Petits essais dramatiques
478 pages
Français

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Petits essais dramatiques , livre ebook

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Description

« Dorine : Pour ma part, j'ai rencontré beaucoup d'hypocrites, dans tous les milieux de votre société... et surtout au pouvoir !... Ah, le cher Monsieur Tartuffe n'est pas resté sans postérité ! Eulalie : Et c'est précisément en cela que vous êtes inutiles ! Les auteurs comiques, je crois, avaient pour devise : “Réformer les mœurs par le rire.” Or, les défauts des hommes sont toujours les mêmes ; vous n'avez pas amélioré l'humanité ! Alors, à quoi servez-vous ? » D'une soirée entre bonnes à la dernière nuit d'une jeune aristocrate condamnée à la guillotine, en passant par la reconstitution du procès de Jésus, Marie Martin nous confie une succession de pièces aux thèmes variés, situées à des époques antiques, mythologiques ou actuelles. Elle les utilise à noble escient afin que chacun puisse y trouver son bonheur et découvrir les subtilités de l'art théâtral, mais aussi pour que le lecteur spectateur puisse, de lui-même, redorer le blason du théâtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 juillet 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342154092
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0105€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Petits essais dramatiques
Marie Martin
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Petits essais dramatiques

Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http://marie-martin.societedesecrivains.com
1. Comme au théâtre !
Petite fantaisie en prose et dix scènes.
 
À très haute et très noble dame Martine J.
 
Jadis, les auteurs dédiaient leurs pièces à quelque grand personnage. Je n’ai point voulu déroger à l’usage, et je vous offre donc cette petite fantaisie, née dans les brumes du Nord… Il s’agit d’une première œuvre, aussi, j’ose réclamer votre indulgence ! Toutefois, je crains qu’il n’y en ait d’autres – à moins que la police n’y mette bon ordre – car si je me suis parfois pris la tête, c’est surtout beaucoup de plaisir que j’ai éprouvé en écrivant !
Ainsi, vous verrez, en me lisant, que pendant ma campagne de Russie, je n’ai pas oublié mes devoirs envers le théâtre… J’espère que mes délires vous amuseront, et surtout, que vous y verrez un témoignage de la reconnaissante et respectueuse affection que vous porte…
Celle qui reste votre très humble, très dévouée et très fidèle petite actrice.
Dramatis personae
Martine (des Femmes savantes)
Dorine (du Tartuffe)
Toinette (du Malade Imaginaire)
Mademoiselle Eulalie
Cyrano de Bergerac
Chérubin (du Mariage de Figaro)
Lisette (du Jeu de l’Amour et du Hasard)
La Bonne (de la Cantatrice Chauve)
Scapin (des Fourberies)
Ruy Blas
Iphigénie
La scène se passe un soir, dans un salon plutôt confortable et convivial. Au mur sont accrochés, dans l’ordre chronologique, les portraits de grands dramaturges. Au-dessus de l’entrée, on remarque les deux masques de la Tragédie et de la Comédie.
Scène I
Martine est en train de dresser une table ; elle dispose tasses, théière, sucrier, gâteaux… puis se frotte les mains sur son tablier d’un air satisfait.
Martine : Ben v’la… Tout est prêt. J’espérons qu’j’attendrions plus les copines trop longtemps ; v’la quatre heures qui sonnont.
On entend sonner quatre coups, ou douze, en hommage à Ionesco ! On frappe à la porte.
Quand j’vous disais ! Les v’la.
In Dorine et Toinette.
Dorine. : Bonjour, Martine
Toinette. : Ça fait plaisir de te revoir !
Martine. : Salut, les copines ! J’vous avons préparé un d’ce thé ! Vous m’en dirons des nouvelles ! Mais assoyez-vous, assoyez-vous donc !
Elles prennent place.
Dorine. : Alors, Mesdames, comment allez-vous ? Rien de nouveau ? Et vos bons maîtres ?
Toinette : Rien de particulier. Monsieur Argan a encore pris deux lavements aujourd’hui et s’est fait saigner. Heureusement, entre nous, que l’auteur lui a donné une bonne santé, sans quoi, son Monsieur Purgon l’aurait déjà tué. On ne voit d’ailleurs plus que lui à la maison, et Monsieur s’est tellement entiché de ses remèdes qu’il en viendra peut-être à donner sa fille en mariage à un médecin, uniquement pour être allié à cette noble profession ! Je me demande même si je ne vais pas finir par me déguiser en médecin et lui faire une petite consultation à ma façon… Histoire de le guérir de son unique maladie : celle de se croire malade.
Dorine amusée : Excellent ! Et, fine comme tu l’es, je suis sûre que tu réussiras parfaitement cette petite intrigue.
Martine : Pauv’ Toinette ! Nos maîtres avons chacun leurs petites folies… Figurez-vous que Mâme Philaminte a encore failli m’renvozouiller dix fois, tout ça, pacque, comme elle dit, j’offensions un type appelé Vauglas… Vaugelas… Vous l’connoissez, vous ? Paraît qu’il a écrit une grand-mère ? Bref, j’y comprends rien ! Et toi, Dorine, tout va bien ?
Dorine : Oh, Madame a été malade, mais, grâce au Ciel, Monsieur Tartuffe se porte comme un charme, et Monsieur l’aime toujours de toute son âme ! La maison se régit par les avis de ce sage et dévot personnage… et il m’a encore conseillé de mettre un mouchoir sur mon décolleté… De peur d’avoir des mauvaises pensées ! Tu parles ! Je lui ai rivé son clou, oui ! Heureusement que je suis là pour contrecarrer ses plans… Mais, franchement, j’en ai parfois par-dessus la tête, sauf le respect que je dois à Monsieur.
Toinette : Pauvre chère Dorine ! Nos maîtres, sans nous, ne feront jamais que des bêtises… Heureusement que nous, les bonnes, avec notre bon sens et notre dévouement, nous sommes là pour empêcher les catastrophes et contribuer à ce que les pièces tournent rond et se terminent bien !
Dorine : Ah ça, les auteurs dramatiques, en particulier notre cher Monsieur Poquelin, peuvent nous remercier. Sans nous, le théâtre en général et la comédie en particulier auraient beaucoup perdu !
Martine : Ça, les copines, vous avions ben raison !
 
