Réactions en chaîne
96 pages
Français

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Réactions en chaîne , livre ebook

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Description

Peut-on stopper un engrenage funeste ? Le hasard existe-t-il vraiment ? Dans quelle mesure influence-t-il nos existences et le maîtriser nous rend-il plus heureux ? La science peut-elle tout expliquer ? Y a-t-il toujours une relation de cause à effet ? Voilà des questions soulevées au cours de ces six nouvelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342058116
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Réactions en chaîne
Véronique Ameline
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Réactions en chaîne
 
Remerciements
À tous ceux qui m’ont encouragée à franchir le pas
Impair
À 17 h 53 ce vendredi 13 sept, comme chaque soir depuis une semaine, Rémi Martin grimpe dans la première voiture de l’Express Pont-l’Évêque-Deauville et gagne d’un pas pesant son siège habituel au n° 29 pour y attendre, résigné, le signal du chef de gare annonçant la fermeture des portes. Ultime voyage pour cet homme au bout du rouleau. À le voir ainsi défait, personne n’aurait pu imaginer qu’il y a 9 mois à peine, à cette même place, son allure était pleine d’une suffisance mâtinée d’un enthousiasme enfantin.
 
À l’époque, sa mutation à Pont-l’Évêque venait de couronner deux années d’efforts où amour-propre et vie de couple y avaient laissé des plumes. Cette promotion l’avait en partie consolé de sa nouvelle condition de célibataire et c’était tout auréolé du prestige des élus qu’il avait accompagné ses nouveaux collaborateurs à la soirée organisée par sa société de courtage pour remercier ses meilleurs employés.
 
Après un court voyage en train pendant lequel on leur avait servi une coupe de champagne, deux limousines noires avaient réceptionné le petit groupe à la sortie de la gare de Deauville puis les avaient promenés au ralenti le long du Quai de la Marine pour leur permettre d’admirer les luxueux bateaux amarrés pour l’hiver dans le « Bassin des Yachts ». Ils avaient ensuite emprunté les boulevards du front de mer bordés de cabines privées, apprécié la beauté traditionnelle des maisons à colombages pour finalement revenir se garer devant le perron d’une imposante bâtisse blanche flanquée de deux rotondes : le Casino. C’était en seigneurs qu’ils avaient franchi les portes de l’établissement le plus renommé de la région.
 
Une courte visite des lieux leur avait permis de mesurer à quel point tout, dans cet endroit, célébrait la magnificence de l’argent : tentures rouge sombre brocardées d’or aux murs, lustres de cristal dégringolant des hauts plafonds, marbre à tous les étages. On pouvait aussi y trouver représenté un large éventail de la scène culturelle locale car ces vastes bâtiments abritaient en plus des incontournables salles de jeux, un théâtre à l’italienne, une salle de cinéma, deux auditoriums et une discothèque. Sans compter une palette suffisamment variée de bistrots et restaurants pour satisfaire une clientèle des plus éclectique.
 
Une charmante hôtesse les avait pilotés à travers les méandres de ce palace jusqu’à un salon cossu surplombant les tables de Black Jack et de Roulette. Des plats qu’on lui avait proposés ce soir-là, Rémi n’en gardait qu’un vague souvenir, tellement il était devenu sensible à la tension qui montait crescendo au fur et à mesure que le brouhaha des joueurs s’intensifiait. Installé près de la rambarde, il tendait le cou le plus discrètement possible pour tenter d’apercevoir ce qui se passait plus bas. Quant à ses collègues, ils ne paraissaient pas le moins du monde affectés par l’ambiance et continuaient tranquillement de déguster chaque bouchée en se félicitant de leur bonne fortune. Le café arriva enfin pour conclure cet interminable dîner et libérer Rémi qui n’était pas loin de trépigner d’impatience comme un gosse.
 
Ses premières foulées dans la grande salle lui avaient donné le sentiment d’être un voyageur débarquant sur un continent totalement étranger. Déjà, la température avait grimpé de plusieurs degrés depuis son arrivée, le bruit était moins feutré qu’en haut et l’agitation des clients très contagieuse. Ses yeux ne savaient plus où se poser et toutes ces lumières au-dessus des tables lui donnaient le tournis. Ses compagnons, amateurs de cartes, avaient décidé de jouer au Black Jack et au Poker. N’ayant aucune compétence dans ces domaines, Rémi avait préféré déambuler au hasard pour continuer de s’imprégner de cette ambiance un peu fiévreuse. Ses pérégrinations l’avaient mené dans une salle où des alignements d’écrans numériques tapissaient les murs. Plus loin, la version ancienne de ces machines à sous faisait cliqueter leurs rouleaux mécaniques et des exclamations joyeuses se joignaient alors à la cascade de jetons qui récompensait un bon tirage. Ce jeu lui avait paru tout à fait dans ses cordes et il avait décidé de changer un billet de 50 euros pour commencer.
 
