Quand la guerre cessa d être drôle
208 pages
Français

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Quand la guerre cessa d'être drôle , livre ebook

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Description

Le jeune Jean INGOUF, apprenti à l’arsenal de Cherbourg subvient aux besoins de sa famille depuis la mobilisation de son père en Septembre 1939. Après huit mois d’une guerre sans bataille, Hitler lance soudain l’offensive le 10 Mai 1940 balayant toute résistance alliée. Moins de 40 jours plus tard Rommel est aux portes de la ville....

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 janvier 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414381944
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-38270-5

© Edilivre, 2020
Mot de l’auteur

Mot de l’auteur :
Mon roman s’inspire librement de faits et d’évènements survenus durant l’occupation Allemande au cours de la période comprise entre Juin 1940 et mars 1941. Les personnages et les évènements relatés ne sont que le fruit de mon imagination et les incohérences historiques n’ont d’autre but que de servir l’intrigue.
Remerciement

Remerciements :
Merci à Yvan POSTEL pour la couverture,
A mon père,
Cherbourg, le mardi 18 Juin 1940
Il est 06H30 quand j’enfourche ma bicyclette et prends le chemin de l’arsenal peinant encore à garder les yeux ouverts ; mais dieu que les nuits sont courtes avec toutes ces alertes !
Je traverse la ville en pédalant d’un bon rythme alors qu’à l’Est, le soleil rasant qui apparaît entre les immeubles me réserve ses premiers clins d’œil. Les rues du centre-ville sont désertes à cette heure. Il faut dire que depuis plusieurs jours, Cherbourg se vide peu à peu de ses habitants qui préfèrent quitter la ville au profit des campagnes environnantes en raison des alertes de plus en plus fréquentes mais aussi parce que le port de Cherbourg est une priorité stratégique pour Hitler et que ses troupes sont aujourd’hui aux portes de la cité précédées de rumeurs d’exactions commises sur leur passage telles que l’incendie de la ville de Rouen le 9 juin.
Au passage je vois les gros titres de l’édition du jour de l’Eclair, notre journal local, exposé devant le tabac de la rue de la Paix :
[… Démission de Paul Reynaud. Pétain nommé chef du gouvernement annonce engager des pourparlers avec l’Allemagne nazie…]
J’ai une pensée pour papa mobilisé depuis Septembre tout comme 45 000 autres Manchois. Il n’a plus donné de nouvelles depuis le début de l’offensive Allemande, le blitzkrieg, lancé le 10 mai entraînant dans son sillage la débâcle parmi les troupes Françaises et alliées.
En moins de dix minutes, j’arrive devant l’entrée de l’arsenal, pris dans une file d’ouvriers qui embauchent et de soldats Anglais débarqués à Cherbourg début Juin après avoir été repoussés à la mer à Dunkerque et qui se pressent maintenant en masse sur les quais du bassin Charles X dans l’attente d’un embarquement qui les ramènera chez eux.
Le gendarme de faction à l’aubette me jette à peine un regard et me fait signe de passer d’un air dépité.
J’arrive à la cale numéro 4 où je retrouve Paul, Claude et Basile mes équipiers. Eux ont la chance de ne pas avoir été mobilisés comme l’ont été tous les hommes des classes 1909 à 1938 et ce, grâce à leur statut « d’affectés spéciaux » ; statut réservé aux hommes travaillant dans l’industrie de la défense et considérés comme participant à l’effort de guerre à ce titre. Paul est chef d’équipe, Claude et Basile sont ouvriers, tous trois sont charpentiers fer. Quant à moi, du haut de mes 17 ans, alors que j’étais encore à l’école des apprentis de la Marine, j’ai rejoint l’équipe en Octobre 1939, soit un mois après l’entrée en guerre de la France. L’amiral de la Flotte Darlan avait alors ordonné l’accélération de la construction et de la mise à l’eau des bâtiments de la marine.
Nous sommes affectés à la construction d’un nouveau type de sous-marin, le Roland MORILLOT, premier d’une nouvelle génération de submersibles pouvant emporter jusque soixante-dix hommes d’équipage. Je me sens fier du travail que nous accomplissons sur ce bâtiment dont le lancement est prévu pour Septembre. Nous n’avons ménagé ni notre peine, ni notre sueur pour tenir les objectifs et le résultat est à la hauteur.
Je rejoins mes équipiers sur la passerelle accolée à la double porte de la cale. Je les trouve accoudés à la rambarde, une Gauloise à la main, silencieux, à regarder les équipages des bateaux à quai dans le bassin embarquant des pièces d’artillerie à destination de l’Angleterre. Je suis surpris de ne pas déjà les trouver à pied d’œuvre. Paul se tourne vers moi :
– Ah, te voilà petit ! Tu vas pouvoir retourner chez toi aujourd’hui, ce qui va se passer ne te concerne pas ! »
Je ne comprends pas ce qu’il veut dire mais maintenant qu’il me fait face, je vois qu’il a les traits tirés, de leur côté Claude et Basile ont la tête basse, je les sens abattus mais pas question d’abandonner mon poste.
– Mais non, je veux et j’ai besoin de travailler. Je n’ai pas le droit de partir comme ça. Je ne peux pas et je ne veux pas ! »
La gifle que m’assène Paul me fait vaciller, je m’accroche à la rambarde pour ne pas tomber, j’ai un goût de sang dans la bouche. Paul me fixe, on lit la fureur dans son regard.
