Mathilde
76 pages
Français

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Description

« Enfant, je me réfugiais en toi... t'attendais, te désirais... Te voir, seulement te voir... » Biographe inventive, observatrice amusée, Mathilde ressemble à France Terrassin. Elle a su tracer un récit sincère et poétique, grâce à son attachement aux mots : un style singulier pour un conte initiatique touchant qui vient explorer avec originalité l'univers familial.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342153033
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0037€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Mathilde
France Terrassin
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Mathilde
 
 
 
À François,
 
À Élodie et Nicolas
 
Enfant, je me réfugiais en toi, petit Tunnel cimenté, passage souterrain de mes premiers émois.
Pour moi, légendaire…
Pas bien grand, sinueux, onduleux, rugueux, noueux ; entouré d’eaux croupissantes : des mottes de terre ramollies se confondaient, semblait-il, en excuses. Endroit marécageux, alourdi par la tiédeur ambiante. Torpeur nullement envahissante, qui te maintenait en vie. Des moustiques incorrigibles se démenaient.
Comme tu savais me protéger de mes poussières extérieures : une pluie de fâcheries sournoises me tombait régulièrement dessus !
Inquiétante, enlisante, collante.
Et je courais te retrouver, menu, toujours prêt à me consoler, un peu bringuebalant dans ton intérieur, mais honnêtement propre et habile.
Tu laissais ta porte ouverte pour qui, j’avais bien deviné…
Pas de clé : rien qu’une ouverture de souffle apaisant, riche en émois.
Pas de compte à rebours, ni jugement mal placé. Pas de tension équivoque.
Ni irrégularité, ni acrimonie.
Douceur, impressions, appréciations du moment.
Originalité : puissance en dégradé, en espalier.
Anesthésie de ma douleur.
Traits de récupération mémorable.
Émancipation adoptée.
Bond en avant.
Alchimie complète. Sortilèges effacés, désarçonnés.
Je retendais mon Fil d’Équilibriste : ligne horizontale.
Émotion intense. Je m’abandonnais aux mots itinérants :
- la ration de notre émulsion
- l’échafaudage de notre épandage.
 
Impressionnée j’étais. Évaporée, non. Interpellée, oui.
Aucun larcin. Sereins nous étions.
 
J’arrivais chez toi à grandes enjambées, souvent essoufflée, impatiente : comploter avec toi, que tu me consacres la plus grande partie de ton temps, délicieux…
Agile, je sautais un fourré.
Toujours là, toi, au moins, fidèle !
Encore plus accueillant aux beaux jours, car sec comme si tu avais été endimanché, plus recueilli et aguerri apparemment, plus attachant encore.
Chaud, chaleureux, neutre. D’une force inespérée.
Néanmoins, tu ressemblais à toutes les buses : humide, moussue, fendillée par endroits. Si ce n’est que tu étais ajourée d’une fêlure ajustée : petite plaie béant étonnamment, savamment.
Lorsque je ne te visitais pas, tu me manquais : ta langueur, vapeur, chaleur, candeur, odeur, senteur, honneur.
Toi, rétroviseur inquisiteur, éclaireur rédempteur.
Abrasif et solitaire.
Comme tu me tenais, mon conduit : incandescent, étincelant, incendiant, motivant, délassant, vivant.
Gracieux bien que fendu, blafard sur quelques-unes de tes parois trop lisses ; je te voulais plus âpre même au toucher. Puisque je te savais doux, compréhensif, charmeur, aidé de ton maquillage moussu, barbu, moustachu.
 
Je t’attendais, te désirais.
Je m’installais instinctivement dans ton coin le plus mousseux, le plus suintant, entaillé ; néanmoins le plus proche de moi.
Je te prenais, tu te plaçais en moi.
Tu me faisais face malgré ma véhémence parfois, ma vélocité, mon intrépidité jamais étanchée.
Ton odeur de moisi, lorsque je venais à toi, à plusieurs reprises je l’ai ressentie, mais elle ne m’a jamais dérangée, au contraire. Venant de toi, elle me déliait. Je me reconnaissais, moi l’Équilibriste en toi, mon interlocuteur hardi, vigoureux, tendre, émouvant.
Ouvertement, explicitement, éloquemment.
 
