Moi, Sam. Elle, Janis , livre ebook

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« Elle, Janis. Moi, Sam. Notre enfance. Notre amour. Nos vies soudées par la désespérante recherche du bonheur. Des existences soldées par l’inévitable dénouement dramatique. Et la fin de tout pour nous. C’est ça la vraie déchéance. […]
J’ai longtemps pensé que les astres étaient parfaitement alignés. Doc, j’y ai vraiment cru. De tout mon cœur. Je me suis lancé corps et âme dans cette relation, comme un maudit fou, des fois comme un déchaîné ivre de mes illusions. Janis aussi voulait y croire, à l’amour parfait, mais elle était plus réticente. C’était un mirage pour elle. Moi, je poussais vite, elle, elle se hâtait lentement. Elle était plus prudente, la Janis. Moins tête folle que moi en amour.
Doc, tu te tapotes les lèvres avec ton stylo… »
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Publié par

Date de parution

19 août 2019

Nombre de lectures

8

EAN13

9782895977360

Langue

Français

Poids de l'ouvrage

1 Mo

MOI, SAM ELLE, JANIS
DU MÊME AUTEUR
ROMAN
La mesure du temps Sudbury, Prise de Parole, 2016. Prix Trillium 2017.
POÉSIE
Carnet de routes ourdies Ottawa, Vermillon, 2006.
Deça, delà, pareil… Ottawa, Vermillon, 2003.
Saisons d’esseulements Ottawa, Vermillon, 2001.
Jean Boisjoli
Moi, Sam Elle, Janis
ROMAN
Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives Canada

Titre: Moi, Sam, elle, Janis / Jean Boisjoli.
Noms : Boisjoli, Jean, auteur.
Collections : Indociles.
Description : Mention de collection: Indociles
Identifiants : Canadiana (livre imprimé) 20190135867 | Canadiana (livre numérique) 20190135921 |
ISBN 9782895977124 (couverture souple) | ISBN 9782895977353 (PDF) | ISBN 9782895977360 (EPUB)
Classification: LCC PS8553.O46653 M65 2019 | CDD C843/.6— dc23

Les Éditions David 335-B, rue Cumberland, Ottawa (Ontario) K1N 7J3 Téléphone : 613-695-3339 | Télécopieur : 613-695-3334 info@editionsdavid.com | www.editionsdavid.com

Tous droits réservés. Imprimé au Canada. Dépôt légal (Québec et Ottawa), 3 e trimestre 2019

