SUR LES TRACES DE MON OMBRE
238 pages
Français

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SUR LES TRACES DE MON OMBRE , livre ebook

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Description

« Dis-moi François, il faut que je te demande.

– Je t’écoute.

– La première fois où tu m’as contacté pour que je vienne à ton domicile, que voulais-tu vraiment savoir et comment m’as-tu trouvé ?

– Mon cher Jean, je vais te dire...

À ce moment précis, Marie appela François sur son portable pour qu’il la rejoigne.

– Mon cher Jean, te disais-je, je suis obligé de te quitter, ma femme est en panne sur une route de campagne. »

Jean était déstabilisé, pour une fois qu’il osait parler à son ami de la grande question, il fallut que le hasard s’en mêle pour interrompre cette discussion. Mais en fait de coïncidence, n’était-ce pas plutôt son destin qui se déroulait sous ses pieds et refusait de lui livrer ses secrets ? »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juillet 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414346455
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0067€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

JeanFrançois d’Ardillières
SUR LES TRACES DE MON OMBRE
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Pour Catherine, Sébastien et tous ceux qui ont bien voulu m’accompagner sur la route
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Quand Jean rencontre François
Ce qui frappa Jean en entrant dans la maison, ce fut d’abord la physionomie de François. La soixantaine, une tête dégarnie de cheveux, un corps aux épaules larges pour une taille d’environ 1,70 m. C’était exactement sa propre silhouette, comme le reflet de son image. – Entrez dit François. Jean franchit la baie vitrée et non pas la porte, cette dernière étant bloquée par le coussin de l’énorme Terre-Neuve de la maison, une chienne noire de 75 kilos qui, à défaut de mordre, décorait immanquablement de bave le pantalon des personnes entrant dans la demeure. F– Couché Tinta ; ne vous inquiétez pas, elle est très gentille. Jean prit un air rassuré mais ne quittait pas des yeux l’animal qui lui faisait plutôt penser à un ours brun qu’à une chienne. La demeure n’était pas très grande mais de bon
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goût : des meubles en merisier, un ensemble canapé-fauteuil en cuir rouge et pour le côté salle à manger, une table rectangulaire en verre et armature métallique que François avait certainement choisie pour ne pas étouffer la pièce. Une grande étagère, chargée de coupes et de trophées – tous en argent – précisa l’hôte devant le regard interrogateur de Jean, marquait le passage d’un espace à l’autre. François s’assied dans un profond fauteuil et invita Jean à en faire de même sur le canapé. F– Un café ? J– Volontiers, répondit Jean en s’asseyant à son tour. Ce dernier était certainement maniaque. La manière de positionner les dessous de tasse, ni trop à gauche, ni trop à droite, d’essuyer sans tarder une goutte d’eau aventureuse qui ne resta pas longtemps sur la glace de la table basse, étaient autant de signes d’une personnalité ordonnée. François se sentant observé sourit. F– Je sais, ma femme dit souvent que j’ai des tocs. J– Tout l’inverse de moi. Tout en buvant leurs cafés, les deux hommes s’observaient. J– Vous vouliez me rencontrer ? demanda Jean F– Oui, cela fait longtemps que je souhaite avoir une discussion avec vous. J– Longtemps ?
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F– Environ 40 ans. J– Pourquoi ne pas m’avoir contacté avant ? F– Je pense que ce n’était pas le bon moment. J– J’admire votre patience ! Plaisanta Jean Les deux hommes ne se connaissaient pas ou du moins n’avaient-ils pas cherché à se rencontrer, le mystère autour de cette entrevue excitait Jean qui détailla à son tour son interlocuteur. Les quelques kilos de trop de François laissaient à penser que ce dernier aimait la bonne vie mais comment pourrait-on aimer la mauvaise vie pensa-t-il en souriant. F– Quelque chose vous amuse ? J– Non, rétorqua avec un bel aplomb Jean. F– Aimez-vous la musique ? J– Je l’écoute du réveil au coucher. F– Les cigares ? J– Seulement si ce sont des havanes. F– Le bordeaux, la gastronomie ? J– Bien sûr ! F– La vitesse, les sports mécaniques ? J– Ce sont deux de mes passions. F– La mer, les bateaux ? J– Assurément, je suis un ancien de la Royale ! Mon cher François, je ne sais pas trop ce que vous attendez de moi mais vous me plaisez ! A défaut de bien comprendre la curiosité de François, Jean se félicitait d’avoir accepté ce rendez-vous.
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Il regarda discrètement sa montre, déjà 15 h 00. Cela faisait 30 minutes que François lui avait ouvert les portes de sa maison et une impression de retrouver un vieux complice s’empara de lui. J– Etes-vous baulois, c’est ainsi que l’on dit ? F– C’est comme ça que l’on dit. J’habite La Baule depuis 5 ans mais je suis d’origine parisienne, en fait nous nous sommes installés ici un peu par hasard, à l’occasion d’un été. Mon fils m’ayant fait remarquer qu’un coucher de soleil avait quand même plus de gueule sur la baie qu’au-dessus d’une station de métro, l’argument était irréfutable, nous avons déménagé. J– Quel âge avez-vous ? F– Bientôt soixante ans. J– Tout quitter comme cela à soixante ans ne vous a pas fait peur ? F– Seule la mort me fait peur ; les morts ne bougent pas, alors tant que nous sommes vivants, bougeons ! La vie c’est le mouvement, regardez votre montre. Que faîtes-vous quand elle est arrêtée ? Vous changez la pile ou vous la remontez pour qu’elle reparte. Ces deux aiguilles ne servent à rien si elles ne bougent pas, incapables de fournir la moindre indication sur le temps qui passe et pourtant il passe mais votre pauvre montre, elle, est out, sortie du jeu, seule une main rédemptrice pourra lui redonner vie : sans cela point de salut, elle est morte. Jean s’amusait à regarder François s’enflammer sur
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une simple question de déménagement. Cette passion pour voyager, ne fût-ce qu’en France, lui semblait étrangère, depuis le commencement de sa vie d’homme il était en quête d’un port dont il ne bougerait plus, un endroit où il verrait ses enfants et petits-enfants grandir pour qu’un jour ils soient les spectateurs privilégiés de son grand départ. J– Le temps est-il donc si important pour vous ? F– Pas particulièrement le temps mais ce qu’il nous autorise à faire. J– Vous-même, êtes-vous quelqu’un d’actif ou de passif, lui rétorqua Jean ? F– Ni l’un ni l’autre, un jouissif, ou tout au plus, un condensé des deux. J– À la bonne heure, vivez lentement ou dans la folie mais toujours librement et passionnément. F– Passion et liberté ; pensez-vous que ces deux mots puissent se conjuguer ?
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