Quatre saisons de tourbillons
188 pages
Français

Quatre saisons de tourbillons , livre ebook

188 pages
Français

Description

Quelque part au Sahel, en dépit du paysage multiethnique, des violences de toutes sortes mettent en cause à la fois des civils et des militaires, sur fond de crises politico-institutionnelles et d’absence de l’Etat.Les velléités suprématistes des détenteurs d’armes à feu créent un climat de terreur dont sont victimes les plus faibles, qui ne peuvent en référer ni à la force publique, ni à la justice, en raison de la vacuité de l’Etat.

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Informations

Publié par
Date de parution 01 janvier 2021
Nombre de lectures 1
EAN13 9789995276447
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Quatre saisons de tourbillons
Ibrahim AG MOHAMED
© La Sahélienne, tous droits réservés. Siège social : Bako Djikoroni Ouest, Bamako (Mali) Email : sahelienneedition@yahoo.fr Site : www.editionslasahelienne.net Tél. : +223 66 79 24 40 / 78 45 42 03
ISBN : 978-99952-76-44-7 Dépôt légal : Bibliothèque nationale du Mali, Janvier 2021
Mise en page et Couverture : La Sahélienne / Marc Dembélé
50 VOIX
À l’heure du cinquantenaire des indépendances africaines, certains esprits ont tenté de capturer l’énergie des sociétés civiles et des moindres groupes organisés pour les engager dans une « année de festivités ». Nous proposons de laisser la fête là où elle est. De sortir la tête de la fête. Pour nous interroger, débattre, capitaliser, regarder l’Afrique droit dans… ses réalités, construire des projets de société portés par le livre et l’écrit !
« 50 voix » est une collection pour les textes littéraires, les comptes rendus de travaux de recherches, les témoignages, les biographies, la réexion critique et la protestation citoyenne.
Appel à manuscrits
Si vous avez un projet de ce type à soumettre aux éditions La Sahélienne, envoyez- nous- en un court descriptif par e-mail à l’adresse suivante : sahelienneedition@yahoo.fr. Si vous avez des difïcultés pour passer au stade de l’écriture, demandez-nous conseil ou faites-vous aider en rejoignant notre atelier d’écriture. Vous pourrez enregistrer vos témoignages oraux et les structurer avec l’appui de professionnels. Pour plus d’information sur nos activités, contactez- nous à cette même adresse e-mail ou consultez le site de La Sahélienne : http:// editionslasahelienne.net/
Avertissement :
Tous les noms se trouvant dans ce roman sont ic-tifs. Toute ressemblance des personnages ou des lieux avec d’autres qui existent dans la réalité n’est que pure coïncidence.
L’auteur
Quatre saisons de tourbillons
La saison des pluies fut particulièrement bonne à Asraf et ses environs. Le mois de juillet voyait s’organiser la fête de Ramadan. C’est l’un des événements majeurs qui avaient lieu chaque année dans ce milieu.
Le matin, femmes, hommes et enfants se dirigèrent vers la place réservée à la grande prière. Toutes les rues déversaient du monde par petits groupes. Les hommes étaient habillés pour la plupart de deux pièces amples, en Bazin de différentes couleurs, avec des turbans blancs ou noirs. Les femmes elles, en majorité, avaient revêtu un voile noir en tissu de guinée, ou en Bazin bleu, marron, vert ou blanc. Les enfants étaient habillés à l’image des adultes.
La place de la prière fut envahie à huit heures. La foule immense qui s’installait petit à petit dans les rangées donnait l’impression d’être plus nombreuse que la population du village.
Sidi, le Gai sortit de chez lui avec son épouse et ses deux enfants, bien avant l’heure de la prière pour demander pardon à ses voisins, et surtout à la vieille Nounou.
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Ténin, joyeusement lançait de façon régulière à chacune de ses amies qu’elle rencontrait : « manchallah, que tu es belle ! Bonne fête, et qu’Allah nous fasse vivre celle de l’an prochain. Et surtout, pardonne-moi tout ce que j’ai pu te faire comme mal. »
Et chaque fois c’était la même réponse que donnait l’amie à qui elle s’adressait : « manchallah, toi aussi tu es très belle ! Qu’Allah nous pardonne à toutes, et il sait que tu ne m’as jamais rien fait de mal. »