Nous remercions le Gouvernement du Canada, le Conseil des arts du Canada, le Conseil des arts de l’Ontario et la Ville d’Ottawa pour leur appui à nos activités d’édition.
Pour Renaude, Camille et Annabelle grâce à qui il est possible d’envisager un monde plus serein.
Mais tu comprends, quand on a commencé à se faire du mal, un jour ou l’autre on va jusqu’au bout du mal qu’on peut se faire. C’est inévitable, ça arrive, c’est arrivé, c’est atroce puis c’est fini. ANNE HÉBERT Les chambres de bois
Prologue
J’ai fermé la porte en m’assurant de poser l’écriteau : NE PAS DÉRANGER. Je me suis versé un premier café du matin. Assis à la fenêtre de mon bureau, je tapote des doigts un dossier tout en observant les longues lames rouges qui strient la surface du canal Rideau. Les oiseaux de nuit se sont tus ; ceux du jour sommeillent encore. Je suis entré tôt et me suis installé dans mon bureau tout en haut de l’hôpital. La nuit vacille. Ottawa peine à s’éveiller. Le soleil va à nouveau disparaître lorsque j’aurai fini d’analyser ce dossier.
Je me nomme Jean-Paul Leduc. Je suis psychiatre. D’habitude, mes patients m’appellent « Docteur », mais pour l’un d’eux, je suis tout simplement « Doc ». Sam est un jeune homme que j’ai récemment rencontré après que le tribunal l’eut envoyé subir une évaluation. C’est son dossier que je vais analyser aujourd’hui. Je dois évaluer si, au moment du meurtre de Karl, Sam était atteint de troubles mentaux et si, en conséquence, il était en mesure de juger de la nature ou de la qualité de l’acte qu’il a commis ou de savoir si cet acte était mauvais. Ce sont là les termes techniques prévus au Code criminel. Cette grille d’analyse servira à déterminer si Sam ne peut être tenu criminellement responsable parce qu’il était atteint de troubles mentaux au sens de la loi lors du meurtre de Karl. Je n’ai que quelques jours pour remettre mon rapport. Ensuite, je devrai témoigner en cour.
Les rayons du soleil prennent de l’ampleur. Quelques coups de klaxon percent le silence de l’aube. Il y a des histoires qui semblent appelées à finir en tragédie. Celle-ci a commencé par la découverte d’un cadavre, puis d’un deuxième et d’un troisième. Une, deux, trois morts suspectes. C’est du moins ce qui est noté au dossier qu’on m’a transmis. Lors de nos rencontres, Sam m’a révélé des parcelles de son histoire, souvent au compte-gouttes.
Il est donc question de Sam, mais aussi de ceux qui ont marqué sa vie, dont ses parents, mais surtout de Janis, une jeune femme qui a grandi dans un endroit bien étrange de la forêt du Manitoba. Leurs vies sont inextricablement liées. Sam et Janis ont connu à Ottawa une relation toxique. L’un et l’autre avaient été profondément marqués par les blessures d’une enfance douloureuse. La relation de Sam avec Janis est la cristallisation de toutes les relations significatives que Sam a connues depuis son enfance. Selon mon expérience professionnelle, leur histoire est le triste reflet d’une génération perdue, qui se sent larguée par une société à la dérive. Des écorchés de la vie, j’en vois de plus en plus souvent dans ma pratique. Ils sont de plus en plus jeunes.
Ces paroles d’Albert Camus me viennent à l’esprit alors que j’ouvre le dossier de Sam : « Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par ce qu’il dit. » Ailleurs, Camus enseignait que « la première démarche de l’esprit est de distinguer ce qui est vrai de ce qui est faux ». C’est justement ce à quoi je vais m’appliquer au cours des prochaines heures. Je vais tenter de démêler les fils tordus de cette histoire tragique et m’assurer de bien soupeser tous les éléments. La vie de Sam dépend de la justesse de mon expertise.
Je commence à lire les notes que j’ai retranscrites à partir de mes entretiens avec Sam. Je le revois assis devant moi, tour à tour frondeur, renfrogné et résigné. Rétif et pugnace aussi, parfois du même souffle. J’ai dû lui parler avec doigté, ne pas trop intervenir pour l’amener à révéler ses sentiments les plus intimes. Dans la rédaction de mon rapport, je devrai faire preuve d’extrême rigueur, car je sens que je me suis reconnu dans ce jeune homme, poqué par la vie depuis sa plus tendre enfance.
1
— Écoute, Doc, j’ai pas l’impression que ce que je vais te dire va changer grand-chose. Tu sais, c’est comme on dit, les carottes sont cuites. Je suis fait à l’os, complètement.
— Tu y vas un peu trop vite, n’est-ce pas ? Alors, si nous commencions par le début ?
— Pourquoi ? Les médias ont joué l’affaire en boucle. Ils aiment ça, les histoires sordides, le gory et tout. Ensuite, ils vont vite passer à autre chose. Je suis pas tellement important à leurs yeux. Juste un fait divers avant le prochain reportage.
— Essaie, un peu, juste un petit peu, pour voir. Après tout, je suis là pour t’écouter. Tu as toute mon attention.
— C’est quoi ton problème ? Ça t’excite de me faire revivre Night of the Living Dead ? C’est ça, hein ?
— Vas-y doucement, Sam. Je vais t’accompagner.
— OK, mais comprends bien, il y a pas de façon douce pour décrire un carnage. Je me rappelle tous les détails. Ils sont là, chacun gravé dans la prunelle de mes yeux. Tous les détails que le vieux a décrits à la télévision. Je peux te répéter tout ce qu’il a dit, mot à mot, comme si c’était mes propres paroles, comme si c’est moi qui avais été là. Ça m’a tellement marqué que des fois j’ai l’impression que j’y étais.
— Ferme les yeux, si tu préfères.
— OK. Mais laisse-moi rassembler mes idées.
— Prends ton temps.
— Ça va aller. Je suis sorti de ma zone d’ombre quand j’ai aperçu le vieil homme avec son chien à la télévision. Le vieux était appuyé sur sa canne en tremblant. J’ai commencé à écouter ce qu’il disait. C’est là que j’ai compris que tout avait basculé pour moi. C’est aussi à ce moment que j’ai plongé pour toujours dans la noirceur la plus profonde.
Ça faisait une semaine que je vivais en légume chez Stéphanie et Karl. Je passais mes journées à surfer sur Internet dans la salle familiale.
— Stéphanie et Karl ?
— Oui, oui, ceux qui m’ont reçu comme famille d’accueil. Ils ont fait des pieds et des mains pour m’adopter, mais c’est pas évident quand un des parents biologiques est peut-être encore en vie. Ça devrait être dans le dossier. Tu l’as pas lu, ou quoi ? Regarde, mon père s’appelait Same. Ma mère, elle, c’était Nancy. Eux autres, c’est toute une histoire. Ma mère, je l’aimais en maudit, même si je l’ai pas assez connue. Mais des fois, je la vois comme j’aurais voulu qu’elle soit, un genre de femme idéale, la mère parfaite, du moins comme je m’imaginais ce que ça pouvait être une vraie mère. J’essaie encore de voir à quoi elle ressemblerait aujourd’hui. Je me retourne dans la rue pour la saluer, pour lui crier « maman » ou « Nancy », mais je me retiens parce que c’est jamais ma mère, c’est un hologramme d’elle qui me regarde. Mais ça me dit quand même que je vais la revoir un jour. C’est un pressentiment qui me quitte jamais.
— Sam, tu idéalisais ta mère ?
— Ça ressemble pas mal à ça. L’image que je me faisais d’une mère sans défauts. En tout cas, les autres autour de moi, c’étaient des vrais de vrais personnages de drame. Souvent bozos, pas mal losers , surtout pas faciles à vivre. Une succession de crises, comme des couches de chiure. Je t’en passe un papier !
— Donc, tu naviguais sur Internet.
— C’est en plein ça. Je jouais surtout à des jeux de rôle. Mon préféré, c’était « Le Procès », d’après le roman de Kafka. Lugubre en maudit et pas mal hallucinant comme jeu. C’était le refl

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