Un amour de trop
150 pages
Français
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Description

Le soleil commençait a poindre a l'est. En ce dimanche matin, Daouda aurait bien voulu rentrer et entamer un sommeil réparateur comme tous les noctambules. Seulement, le ticket de parking visible sur la voiture était bien celui qu'il délivrait aux clients de son parking et il ne pouvait l'abandonner là, de peur de se retrouver face a des ennuis. II n’avait qu'une option : ...attendre.

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EAN13 9789995278302
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

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Extrait

UN AMOUR DE TROP
Issoui DICKO
UN AMOUR DE TROP
INNOV EDITIONS Tous droits réservés Siège social: Route de Sotuba, près de l’Ex MINUSMA, Bamako,Mali E-mail : manuscritinnov@gmail.com Tel:(223) 76 04 87 63 / 76 03 52 68 ISBN: 978-99952-78-302 Dépôt légal: Bibliothèque Nationale du Mali 2021
PRÉFACE
En ce moment précis de l’histoire littéraire du Mali, le devoir m’interpelle: celui de préfacer le roman d’Issou DICKO. La tâche m’échoit de résoudre une équation dif-cile. Mais le devoir de servir un ami et une passion me contraignent à prendre la plume. Après le succès de son premier roman intituléUne femme de trop, Issou DICKO nous revient avecUn amour de trop.Le second est sans nul doute la suite du premier. En eet, Oussou, dont l’assassinat est au coeur du second roman, commet involontairement un accident mortel en revenant de Turquie dans le premier roman. Derrière cette intrigue d’une apparence simple se cache une histoire complexe. Qui est l’auteur d’un double assas-sinat dans une villa à Sébénicoro? L’inspecteur Kéïta, en charge du dossier se bat pour mettre la main sur le bourreau. Ce roman se lit lit comme un polar. Il maintient le sus-pense comme un feuilleton et a le mérite de peindre la socié-té malienne dont les tares y sont décriées. Issou DICKO, en écrivantUne femme de tropcorrobore la thèse de Jéan Coc-teau qui disait: “ Nous sommes tous malades et nous ne sa-vons lire que les livres qui traitent de notre maladie.”. Lire le roman de DICKO, c’est diagnostiquer les maux qui freinent l’épanouissement du Mali en particulier et de l’Afrique en général. Dr Mamadou DIA, Ecrivain EnseignantChercheur à l’Université des Lettres et des Sciences Humaines de Bamako
Issoui DICKO
Le soleil commençait à poindre à l’est. En ce dimanche matin, Daouda aurait bien voulu rentrer et entamer un som-meil réparateur comme tous les noctambules. Seulement, le ticket de parking visible sur la voiture était bien celui qu’il délivrait aux clients de son parking et il ne pouvait l’aban-donner là, de peur de se retrouver face à des ennuis. Il n’a-vait qu’une option : …attendre.
Le public venu pour le concert de l’artiste nigérian Da-vido avait quitté le stade sain et sauf depuis des heures. Les organisateurs aussi avaient rangé leurs eets et quitté les lieux, sans encombre, en dépit des nombreuses alertes d’attentat terroriste. Même le personnel du stade avait quitté les lieux. Gérant d’un espace de l’immense parking devant le stade, Daouda savait qu’il n’y avait plus personne sur la pelouse dès lors que les manœuvres avaient quitté les lieux en prenant soin de lui donner rendez-vous pour la semaine d’après pour faire le point de leur business. Il ne comprenait donc pas pourquoi une Hyundai Santafé blanche était encore en stationnement sur le parking. Le propriétaire ayant régul-ièrement pris le ticket de parking avant de garer sa voiture, il devrait être déjà revenu la récupérer. Vu le nombre de fans venus pour le concert et de clients qu’il avait accueillis dans son parking ce soir-là, il ne saurait donner le signalement du propriétaire de la voiture si d’aventure il devait répondre à cette question.
Les heures passaient et personne ne venait réclamer la voiture. Daouda, tombant de sommeil et de plus en plus in-quiet, se résolut à quitter son banc pour s’approcher de la voi-ture. La plaque minéralogique était de la dernière série. Il en conclut que la voiture devait avoir été dédouanée récemment
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Un amour de trop et qu’elle était neuve. Il remarqua que la portière côté pas-sager était légèrement entrouverte, ni totalement fermée, ni ouverte non plus. Pour ne pas prendre le risque de répondre à plus de questions qu’il ne souhaitait, il prit la décision d’ap-peler sur un numéro vert mis à la disposition du public par la police nationale. Contrairement à certains plaisantins qui s’amusaient à déplacer inutilement la police, il se présenta et donna tous les détails relatifs à son identité, sa fonction, sa position géographique et l’objet de son appel. Une éq-uipe ne tarda pas à arriver sur les lieux. Dans le contexte actuel de terrorisme et son corollaire de guerre asymétrique imposée aux forces de sécurité, plusieurs composantes des forces de sécurité convergèrent vers les lieux pour s’assu-rer que la voiture suspecte ne présentait pas de danger. Des éléments de la Brigade Anti-Criminalité (BAC), de la Bri-gade Spéciale d’Intervention (BSI), de l’unité cynophile de la Gendarmerie nationale et de l’unité de déminage du Génie militaire avaient été mobilisés pour toutes ns utiles. Bama-ko avait déjà été la cible plusieurs fois d’attentats terroristes et il ne fallait plus prendre les choses à la légère : ayant fait du nord et du centre du pays des zones de non-droit truées de sociétés parallèles vivant de la faiblesse structurelle de l’Etat, les terroristes entreprirent de mettre la capitale dans l’œil de mire.
