Mauvaises nouvelles
144 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mauvaises nouvelles , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
144 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

“Pourquoi Saiana es-tu si belle pour moi ?” “Je suis telle que tu le souhaites et je veux te plaire. Désires-tu que je change quelque chose ?” “Montre-moi telle que tu es.” Proposer un marché à la Mort, découvrir le véritable sens du mot enfer, s'agenouiller pour vivre, rêver pour survivre, se tromper sur sa propre apparence ou être en avance sur le futur. Si vous ouvrez ce recueil c'est que vous êtes fermement décidé à partir en voyage dans les univers de l'imaginaire. Mais au bout de votre route, que des mauvaises nouvelles. Vous ne pourrez pas dire que vous n'aviez pas été prévenus.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 01 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342051940
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0064€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mauvaises nouvelles
Stéphane Buisson
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mauvaises nouvelles
 
 
 
 
À mes deux A, aux miens,
Qui sont, mon sang, ma peau, mes os.
À mon ami formule mathématique.
 
 
 
 
Une femme fragile
 
 
 
« Saiana, que ne t’ai-je rencontrée en d’autres temps. »
 
L’espace normal est principalement constitué de vide. Un néant quasi absolu. Entre deux étoiles rien sur plusieurs milliers de parsecs, rien d’autre que la monotonie d’un voile noir parcellé de lointaines têtes d’épingles brillantes. John Vega chérissait ce calme morose, cette plénitude sans bosse et sans accroc. Il aimait ce vide infini, cette pépite de silence solitaire. N’était-il pas préférable de naviguer hors des routes régulières de la Confédération Galactique 1 , fourmilière surpeuplée ? Pas de doutes pour lui. Peut-être que son enfance dans l’orphelinat d’un quartier malfamé avait forgé ce caractère si misanthrope ? Abandonné par sa mère dès la naissance il n’avait connu, en lieu et place de la chaleur maternelle, que promiscuité, bruit, turbulence, violences, solitude affective. Des enfants agglutinés les uns sur les autres par manque de place, par manque d’amour. De quoi vous façonner un ego peu disposé aux relations sociales. L’isolement, il s’en accommodait mieux que quiconque. Il avait fui l’orphelinat au matin de ses 15 ans et personne n’avait vraiment remué ciel et terre pour le retrouver. Tant d’âmes perdues vouées à l’indigence, qu’une de moins, qui plus est parti de sa propre volonté, ne représentait pas une perte notable pour la Directrice. Certainement avait elle-même jugée que cette fugue laisserait au jeune John une vraie chance de s’en sortir dans la vie parce qu’avec le peu de moyens que lui octroyaient les services de la Confédération, son institution n’usinait pratiquement que du mauvais garçon. Elle avait eu raison.
Le premier chemin qu’il prit en quittant l’institution fut celui du spatioport de New Massilia sur Terre Prime. Il prenait le large avec le quartier miteux de son enfance où régnaient en maître, les mafieux à la petite semaine, les putes de caniveau, les malfrats ratés. Un bout de ville oublié de tous, le dortoir de la misère. Et s’il pouvait s’en éloigner encore plus, c’était bien à bord d’un vaisseau spatial. Il débuta comme docker sous payé, suremployé. Soulever des caisses, déplacer des caisses, ranger des caisses. Recommencer. Percevoir son chiche salaire. Il forgea sa vie tout seul, à la force de sa jeunesse et de sa volonté. Il évita soigneusement la galaxie d‘embûches qui l’aurait menée droit vers la délinquance. Il repoussa les avances des syndicats de dockers plus connus pour leurs accointances avec la pègre que pour leurs activités de défense des intérêts des travailleurs, il refusa de participer aux petites combines, il évita soigneusement les bars louches, les bordels, les caves à opium ARN, les tripots malfamés et autres lieux de dépravation. Enfin il eut l’opportunité de poser le pied sur le pont d’embarquement d’un G17-100 luminique 2 de deuxième main, qui faisait le trajet Cygnus/Terre Prime trois fois par mois, les soutes pleines de marchandises presque toutes déclarées. Le Capitaine Oldé Malo, un baroudeur à l’ancienne qui avait dû longtemps hésiter entre navigation commerciale et piraterie, l’avait pris sous son aile, voyant dans le tempérament vif et malicieux de John son propre reflet, sa propre histoire. Le gamin était connu sur tous les docks pour son sérieux et sa force de travail.
À l’âge de 27 ans, ses maigres économies accumulées sou après sou, lui permirent de s’acheter à crédit un Cargo de poche monoplace. Une vieille barrique usée jusqu’aux poutrelles pour vieux loup solitaire proche de la retraite. Il se lança dans le transport de fret entre les colonies de la galaxie du Centaure. Après trois années de labeur il disposait d’un carnet clientèle conséquent. Suffisant pour alimenter un mode de vie solitaire qui ne requérait que peu de dépenses.
