Sang Larme
82 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Sang Larme , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
82 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Sur un quai de gare, il y a beaucoup de passage. Il y a surtout Darrel, qui quotidiennement vient chercher sa came.



« Tout le monde sait qu’il y a des inconvénients à la drogue dure, mais peu parle des avantages. Pourtant, il y en a forcément, sinon personne n’en prendrait. ».


Avec objectivité et réalisme, on découvre sa vie, ses rituels, ses émotions, sa recherche de stabilité dans sa relation avec « Hélène », ses succès mais aussi ses échecs dans sa tentative de reconstruction.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374474540
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SANG LARME
Fiction
Shone D.





SANG LARME


Fiction
ISBN format papier 978-2-37447-455-7
ISBN numérique : 978-2-37447-454-0
Octobre 2020- Imprimé en France
© Erato–Editions - Tous droits réservés
Couverture : © Erato–Editions - Crédits photos : Adobe Stock
Correction : FdKeyser - Suivi éditorial : E. Saracino
Cette œuvre est protégée par le droit d’auteur et strictement réservée à l’usage privé du client. Toute reproduction ou diffusion au profit de tiers, à titre gratuit ou onéreux, de tout ou partie de cette œuvre, est strictement interdite et constitue une contrefaçon prévue par les articles L 335-2 et suivants du Code de la Propriété intellectuelle. L’éditeur se réserve le droit de poursuivre toute atteinte à ses droits de propriété intellectuelle devant les juridictions civiles ou pénales
I Le dragon : un animal dangereux
Un ami avait donné le tuyau sur le ton de la plaisanterie. Dans sa tête, cette information avait résonné avec beaucoup de sérieux. Un goût de vérité. Son ami avait dit qu’il y avait des dealers sur le quai d’une gare, toujours aux mêmes heures. Darrel s’y était rendu le lendemain. Des quais de gare mal fréquentés et sales. Dans n’importe quelle ville, la gare, c’est une plaque tournante. Tout le monde sait ce qu’il se passe, c’est un repaire. Celle-là en particulier, les caméras de surveillance avaient été vandalisées il y avait quelques années. Et bien sûr, dans un petit village, cela mettrait encore longtemps avant une potentielle réparation.
L’inquiétude se peignait sur le visage des usagers quand ils attendaient leur train à seulement quelques mètres des dealers et des toxicomanes déjà cuits sur le béton. Des personnes allant sur leur lieu de travail, obligées de passer par ici. Impossible d’y être pour le plaisir, à moins de chercher des produits. Ces trafiquants faisaient peur et inspiraient souvent le mépris des costumes cravates, ces bons travailleurs, ou plutôt ces bons lèches bottes.

Il était allé voir un homme qu’il avait repéré, cherchant de quoi se défoncer. Il n’avait pas eu le temps d’aller jusqu’à lui, l’homme se rapprochait en demandant à voix basse, la tête baissée sous une capuche :
— Tu cherches de la came ?
Darrel se méfiait tout de même de ce milieu. Les consommateurs et vendeurs n’avaient pas les mêmes objectifs dans leurs démarches. Il y avait deux clans bien distincts. Les dealers étaient des commerçants ne cherchant qu’à faire de plus en plus de bénéfice, au détriment de la santé des clients. Ils s’amusaient à faire entrer de nouvelles personnes et à les pousser à la consommation, à des extrêmes parfois fatals. Qu’importe, ils se foutaient de tuer des gens avec leur merde, juste pour ramener plus d’oseille.

Au début de la relation, les revendeurs ont besoin du client, puis celle-ci s’inverse. Ils rendent les gens aussi dépendants d’eux que des substances. Tout comme les commerçants traditionnels, ils proposent différents produits à des prix intéressants. Jusqu’au moment où le consommateur ne peut plus s’en passer. Alors, là, ils augmentent les tarifs progressivement, abusant de la détresse des toxicomanes. Profitant des périodes de manque où le consommateur est prêt à payer plus cher pour avoir sa dose. De plus, les différents vendeurs se tirent dans les pattes quand ils ne font pas partie du même trafic. C’est la course au plus rentable .

Cependant, le clan des consommateurs est plus soudé. Il y a beaucoup d’entraide sur les façons de consommer, les différentes substances, la prévention des techniques utilisées ou même envers les dealers avec leurs marchandises et tarifs parfois excessifs. Ils n’hésitent pas à se refiler les bons plans et à faire la réputation des fournisseurs dans le milieu. Une image dont les trafiquants ont besoin pour assurer le fonctionnement de leur commerce illégal.
Ils s’informent sur la façon dont est coupée leur drogue avec d’autres produits pour en réduire la concentration, augmenter le volume de ce qui est vendu et donc, ramener le plus d’argent. Le problème, c’est qu’une telle pratique peut être dramatique.
Pour être vendeur ou consommateur, il faut des connaissances et de la conscience pour ne pas se lancer dans quelque chose que l’on ne peut pas contrôler. Il est important de maîtriser les différentes facettes de ce monde dont l’image est sombre. C’est pourquoi, la solidarité entre les consommateurs est un vrai avantage. Les anciens aident les nouveaux pour tout ce qui pourrait être dangereux pour eux et leur santé. Même si, malheureusement, on devient expert une fois qu’il est trop tard, qu’on est trop enfoncé dans la matrice.

