Par les vents cardinaux
340 pages
Français

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Par les vents cardinaux , livre ebook

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Description

Dominique Dezzo vous propose d'accompagner Alex Terrier, sympathique célibataire au demi-siècle pourtant compliqué. Les vents, une rencontre fortuite et surtout une mission que l'histoire montrera qu'elle eût pu être presque divine, l’emmèneront vers l'inconnu où il ne manquera pas de déposer, de-ci de-là ses commentaires agréablement décalés.



Pourquoi est-il arrivé dans cette masure de Bretagne en compagnie d'un original locataire ? Sa logique implacable ou plutôt personnelle, ses rencontres et son intact potentiel d'émerveillement l'aideront-il ?



... Ses paupières se relevaient maintenant progressivement et symétriquement, laissant pénétrer la lumière pour imprimer sur ses rétines l’image presque unie d’un plafond sale. Il ne bougeait pas, cherchant d’abord à structurer sa pensée. Les douleurs ne passaient pas et toute tentative de mouvement était vaine...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 avril 2015
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332911513
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-91149-0

© Edilivre, 2015
Dédicace


à Dine
CHANCE n.f.
(Latin cadentian, de cadere, tomber)
Définitions :
Faveur du sort, issue heureuse de quelque chose.
Hasard heureux qui se produit ou même se renouvelle.
Synonymes :
Julien, Clément, Louise.
Merci à Anne-Marie, Ray et Ba.
I
A lex Terrier ne comprit pas immédiatement les raisons de son réveil. Etait-ce en rapport avec les violents maux de tête amplifiés par la fièvre ou au froid qui prenait en tenaille ses mollets et électrisait les extrémités de tous ses membres ?
Ses paupières se relevaient maintenant progressivement et symétriquement, laissant pénétrer la lumière pour imprimer sur ses rétines l’image presque unie d’un plafond sale. Il ne bougeait pas, cherchant d’abord à structurer sa pensée ou plutôt à mettre en mouvement quelques neurones qui lui semblaient reprendre vie comme les cylindres d’un vieux cargo après un arrêt forcé. Les douleurs ne passaient pas et toute tentative de mouvement était vaine. Sa pensée se mut soudain en une saisissante angoisse : ses membres ne répondaient plus au commandement cérébral ; son corps entier était désormais paralysé.
L’idée d’un accident de la route, dont la violence l’aurait frappé d’une amnésie partielle, lui semblait terriblement probable. Immédiatement, la fièvre s’intensifia par l’effet conjugué de la migraine et de suées de peur panique. Il s’en fallait de peu qu’il ne fît sur lui tant l’angoisse était oppressante. Quelques longues secondes plus tard, le froid piquant et lancinant qu’il subissait dans les membres lui fit admettre que ses terminaisons nerveuses agissaient toujours et que son jugement hâtif s’était perdu sur une mauvaise voie.
Terrier devait pourtant comprendre sa présence sur ce lit qu’il devinait poisseux. De surcroît, il y gisait complètement nu, juste momifié dans une couverture rugueuse. Après avoir mémorisé les imperfections du plafond aussi nettement que l’aurait fait un scanner, il entreprit de redresser la tête pour identifier l’environnement. Passé les premiers vertiges dus au changement de posture, son regard parcourut la pièce. Celle-ci était grande et n’était ni une chambre, ni un salon, ni même une salle à manger ; en fait, elle était tout à la fois. A la gauche du lit, d’une cheminée rustique un feu trop fort chauffait, probablement responsable de sa condition d’hyperthermie. Posée sur la poutre, une statue de la vierge noire à l’enfant, haute de vingt centimètres était de toute évidence l’œuvre d’une usine chinoise plutôt qu’issue de la sélection personnelle d’un quelconque collectionneur. Le mur d’en face était absolument vide, donnant ainsi du relief à un crépi grossier dont les finitions en limite du plafond étaient mal réalisées. Ensuite, plus à droite, après la lourde porte qui avait dû être un jour d’un tendre bleu ciel, un feu à charbon surmonté d’une cafetière en fer blanc, une desserte, un évier avec robinet en col de cygne s’associaient pour s’autoproclamer « cuisine ». On y devinait certes un usage quotidien mais surtout un entretien approximatif et rare.
Les yeux d’Alex revinrent au centre de leur orbite et découvrirent au milieu de la pièce une table sans âge. Celle-ci s’accommodait de présenter à qui entrait dans la salle son plateau de bois au vernis usé et remplacé par un encaustique qui répandait une odeur de sacristie. Sous la table il vit un tiroir avec sa petite clé et quatre pieds de hauteur miraculeusement identique. Les trois chaises qui la cernaient étaient dans le même jus, la paille de l’assise pour l’une d’entre elles formait néanmoins un creux plus prononcé et définitif. Etonnamment, ce n’est qu’à la fin de son parcours visuel qu’Alex Terrier constata que le sol était en terre battue ; caractéristique qui lui fit penser qu’il était immobilisé ici dans une ferme ou une dépendance d’un autre temps. C’est alors que, rattrapé par un accès de fatigue, de migraine et de nausées, il sombra à nouveau dans un brouillard d’inconscience.
II