L’intraspace est une zone située au point de convergence de la réalité et de l’absence de réalité, un lieu ni vraiment dans l’espace ni vraiment hors de l’espace, dans lequel naviguent les vaisseaux à 3,7 fois la vitesse de la lumière. À travers les hublots, le spectacle qu’offre la courbure espace-temps générée par les moteurs quantiques coupe le souffle. Les étoiles s’agglomèrent en d’interminables fils de lumières polychromes et forment un tunnel kaléidoscopique dans lequel les navettes s’engouffrent toujours plus loin. Par moments le tunnel s’infléchit et se courbe déraisonnablement mais en dépit de la logique le vaisseau reste en son centre. Des cerceaux de lumières balisent le parcours comme des check points astraux. Soudain, le vaisseau s’enfonce dans une mer noire parcourue de traînées violacées et sans transition aucune retour au ballet des fils de lumières. L’univers que l’Humanité croit prétentieusement maîtriser, recèle encore tant de mystères insondables. Conclusion, les trajets intraspace demeurent empiriques.
Dans les premiers mois de sa carrière John passait ses voyages accroché à la baie de pilotage, émerveillé par ces décors hors du champ d’application des théories einsteiniennes et euclidiennes. Par la force de l’habitude, l’exceptionnel devient tôt ou tard ordinaire. Aujourd’hui, il préférait se plonger pour la énième fois dans les pages cornées de son Robinson Crusoé. Il se sentait en communion avec ce solitaire forcé, oublié sur un rivage lointain et qui malgré tout survivait et ne voulait pas abandonner. Ça parlait de combat, de survie, d’espoir, de la recherche de soi. Depuis quelque temps ce livre lui parlait surtout de vendredi, ce sauvage qui délivrait enfin Robinson de sa thébaïde. À 34 ans, dans son lit zérograv, il se demanda si le moment n’était pas venu de reprendre contact avec les hommes. Il ne savait pas. Il se posait juste la question sans chercher activement une réponse. Le spectre de sa mère flottait toujours à la lisière de l’esprit. Dans sa tête d’enfant il l’avait imaginée douce et tendre, repentante surtout. Elle l’avait abandonnée par nécessité, préférant souffrir toute sa vie plutôt qu’infliger l’indignité à son fils. Une altruiste sacrifiant son bonheur au bénéfice de sa progéniture chérie. Un jour, elle l’accueillerait à bras ouverts et ensemble ils reconstruiraient le temps perdu. Ils pleureraient beaucoup, s’étreindraient, se pardonneraient. Après des recherches rapides, il l’avait retrouvée à la sortie de l’orphelinat. Une prostituée qui courait le trottoir à deux pas de là. Droguée, ravagée, détruite. Elle lui rappela amèrement qu’il n’était qu’un accident de travail parmi tant d’autres contingences dégueulasses. Le rêve prit fin brutalement et il passa en quelques fractions de secondes de l’adolescence à l’âge adulte. Elle demeura un frein à chaque fois qu’il nouait une relation nouvelle. Abandonné une fois lui suffisait, il ne parvenait pas à dépasser la blessure originelle. Constamment il fuyait ses pairs depuis l’orphelinat. Tout bien réfléchi, depuis sa naissance en fait. Cette fuite l’avait doucement conduit jusque dans le vide de l’espace. Seul dans la carapace de sa conscience blessée.
Il referma son livre et il dormit dans l’attente de rejoindre les coordonnées programmées dans l’ordinateur de bord en tout début de voyage. Dormir, un bien grand mot ! Il y a des comportements acquis dont on ne se sépare que difficilement. À l’orphelinat on ne dormait pas sur ses deux oreilles. Jamais. On somnolait. Le dortoir accueillait une centaine d’enfants, allongés en rang d’oignon sur des lits grinçants ou sur de vieux matelas souillés des mictions des précédents occupants et jetés à même le sol. Les pauvres petits sanglotaient en des larmes étouffées leur mal-être, leur solitude, leur famille espérée ou désespérée. Les nez reniflaient, les corps remuaient et se tordaient de tristesse sous l’assaut de rêves improbables. Il y avait aussi les anormaux, plus bruyants, plus bavant, moins inhibés, plus dérangeants. Quand enfin le sommeil semblait venir, surgissaient les cauchemars qui souquaient les minots hors de leur terrier en de grands cris de terreurs. Sans oublier les virées punitives des groupes de grands qui venaient à l’heure du crime assurer leur suprématie et martyriser les jeunes récalcitrants endormis. Lorsque le vaisseau arriva à destination John se libérera sans effort des bras de Morphée. Il était temps de livrer au fantasque Lord Grandaloo sa cargaison tant attendue (tout un tas de vieilleries et de bibelots usagé dont quiconque n’aurait voulu mais jugés inestimables par le collectionneur).
Le lord vint l’accueillir en personne dès son appontement sur le dock. Le pétillant septuagénaire portait un ample pantalon bouffant en patchwork polychrome et une gabardine luisante rouge feu qui traînait sur le sol. Sa tête couverte d’un large chapeau de fleurs fraîches ponctuait la dégaine improbable de cet homme au demeurant toujours souriant et avenant. Pourtant c’est avec une mine défaite qu’il serra la main de John.
« C’est la guerre John. Mon Dieu, mon Dieu… » Le pauvre homme tomba en larmes dans les bras de John.
 
Tout allait globalement bien. Certes pas un citoyen n’aurait osé dire que le Gouvernement Galactique 3 , démocratie vielle de plusieurs centenaires, frôlait la perfection. Mais dans l’ensemble l’humanité, essaimée sur 138 planètes, ne se plaignait pas vraiment ni de son niveau de vie, ni de son degré de libertés indi

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents