Sagamore
113 pages
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Description

Cartagena de Indias, Colombie, Février 2013. La rencontre avec Estéban Marquez va bouleverser la vie d’Augustin Cesari et de Rafaella, sa femme, lors d’un séjour outre Atlantique. Augustin est irrésistiblement attiré par ce saltimbanque colombien dénigré par Rafaella. Bordeaux, 2018.Quelques années plus tard, Augustin s’inspire de cette rencontre pour fièrement, remettre au goût du jour, l’un des plus vieux métiers du monde. Sagamore s’installe désormais dans cet univers décalé. Il peut enfin toucher du doigt son rêve, longtemps resté secret, son Berretin.Dans cette nouvelle vie parallèle, Augustin, sous les traits de Sagamore, tisse des liens indéfectibles avec des gens auparavant inconnus. Mais pourquoi sa femme Rafaella n’y a-t-elle pas sa place ? Insidieusement, le doute s’installe dans le couple : trahisons, mensonges et non-dits alimentent ce malaise et renforcent un mal être grandissant.Un mystérieux inconnu sournois et anonyme apparait soudain au beau milieu des fidèles de la place du Mascaret. Qui est-il ? Que veut-il ? Est-il l’auteur de ce bien troublant message trouvé dans l’urne de Sagamore ?Mais un évènement inattendu, comme une ultime épreuve, viendra fragiliser la relation entre Augustin et Rafaella. Auront-ils la force et l’envie de trouver, dans leur amour, le remède à tous ces maux ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2022
Nombre de lectures 0
EAN13 9782492126413
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0350€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

SAGAMORE
 
Le crieur de la place du Mascaret
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Titre : Sagamore.
Sous-titre : Le crieur de la place du Mascaret.
Auteur : Alain Hégoburu.
Éditeur : Éditions Plume Libre.
 
 
 
 
 
 
Avant-propos
 

 
 
C’est une évidence, ce ne sont pas les gens qui crient le plus fort qui ont le plus de choses à dire. Au contraire, le sens et le poids des mots devraient suffire pour ne pas avoir à hurler.
Et pourtant, un des plus vieux métiers du monde, dans de multiples régions du globe, est remis au goût du jour et vient tordre le cou à cette réalité, car ces crieurs-là ont des choses à dire, eux, comme jadis leurs ancêtres.
Les crieurs des rues, appelés également crieurs publics, conteurs publics, bonimenteurs, perroqueurs, existent depuis l’antiquité, mais c’est au début du 13° siècle qu’ils obtiennent un statut officiel.
Ces personnages d’utilité publique s’adressaient à une population très souvent analphabète et déambulaient sur les grandes places, en criant les avis publics provenant d’autorités ou, plus tard, d’individus lambdas.
Pour se faire entendre, ils précédaient leurs annonces du fameux Oyez, oyez, oyez et se dotaient souvent d’une cloche, d’un tambour ou d’une trompette, pour réunir l’auditoire. Certains conteurs allaient parfois jusqu’à réciter des poèmes ou des récits romanesques.
Le Royaume-Uni, le Canada et l’Australie ont, encore aujourd’hui, un énorme contingent de crieurs publics qui se renouvelle régulièrement.
Ce sont majoritairement des hommes, mais quelques femmes endossent le costume d’une activité qui reste, cependant, marginale.
Il existe même un championnat international de crieurs des rues, qui a lieu tous les deux ans, avec des épreuves notées de compétitions de voix, d’élégance et d’éloquence.
Le dernier championnat international, qui a eu lieu à Sidney en Colombie-Britannique, au Canada en octobre 2019, a été remporté par Daniel Richer dit Laflêche (crieur bilingue amérindien).
De nos jours, la majorité de ces personnages est animée d’une joie de vivre qu’ils tentent de communiquer lors de la criée, qui se veut essentiellement joyeuse. Cependant, ces messages peuvent être empreints de contestations, de colères revendicatives, mais aussi de poésies et parfois de lettres d’amour.
 