Il lui arrivait de fumer des joints avec ses amis, souvent en soirée. Son corps s’était habitué et Darrel voulait prendre quelque chose de plus fort pour fuir la réalité. Les drogues dures l’attiraient. Il pensait que ça lui permettrait de se sentir bien pendant un court instant. Il questionna le dealer sur son stock. L’homme lui proposa plusieurs substances différentes, de l’héro à la cocaïne, en passant par le crack. Il lui présenta aussi du cannabis, qu’il connaissait déjà. Darrel, muni d’une fausse assurance, rétorqua :
— C’est trop faible ça !
Alors il décida de prendre de l’héroïne. Cette drogue synthétisée à partir de la morphine présente dans l’opium. Elle permet aux consommateurs de se sentir bien, en mettant au repos des fonctions du système nerveux, et remplace la production d’endorphine, l’hormone qui se bat contre la douleur physique et morale.
L’héroïne en elle-même ne provoque pas de dommages sur les organes, les risques sont davantage liés aux modes de consommation et aux répercussions psychologiques, physiques et sociales. Cette drogue permet de donner une sensation de bien-être, l’illusion du bonheur, et même si cela n’était qu’une illusion temporaire, il préférait cela plutôt que d’avoir conscience de ses problèmes et de sa solitude.

Alors, l’homme en présenta deux sortes différentes en vantant leurs mérites, dans une démarche commerciale ; il était ravi de pouvoir vendre de la poudre p lutôt que le traditionnel cannabis, car les prix sont complètement différent s. Il montra en premier de la brune, une substance granuleuse d’une teinte plus ou moins foncée. Ceci est la forme de base chimique la plus couramment utilisée et la moins chère. Souvent destinée à la fumette, elle se fait qualifier d’héroïne numéro trois.
Puis, la deuxième version proposée était de la blanche. Une fine poudre, moins fréquente entre les mains des dealers, la rendant plus chère. Elle est plus facilement utilisable en injection ou en sniff. Cette héroïne, appelée numéro quatre, est pourtant facilement « coupable » avec d’autres substances. On peut y trouver du talc, du lactose ou même du plâtre, les taux de pureté sont donc très faibles. Un consommateur a de la chance s’il trouve une marchandise au-dessus des cinq pourcents de concentration d’héroïne pure dans sa poudre. En gros, une belle arnaque si on ne connaît pas le vendeur.

Ne connaissant pas les différences, Darrel prit un gramme de brune pour un prix environnant les quarante euros, et un gramme de blanche pour cinquante euros. Un budget conséquent pour une personne aux faibles revenus. Le dealer donna de la brune dans un sachet hermétique et la blanche en boulette, emballée dans du film alimentaire.
La vente s’était faite très rapidement, il ne voulait pas rester trop longtemps et préférait éviter qu’on le voie parler et échanger avec les dealers de la gare. Les passagers attendant le train sur le quai savaient ce qu’il se passait juste sous leurs yeux. On les laissait quand même faire, du moment que cela se passait sans complications. Quelques insultes entre trafiquants de temps en temps, quand le taux d’alcool est trop élevée, mais autrement, c’était un commerce plutôt tranquille.

Grâce à un forum sur Internet, il avait pu se renseigner et se faire conseiller sur la manière de procéder lorsque l’on veut fumer de l’héroïne, pratique communément appelée « chasser le dragon ». Les fumées de cette technique de consommation font penser à un dragon, d’où son appellation. Il voulait commencer par étape pour ne pas aller trop vite et faire n’importe quoi, il ne fallait pas être pressé. Il avait peur d’essayer seul, ne connaissant pas le produit ni les effets que cela pouvait avoir sur lui. Sur ce même site, il avait pu discuter avec un homme n’habitant pas loin de son appartement. L’homme avait proposé de venir fumer chez lui pour lui montrer comment faire. Darrel n’était pas prêt à laisser entrer quelqu’un dans son logement, une part d’intimité qu’il se réservait.
Cet homme était un habitué des opiacés. Ce nom est donné aux substances dérivées de l’opium comme l’est l’héroïne. Darrel avait besoin d’être assisté pour ses débuts, l’objectif était de se défoncer, pas d’y passer ou d’attraper une saloperie.

L’homme avait chez lui tout le matériel du parfait toxicomane. Du matériel pour fumer, sniffer ou se piquer. À croire que son appartement était une pharmacie. En arrivant, Darrel était un peu déboussolé. Pour un débutant qui débarque dans cet univers, cela peut renvoyer une vision sinistre de la pratique. Le monde entre les petits fumeurs de joints et les vrais toxicos est très différent.
En réalité, l’homme qui l’avait accueilli était jovial et détendu, et se nommait Will ; d’une trentaine d’années, avec le crâne rasé et une barbe de trois jours, mal taillée, il était vêtu d’un débardeur ample noir laissant voir des tatouages sur ses bras et une marque d’injection sur la main, un treillis militaire rentré dans des bottes de cuir noir. Will avait peu de masse grasse et ses veines ressortaient facilement sur ses avant-bras. Une allure de dur à cuire, mais son sourire et sa fine courtoisie cassait toute cette image.

Une fois à l’aise, ils passèrent aux choses sérieuses. L’hôte sortit tout le matériel de fumette d’héroïne dont ils auraient besoin. Deux petites feuilles d’alumin

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents