Nuits blanches à Nosy Komba
276 pages
Français

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Nuits blanches à Nosy Komba , livre ebook

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Description

Une femme décide d'aller mourir seule de son cancer sur une île de l'océan Indien, en abandonnant son mari. Au cours de ses nuits d'insomnie, elle voit défiler son passé. Elle guérit de son cancer grâce à une tisane. Mais un événement grave survient, qui va changer le cours de sa vie et celle de son mari.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414392001
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194 avenue du Président Wilson – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com
 
Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
 
ISBN numérique : 978-2-414-39216-2
 
© Edilivre, 2019
Dédicace
 
À VANILLE, GASTON, MARINE ET PIERRE
La décision
Elle n’avait jamais décidé d’arrêter de fumer.
Ça s’était fait par inadvertance quand une amibe vicieuse, attrapée 10 ans plus tôt à Madagascar avait attaqué son poumon droit puis gauche et l’avait conduite à l’hôpital sous oxygène pendant 15 jours. Après 55 ans de cigarettes, elle avait arrêté sans aucun manque, aucune envie et n’y pensait même plus.
C’était il y a un an.
Elle allait échapper à l’infarctus comme sa mère, au cancer bronchique comme son frère et finalement n’était pas mécontente de la fin de cette dépendance. Quand elle voyait les clients devant les bars, quand elle pensait à l’odeur des salles réservées aux fumeurs dans les aéroports, elle ne regrettait pas cet arrêt.
Et puis ça lui était tombé sur le coin de la figure : un bilan fait devant une vague douleur épigastrique avait évoqué un cancer du pancréas, la plus mauvaise des formes, les différents examens avaient confirmé le diagnostic.
En sortant de l’hôpital, elle avait refumé sa première cigarette.
Georges avait grimacé mais n’avait rien dit.
Elle allait commencer la chimio la semaine suivante.
Soudain, cette idée lui était devenue insupportable : elle était médecin, connaissait le pronostic, l’évolution, les conséquences du traitement.
Elle ne se voyait pas amaigrie, jaune, chauve, traînant de service en service, d’hôpital en hôpital, pour finir sous protocole palliatif 1 dans 6 mois ou un an.
Elle ne voulait pas se suicider, c’est trop lourd pour les enfants et les petits-enfants, cette idée lui était même insupportable.
Elle ne pouvait pas refaire « la ballade de Narayama », ce magnifique film japonais des années 80, où le fils emmène sa mère mourir dans la neige, en la portant sur son dos, parce qu’elle est trop faible pour marcher. Il aurait fallu avoir le fils, la neige, le Fuji Yama. C’était beaucoup demander au destin.
Et elle connaissait son Georges : il allait insister pour faire de nouveaux examens, pour tenter de nouveaux traitements, peut-être même l’emmènerait-il à la Mayo Clinique aux États-Unis, il en avait déjà parlé.
C’est ce qu’elle ferait si ça avait été l’inverse : 50 ans de vie commune, ça n’était pas anodin. Comment imaginer se passer de l’autre alors que depuis 50 ans ils ne s’étaient pratiquement jamais quittés, sauf pendant de courtes périodes quand il avait décidé d’aller travailler en Afrique du Sud ou à Wallis et Futuna.
À chaque fois, elle avait tout quitté et l’avait suivi. C’était Annick et Georges, Georges et Annick, une complicité de tous les instants, une entente amoureuse physique et mentale, une symbiose. Ils aimaient lire ensemble (il lui lisait Marius avec l’accent de Raimu), danser (et quand on les voyait danser on sentait cette fusion) nager, courir, marcher, jouer aux échecs ou au Scrabble (ça leur arrivait souvent de tirer la même lettre au début et de finir avec des scores identiques, ça les faisait rire) bref c’était LE couple, celui qui faisait rêver leurs enfants, leurs petits-enfants, leurs neveux et nièces, leurs voisins, leurs amis.
Il y avait un seul sujet sur lequel ils n’étaient pas du tout, mais pas du tout d’accord, c’était Nosy Komba. Elle adorait cette île, lui la détestait.
Et c’est là qu’elle avait décidé d’aller finir sa vie, seule.