 
 
 
 
1 — Augustin
 
 
Tous les jours, en semaine, Augustin Cesari prend le tramway en direction de Porte de Brandenburg, pour s’arrêter à l’arrêt Chartrons . Sa routine immuable ne laisse place à aucun doute. La ponctualité du réseau de la ville de Bordeaux est quasi irréprochable, la fréquence de passage toutes les six minutes lui convient tout à fait. Il lui faut ensuite entre 28 et 32 minutes pour se rendre dans le quartier des Chartrons. Il dispose d’une heure devant lui.
Il peut ensuite reprendre le même tram et rentrer à son bureau.
Cela fait maintenant trois ans qu’il connaît Mohamed, patron du bar-restaurant l’Oenolog, situé autour de la place du Mascaret. Ils se sont rencontrés lors d’un after work entre copains, un jeudi soir. À l’époque, Geoffrey, le meilleur ami d’Augustin avait donné rendez-vous à ses amis sur la place pour leur présenter Mohamed avec qui il entretenait une liaison.
En ce premier jour de juin, il est en retard, il n’est pas toujours simple de combiner son emploi du temps et son hobby.
«   Salut Momo, comment vas-tu   ? Tu me permets de me changer, je suis en retard, mais si cela te dérange, je vais faire différemment.
Mohamed s’amuse de la situation, son ami lui pose, l’air gêné, toujours la même question. Il lui donne accès aux vestiaires du personnel et en profite pour passer le voir au moment où il se déshabille.
Que d’ambiguïté dans cette attitude   ! Et quelle est la position de Mohamed   ? 
Augustin en a bien conscience, mais il ne voit pas comment il pourrait se réaliser sans l’aide de son ami. Il considère que c’est le prix à payer. Tant pis pour la morale, après tout si ça peut lui faire du bien   !
— Ne t’inquiète pas Augustin, tu ne me déranges pas, et pour être franc, j’avoue que ça m’amuse. La seule chose qui m’ennuie est que je ne peux pas venir assister à ta mise en scène, car c’est pile-poil au moment du rush de midi.
— Merci encore mon ami   ! Sans toi, je ne pourrais pas vivre ma passion. Je ne te le dirai jamais assez.
— Gus, ne m’accorde pas une telle importance, elle n’est pas justifiée. Crois-tu vraiment que, si je ne t’ouvrais pas mes vestiaires, tu perdrais tes illusions   ? Tu abandonnerais ton rêve   ? Je ne le pense pas.
— Mo, c’est grâce à ta gentillesse que je peux en toute discrétion me transformer.
— Je te remercie, mais ne te méprends pas, si je ne te donnais pas la possibilité de passer par mon restaurant pour te changer et habiter ton personnage, tu aurais trouvé une autre solution. Je me pose d’ailleurs souvent la question de savoir si c’est une force intérieure qui te pousse à devenir Sagamore , ou si c’est lui qui t’attire dans son univers.
— J’ai parfois l’impression de ne pouvoir lutter contre cela, confesse Augustin. En ai-je vraiment envie   ?
— Attention de ne pas virer schizo, quand même, lui dit Momo à moitié sérieux.   »
 
