Sculpteur de fantasmes
216 pages
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Sculpteur de fantasmes , livre ebook

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Description

« Aujourd’hui, j’ai décidé de tuer un homme. Un homme qui a pourri une partie de mon existence, et que je veux voir disparaître afin de me libérer de la mauvaise influence qu’il a sur moi. Cet homme s’appelle Victor et il va mourir... Ça va le surprendre, car il ne s’y attend certainement pas, et à mon avis, il ne s’en remettra pas. »
Sculpteur de fantasmes raconte comment un homme va se débarrasser d’une part de lui-même encombrante et toxique, issue d’un passé équivoque et néfaste. On a tous derrière soi une histoire dérangeante dont on aimerait se défaire pour mieux avancer dans la vie : on peut tenter de l’oublier ou de l’enfouir sous le poids des souvenirs ; et puis, on peut aussi tenter de la faire disparaître en tuant symboliquement celui qui l’a vécue.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414338146
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Titre













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue Président Wilson – 93210 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-33815-3

© Edilivre, 2019
Exergue


« On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu’on n’en a qu’une. »
Confucius
Prologue
Aujourd’hui, j’ai décidé de tuer un homme. Un homme qui a pourri une partie de mon existence et que je veux voir disparaître afin de me libérer de la mauvaise influence qu’il a sur moi. Cet homme s’appelle Victor et il va mourir… Ça va le surprendre, car il ne s’y attend certainement pas et à mon avis il ne s’en remettra pas.
Il faut que je me débarrasse de lui comme on se débarrasse d’un cancer qui vous ronge de l’intérieur et qui vous bouffe la vie. Je le ferai à petit feu, sans douleur et même sans me salir les mains… Mieux encore, je le laisserai se charger de la sale besogne aussi sûr que je m’appelle Victor…
Mais revenons à la réalité, à ma vie, qui m’a poussé petit à petit vers le constat amer que je viens de faire.
Je m’appelle Victor, je suis chef de publicité dans une grosse boîte de communication et dans mon domaine, je suis plus particulièrement chargé d’écrire et d’établir les plans médias et les scénarios des campagnes publicitaires. Toujours à l’affût du bon concept qui va révolutionner le monde de la ménagère de moins de quarante ans, je noircis des feuilles blanches qui se sont assombries au fil de mon inspiration déclinante. J’en ai bouffé du papier pour essayer d’accoucher de maigres idées qui m’ont laissé sur ma faim tellement elles étaient minces, si minces qu’on voyait le jour à travers, si minces qu’elles n’auraient pas nourri l’imaginaire du plus simple d’esprit.
Mais quand on fait la bonne rencontre, qu’on croise la bonne personne au bon moment, les choses sont plus simples. Là, c’est le tapis rouge de l’inspiration qui est déroulé, l’écriture devient facile, les idées sont toutes à la bonne place, il suffit de décrire les scènes vécues avec la personne en question, y mettre une pincée de commentaires personnels, quelques traits d’humour ou de pensées philosophiques selon le niveau intellectuel des futurs consommateurs et hop, roulez jeunesse, on embarque pour le récit étonnant de vérité d’une histoire qui n’en a pas encore. On ne passe pourtant pas pour un imposteur, mais pour un véritable créateur sauf pour la personne rencontrée plus haut. Elle qui n’a rien demandé qu’un peu de sincérité se voit voler une part de sa vie par un vulgaire scribouillard sans scrupule. Échanger de la vie contre des images, le marché semble terriblement déséquilibré, sauf que la publicité ne vole rien, les images ne sont pas cleptomanes, elles invitent plutôt au voyage, au rêve, à la belle échappée d’une vie trop étroite.
Chapitre I
Lorsqu’on me demande quelles qualités je recherche chez une femme, je peux en citer trois, essentielles à mes yeux, la féminité, la confiance en soi et la passion. Je sais, ça donne une liste bizarre, un amalgame hétérogène et pourtant quand vous aurez lu ce que je vais vous raconter, vous me comprendrez certainement…
Je ne vous demande pas d’adhérer à mes choix, ni de les suivre, mais plutôt de les imaginer, d’imaginer que ces trois qualités forment un tout, que ce tout forme une histoire et que cette histoire est issue de la vie d’une femme qui n’a jamais possédé aucune de ces qualités. La plupart du temps, on découvre chez l’autre des traits de caractère ou des particularités qui nous séduisent et constituent petit à petit nos critères de choix dans nos relations futures. Une sorte de discrimination positive qui nous pousse vers les uns plutôt que vers les autres. Cependant, il y a aussi des rencontres qu’on aurait préféré ne pas faire, riches d’enseignements mais douloureuses qui nous font comprendre ce qu’on ne recherche pas chez autrui. C’est ainsi, la vie met sur notre route des personnes chargées de nous éduquer…
