SILENCES ET DOUBLES CROCHES
50 pages
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Description

On pourrait parler du roman de la musique. Pour Marie-Agnès Courouble celle-ci appelle les mots, la peinture appelle la pensée, les émotions se mélangent, ce livre n’a donc rien d’un roman, ce sont des vagabondages, comme des petits voyages à la lumière des sons, chaque musicien est source d’inspiration, il crée une histoire de vie, libre à nous d’y trouver la beauté, la douleur, la frivolité, la profondeur. Les sentiments prolongent les sons, l’aventure nait comme un ruban qui se dénoue, elle cabriole, s’amuse à illustrer les couleurs de la musique, à faire danser en nous des élans inattendus, parfois surprenants, nous les sentirons au fil de l’imaginaire.

Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2019
Nombre de lectures 1
EAN13 9791095453413
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0750€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

silences et doubles croches


Du même auteur :
Aux franges de l’éveil. Pierre Chave, Vence, 1987
(Avec des lithographies de Théo Tobiasse)
Mort derrière le mur. Albin Michel, Paris, 1993
Songe noir. Laure Matarasso, Paris, 1994
(Avec des eaux fortes et des aquarelles de Gérard Morot-Sire)
Ciel cassé. Éditions Tipaza, Cannes, 1997
(Avec des lithographies de Gérard Eppelé)
L’Envers du monde. La pointe Badine, Nice, 1998
(Aves des eaux fortes de Michel Joyard)
Et si vous étiez Musset… Les Éditions Varia Montréal, 2000
Visages nus, Éditions Mélis, Nice, 2000 (Préface d’André Verdet)
Sept heures d’absence. Les Éditions Varia Montréal, 2002
L’Homme de Berlin. Éditions du Losange, Nice, 2006
Pour l’Amour de Chair. Éditions du Losange, Nice, 2006
La femme clandestine. Éditions du Losange, Nice, 2009
La mère de Pierre. Éditions du Losange, Nice, 2010
Le Syndrome de Stockholm. Éditions du Losange, Nice, 2011
Dance for love. Éditions Sudarène, 2015
L’Homme de Berlin (réédition). Éditions La Gauloise, Nice, 2016
Le Voilier Bleu. Éditions La Gauloise, Nice, 2017
Mort derrière le mur (réédition). Éditions La Gauloise, Nice, 2017
Devoirs de vacances. Éditions La Gauloise. Nice2017
L’enfant sous un saule pleureur. Éditions La Gauloise. Nice 2018
N’importe où. Éditions La Gauloise. Nice 2018
Et en plus, elle s’appelle Garance. Éditions la Gauloise,
St-Laurent du Var, 2019
Silences et doubles croches. Éditions la Gauloise
St-Laurent du Var, 2019


Marie-Agnès COUROUBLE
silences et doubles croches
Nouvelles
Les Editions La Gauloise
Série La Gauloise courte


Maquette de couverture INNOVISION
Crédit photos – Adobe Stock
Tous droits réservés pour tous pays
Copyright 2019 – Les éditions La Gauloise
2474 avenue Emile Hugues, 06140 Vence
ISBN : 979-10-95453-75-8
ISSN : 2607-9666
Silences et doubles croches


À ma mère, violoniste.