L’accoutrement de Sidi consistait en un deux pièces bleu ciel. Le col de son boubou était simplement brodé avec des ïls bleu marine. Ténin, son épouse portait un ensemble, boubou et pagne de couleur rose. Elle avait un demi-voile noir qui lui recouvrait la tête et les épaules. Un collier de grosses perles en pierre, et aux couleurs variées pendait à son cou. Ses deux enfants portaient des boubous marron dont le col était brodé.
Après ce petit tour, ils allèrent à la place de la prière. Elle était jonchée de monde, un monde multicolore dont les litanies inondaient l’espace et emplissaient chaque cœur d’une forte ferveur religieuse.
Le grand mufti vint, drapé dans un ensemble de trois pièces bleu, et un immense turban blanc lui enveloppait la tête.
C’était un homme d’une quarantaine d’années, haut d’un mètre quatre-vingts. Sa facilité d’élocution et sa maîtrise de la religion musulmane lui valurent la reconnaissance au-delà de la population d’Asraf. Son allure générale aurait fait croire à un étranger qu’il était le coordinateur des chefs des contrées.
Vint le moment tant attendu de la prière. Le staff du Mufti invita les gens à ajuster leurs rangs.
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Après les takbirs habituels, il procéda à la prière de deux rakaas. Quelques instants après, ses disciples tinrent au-dessus de sa tête une sorte de toile légère et blanche pour le protéger du soleil. Pendant vingt bonnes minutes, il prêcha autour de la paix, incitant les hommes à s’abstenir des péchés qui, disait-il « engendrent la colère d’Allah, occasionnant les malheurs qui nous assaillent. »
Immobiles, la mine serrée, les Asraïens semblaient concentrés sur le message, et leur posture générale exprimait de l’émoi.
Dans l’après-midi, hors du village, s’installa le 1 tendé tam-tam traditionnel autour duquel paradèrent des dromadaires bien harnachés, montés par des hommes en vêtements de fête. Quelques-uns d’entre eux s’étaient ceints de cartouchières rouges. Les dromadaires tournaient autour des joueuses de tendé dont les battements des mains, avec le chant de la soliste, créaient une cadence particulière. Ce fut une journée pleine d’émotions joyeuses dont avaient parlé les Asraïens pendant plus d’une semaine.
Les habitants d’Inadjar et ceux du village d’Asraf s’étaient donné rendez-vous pour le reste des réjouissances. Au deuxième jour de la fête, fut organisé 2 l’ekarchey entre le tendé d’Asraf et celui d’Inadjar.
Un chamelier d’Inadjar, en paradant, se pencha de sa monture et prit de façon ïne et fulgurante le voile de la plus belle jeune ïlle d’Asraf.
C’était le drapeau, le trophée, l’enjeu de la course poursuite engagée par les chameliers d’Asraf. La
1. Tam-tam traditionnel Tamasheq 2. Ekarchey : voile de jeune ïlle en langue Tamasheq
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poursuite dura une heure, mais M’Bareck un habitué de la compétition distança aisément ses poursuivants.
Il fut accueilli au tendé d’Inadjar par les youyous des femmes, les cris de joie des hommes et des enfants.
A sa vue, la joueuse de tam-tam et les autres redoublèrent les battements des mains à la dimension de la victoire de leur meilleur coursier et de son méhariste.
Au troisième jour de la fête, les gens d’Asraf non contents de leur défaite de la veille, voulurent prendre leur revanche grâce à une partie du jeu de balle traditionnelle qui rappelle le Hockey, mais se jouant sur la terre nue. Elle était prévue pour seize heures.
Elle ne put cependant avoir lieu, car vers quinze heures, l’on vit l’horizon se couvrir du côté nord d’une tempête de poussière énorme avec des bandes ocre et noirâtres.
Tous les Asraïens sortirent l’observer, commenter son énormité et sa probable puissance. D’aucuns parièrent qu’elle allait tout emporter sur son passage tandis que d’autres prédirent qu’elle serait faible. Finalement, tous se terrèrent chez eux. Le vent vint, très frais comme le soufe de quelque grand euve glacial.
A son arrivée, il bougea à peine les papiers amassés dans les rues. Soudain, sa force devint nulle, sa teinte rougeâtre se renforça. Plus personne ne voyait clair à plus d’un mètre de distance. La poussière en suspension occupa tout l’espace.
Certains allumèrent des torches dont la lumière, habituellement blanche et vive, devint légèrement
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