1 . Soins palliatifs instaurés en fin de vie
Le rêve
Elle avait grandi à Madagascar puis y était retournée avec Georges en 1976, à Tananarive, à Majunga où ils s’étaient rendus en taxi-brousse, à onze dans une 404 avec Nana Mouskouri à fond et un chauffeur qui éteignait le moteur en haut des côtes, descendait sans frein la grande ondulation jusqu’à la moitié de la côte suivante, enfin à Nosy Be, où malgré leur projet initial de visiter Diego, Tamatave, Ste Marie, ils étaient restés 15 jours dans un petit bungalow sur la plage à Ambotoloka, à déguster des langoustes, à faire du vélo sur la petite route qui les menait à Andilana, en se faisant applaudir par les gamins de Dzamandzar qui criaient en les suivant « vazaha, vazaha ! « comme au tour de France. L’île leur avait semblé paradisiaque.
A partir de 1994, ils y allaient pratiquement tous les ans. Au début, ils prenaient pension chez Lulu (pour Lucien) et Thérèse, un couple extraordinaire : lui, breton de Dinard, 70 ans, ancien adjudant de l’armée française, ayant fait la guerre de Corée, puis celle d’Indochine au Cambodge, puis la guerre d’Algérie.
Elle, une belle métisse de 40 ans qu’il avait épousée alors qu’elle avait 14 ans et qui lui avait donné 5 garçons dont 2 jumeaux. Ils avaient tous des prénoms bretons. Ils n’allaient pas à l’école, un précepteur, en général un étudiant, leur apprenant les rudiments de la lecture, de l’orthographe et du calcul à la maison. Le résultat n’était pas époustouflant.
Leur hôtel n’était pas confortable : pas d’électricité, sauf celle fournie par un groupe électrogène à partir de 17 h, on se lavait à la moque avec de l’eau tirée d’un puits boueux, mais les bungalows étaient mignons avec leur charmille de bougainvilliers couvrant la petite véranda qui donnait sur la plage.
Pour téléphoner, il fallait se mettre sur un piton rocheux, au bout de la plage, et le bruit du ressac couvrait les paroles.
Mais ce qui les avait attirés dès le début, c’est que Lulu était un conteur exceptionnel.
Il était radio amateur et dès 6 h du matin, on l’entendait communiquer avec sa voix de stentor avec des australiens ou des sud africains ou des marins français qui comme lui avaient la passion de la BLU 2
Il racontait ses exploits au Cambodge : il gardait les plantations d’hévéa de Michelin avec son bimoteur et jamais pendant toute la guerre du Vietnam, ces plantations n’avaient été attaquées par le Vietminh. De là à penser que Michelin payait le Vietminh pour être tranquille, il n’y avait qu’un pas qu’il franchissait allègrement. Il parlait cambodgien couramment.
De cette période, il leur raconta qu’une nuit, rentrant chez lui après une soirée bien arrosée, il s’était endormi sur le cyclo-pousse et rêvant qu’on le détroussait, sortit son pistolet en hurlant, le pauvre cyclo détala des quatre fers, et Lulu eut toutes les peines du monde à le persuader de revenir.
Après le Cambodge, il avait repris du service en Algérie et nous racontait comment Bigeard montait à l’assaut pistolet au poing dans le djebel, entraînant ses hommes, ou comment ce dernier lui avait demandé de lui appliquer la « gégène » pour vérifier si c’était supportable. Bien sûr il ne pouvait que finir à l’OAS.
À propos d’OAS, il s’était un jour tiré une balle dans le pied par inadvertance, il téléphone à un copain pour lui dire d’appeler un médecin, mais ce dernier, croyant à une blague prononça d’une voix caverneuse : « l’OAS frappe quand elle veut, où elle veut »
Ce n’est qu’au bout du troisième coup de fil que le copain réalisa que Lulu était effectivement blessé.
Il avait même tâté un peu du Fort de Vincennes avec des fortes têtes comme lui, et il nous décrivait en rigolant l’embarras de leurs geôliers quand chacun leur tour ils demandaient à aller aux toilettes sauf que la légion d’honneur gagnée sur le champ de bataille ne doit pas rentrer dans les toilettes. Et ils avaient tous la légion d’honneur ! Les gardiens passaient donc leur temps à tenir la légion d’honneur en dehors des latrines.
Il s’était réfugié à Madagascar où « on » lui avait conseillé de rester. C’était au moment du procès de Bastien-Thiry, fusillé en 1963 après l’attentat du Petit Clamart.
Après de multiples pérégrinations, de multiples métiers comme chercheur d’or dans la baie de la Betsiboka à Majunga, hôtelier, restaurateur, il avait rencontré Thérèse, qui conseillée par sa grand-mère (les mères et les grand-mères sont quelquefois des mères maquerelles) avait accepté ses avances. L’amour avait fait le reste.
Ils s’étaient installés à Ankify et avait ouvert un hôtel.
Therese était très bonne cuisinière et les repas se passaient autour de la grande table après des apéritifs à rallonge.
Ses talents de conteur avait dépassé les frontières.
Sud-africains, Néozélandais, Australiens et quelques Français affalaient leurs voiles dans la petite crique de l’hôtel et venaient profiter du poulet au coco de Thérèse… et des histoires de Lulu : il avait une voix forte, un peu aigüe, une gouaille presque parisienne, alors qu’il était breton de Dinard, et commençait toujours ses histoires par : « ah ! mais dis donc je ne t’ai pas dit, il y a Marin sans Frontières qui veut me donner son bateau à garder 6 mois par an. Tu sais c’est cet espèce de barge avec laquelle ils veulent aller dans les villages reculés, en remontant la mangrove, pour leur porter des médicaments et acheter leur café. On la retape, on y met des box bien décorés en rose et quatre ou cinq filles et on va à Diego Garcia 3 , j’ai un pote là-bas ! Un colonel américain ! » Transformer un bateau de Marin sans Frontières en claque flottant, il n’y avait que lui pour avoir ce genre d’idées.
Ou bien « tu as déjà tiré dans une grotte ? Ah ben je vais te raconter : on a été avec Thérèse pour un pique-nique dans les grottes de l’Ankarana 4 avec table, nappe blanche, champagne, et qu’est ce qu’on voit sortir du lac souterrain ? Plein d’yeux jaunes, des crocodiles dis donc ! Heureusement quand je vais en ballade j’ai toujours mon revolver sur moi. J’ai tiré, ça fait un bordel, tu ne peux pas imaginer, demande à Thérèse » Et Thérèse d’acquiescer bien sûr !
Ou bien « vous ne voulez pas venir avec nous, on va traverser le nord de Madagascar d’Ankify jusqu’au Sambirano, avec un GMC et deux 4x4 et t

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