DEBUSSY
Il a allumé sa lampe de chevet, il est sorti de son lit, il s’est habillé.
La mer murmurait, puis s’amplifiait à ses oreilles dans un torrent de vibrations, elle lui ordonnait de venir, de s’évader des chagrins imbéciles ou enfantins. Elle existe pour les recouvrir comme le sable qui n’a pas son mot à dire.
La mer l’entendit se lever, se terra dans un creux de silence comme si c’était un silence éternel. Ce n’était pas un vrai silence.
Il était déjà dans son garage, il mettait sa voiture en route.
La nuit. Alors qu’il se saoulait de souvenirs inutiles, qu’il pleurait ses amours perdues, sa vie tricheuse, en des mélopées sans beauté, sans rythme, sans apaisement délicieux… La nuit, soudain, pleine d’espoir.
Il prit la route, la mer l’accompagnait en douceur.
« Ne te trompe pas ! Réveille-toi ! Ne fais pas l’idiot, il y a des arbres, de très beaux arbres, même ceux qui ne servent à rien. Moi je sers à tout, à la vie, à la mort, à la tempête, au doux balancement du silence. Je t’attends avec la patience d’un ange aux ailes déployées, il vole au-dessus de mes vagues, les effleure amoureusement pour que tu dormes mieux que dans un lit quelconque, mieux qu’au ciel devenu banal dans ses ébats. » Elle murmure, grogne, se fâche.
Il est aussi fâché contre lui-même, sa vie, tous ses écarts, ses coups de bluff, ses impatiences, ses fausses patiences. Il conduit comme on va à la pêche, il a dans le coffre ce qu’il faut pour appâter les vagues désordonnées ou plates et ridicules.
Dans un tournant, la mer lui chuchote : « Ravale cette eau de tes yeux, elle ne sert que pour la frivolité des femmes belles, ou inconstantes, ou idiotes. C’est une eau courante. »
Au tournant suivant, elle rit comme une folle parce qu’il s’est trompé de route, elle s’éloigne.
Alors, elle étire ses vagues somptueusement, heureuse sous la lune qui rigole aussi.
Dieu que c’est compliqué ! Ces routes qui tournent, ces pancartes, ces ronds-points, quel désordre ! Le désert de la nuit est tout de même encombré. Il se dit qu’il aimerait connaître la grande étendue nette du vrai désert. On va tout droit. On descend, il vous attrape comme la plus étonnante des femmes. Ici, tout se déplace, la route surprend, certains arbres sont évanescents, d’autres sont indispensables et d’autres dangereux.
La mer rit toujours mais avec plus de retenue, de douceur. Elle est digne, la mer, elle aime cet homme qui l’aime, capable de quitter son lit pour elle, de quitter la nuit chagrine pour elle, conduire dans ce fatras de chemins pour elle. Quel type ! Elle étrangle quelques vagues encore dérangeantes, les discipline, se prépare pour le plus allègre bain de minuit du monde.
Plongera-t-il nu ou tout habillé ? Elle connaît le frileux horaire des nuits bourrées de frissons. Inhumaines parfois. Elle s’acharne à chasser l’aube qui la force à reculer, se fondre, perdre l’orgueil magistral de la marée haute.
Et lui ! Ses peines multiples volent en éclats de mer, il se rapproche. Il imagine. Il se met aussi à songer à des balades dans les profondes forêts de Laponie… Les traineaux glissent, les chiens s’adaptent, leurs pattes s’accrochent à la neige en douceur comme pour un mariage avec la forêt.
Lui aussi glisse sur la nuit. Les arbres deviennent des cadeaux. La mer ensorcelle son oreille, comme un cheval derrière ses barrières hennit en voyant son maître se rapprocher pour l’emmener, le faire galoper…
Il freine aux feux rouges par convention. Il respecte le silence des champs, roule plus lentement, étouffe le bruit des vitesses. Le moteur a tendance à ronger la nuit devenue muette. Tout s’affine. Les villes s’éloignent.
Il sait qu’elle apparaîtra au dernier détour, comme au bord du monde. Exclusive et prête.
Il commence par rouler le long d’elle, comme pour l’apprivoiser. Puis il arrête sa voiture. Tout est silence, sauf les premières vagues, elles s’assourdissent, elles l’invitent à voix basse. Elles ourlent le sable d’une légère écume blanche.
L’aube tarde, semble retenir sa première lueur pour les laisser se trouver, la mer et lui.
Il s’est déshabillé, il est nu, entièrement nu, sans hésiter il avance, franchit les premières ondulations et plonge. Elle s’est chauffée pour lui, ce n’est plus la glace de la nuit, il entre dans son espace démesuré qui l’enlace, embrase son corps, l’épouse parfaitement.
Ils se reconnaissent.
Deux amours folles, deux silences rejoints, confondus, ils s’enroulent et ne font qu’un. Les longs bras tendres de la mer le frôlent, puis atteignent chaque parcelle de son être, son corps est décuplé par la force merveilleusement nerveuse de cet amour, il répond, se mélange à l’immensité pudique, elle est la première de sa vie, il respire, soupire, la maintient contre lui telle une arme invincible. Elle se fait souple, elle en oublie ses colères, l’ensevelit dans son grand mouvement d’espérance et d’oubli.
Il jouit dans la mer.
Quand son corps nu sans plus aucun frisson flotte gaiement face au ciel ébahi, il a envie de chanter. L’aube se tient coite.
Le lendemain matin il entre au bureau, un peu titubant, l’œil chaviré, il émeut la petite Amélie qui lui dit avec affection : « Vous avez l’air heureux et fatigué. »
« Je le suis, Amélie, je le suis. »
Il s’assied à son bureau et replonge avec un sourire, dans des comptes irrémédiablement foutus.
***


