Sous les flamboyants
124 pages
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Sous les flamboyants , livre ebook

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Description

« Sous les flamboyants » est l'expression d'une époque qui a connu des expériences pénibles ; mais aussi des périodes glorieuses pendant lesquelles l'âme populaire a produit une riche moisson d'idées vives. Les événements y sont décrits avec une sauvage liberté certes, mais qui peut être à la base d'un processus d'expression littéraire dont le souffle peut éveiller les consciences et porter à un nouvel humanisme. La respiration profonde des mots qui nomment les hommes et les choses dépasse toute situation particulière pour prendre une connotation plus étendue. Dans cet univers, les séismes d'espérance et les déluges d'énergies engendrent la passion de ceux qui ont et l'angoisse de ceux qui n'ont pas. Une société où la haine et la violence montrent la laideur de l'homme jusqu'au bout de l'absurdité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 novembre 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782342058536
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous les flamboyants
Eugène Gampaka
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Sous les flamboyants
 
 
 
À ma femme Rose,
À mes enfants .
 
 
 
 
 
 
 
C’était le climat des années où l’inconfort et l’insécurité étaient le lot quotidien des gens simples. Les sans-travail vivaient dans la crainte de la misère extrême, et ceux qui en avaient craignaient le licenciement et le chômage. Dans une société basée sur l’exploitation et l’égoïsme, où l’homme était un loup pour l’homme, les contingences implacables qu’elle engendrait prenaient pour l’homme quelconque des apparences de fatalité le guettant sans cesse comme l’ignorance de ses ancêtres les faisait croire à des choses insaisissables, mais qui ne l’étaient pas dans la réalité. Tout événement de la vie quotidienne, fût-il heureux, suscitait la crainte devant l’incertitude que pouvait apporter le lendemain. Perquisitions, arrestations, interrogatoires, procès, licenciements et autres mesures répressives étaient le lot quotidien gris et inévitable de la plupart des gens. Ce climat hostile aiguisait la soif naturelle de tout être humain de partager ses impressions, d’apprendre quelque chose par autrui et d’affermir sa propre foi qui poussait les gens à se chercher, à créer dans cet environnement féroce, un milieu de camaraderie, à se rencontrer dans des endroits déterminés pour la circonstance ou par l’habitude.
 
 
 
Une traversée inoubliable
 
 
 
La jeune dame fixait, comme hypnotisée, l’immense lac qui scintillait au soleil déjà haut dans le ciel. Le rang bougeait à peine un mètre toutes les dix minutes. La grande cour du beach enivrée de chaleur était très animée. Les voyageurs descendus du bateau qui venait d’accoster, se bousculaient entre les agents des services de douanes et autres services de contrôle et de sécurité, exhibant leurs papiers de voyage. Les porteurs se frayaient brutalement le passage dans la foule bigarrée, ployant sous le poids des cartons ou balluchons qu’ils portaient sur la tête ou attachaient au dos.
 