Alors, c’est moi qui te questionnais. Ton avis. Parfois tu tapais trois fois et c’était bon signe, ou bien c’était mon tour de frapper : rarement.
D’autres fois, tu toussais et je m’inquiétais fortuitement.
Jamais tu ne me faisais de mal ou m’attristais. Au contraire…
Histoire de nature morte, d’effet secondaire enlevé, s’avérant élevé entre nous.
D’équilibre perçu non déçu ni désabusé, reflétant nos envies.
L’air des beaux jours, des jours enfantins où les rires éclosent, où les cavalcades d’enfants amusés font craquer les hautes marches d’escalier.
 
Tunnel solide, épais, puissant, à l’allure fière.
S’asseoir sur toi, se libérer, se reposer.
Plutôt gris, un peu sale, tu t’affaissais légèrement, mystérieusement.
Loin du bruit.
Ma bouée de sauvetage que j’allais rejoindre enfant, seule.
Ordre de vie, ordre des choses.
 
MON SECRET…
Ce jeune homme élancé, cheveux bouclés châtains, qui allait devenir mon père : Rémi, était tombé amoureux, un été, de la fille d’une fermière : Lucile.
 
Plusieurs années de suite, préposé au lait, en vacances à la montagne.
Ses parents aimaient à louer la même maison ; Camille, sa sœur de quatre ans plus âgée, les suivait.
Il partait fébrilement le chercher avec son pot à lait en fer-blanc, à la ferme d’à côté ; passait au milieu des vaches bien grasses du large champ d’herbe tendre et montait la colline. Rougi par le soleil, omettant la crème solaire.
 
Elle n’avait que seize ans à leur première rencontre. Ce fut le coup de foudre réciproque.
Remplissant le pot à lait à ras bord – résultat, il en faisait couler à chaque fois. La vache se précipitait, léchant goulûment le résidu. Un jeu entre eux !
 
Laborieuse, elle était. Aimant la terre, enfant, déjà, aidait ses parents à la cultiver.
Quelle ne fut pas sa surprise de découvrir un beau garçon, venant à chaque grande vacance, acheter du lait qu’elle extrayait du pis de la vache, énergiquement.
Venaient des compliments sur sa dextérité.
Arrêt de ses études tôt – car les fermiers avaient eu besoin d’elle pour s’occuper notamment des bêtes : des vaches, cochons, poules, lapins. Et elle aimait tant cela ! Debout, il ne faisait pas même jour. Du travail dur et avec le sourire. Ne pas se plaindre du dos qui s’abaissait au lieu de s’agrandir !
À chaque fois qu’il se montrait : Lucile nettoyait l’étable ou jetait du grain à la basse-cour, sarclait, désherbait, faisait des feux de branches mortes, conduisait le tracteur.
Pas le temps de s’attarder en ville !
 
Rémi n’osait parler de son Amour à ses parents.
Une jeune fille de la campagne aux joues rebondies. Pensez !
Un jour où il se rendait à la ferme, Rémi est passé près d’un âne sans y prêter attention.
Sur les collines emplies de gentianes, un âne avançait péniblement, s’arrêtait souvent pour hoqueter, pour libérer ses bronches, semblait-il. Il ruminait de l’herbe, mâchonnait ses filaments de chewing-gum à la chlorophylle, baveux.
Aucune hardiesse en lui.
Indifférence, nonchalance, apostrophe de l’âme.
On aurait dit qu’il épiloguait en chemin.
Comme s’il repassait quelques étapes de sa vie : naissance à la Ferme Zanzibar, puis démonstrations dans un cirque de quartier où on ne lui laissait pas même le temps d’avaler un brin d’herbe.
Ensuite, il fut...

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