ERIC SATIE
Dans les coulisses, elle essaye encore ses pointes, le cœur aux abois…
C’est tout de suite.
Une entrée presque ambiguë. Elle n’aime plus être un cygne mais la foule aime encore. Les notes frémissent, s’égrènent de l’humble piano, la font s’élancer. Il est derrière elle, il la tient très serrée par la taille, entre eux se développe une lente euphorie, une liesse discrète, une intimité coupable et silencieuse. Il la lâche, elle ne tombe pas, elle court, se courbe, l’attend, bras arrondis, les notes s’éparpillent, il s’élance dans une voltige tout aussi coupable. Les notes les font sombrer dans la douleur de l’union malgré tout, en des gestes si accomplis qu’ils pourraient déranger la fatalité, mais soudain ils courent ensemble, le son presque ignoré les fait se tenir l’un contre l’autre dans une idylle éperdue, ils semblent briser le silence de certaines notes inaccessibles, ils s’alanguissent. Mais où vont-ils ? Où courent-ils ?
Un nuage est-il passé ? Un soleil épris les a-t-il avalés ? Non. Ils tourbillonnent et voltigent encore.
La foule retient son souffle.
Rien n’est jamais fini sur ces sons incongrus, les pas réunis ne semblent plus souffrir du doute, ils se confondent. Il la tient délicatement, la possède. Mais elle s’en va et le piano s’éteint.
Dans les coulisses il rugit.
Tu as très mal dansé. Je te déteste.
Je le sais, dit-elle en déchaussant son pied ensanglanté.
Tout au fond du chausson, une lame de rasoir brille.
***


MOZART
Madame la comtesse de la Soupline prenait le thé avec madame la baronne de Pantoise.
Dans le salon bleu, bleues sont les bergères avec une note d’or par-ci par-là.
Bleu trépassant sur les murs, bleus les poufs arrimés au pied des fauteuils, climat suave, porcelaine de Chine garantie avec, sur les bords, des larmes mordorées.
Les deux dames chatouillaient leurs souvenirs, dépouillaient les dernières qualités de leurs amies proches, posaient un châle d’oubli sur les férocités de la vie.
Les heures étaient à ravir. Un chant intime semblait les enrober dans ces bleus et ces ors, les vibrations malfaisantes de la méchanceté s’estompaient sur les jolies tasses que des lèvres encore aguichantes effleuraient avec précaution. Tout était précaution. Cependant les bergères un peu usées sous l’assise des superbes comtesse et baronne ravivaient peut-être leurs couleurs aristocratiques, les cruautés légères devenaient une harmonie, elles enchantaient et évitaient de b

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