– Débarrasse le plancher tout de suite et laisse les adultes décider de ce que tu peux faire ou pas ! »
Je reste figé sur place ; semblant regretter son emportement, il pose sa main sur mon épaule,
– Allez petit, retourne près de ta mère, dans les jours à venir elle aura besoin de toi ! »
Je recule sans les quitter des yeux, je comprends que ma place n’est plus ici. Les Allemands ont atteint Valognes et les combats qui se déroulent aux portes de la ville ne laissent place à aucune forme d’espoir d’autant que le gouvernement a jeté l’éponge et appelé à déposer les armes. Peut-être est-ce un soldat Allemand qui se tiendra là, à ma place, dès demain.
Je pénètre dans la cale et jette un dernier regard au MORILLOT. Je croise Louis, un ami dont j’ai fait la connaissance lors de notre incorporation à l’école des apprentis. Il est affecté à la construction de LA PRAYA un autre submersible de la classe MORILLOT en chantier dans cette même cale. Lui aussi est désespéré.
– Ils ne veulent plus de nous sur le chantier, tu vas faire quoi Jean ? »
Je contiens mes larmes avant de lui répondre :
– Je ne sais pas ; je vais rentrer je crois. C’est vraiment injuste, des mois qu’on se donne à fond pour ce bateau et tout ça pour rien. »
Les larmes me submergent, je ne veux pas pleurer mais c’est plus fort que moi et c’est dans un hoquet que je finis ma phrase avec cette boule au fond de la gorge qui m’empêche de respirer.
Je rejoins mon vélo et l’enfourche à nouveau. J’ai du mal à pédaler, mes larmes m’empêchent de voir où je vais, je zigzague sur la route les yeux embués. Je repasse devant ces mêmes gendarmes toujours aussi indifférents. Je ne peux pas rentrer tout de suite chez moi, j’ai envie de crier.
Je repense à Papa, affecté quelque part sur la ligne Maginot à la frontière Allemande en Septembre et qui serait aujourd’hui prisonnier en Allemagne.
Aujourd’hui, je suis le seul qui ramène, un vrai salaire à la maison et il nous serait impossible de vivre à trois uniquement des travaux de couture de ma mère surtout avec les prix qui ne cessent d’augmenter depuis que nous sommes en guerre.
Je pédale toujours, nerveusement, il faut que ça sorte, que j’évacue cette colère. Je longe la forme du radoub, il est 10 heures à la grande horloge du campanile de la gare maritime.
Passant devant le pont tournant, je croise encore une dizaine de soldats Anglais marchant tête basse. L’un d’entre eux porte un bandage sur un œil et autour de la tête, il est soutenu par deux camarades. Ceux-là vont tenter d’embarquer à la gare maritime.
Une fois de plus, la sirène retentit, encore une alerte, Je décide de rentrer à la maison.
– Maman… Maman, y a quelqu’un ? »
Ma mère ouvre brusquement la porte de l’appartement toute essoufflée portant Lucille dans ses bras.
– Prépare tes affaires, j’ai croisé monsieur Marie le conseiller municipal. Il dit que l’on doit quitter le centre-ville et nous réfugier sur les hauteurs. Les Allemands sont aux portes de Cherbourg et dans les heures à venir les combats pourraient gagner les rues de la ville.
Alors qu’elle me parle, elle s’affaire déjà à mettre les vêtements de ma petite sœur dans un sac.
– Nous allons quelques jours chez ton oncle Gaston dans sa ferme à Octeville. »
Bien sûr que je suis conscient de la situation et que cela fait déjà plusieurs jours que de nombreux Cherbourgeois montent se réfugier le soir sur la butte d’Octeville mais je n’ai aucune envie de quitter notre appartement :
– Mais maman ! On ne peut pas laisser la maison comme ça et puis on peut me rappeler pour aller travailler. »
– Ne discute pas et prépare ton sac, c’est l’affaire de quelques jours. »
Mon sac est vite prêt. Je regarde la chambre que je partage avec ma sœur, j’ai soudain un sentiment étrange ; une angoisse qui m’envahit.
Maman entre dans la chambre :
– Allez, arrête de rêver et aide-moi à porter le sac de ta sœur. »
– Et mon vélo maman, il ne va pas rester là ? »
– Tu le prends si tu veux mais tu t’en charges. »
Ma mère dépose Lucille dans sa poussette. Je me charge de mon vélo sur lequel je suis parvenu à fixer nos sacs et nous voilà partis dans un long cortège hétéroclite de citadins en direction d’Octeville.
Nous sommes en effet nombreux à suivre ce même chemin, certains à bicyclette, le plus grand nombre à pieds. Cela fait déjà plusieurs semaines que nous ne croisons pratiquement plus d’automobiles, principalement en raison de l’augmentation du prix de l’essence et du manque d’approvisionnement en carburant.
Alors que nous attaquons l’ascension, je jette un coup d’œil derrière moi et je vois d’épaisses fumées qui se dégagent en plusieurs points de l’arsenal. Des bâtiments sont en feu et des bruits d’explosions sporadiques parviennent jusqu’à nous.
Je comprends maintenant l’attitude de Paul ce matin, les marins et les ouvriers détruisent un maximum d’installations avant l’arrivée des Allemands et le Roland MORILLOT ne fera sûrement pas exception.
Il est 15 heures 30 quand nous arrivons devant le porche de la ferme de Gaston. Ma mère entre la première dans l

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