C e fut une présence humaine qui l’extirpa cette fois de son coma. Une main lourde secoua son épaule pendant plusieurs secondes jusqu’à ce que le mouvement et la pression exercée perturbe son cerveau inactif. En d’autres situations, une telle action aurait fait sursauter le plus calme des hommes et lui aurait fichu une frousse mémorable ; pour le moment, Alex Terrier se contenta d’ouvrir à nouveau les yeux sans précipitation, jusqu’à rencontrer le regard concentré d’un homme qui exprimait une évidente inquiétude.
« Bien ! vous voilà parmi nous ! » dit l’inconnu d’une voix ferme mais chaleureuse.
Nous ? pensa Terrier en essayant de comprendre qui étaient les autres ? Il imposa à ses yeux de refaire un tour à vitesse accélérée, mais il comprit que ce n’était qu’une expression et qu’ils n’étaient bel et bien que deux dans la grande salle. L’homme se pencha vers lui, le prit par les épaules et le redressa vivement tout en remontant conjointement l’oreiller afin de lui donner une position semi-assise. Sa force et la précision du geste surprirent Alex dont le poids accusait tout de même soixante-dix-huit kilos correctement répartis dans son mètre quatre-vingt. Une douleur nouvelle se fit jour, plantée là à gauche de sa poitrine, comme une brûlure ou un hématome. Les premiers mots d’Alex vinrent et s’entrechoquèrent à peine prononcés.
« Qu’est ce que je fais ici ? J’ai froid ! Qui êtes-vous ?
– Doucement, doucement, répondit calmement l’homme en plaquant les mains sur le torse d’Alex pour l’empêcher de se relever complètement.
– Recouvrez vos esprits tranquillement, reprit-il, le temps que j’aille chercher du bois dans un terrain plus loin. Voici une bassine, cela ne m’étonnerait pas que vous vous mettiez à vomir et mon sol en souffrirait. »
L’homme paraissait sérieux, ce n’était donc pas une plaisanterie, juste un vocabulaire choisi qu’Alex trouva d’ailleurs bien à son goût. A peine la phrase de son hébergeur ponctuée, celui-ci avait disparu, lui laissant dans les mains une bassine en métal émaillé blanc. Celle-ci était en harmonie avec l’environnement, elle avait traversé des décennies bon an-mal an.
« Pourquoi diable vomir ? » pensa Terrier.
A la réflexion, il était en effet nauséeux et ce depuis un moment.
Un moment… quel moment ?… combien de temps ?
Plus que le lieu, cette perte de la notion du temps le décontenançait. Depuis toujours Alex vivait sans montre et accordait une totale confiance à son horloge biologique. Il était d’une précision redoutable, confirmée par ses collègues de travail qui n’hésitaient jamais à le challenger sur le sujet : « Quelle heure est-il Alex c’te plait ? » lui lançait-on quotidiennement à des horaires variables. Sans être choqué, ni amusé, Alex donnait avec un naturel immuable, sans lever la tête, des réponses variables et précises : 11h23, ou 16h02 ou encore midi moins treize. Rarissimes étaient les écarts de plus de cinq minutes, créant ainsi l’admiration des uns et inquiétant les autres, ces derniers cherchant une ruse matérialisée par une quelconque horloge murale dans le périmètre de vision d’Alex. Or il n’y avait jamais d’horloge, ni au mur, ni sur aucune armoire de bureau, ni même dans l’établissement à l’exception du micro-ondes de la cuisine de toute façon hors service depuis longtemps. Didier Daron, l’un de ses collègues du service comptabilité, facétieux et grand mangeur de Petits Beurre, l’avait même surnommé « Rolex ».
C’était un don et il l’entretenait avec soin.
Sur son lit, à cet instant, Alex Terrier ne maîtrisait plus son repère spatio-temporel et cela lui posait un problème majeur, bien supérieur à l’inconfort du matelas trop mou. C’est alors que la prophétie du bon Samaritain se réalisa brusquement. Pris de spasme, il eut juste le temps de plonger toute tête baissée dans la bassine et se mit à vomir une quantité impressionnante de liquide clair en seulement trois reflux. Redressant la tête, il se rendit compte qu’il tremblait toujours, tremblements de froid persistant dans ses jambes, peut-être aussi d’hypoglycémie ou consécutifs au traumatisme qui l’avait fait atterrir dans cet endroit irréel. Un goût désagréable stagnait dans sa bouche, il redevint en proie à une lassitude certaine, identique à celle qui le privait d’énergie depuis maintenant plusieurs mois.
Ce goût était celui de l’Armagnac or Alex Terrier n’aimait pas l’Armagnac, fut-il de 12 ans d’âge. Il savait mieux que quiconque que l’ingestion de cet alcool fort ne lui était pas étrangère et résultait d’un ultime remplacement de son whisky trop vite évaporé. Il en va ainsi que la vision d’une bouteille intacte en début de soirée et qui lui semblait prête à l’accompagner la nuit entière ne tenait désormais plus sa promesse. Ces soirs là, Alex jetait l’éponge et allait se coucher, non sans avoir tenté d’apprécier une dernière goulée d’Armagnac, dès lors unique liquide alcoolisé présent chez lui. Il en possédait nécessairement pour la cuisson des cailles aux raisins ; perfectionniste sur le plan culinaire il suivait toujours les recettes du livre de cuisine avec une totale obéissance et une minutie certaine. Fort heureusement pour sa santé, en ville, il n’y avait pas d’épicerie de quartier ouverte la nuit.
Embarrassé de sa bassine remplie et peu engageante, Alex décida de s’extraire du lit. A la façon d’un équilibriste qui avance à pas mesurés, il organisa chaque mouvement : le pied gauche repoussa la couverture, puis le pied droit se dégagea, ensuite il se tordit le bassin pour préserver l’horizontalité du récipient et dans un mouvement harmonieux presque allégorique, il se leva.
Là, seul, debout et dénudé, bassine

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