Puis il s’était installé au feeling, en face d’un rouleau classique représentant des cartes à jouer et avait commencé à nourrir l’engin avec des pièces. En mettre deux dans la fente, enfoncer le bouton de l’index droit, attendre que le premier rouleau se stabilise, puis le deuxième et enfin le dernier. 7 de cœur, dame de cœur, 10 de trèfle. Recommencer : deux pièces dans la fente, bouton, oups ! petit coup au cœur à l’apparition de deux images identiques. Attendre fébrilement la troisième. Zut, il s’en était fallu de peu. La prochaine serait la bonne. Rémi y était resté 3 heures entrecoupées de deux allers-retours à la caisse centrale pour refaire le plein d’argent liquide. Il avait gagné dix euros, continué sur sa lancée sans obtenir le même succès. L’ennui commençait à pointer son nez ou bien était-ce la fatigue ? Dans sa main gauche, le fond du gobelet apparaissait de nouveau, témoin de son manque de réussite et signe d’un retour imminent à la réalité d’autant que l’on s’approchait de la fermeture du casino. Un de ses collègues qui passait par là pour faire enregistrer ses gains au poker, lui avait suggéré d’essayer une des machines à sous progressives. Sur ces modèles reliés en réseau, lui avait-il dit, le jackpot pouvait être très, très élevé car un pourcentage des paris engagés était reversé dans la cagnotte. Il lui avait expliqué que comme des milliers de gens dans le monde y jouaient au même moment, quand ça tombait, ça pouvait vraiment faire banco ! Alors pour son dernier coup, Rémi s’était dirigé vers la salle où ces machines aux écrans ronds comme des hublots de bateaux trônaient. Il avait repéré une place libre entre deux femmes qui n’avaient même pas pris la peine de répondre à son bonsoir poli quand il s’était assis à leurs côtés. Tout en engageant ce qu’il lui restait pour tenter d’obtenir cinq images identiques, il s’était fait la réflexion que les bonnes manières s’effilochaient au fur et à mesure que la nuit avançait. Dans la fraction de seconde qui suivit le lancement du jeu, il avait eu le pressentiment, l’intuition dirait-il plus tard en tentant d’expliquer ce qu’il avait ressenti que des rouages invisibles s’étaient mis en branle à la seule fin de le faire gagner lui, Rémi. Comme si personne d’autre n’aurait pu lui voler la victoire, comme s’il avait été choisi par une force supérieure. Cela avait été étrange cette sérénité, ce sentiment d’accomplissement, de toute puissance qui l’avait envahi alors que s’affichait l’image qui allait bouleverser sa vie : une bimbo brune en robe moulante très échancrée, pistolet à la main sur fond de ville nocturne. Cinq fois. Des myriades d’étoiles explosant en flash sur l’écran pour former le chiffre de 50 000 €. Ses pas hésitants vers la caisse centrale, conscient des regards envieux des autres joueurs. Ses mots, presque en s’excusant tandis qu’il présentait son ticket au guichetier « j’ai gagné aux machines à sous ». Tandis qu’il remplissait un formulaire de virement, la nouvelle s’était propagée jusqu’aux oreilles de ses collègues qui avaient alors formé un cercle autour de lui. Il était sorti du casino sous les hourras et les tapes dans le dos comme si le toucher pouvait faire déteindre un peu de sa chance sur eux.
 
En cette fin d’après-midi, effondré sur son siège, Rémi prend conscience qu’il n’a jamais été aussi heureux que dans les quatre semaines qui ont suivi son « big win ». À l’agence, les hommes le traitaient en héros, l’invitaient à raconter encore et encore comment il s’y était pris pour réussir un coup pareil. Quant aux femmes, beaucoup plus pragmatiques, elles lui demandaient à quoi il allait dépenser cet argent. L’étiquette « besogneux et rasoir » reléguée aux oubliettes, Rémi était devenu séduisant et très entouré. Il aurait dû s’en tenir là.
 
Un mois plus tard, deux de ses voisins de bureau lui avaient proposé de retourner au casino en leur compagnie. Soi-disant qu’avec son statut de mascotte, il ne pouvait pas se défiler. L’ambiance dans la voiture avait été cordiale, détendue et l’un de ses nouveaux amis lui avait offert de l’initier à d’autres jeux. « Tu vas voir, la roulette, c’est plus stimulant que les machines à sous et les règles sont très simples, pas besoin d’avoir fait math sup ». Cette fois, impasse sur le dîner ennuyeux, juste un verre et un sandwich au bar en attendant que l’atmosphère se réchauffe. Rémi avait mis à profit cette petite demi-heure pour étudier le profil des arrivants. À sa grande surprise, déterminer le milieu social de chacun d’eux ne s’était pas révélé si évident. Le cliché qui voulait que les gens riches arborent une tenue ostentatoire style smoking ou robe du soir et les autres des vêtements bon marché avait vécu. Par contre, il s’était bien amusé à observer leur langage gestuel, l’air dédaigneux du blasé, les yeux fureteurs d’une pique-assiette à l’affût d’une malheureuse victime à harceler toute la nuit, la démarche saccadée du nerveux pressé d’atteindre sa place fétiche et qui tripotait compulsivement une minuscule peluche élevée au rang de gris-gris.
 
« Tu es prêt ? Suis-moi, je vais t’e

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