Scène II
In, à cet instant, une jeune femme, tailleur, coiffure stricte, hauts talons, portable à l’oreille, Mademoiselle Eulalie.
Eulalie : Oui, c’est bien cela… Parfait… Au revoir… Elle raccroche. Mademoiselle, apportez-moi, s’il vous plaît, le dossier… Mais… je ne suis pas dans mon bureau ?
Martine : Ça m’en a tout l’air…
Dorine : Non, Mademoiselle, vous êtes ici dans un théâtre.
Toinette : Et vous tombez en pleine soirée des bonnes  !
Eulalie : Théâtre… ? Soirée des bonnes  ?
Martine : Ben oui ! Dame ! Vous m’remettions pas ? ! J’sommes Martine !
Toinette : Et moi Toinette !
Dorine : Et moi Dorine, pour vous servir ! Vous nous connaissez, tout de même ?
Eulalie : Euh… Oui… Pendant mes études, je vous ai rencontrées, bien sûr, et j’ai dû passer quelques heures avec vous… avec un sourire ironique… fort ennuyeuses au demeurant.
Toinette, Dorine, Martine dans un chœur indigné : QUOI !!!
Eulalie : Mais oui ! Aujourd’hui, entre l’informatique, les dactylos et le métro, il n’y a plus de place pour les soubrettes comme vous ! J’en dirais d’ailleurs autant de vos maîtres, des princes et des princesses de tragédie, et de toute la gent théâtrale ! Même Ionesco me semble déjà démodé… ! Franchement, le théâtre n’a aucun intérêt !
Dorine : Vous devriez peut-être modérer vos propos…
Eulalie : Non. Vous êtes à l’opposé de la vie et vous n’avez plus rien à nous dire… Et je n’ai pas l’intention de perdre une minute de plus avec vous… Au fait, pour aller à mon bureau ?
Toinette : On ne connaît pas le chemin, désolée… En attendant, vous pouvez toujours rester travailler ici, si cela vous chante. Nous, on a pris notre thé, il en reste un peu si vous avez soif, et on va vous laisser tranquille…
Dorine à son oreille : Tu as raison… Allons chercher des renforts !
 