Dans mon cas, cette personne s’appelait Adèle. Je l’avais rencontrée il y a trois ans dans un club hippique où je pratiquais l’équitation et vivait ma passion pour les chevaux. L’équitation est un sport très spécial et très original. C’est probablement le seul sport individuel complètement mixte où se mélangent indifféremment hommes et femmes, même si aujourd’hui l’équitation est devenue le premier sport féminin avec quatre-vingts pour cent de pratiquantes pour vingt pour cent de pratiquants. À croire que lorsque les hommes doivent se confronter aux femmes, ils ont vraiment du mal à résister : peur de perdre, peur de se confronter, peur de se ridiculiser ? Les écuries se sont donc progressivement transformées en terrain de jeu de la gent féminine et l’ambiance est loin d’y être charmante, elle peut même être parfois plutôt tendue par des rivalités et des jalousies dont le monde féminin s’est fait la spécialité.
Ainsi, les femmes règnent sur le monde de l’équitation et ce n’est pas près de changer. C’est qu’il en faut du courage à un homme pour s’introduire dans ce milieu et lorsqu’il y parvient il lui en faut encore plus pour y rester. Cela pourrait en faire rêver plus d’un d’évoluer dans un tel environnement, où l’homme devient vite le centre de toutes les attentions, de tous les regards, mais après quelques séances d’entraînement équestre, il faut venir équipé d’une armure afin de se protéger de toutes les sollicitations. Et ce n’est pas pour jouer les preux chevaliers, non, c’est pour pouvoir sortir indemne de toutes les histoires qui animent quotidiennement les clubs hippiques dans lesquels les femmes font régner une loi où l’homme devient vite une proie.
J’avais bien mis mon armure le jour où j’ai rencontré Adèle au club, mais j’avais dû oublier de baisser la visière. Je ne savais pas encore ce que cette erreur allait me coûter, mais les yeux bleus qui me fixaient intensément auraient facilement désarçonné le plus téméraire des cavaliers. Adèle n’était pas ce qu’on pouvait appeler une fille ordinaire. À l’inverse de celles qui veulent à tout prix se faire remarquer ou sortir du lot, elle circulait seule dans les écuries au milieu des chevaux et des cavaliers, distante et pas vraiment intéressée par ce qui l’entourait. Mais, si un animal ou un individu avait la chance de susciter son intérêt, une étrange lueur s’allumait au fond de son regard !
Ça, bien sûr, je l’ignorais le jour où je l’ai croisée en circulant le long des box. J’ai appris trop tard que ce regard pouvait être meurtrier, qu’il cachait une personnalité aux contours dangereux comme une route de montagne sur laquelle on aurait enlevé toutes les barrières de sécurité.
Ce jour-là, son regard s’était bien planté sur moi tel un clou que j’allais avoir du mal à arracher. On résistait difficilement à ses yeux perçants, à sa silhouette fine et élancée, à son léger sourire qui semblait ne pas en être un, à sa blondeur transparente, à sa peau diaphane, à toutes ces apparences qui vous accrochaient et semblaient emplies de promesses non identifiables, équivoques voire surnaturelles. Et pourtant tout semblait tellement naturel chez cette femme. Jamais un trait de maquillage, des cheveux mi-longs sans fioriture, elle était régulièrement vêtue d’un simple jean, un tee-shirt et des baskets. Aucune mise en valeur d’un quelconque semblant de féminité, mais plutôt un aspect androgyne qui pouvait s’expliquer par le milieu équestre dans lequel je la voyais évoluer. Elle avait sa propre manière d’être, cette façon bien à elle d’effacer toute marque visible d’une possible séduction comme pour dire aux hommes « ne m’approchez pas » et surtout : « on ne me choisit pas, c’est moi qui choisis ».
Une telle personnalité aurait pu faire fuir les hommes et écarter tous les prétendants potentiels, pourtant c’est l’inverse qui se produisait la plupart du temps. C’est ce genre de femmes aux apparences froides et inaccessibles qui font fantasmer les hommes : celles qui semblent impossibles à conquérir, celles qui semblent avoir renoncé à tous les artifices habituels de la séduction féminine sans jamais donner l’image formatée de la femme désirable, celles qui semblent à tout jamais inabordables et qui vous mettent finalement au défi de pénétrer dans leur monde intérieur…
L’homme est un être de défi, ou prétend souvent l’être, et quand le regard d’Adèle s’est fixé sur moi j’aurais dû me méfier. J’aurais dû me demander ce que signifiait cette invitation du regard, cette invitation à me rapprocher de cet être distant, cette invitation à rentrer dans un monde où mes repères risquaient de s’effacer. Ces femmes très belles et très froides sont finalement les séductrices les plus redoutables que je connaisse. Si elles ne donnent aucun signe extérieur de féminité, c’est pour vous obliger à franchir les portes de leur territoire personnel dans lequel elles règnent sans partage. Cette absence d’apparence féminine devient ainsi une véritable stratégie de conquête…
Mais tout ça, je l’ai compris bien après. Après que mon regard a répondu à son regard, que l’on a fait connaissance, que l’on est sortis ensemble, que l’on s’est un peu découverts, que l’on s’est un peu raconté nos vies réciproques, que l’on s’est un peu embrassés. Il est vrai que j’étais parfois mal à l’aise face à cette femme tellement froide et peu féminine à l’extérieur mais tellement ardente et complexe à l’intérieur et il arrivait que je m’interroge sur ce contraste qui engendrait en moi un début de frustration. Un simple début, car je n’étais encore qu’à l’orée du bois de la dépossession…
La frustration, il ne me fallut pas longtemps pour la vivre à fond : le temps de notre première relation sexuelle, un vrai fiasco ! Il est difficile de déshabiller une femme vêtue d’un jean serré, de bottines et d’un haut ajusté mais ça l’est plus encore de dév

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