placement sur scène, donc quand il faut être sérieux et calme et se concentrer. Son bavardage est accompagné d’un mouvement incessant de ses mains. Elle a toujours quelque chose à dire et moi je suis ses mains des yeux. Alors que je cherche les mots justes, les bonnes expressions pour les comédiens, j’essaie de ne pas fixer ces objets volants.
J’écris pour le théâtre pour la première fois, et pour la première fois, je participe à la création d’un spectacle et à la direction du jeu des acteurs. J’ai toujours aimé le théâtre, très différent du cinéma que pourtant j’apprécie. Au théâtre, tout est fragile. La moindre imperfection est criante. La plus petite erreur de texte est choquante. Un à-peu-près dans le placement d’un comédien ou dans un mouvement du corps devient gênant et entraîne chez le spectateur un point de rupture. Le travail des comédiens doit être irréprochable, car là, sur les planches, tout doit sembler réel alors que tout est faux. Il faut garder le contact, respecter la continuité de l’illusion pour ne pas verser dans le médiocre, la pièce de fin d’année au collège ou la saynète des fêtes de patronage. Quels que soient l’ambiance dans la salle, les bruits parasites, les mouvements des spectateurs, la voix du comédien doit imposer son texte. Oui, tout est dans les mots, l’essentiel en tout cas. C’est bien le triomphe du verbe et là, tout doit être juste. Le comédien peut s’exprimer dans un décor somptueux ou seul sur la scène, il construit la pièce grâce à sa présence physique et aux mots prononcés.
Hypnotisé par la magie engendrée par les mots, par leur puissance, j’ai toujours rêvé de jouer sur scène, une scène de théâtre, pas une estrade politique. Enfant puis adolescent, je lisais du théâtre. Connaître mes textes imposés au collège par cœur, avoir des 20/20 en récitation au terme de déclamations automatiques et ternes ne me suffisait pas. J’étais à l’affût de l’univers des comédiens. Je souhaitais pénétrer dans leur monde et voici que l’occasion se présentait de faire partie de leur famille, en tant qu’auteur, metteur en scène, comédien amateur. Pour la première fois, je prenais le risque de porter mon écriture au jugement d’un public averti. Auparavant, il ne s’agissait que de brouillons, je ne prenais pas de risques, je ne me soumettais à aucune évaluation, j’évitais les critiques. Je n’avais que la satisfaction parfois de trouver ma page convenable, bien tournée. Bien entendu, je vivais avec le dépit constant de ne pas être capable d’écrire l’inoubliable, tel Pierre Michon qui dans Vies minuscules donne aux écrivains en herbe une belle leçon d’humilité. Cet auteur est un affront à l’écrivain amateur, à tous ceux qui peinent devant leur clavier ou leur feuille de papier, une insulte criante aux handicapés de l’écriture. Pour ma part, j’ai vécu la découverte de cet auteur comme une humiliation suivie d’un émerveillement face à l’apparente facilité avec laquelle il construit ses images avec des mots, à la déconcertante et crispante aisance avec laquelle des associations magiques de syllabes lui permettent d’accéder à un réalisme parfait dans la description des petites choses de la vie.
Mais là, ce n’est plus le temps de l’écriture, mais de la mise en scène, un autre métier que j’ai envie d’exercer pour des raisons qui ne sont pas très claires pour moi, pourtant parfaitement définies par Jacques Lasalle en 1991 : « Qu’est-ce qu’un metteur en scène si ce n’est un spectateur inassouvi ? De quoi traitons-nous ? De ce que nous ne trouvons pas ailleurs. D’une certaine qualité d’être et de relation au monde. Pour moi, le Théâtre n’est qu’un moment de vie, plus pleine, plus intense que tous les moments de la vie quotidienne. C’est ce que je demande à l’acteur : de me conduire dans une réconciliation précaire, menacée, jamais acquise tout à fait, de moi dans le monde sinon de moi avec le monde. Si j’arrivais à assouvir cette soif dans la vie, je ne ferais plus de théâtre. »
Elle me déstabilise. Je n’avais pas besoin de ça. Si je suis sorti de ma réserve, si j’ai osé me lancer pour la première fois dans une aventure comme celle-là, raconter une histoire, celle de l’abandon d’un homme par sa femme peu de temps après le diagnostic d’une maladie engageant le pronostic vital, un homme qui me ressemble, une femme semblable à celle qui vient de partir, c’est pour retrouver, à travers cette construction, un certain équilibre, me remettre debout, redéfinir mon personnage, moi face à la maladie et à l’abandon. De quoi suis-je capable dans l’adversité ? Cet alter ego répondra peut-être à la question mieux que moi.
Elle a une alliance à l’annulaire gauche. Elle est donc mariée. Je le savais. Une amie me l’avait présentée au moment où je cherchais une comédienne pour le rôle principal. Elle m’avait rappelé que nous les avions croisés dans une pâtisserie. Elle y prenait un café avec un homme qui était son mari. J’avais gardé le souvenir d’une femme avenante sans plus, mais entraperçue quelques instants seulement, non détail

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