Inconsciemment, Augustin sait que Mo a raison. Mais, reconnaissant du service que lui rend son ami, il pense qu’il aurait trouvé une autre solution s’il l’avait fallu.
Quant à la présence de Sagamore, même s’il n’y peut rien, elle ne le dérange pas tant que ça. Il a toujours eu l’impression d’avoir, près de lui, une présence… un dédoublement de sa personne. 
Dans son subconscient, l’autre se situe toujours proche, mais légèrement plus haut que lui.
Il se manifeste uniquement lorsqu’Augustin traverse une période de doute et a une décision importante à prendre. Il ne suit pas forcément l’orientation de ce qu’en pense ce cher inconnu, persuadé de détenir la vérité. Dans toutes les situations, cet être céleste sait ce qu’il faut faire. Quant à Augustin, selon ses humeurs et son état d’esprit, il suit ou non ses conseils. Il respecte cependant cette présence qu’il cultive parfois. 
Il met beaucoup d’abnégation à remettre en lumière un des plus vieux métiers du monde. Dans les premiers temps, les gens ne le prennent pas au sérieux. Il a même droit à des moqueries. Certains badauds veulent le faire taire, car il empiète sur l’espace public et, paradoxalement, sur leur intimité.
Certaines personnes, quelquefois, ont la particularité de s’approprier des lieux et rechignent à partager un espace qui pourtant ne leur appartient pas. 
Augustin, lui, a toujours été amoureux de cette place du Mascaret. Elle porte un si joli nom… pourtant bien énigmatique : une place est, par définition, statique et celle-ci porte le nom d’un mouvement naturel. 
Il existe environ quatre-vingts mascarets dans le monde. Les plus spectaculaires se situent en Inde, en Chine et au Brésil, avec parfois des vagues pouvant atteindre neuf mètres de haut. Ce phénomène naturel est généré lorsque de très grandes marées viennent perturber les eaux calmes d’un fleuve, d’une rivière, d’un cours d’eau.
La légende des lieux raconte que lorsque, sur la Garonne, le Mascaret se déclare, les feuilles des platanes entourant la place, ont un frémissement tellement subtil et particulier que tous les alentours en deviennent libérés, protégés, comme si la nature était en réaction. À ce moment-là, il ne peut rien arriver aux proches du quartier.
C’est, en tout cas, ce que dit la fameuse légende, relayée et peut-être même inventée, par Sagamore, le mystérieux maître des lieux. 
 
 
 
 
 
 
2 — El pregonero
 
 
Mon habit de corsaire et mon masque de flibustier m’assurent un total anonymat. Je peux donc entrer dans la peau de mon personnage et n’éveiller aucun soupçon. Ma crainte d’être reconnu par des gens de la place m’oblige à adopter des postures de composition.
Une fois dans la peau de Sagamore, rien ne m’est interdit. Je décide parfois de boiter, ou d’avoir des attitudes équivoques, ou j’adopte des allures efféminées. Quelquefois, mon inspiration m’emmène dans des endroits insolites…
Comment m’est venue cette passion   ? En 2013, lors d’un voyage en Colombie avec ma douce Rafaella.
Après avoir passé dix jours idylliques dans le nord du pays, nous étions restés quatre jours dans la magnifique ville coloniale de Carthagène. Tous les jours, à midi pile, sur la plus grande place de la ville : La Plaza San Pedro , un personnage habillé comme au Moyen Âge, dénommé El pregonero , venait annoncer et surtout crier, ou parfois simplement conter, les nouvelles du jour. Ces habits d’époque lui allaient divinement bien. Il était vêtu d’un pantalon corsaire couleur Bordeaux, d’une chemise blanche en soie et d’un petit gilet gris chiné, orné d’une pochette multicolore, du même tissu que sa ceinture, qui venait mourir le long sa cuisse.
Le dénommé Estéban était un très bel homme, avec des yeux noirs rieurs et une chevelure ébène parfaitement plaquée de gomina. La gent féminine le dévorait des yeux et buvait ses paroles. Lui n’en avait que faire, il estimait que son rôle consistait à informer les habitants de Carthagène des nouvelles du jour. Il prenait son rôle très à cœur, car bien conscient que la majorité des habitants n’avait pas assez d’argent pour se payer el periodico local.
Estéban se considérait d’utilité publique. Ses rapports avec la municipalité demeuraient assez tendus. Au vu de sa popularité, le maire de Carthagène avait voulu lui proposer un partenariat. Moyennant rémunération, il pouvait continuer d’informer la population, mais on lui demandait également de passer quelques messages politiques. Le mot, jamais prononcé, avait déclenché en lui une colère froide : propagande .
Issu d’une famille aisée colombienne, Estéban n’avait pas besoin de travailler pour vivre. Ce n’était pourtant pas un fils à papa, il avait obtenu, par son parrain, un héritage conséquent qui le re

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