Il méditait sur ce qu’était devenu son pays et, par rico-chet tous ceux du Sahel. Au début des années 2000 déjà, les terroristes les plus dangereux de l’espace sahélo-saha-rien (AQMI, MUJAO, Ançar Eddine et Al-Mourabitoune) réussirent à s’installer et à s’enraciner dans l’extrême nord du pays pour en assurer le contrôle. La présence accrue
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d’Al-Qaïda au Maghreb islamique qui organisait des opé-rations sur le territoire malien depuis 2003 et l’atterrissage d’un cargo rempli de cocaïne dans la région de Gao en 2009 avaient contribué à exacerber la situation sécuritaire au nord du Mali. Les tracs dans la bande sahélo-saharienne, notamment de drogue, d’armes ou encore la contrebande de carburant et de cigarettes, développés par les prétendus djihadistes avaient jusque-là nourri et entretenu un climat sécuritaire délétère. Par ailleurs, la faible délivrance des ser-vices sociaux de base dans certaines localités de l’intérieur, caractérisée par la faible pénétration de l’Etat amena les po-pulations à développer des alternatives à travers des coopé-rations transfrontalières. Les relations informelles entre les populations de part et d’autre des frontières favorisèrent la régionalisation des conits. Cette faible présence de l’Etat, songea-t-il, facilita l’ancrage des djihadistes et t prospérer leurs activités, contribuant ainsi à faire de la zone un espace d’insécurité et de non-droit. Dans ce vaste désert, considé-rait-il, le paysage sécuritaire était marqué par la présence des bandits armés (voleurs de voiture, coupeurs de routes), des traquants de migrants et de produits de première néces-sité, des traquants de drogue. Ils constituaient les ls d’un même tapis, se croisaient dans le même désert. La loi du dé-sert imposait à tous ceux qui y circulaient un devoir de soli-darité. Chacune de ces catégories pouvait par opportunisme ou par solidarité apporter son soutien aux groupes terroristes qu’il était appelé à rencontrer.
Une telle mobilisation ne fut pas sans attirer l’attention des usagers de la circulation en partance pour le marché contigu au stade. La nouvelle, telle une trainée de poudre, se répandit à travers la ville. Des curieux s’arrêtaient, malgré les
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Un amour de trop injonctions des forces de sécurité, pour prendre des photos et relayer l’information. Avec le boom des réseaux sociaux, tout le monde était devenu informateur, au grand dam des professionnels du secteur. Chacun trouvait le moyen de re-layer des informations parfois sensibles, sans se préoccuper de l’exactitude des faits. Seul comptait pour cesjournalistesd’un type nouveau le sensationnel et le nombre de personnes aimant ou commentant leurs publications. L’éthique et la déontologie ne faisaient pas partie de leurs préoccupations parce qu’ils ne savaient pas ce que ces mots recouvraient.
Les agents de sécurité, résolument engagés, parvinrent à délimiter un champ d’intervention. Au bout d’un moment qui parut interminable pour les curieux friands de sensation-nel, ils rent entendre trois explosions dans un vacarme in-descriptible. Ce qui eut pour eet d’accroitre la panique des riverains et d’ener la rumeur d’un attentat terroriste dans la zone. Ils approchèrent nalement la voiture, précédés des chiens qui la fouillèrent de fond en comble. Rassurés sur le fait qu’elle ne présentait aucun danger pour eux-mêmes et pour d’éventuels passants, les limiers s’en approchèrent davantage et entreprirent de l’examiner de plus près. Ils constatèrent que la clé de contact était sur la voiture, qu’un sac à main de femme était déposé sur le siège passager et que le portefeuille de la propriétaire était intact, contenant une importante somme d’argent. Ils écartèrent d’oce le vol comme mobile de cette présence suspecte, convaincus que si la propriétaire avait été victime de vol, son portefeuille au-rait été vidé de même que certains gadgets précieux trouvés dans son sac à main et dans la voiture auraient été enlevés. En outre, si des gens avaient volé sa voiture ailleurs pour l’abandonner là, ils n’auraient pas hésité à se servir dans son
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