Mon pays, c est la vie
132 pages
Français

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Mon pays, c'est la vie , livre ebook

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Description

La vie, pays que l'on ne cesse de découvrir, nous propose de surprenants paysages. Neuf guides vous emmènent dans leur sillage appréhender leurs plus intimes contrées. Jeunes, moins jeunes, hommes ou femmes, ils se racontent... « Pablito marque un temps d'arrêt. Il était chez Ernesto... celui qu'on ne cessait de critiquer. Mon Dieu, qu'allaient dire ses parents ?... Pablito eut du mal à boire sa menthe à l'eau et pourtant il s'en trouva quelque peu ragaillardi ! » Il se pourrait bien que cette rencontre comme tant d'autres dans cet ouvrage change fondamentalement le cours des choses... L'auteur a voulu, cette fois-ci, faire écho au « Temps qui reste » de Serge Reggiani. Sont mis en scène, dans ce recueil, des êtres d'aujourd'hui, fort différents les uns des autres, mais avec pour seul et même combat celui de faire chanter la vie...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342054415
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mon pays, c'est la vie
Valérie Grelier
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mon pays, c'est la vie
 
 
 
À Béa la sensible
À ma chère grand-mère Anne-Marie qui aima passionnément la vie
 
 
 
Merci à mes relectrices pour leurs corrections et leurs conseils avisés
 
Merci à mon mari pour ses photos qui illustrent toujours aussi merveilleusement mes premières de couverture
Dimi le malappris
1
Dimitri c’est « Dimi » pour tous ceux qui le côtoient.
« Dimi » le chétif, le renfermé, le silencieux. Pas un mot ne sort de sa bouche si ce n’est un bonjour timide le matin et un au revoir rapide le soir.
« Dimi » le colérique, l’agressif, le bulldozer. Dimi peut se rouler par terre, crier à n’en plus finir, lever le pied en menaçant de vous en asséner un violent coup.
« Dimi » le câlinou, le tendre, l’apaisé. « Dimi » vient se lover bien au chaud entre vos bras, réclamant une petite chanson, une petite histoire, un temps rien que pour lui.
« Dimi » le curieux, aux multiples facettes, l’écorché vif tombé trop tôt de son nid peu douillet et qui peine maintenant à prendre son envol. Il veut être le grand, le chef mais ne s’impose que par la violence. Il lui manque les mots pour exprimer simplement, extérioriser son mal-être. « Dimi » ne sait exister dans un groupe et en classe chaque activité en commun peut virer au drame. S’il ne se fait pas remarquer, qui pensera qu’il existe encore ? Alors il multiplie les bêtises, bâcle son travail, renverse exprès gomme et crayons, se déplace sans demander. « Dimi » est usant, exténuant, déstabilisant. Aux petits soins, à ses côtés, le calme revient. « Dimi » est tout autre : appliqué, attentif… à croquer presque. Si Gaëlle, sa maîtresse est appelée par un autre ou si Véro, l’AVS, daigne s’occuper un instant du voisin, patatras tout tombe à l’eau. « Dimi » le terrible apparaît au galop.
 
« Dimi » est en famille d’accueil. Ses parents, au chômage tous les deux, sont devenus alcooliques. Ne supportant plus leur fils, ils criaient sans arrêt dessus. Se rendant compte de leur état et de la souffrance de « Dimi », ils ont demandé à la directrice de l’école de les aider, de sortir « Dimi » de ce souffre-douleur qu’était devenue leur maison. « Dimi » ne veut plus en entendre parler. « C’est Maman ! » annonce Isabelle, la jeune femme qui s’occupe maintenant de lui. « Tu viens lui parler ? » « Dimi » fait non de la tête et court vite se réfugier dans sa chambre. Trop de scènes douloureuses lui reviennent en tête comme le sol jonché de bouteilles, les rires idiots de ses parents ou les engueulades à n’en plus finir aussi. Mieux valait filer doux dans ces cas-là et si jamais les ravages de l’alcool avaient fait leur effet avant le dîner, il était préférable de rester le ventre creux dans la chambre plutôt que d’essayer de récupérer un truc dans le frigo, un fruit s’il en restait dans la corbeille ou un paquet de biscuits dans le placard même sans faire de bruit. Cela se terminait toujours mal. « Dimi » était inévitablement démasqué. Les injures alors fusaient. « Dimi » en avait donc pris son parti : il s’était constitué une petite réserve secrète dans sa chambre. Il prenait toujours un morceau de pain supplémentaire le midi au self, morceau qu’il cachait précautionneusement dans son sac d’école et qu’il rapportait le soir chez lui. Les bonbons d’anniversaire idem. Il se précipitait systématiquement pour aider ses parents à ranger les courses et parvenait à chaparder de ce fait assez facilement un paquet de gâteaux apéritifs, un ou deux fruits également. Tout un système de survie en somme ! Futé le Dimitri à 6 ans seulement !
 