Ce fut enfin le tour de la jeune dame d’entrer dans le petit bureau du service de l’émigration. Elle tira sa grosse valise à roulettes en mordant sa lèvre inférieure.
— Vous, attendez là, dit l’agent à la jeune dame. Le suivant, avancez !
La jeune dame s’écarta de la ligne d’un demi-mètre, fixa l’homme et ne dit rien. Le fonctionnaire de l’émigration était grand et élégant dans son uniforme kaki impeccablement repassé. Quatre voyageurs étaient passés sans qu’il appelle la jeune dame. Celle-ci ne s’en était d’ailleurs pas aperçue, toute son attention étant accaparée par la bruyante scène du port. Une pirogue chargée remontait péniblement le courant du lac, à coups de pagaie d’un homme trapu aux muscles saillants.
— C’est votre tour madame, dit enfin l’homme.
La jeune dame sursauta, se retourna et réalisa qu’elle était restée seule à l’entrée du bureau de contrôle. Elle tira sa grosse valise et pénétra dans la petite pièce.
— Laissez votre bagage ici et venez.
Après avoir pris les papiers que lui avait tendus la jeune dame, il lui indiqua, du bout de son stylo à bille, une autre pièce que cachait un rideau qui avait été bleu, maintenant jauni par la poussière de l’argile. Elle hésita un petit instant avant de faire un mouvement dans la direction indiquée. Elle fit trois pas, écarta le lourd tissu et disparut dans la pièce éclairée par une ampoule couverte de poussière. L’homme l’y rejoignit presque aussitôt.
— Tenez votre carte nationale d’identité, l’identification ce n’est pas ma spécialité, dit l’homme, debout à quelques centimètres seulement de la poitrine de la jeune dame.
Il se mit à lire rapidement les autres papiers. Elle attendait, les bras croisés sur le bas du ventre comme à l’église au moment de l’évangile. Une ceinture rouge ceignait sa taille de mannequin sur une belle robe légère à fleurs. Ses yeux fixaient un calendrier vieux d’une année, seul papier accroché au mur de la sordide pièce.
— Qu’avez-vous dans votre sac, demanda-t-il.
— Rien… rien… balbutia la jeune dame, quelques objets de toilette.
L’homme remarqua la blancheur de deux rangées de dents que cachaient de grosses lèvres gourmandes. Spécialiste en émigration, il devait également être bon connaisseur en matière de femmes. Il s’approcha d’un pas et ne fut qu’à quelques millimètres de la voyageuse.
— Maintenant, nous allons passer aux choses sérieuses, dit-il. Baisser les bras.
La jeune dame s’exécuta. Les mains de l’homme se posèrent doucement sur les seins fermes et y restèrent. Elle fit une moue pour montrer à l’homme qu’elle mettait ce geste à la routine de son métier. L’étreinte dura. La jeune dame recula d’un petit pas. Et d’un petit pas, l’homme couvrit l’espace qui les séparait. À ce moment, le bateau siffla un long coup.
— Il va partir, madame, dit l’homme.
— Oui, oui, fit la jeune dame
— Calmez-vous, simple formalité, c’est le règlement, dit l’homme qui sentit un petit énervement dans le regard de la jeune dame.
« Le règlement, le règlement… », se répéta-t-elle au fond du cœur.
Ses yeux aux longs cils ne regardaient pas l’homme qui la dominait de toute sa grande taille. Les mains expertes de l’homme descendirent le long du corps souple et s’arrêtèrent au niveau des reins. La jeune dame regardait maintenant, sans le voir peut-être, le vieux contre-plaqué du plafond troué par endroits par les gouttes de pluie. La main droite de l’homme se mit à déboutonner avec une dextérité inouïe la robe de la jeune dame au-dessous de la ceinture.
— Non, dit doucement la jeune dame en reculant d’un pas.
— Bien, prenez votre valise et rentrez chez vous, menaça l’homme.
La jeune dame ferma ses yeux. Elle pensa qu’elle était très attendue là-bas, à quelque cinq kilomètres. Une nuit de fête et un voyage à l’étranger le lendemain. Autant de raisons de ne pas rater la traversée. Elle se résigna à la fouille.
— Il faut que je traverse, dit-elle d’une voix suppliante.
— Finissons-en donc madame, dit l’homme en conquérant.
Il avança. La jeune dame sentit une sorte de grosse limace se tortiller sur son petit nombril enfoui. Elle tenta de s’écarter, mais ses jambes tétanisées refusèrent tout mouvement. Sentant la faiblesse de sa victime, l’homme écarta les deux pans de la robe.
— Tombez votre sous-vêtement, dit-il. Quatre mots qu’il avait certainement déjà dits à des dizaines de jolies dames dans ce petit bureau mal éclairé et sentant l’odeur de l’argile humide.
Elle ouvrit grande sa bouche, mais aucun son n’en sortit. Elle voulait crier pour alerter les gens du dehors. Mais, était-ce nécessaire en ce moment précis ? La fête, puis le voyage l’attendaient de l’autre côté du fleuve qui semblait s’immobiliser pour assister à ce cynisme. Elle rameuta plutôt ses pensées pour banaliser cette fouille. Le bateau siffla une deuxième fois.
— Il va maintenant partir, madame.
La jeune dame regarda l’homme dont les yeux avaient subitement changé. Du dos de sa main rugueuse, il essuya son front ruisselant de sueur. La jeune dame se mordit rageusement la lèvre inférieure pour étouffer une boule qui, en d’autres circonstances, aurait éclaté en un déluge de larmes. Mais, pleurer ou crier dans ce petit bureau n’arrangerait rien. Personne ne l’entendrait hors des murs de béton épais. Et ce serait sans doute la fin du voyage.
« Le retrait de deuil de ma belle-sœur, le voyage… il faut que j’aille ».
La jeune dame baissa ses yeux et vit son sous-vêtement affalé sur ses chevilles. « Mon Dieu, quand et comment l’a-t-il descendu ? ». Elle porta sa main à la bouche pour étouffer un cri d’horreur, leva un regard chargé de pitié sur l’homme qui se tenait là, le corps dégoulinant, mais imperturbable.
L’agent de l’émigration comprit qu’à présent, tout était consommé. Il regarda rapidement à gauche et à droite comme s’il voulait s’enquérir de toute absence humaine dans la petite pièce. Une petite table était non loin d’eux sur laquelle somnolait un gros registre poussiéreux. L’homme poussa doucement la jeune dame contre l’unique meuble du bureau. Son gros doigt s’inséra entre les deux grosses cuisses. La jeune dame sentit la chair de poule envahir tout son corps. Tout sembla tourner autour d’elle. Elle se souvint soudain de sa première rencontre sexuelle avec un homme. Puis, son esprit se transporta à l’autre bout de cette abomination. Elle vit son mari, sa belle-sœur, ses amies… quelle fête ! Et… le voyage à l’étranger. Manquer toutes ces joies à cause d’une « simple formalité » ? Mais, qu’est-ce qu’elle durait ?
 
L’homme saisit la dame avec ses bras robustes et l’allongea à côté du registre. D’un mouvement du pied, il lui écarta les jambes. Elle n’opposa aucune résistance. Cela ne servirait à rien d’ailleurs. La jeune dame sentit la grosse limace sur son sexe nu. Elle banda ses muscles pour rendre son corps insensible à toute sensation, même au plaisir, et éloigner son esprit de cet enfer.
 
La petite table se mit à grincer sous leurs poids. L’homme, haletant, se mit à exécuter un mouvement de va-et-vient désordonné auquel sa martyre ne répondit pas, le regard fixé sur la fleur qui ornait le vieux calendrier, seul témoin de cet inique viol. La respiration de l’homme se fit de plus en plus saccadée, puis le mouvement s’arrêta net. Il passa une main molle sur la joue de la jeune dame.
— Bergina, vous êtes exceptionnelle. Merci, vous êtes en règle.
Il se retira doucement, rehaussa la tirette de son uniforme avec un sourire au coin des lèvres. Elle ne di

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