Traces de vie
22 pages
Français

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Traces de vie , livre ebook

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Description

Quelque part sur une plage déserte les hommes découvrent un formidable cadavre. L'évènement bouleverse le monde…

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 février 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782379798511
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0150€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Traces de vie



José Santo Sempevrirens

© 2022
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Chapitre I : La baleine morte



Il était étonnant de constater que sur et dans ce corps immense qui naguère n’était qu’une cathédrale de vie, entièrement constituée d’éléments innombrables mus par la biochimie, il ne demeurait pas la moindre trace de ce que l’on appelle vie.
Pas une des cellules de ce gigantesque amas organique n’était animée de la moindre vibration.
Bien que la baleine échouée soit déjà là depuis fort longtemps, aucune bestiole, aucun vers, aucun œuf n’apparaissait à l’œil non plus qu’à la loupe (il était difficile d’amener un équipement de laboratoire sur ces côtes éloignées, aussi devait-on se contenter d’instruments rudimentaires).
Le corps immense, rejeté par le flot, ne laissait pas d’impressionner : Plus de trente mètres de long, le poids de cinq camions, une caudale grande comme un empennage d’avion et surtout un immense pénis.
Échappé des plis protecteurs, il pendait, inerte, sur le ventre de l’animal. Les experts en avaient déduit que c’était un mâle adulte.
Un monument de vie et pourtant un cadavre.

À droite comme à gauche du cétacé échoué il fallait parcourir pas loin de 45 kilomètres avant de trouver un accès à la côte. Quant à y venir directement par les terres, au droit de la charogne, si l’on peut appeler charogne un cadavre qui ne porte aucune trace de putréfaction bien qu’il soit là depuis bientôt dix-huit mois, il ne fallait pas trop y compter. Deux cents kilomètres d’une forêt dense et sauvage séparaient la grève des routes carrossables. Sous l’infinie canopée le sol de la selva était tailladé de rios furieux et vertigineusement profonds qui coupaient court à toutes les audaces.
L’on comprend aisément que le site même ajoutait à l’étrangeté de la situation.
Aussi lorsque les locaux, partis à la recherche de pêches miraculeuses le long de ces côtes poissonneuses, découvrirent la baleine, ils recherchèrent immédiatement de l’aide auprès des villages voisins… Ce n’était pourtant pas la pratique habituelle dans le coin. La taille de la découverte, la difficulté que représentait son dépeçage sur place ou plus encore son transport pouvaient expliquer cet appel à l’aide. Mais il y avait autre chose.
Ils avaient pris peur. Une fois la joie de la découverte passée et les riches perspectives des utilisations possibles de la montagne de chair toutes dûment envisagées et soupesées, ils avaient eu le loisir de remarquer que pas un oiseau ne volait dans le ciel, pas un crabe ne traînait sur la plage, pas un insecte ne bruissait dans l’air. Rien. Il n’y avait rien d’autre que le cadavre, frais, inerte, inaltéré. D’ailleurs l’océan lui-même était immobile. Jusqu’à l’horizon les regards des pêcheurs se perdaient dans un calme plat, ou, plus exactement, une zone sans vie.

Arrivées à leur tour sur les lieux d’un échouage que les découvreurs décrivaient, faussement, comme providentiels, les tribus voisines conviées à la curée avaient immédiatement compris que l’aubaine promise par les pêcheurs n’en était pas une. À peine débarqués des pirogues, les hommes songeaient déjà à repartir. Les arguments pour ce départ sans délai ne manquaient pas : soit le temps menaçait-il, ce bien qu’il n’y ait pas un nuage, soit la main-d’œuvre était-elle insuffisante, bien que l’on atteignît à certain moment le millier d’hommes, soit encore quelque dieu, nouveau ou totalement incompétent était-il soudainement hautement concerné, courroucé même, et conséquemment il ne fallait pas traîner une seconde de plus. En bref tous accordaient rapidement, dans un bel accord et une réelle unanimité, qu’il ne fallait pas traîner dans les parages voire dans la région. Jamais les pirogues et autres embarcations, même grossières, ne voguèrent aussi vite à la surface, il est vrai anormalement lisse, de cet océan soudainement trop tranquille.
Bref, tous vinrent, tous virent et tous partirent, sans demander leurs restes ni ceux de la baleine.

Cette agitation humaine constitua la seule activité animale, disons même le seul mouvement, autour de la dépouille durant une bonne année.
Quant à la baleine, elle demeurait, monumentalement impeccable, sans le plus petit signe d’affaissement, la plus infime ridule, la plus minime craquelure indiquant, enfin, l’action puissante et normale du temps.
Alentour la plage de sable blanc connaissant singulièrement une virginité nouvelle et figée. Les crabes, les oiseaux pêcheurs et les hommes n’y laissaient plus de traces. Quand bien même ils daignaient faire une escale brève et gourmande auprès du cétacé mort, leurs pattes, serres et pieds ne laissaient pas d’empreintes. Ce fait, très troublant et déstabilisant, ajoutait à la rapidité de leurs visites.
Chapitre II : Le saint frère Rodriguez



La zone d’échouage du rorqual bleu n’était pas si éloignée du Vatican qu’il n’y eut localement un saint quelque chose, frère, père ou simplement chargé de commerce, représentant les intérêts de la sainte Église. Dans ces contrées le susdit chargé des pouvoirs catholiques s’incarnait en un nommé Rodriguez. Très beau garçon selon les critères locaux, il promenait avec une certaine bonhomie un poitrail creux mais velu au-dessus d’un estomac rebondi mais lisse. Ce ballon luisant faisait assez fidèlement écho à celui de sa calvitie. Naturellement coquet, il poussait la perfection de son physique à une parfaite et très élégante symétrie inversée ventre dos. À savoir que ses fesses poilues et très rondes soulignaient la très grande cambrure de ses reins. Pour couronner partiellement cet ensemble harmonieux et rythmé de pleins et de vides, il avait choisi de conserver une couronne de cheveux façon tonsure, coupe justement à la mode dans ces contrées sauvages.

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