« Dimi » est mieux depuis que Véro peut se libérer davantage pour lui. Les jours où cela n’est pas possible, la directrice appelle Isabelle. « Dimi » ne vient pas à l’école. Il perturbe vraiment trop les cours. Sans AVS, c’est aussi une journée traumatisante pour « le pénible » – surnom donné par certains de ses camarades de classe – qui ne cesse alors de naviguer entre crises d’agressivité et brimades, les « temps câlins » ne pouvant s’éterniser. Emmy, la conteuse, se souvient encore de ce petit bonhomme. Elle avait aussitôt été impressionnée par son regard. Un regard froid, sec, pénétrant qui, même en plein été, s’engouffrait en votre for intérieur et vous tétanisait pour le reste de la journée. « Dimi » semblait attentif à l’histoire qu’Emmy racontait. Sage comme une image, bien installé sur les genoux de son AVS, il avait écouté jusqu’au bout, répondant même brillamment aux questions posées. Les autres élèves fanfaronnaient car le sujet abordé était pour la plupart d’entre eux du vécu. Les bêtises… que celui qui n’en a jamais fait leur jette la première pierre ! Ils en connaissaient tous un sacré rayon. « Dimi » ne bronchait pas si ce n’est à la fin de la séance où il reproduisit la voix de la maman de l’histoire grondant son fils. Cette voix-là glaça le sang d’Emmy. Une voix dure, intraitable, comme venue d’outre-tombe qui reproduisait à l’identique les foudres qui pleuvaient sur Dimitri les jours où il laissait déborder sa puérile vitalité. Pour Emmy, sans être au courant, le voile s’était alors déchiré. « Dimi » était un enfant en grande souffrance. Avant de repartir dans sa classe, il s’était précipité pour embrasser Emmy et avait alors esquissé un demi-sourire quand elle l’avait félicité pour sa grande sagesse durant tout le temps de l’animation. Forte de cette matinée, Emmy était convaincue du bien-fondé de ses temps un peu spéciaux au sein de l’école. Temps de découvertes et d’échanges venant de l’extérieur. Les enseignants comme les enfants en étaient souvent friands. Emmy n’avait pu poursuivre comme elle l’avait voulu ses études mais l’amour des livres et des enfants lui avait permis de devenir conteuse et de répandre du rêve, de la joie, de la bonne humeur à de nombreux enfants. Elle adorait leur spontanéité, leur loyauté de caractère. Ils se livraient tels quels : joyeux, malins, timides, introvertis, tyranniques, câlins, dominateurs, farceurs, rêveurs, poètes, drôles, tristes, perturbés… Elle aimait à se remémorer leurs bons mots, l’expression de leur visage face à tel ou tel événement du conte… Cette semaine-là, la voix de « Dimi » ne cessa de résonner peu importe là où elle se trouvait. En faisant les courses, en repassant, en montant dans sa voiture pour aller conter dans le village voisin, et même pendant son sommeil. Elle se demandait comment il réagirait la prochaine fois. Mardi matin, 8 h 54, Emmy pénètre dans le hall d’entrée de l’école. Quelques petites têtes se détournent et des petites mains lui font coucou. Elle répond avec un grand sourire. « Ils sont trop mignons » pense-t-elle. Emmy dépose avec soin sur une table des cartes avec des instruments de musique et des cartes sur lesquelles on retrouve les différents personnages d’un conte bien connu : « Pierre et le loup ». Aujourd’hui, elle a prévu de raconter ce conte russe mais de s’aider aussi de la version avec CD où chaque personnage est représenté par un instrument : le violon pour Pierre, le basson pour le Grand-Père, les cors pour le Loup… 9 heures, Emmy va chercher son petit groupe pour l’animation. Elle se présente à l’entrée de la classe. Les enfants lancent un joyeux « bonjour » et attendent impatiemment que la maîtresse annonce le groupe qui partira le premier avec Emmy. C’est celui de « Dimi ». Manon, Margaux, Pablo, Tobbias et Karim se lèvent tour à tour. « Dimi » hésite, cherche des yeux son AVS. « Je suis là « Dimi » ! claironne Véro terminant son découpage. Tu viens ? » « Dimi » accourt, passe timidement devant Emmy, lui caresse la main et va s’installer. Emmy explique le déroulement de la séance, les enfants devant mémoriser instruments et personnages. Décidément les enfants l’impressionneront toujours. Le petit groupe s’en sort fort bien inversant juste la clarinette et le hautbois… « Dimi » avait pourtant soufflé la bonne réponse mais la majorité n’était pas d’accord. « Dimi » s’est montré bien attentif tout au long du conte, appréciant vivement à l’instar de ses petits copains les ponctuations musicales. Léger comme Pierre se promenant au rythme du violon, prêt à l’attaque comme le loup se mouvant au son des cors et la mine renfrognée telle celle du grand-père grondant Pierre avec la tonalité du basson. « Dimi » se retrouve pleinement dans Pierre : oui, il aurait tout fait pour piéger le loup, se moquant fort bien des réprimandes du grand-père. Mais il aurait fait plus encore. Il aurait emmené le loup chez lui, l’aurait enfermé dans une cabane et lui aurait appris à obéir. Le petit groupe se lève des banquettes et s’apprête à regagner la classe. On embrasse Emmy, on lui dit merci… « Dimi » tarde un peu à sortir, il laisse les autres filer, s’arrête devant Emmy : « C’était bien ton histoire, Pierre je l’aime bien, il n’a peur de rien, comme moi ! » « Je suis contente que tu aies aimé mon histoire “Dimi”, bonne journée, à bientôt ! ». Emmy aurait bien passé plus de temps avec « Dimi », elle aurait eu envie de lui dire qu’avoir peur n’était pas une honte, que même grand on avait des appréhensions mais que le plus important était de les surmonter. «  Ç a y est, c’est reparti, se dit-elle, je m’attache trop à ces mômes… » Jean, son compagnon, l’avait déjà mis en garde plus d’une fois. « Emmy, c’est pas ton job d’être aux petits soins de ces gamins. Raconte-leur ton histoire, fais-leur plaisir, fais-toi plaisir et basta… » Emmy avait essayé à plusieurs repri

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