Scène III
Eulalie : Les voilà parties… Bon débarras ! Non, franchement, elles sont bien sympathiques… mais venir me parler de théâtre, en particulier classique ! Y a-t-il encore des gens qui s’y intéressent, entre nous ? Tout y est si artificiel, si convenu ! La vie y sonne faux… Par exemple, vous est-il déjà arrivé de monologuer pendant cinq minutes à voix haute comme les auteurs le font faire fréquemment à leurs personnages ? ! Et puis, personne aujourd’hui ne pourrait se faire comprendre avec la langue absurde d’Ionesco, encore moins avec ce fichu langage désuet de l’époque Louis XIV, qui ne signifie plus rien… Allons donc ! Qui oserait, à l’aube de l’an 2000, utiliser des imparfaits du subjonctif, ou parler ainsi, sans frôler le ridicule :
Ariane, ma sœur, de quel amour blessée,
Vous mourûtes au bord, où vous fûtes laissée.
Ariane… ma sœur de quel amour blessée… C’est un peu dommage, pourtant… Car ces mots sont jolis… Doux quand on les prononce… Un peu comme une musique… Je ne l’aurais pas cru…
Bon, ne riez pas ! Mon exemple est mauvais, et je me suis laissée prendre au jeu… soit… mais je pourrais en citer mille autres ! Aucun ne me vient à l’esprit, mais relisez vos classiques, et vous me donnerez raison… Relisez vos classiques, d’ailleurs, c’est une façon de parler… à moins que vous n’ayez du temps à perdre, ce qui n’est pas mon cas, croyez-moi, avec tout ce travail que j’ai à faire… Non, franchement, ces histoires me semblent si abracadabrantes, si dénuées du moindre intérêt… Ces bourgeois du Grand Siècle, ces héros mythologiques, ces figures du drame romantique, ou ces personnages de l’absurde sont si éloignés de nous… Nous n’avons rien en commun, n’est-ce pas ? Qu’ont-ils à nous dire, à nous qui vivons dans la réalité et la productivité moderne ? Même Beaumarchais, dramaturge lui-même, il savait donc de quoi il parlait, a écrit nettement qu’il n’en avait rien à faire du sacrifice d’une jeune princesse en Aulide… et, en effet, peu nous importe Iphigénie et peu importe le théâtre… Bon, assez philosophé là-dessus, j’ai du travail.
 
Scène IV
Rentrent les trois bonnes.
Eulalie agacée : Ah, vous revoilà, vous !
Martine : Oui da ! Zavions une ou deux choses à vous dire.
Eulalie : Oui ?
Toinette : Voilà… Avec tout le respect que nous avons pour vous, Mademoiselle… On a plus de trois cents ans, c’est vrai, mais je crois que nous ne sommes pas démodées pour autant !
Eulalie : Tiens donc ! Je suis curieuse de savoir en quoi ?
Toinette : Eh bien, je viens de jeter un coup d’œil chez un de vos apothicaires… pardon, un pharmacien, pour parler comme vous… Mais changer le mot ne change pas la chose… J’y ai vu des gens dépenser des fortunes, et ils ne paraissaient pas en plus mauvaise santé que mon maître… Vous aussi, vous avez vos malades imaginaires !
Martine : Mouais, j’avons croisé queuq’zélèves de prépa… c’est ben comme ça qu’vous diz

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