Un crépuscule de liberté
126 pages
Français

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Un crépuscule de liberté , livre ebook

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Description

Yaoundé, Cameroun, février 2008 : l'Afrique aussi subit les soubresauts de la crise des subprimes, et l'effondrement de Leman Brothers – mais au milieu de ce malheur, une grâce présidentielle, une octogénaire recouvre la liberté – l'espoir subsiste. Maty, après plusieurs décennies passées derrière les barreaux, est accueillie par Job, qui est pressée par sa femme, à faire partir cette parente dont il ne sait à peu près rien. C'est que l'épouse redoute cette bonne femme qui a été condamnée pour meurtre au premier degré. Entre les deux femmes, un odieux chantage se fait de part et d'autre, mais pour Maty, les choses sont tout à fait claires ! Un retour en prison est la seule issue de secours pour celle qui n'a jamais bénéficié du moindre programme de réinsertion postcarcérale durant sa détention.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 mars 2019
Nombre de lectures 3
EAN13 9782414332083
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Olivier Ngah
Un crépuscule de liberté héâtre
2
Personnage
MATY,la graciéeJOE,chauffeur de TaxiJOB,neveu de MatyALIMA,femme de JobMINZO,fils de Job et AlimaSARAH,fils de JobLE REGISSEURLEPREMIER, DEUXIEME GARDIENSL’AGENT DE PROBATION
ET
TROISIEME
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1
Yaoundé. – Dans un taxi de transport urbain.
Maty est assise à l’arrière, parcourant des yeux le paysage de la ville, tenant un chapelet qu’elle égrène plus par reflex que consciemment, par conviction. Joe le chauffeur de taxi entame la conversation juste pour s’assurer que sa passagère ne fondrait pas dans le sommeil au point d’oublier sa destination.JOE. – Il y a des fois que je me dis que je suis trop vieux pour ce métier, des fois que je me demande si toute cette peine que l’on se donne sous le soleil en vaut vraiment la peine !
MATY. (L’air ailleurs)
– Il ne faut jamais lâcher la terre, mon garçon ! Non ! Jamais ! Même quand il vous arrive des situations, à priori insupportables selon vous, qu’elles s’enchaînent sans répit, il ne faut jamais lâcher la terre ! Il faut savoir s’arrêter et s’interroger sans toujours chercher à y voir sous quelque forme que ce soit, l’esprit du malin !
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JOE. – Mais il faut croire que le diable existe et qu’il a la main mise sur tout ce que l’on veut entreprendre sur cette terre, Mémé ! MATY. – Loin de le nier, je dis seulement qu’en tant qu’être humain, nous sommes doués d’un esprit bien disposé à la clairvoyance, un esprit dont nous ne soupçonnons vraiment ni l’étendue, ni la force. Oui ! En tant qu’être humain, nous disposons en tout lieu et en tout temps de cet atout là pour parer à toute épreuve ! JOE. – Le discernement, hein…
MATY. – Oui ! C’est une force, une faculté susceptible de nous aider en nous prévenant toujours de façon à nous permettre d’être en mesure d’éviter des désagréments et des déboires de toutes sortes, sans bien sûr se faire contraignant ! JOE. – Vous faites sans doute allusion au libre arbitre !
MATY. – Tout à fait ! Nous disposons du libre arbitre. C’est une autre force, une disposition innée qui nous confronte à notre liberté de choisir d’accepter ou de refuser, de dire oui ou non, selon le cas.
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JOE. – Mais la vie est devenue tellement compliquée de nos jours qu’on a plus vraiment le choix. On dit oui à tout ce qui se présente à nous, pourvu que cela mène à la fortune, au bonheur, même s’il est illusoire, éphémère ! Regardez la jeunesse, tellement en proie au chômage qu’elle se laisse happer facilement par les gourous des sectes et églises de réveil de tous bords, vendeurs d’illusions d’un bien-être absolu et parfait, facile et accessible dans l’immédiat… MATY. – Oui ! Peut-être, mais tous ne sont pas aussi avides d’argent, de la vie facile…
JOE. – Ils sont de plus en plus nombreux, de plus en plus jeunes aussi qui se lancent à la recherche du portemonnaie magique, en devenant les adeptes et les suppôts du diable. MATY. – Voyez-vous jeune-homme, notre plus grande force réside en nous, elle sommeille aux tréfonds de notre âme, dans le nid même de notre conscience humaine, là même où prend source notre plus grande faiblesse aussi… JOE. – C’est là tout notre malheur, le malheur du siècle présent et de celui à venir !
MATY. – Malheureusement, oui… C’est bizarre pour une personne comme moi de le dire aujourd’hui ; moi qui ai si
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souvent laissé mes sentiments et émotions me contraindre à poser des actes dont je n’ai pas toujours été fière par la suite, des actes et des situations que j’aurais pu si facilement éviter si seulement j’avais, de temps en temps, eu recours au bon sens !
JOE. – Des regrets, Mémé ?
MATY. – A mon âge, on a forcément des regrets, mon garçon ! (Silence) Mon Dieu ! J’avais tant attendu ce moment… Mais dès lors qu’il fut là, je le redoutais, je le redoute encore plus maintenant. JOE. – Vous faites allusion à la vieillesse et la perspective de quitter cette vie ?
MATY. (Un peu indignée)
– Non ! Qui vous parle de la mort ? JOE. – Vous ne parliez pas de la mort, Mémé ? MATY. – Non ! Je vous parle de la vie et de la liberté, de la liberté surtout, un concept qui m’est aussi abstrait qu’insensé à ce jour… JOE. – Pourquoi dites-vous cela, Mémé ?
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MATY. – Pour une comme moi, la liberté ne rime vraiment plus à grand-chose !
JOE. – Tout le monde rêve de liberté, chaque jour, un peu plus que le jour précédent. On y aspire tous ! MATY. – Oui ! Peut-être, lorsqu’elle peut encore servir à quelque chose, lorsque l’on a encore la vie devant soi… Voyez-vous mon garçon, j’ai passé la majeure partie de ma vie en prison pour avoir pris la vie d’un homme, pour la lui avoir ravie… JOE. – Vous croyez qu’ils vous ont fait payer trop cher pour ça ? MATY. – Quoi, pour le meurtre d’un seul homme ? JOE. – Une vie est une vie, non ? Être condamné pour le meurtre d’un seul homme, vous trouvez cela injuste ?
MATY. – Non ! Je ne vais pas m’en plaindre maintenant. J’ai mérité ma sentence, bien que ce fût un cas de légitime défense… JOE. – Vous savez, la légitime défense n’est pas tout à fait un meurtre…
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MATY. – Oui, peut-être, mais n’empêche, j’ai tout de même arraché à la vie un homme, une créature de Dieu. Tuer, c’est tuer ! JOE. – Vous estimez n’avoir suffisamment pas payé pour ça ? Vous faites de l’auto flagellation ? MATY. – Non ! Ce n’est pas de cela qu’il s’agit ! JOE.
– Ah non ?
MATY. – C’est tout autre chose ! JOE. – Vous ne voulez pas vraiment en parler hein, c’est toujours douloureux d’évoquer le passé…
MATY. – C’est que j’ai tellement attendu ce moment sans le voir arriver qu’avec le temps, j’ai fini par me résigner à mon sort, à mon destin ! (Silence) JOE. – Vous voudrez bien m’en dire davantage ?
MATY. – Tout était parti sous fond de rumeur d’humeur carcérale :« Le Président de la République va procéder à une
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