Mamie Balthazar
88 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Mamie Balthazar , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
88 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Dès son plus jeune age, la vie de Germaine n'a été qu'une succession d'épreuves. Orpheline à quatre ans, placée de ferme en ferme, son existence fut vouée à l'obéissance et la servitude. Ce destin si tragique permet parfois des rencontres inoubliables, des moments de bonheur, mais aussi de doutes et de regrets.



Parviendra-t-elle à connaître le bonheur ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 09 novembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414498192
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
194, avenue du Président Wilson – 93210 La Plaine Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-49818-5

© Edilivre, 2020
Dédicace

A mon père
Préambule
Ce livre n’est que pure fiction. Bien sûr, certains peuvent voir en cette femme une aïeule, une parente. Ce n’est qu’un reflet de la vie d’un être en ce début du siècle.
Les personnages bien qu’au demeurant existants dans mon entourage, m’ont servie simplement à donner un sens important à cette histoire.
Tout au long de ce récit, ma volonté première a été de valoriser le courage des femmes à survivre, leur audace à subsister malgré les épreuves douloureuses.
Finalement, j’ai compris que le plus important dans toute une vie, est véritablement la famille qui nous entoure, nous guide, nous accompagne.
Alors si vous n’avez pas encore dit « je t’aime », par pudeur, par oubli, par habitude ou lassitude, si vous avez trop longtemps enfoui vos émotions par crainte du ridicule, du qu’en dira-t-on, ou par croyance, prenez le temps d’aller vers ceux qui vous tiennent à cœur et dites-le-leur.
- 1 -
— « Vous m’entendez Madame Gounis, si vous m’entendez, serrez-moi les mains. »
Bien sûr que je vous entends !
— « Si vous m’entendez, serrez-moi les mains. »
Mais qu’est-ce qu’elle a celle-là à crier.
— « Je suis désolée monsieur, mais votre mère vient de faire un accident cardio-vasculaire, il faut la transporter d’urgence à l’hôpital. »
A l’hôpital, pourquoi l’hôpital, je dors, ils ne comprennent pas ces idiots, je dors. Laissez-moi profiter de ce repos bien mérité. A moins que…
Eh bien voilà, ma vie va enfin s’achever. Je dis enfin car cette vie fut trop longue à mon goût et au goût des autres certainement. Je n’ai jamais rien compris à la vie, surtout à ma vie. J’ai eu beau tenté de la diriger mais elle m’a toujours échappée. J’avais tellement de choses à vous dire. N’aurais-je finalement plus le temps ?
Pourquoi toujours attendre le dernier moment pour dire combien aux gens qu’on les aime. J’ai tellement attendu ou plutôt j’ai toujours retardé cette échéance, tellement retardé que j’ai oublié. J’ai même oublié d’aimer.
— « Monsieur, votre mère se rétablit mais elle n’a pas retrouvé toutes ses capacités, elle a perdu l’usage de la parole. Une place en maison de convalescence serait souhaitable, le temps que ses potentialités d’autonomie réapparaissent. »
Mes potentialités d’autonomie, de quoi parle-t-elle cette pimbêche, et pourquoi est-elle habillée tout en blanc de la tête aux pieds ? Ah non, je ne retourne pas à l’orphelinat.
Ma petite maman, où es-tu ? Ne m’abandonne pas encore une fois ?
Viens me chercher, je te promets que je serai sage…
- 2 -
Il faisait froid ce matin-là, mon petit papa avait mis mes deux robes, et ma veste bleue dans une toute petite valise. Mireille, ma sœur de deux ans mon aînée avait eu droit aussi à sa petite valise. Mon petit papa les avait achetées le jeudi sur le marché. C’était la première fois que l’on partait loin de la maison depuis la mort de ma petite maman.
Elle est morte en donnant naissance à mon petit frère, qui est mort aussi, tant mieux, il a trop fait souffrir ma petite maman. Elle a beaucoup crié, j’étais sortie dehors jouer avec Mireille et mes deux grands frères, Jean et Marcel.
Jean ressemblait à mon petit papa, cheveux blonds, bouclés, il était petit et maigrelet. Marcel, il était beau, grand, mince, les cheveux noirs toujours gominés, et surtout il était gentil avec moi, il me portait sur son dos et nous galopions dans les près.
Ma petite maman a arrêté de crier mais aussi de respirer. Elle fut enterrée à l’entrée du cimetière, elle n’a pas eu droit à une belle stèle blanche comme celles qui jalonnent chaque allée. Elle n’a pas eu droit à sa photographie dans un médaillon ni son nom, juste un petit pot de fleurs et beaucoup de larmes. Elle était tellement gentille ma petite maman et si douce.
Elle aimait chanter, toute la journée elle chantait, c’était quoi déjà cette chanson qu’elle fredonnait tout le temps et surtout le soir pour que je m’endorme ?
— « Madame Gounis, vous m’entendez, il va falloir se réveiller maintenant, c’est l’heure de la toilette. »
Mais je ne veux pas me lever ! Je suis fatiguée. Ce lit est bien confortable. Puis de quoi me parle-t-elle ? Ma toilette, je n’ai jamais eu besoin de quelqu’un et ce n’est pas maintenant que cela va commencer. Ma petite maman nous a appris très tôt à nous laver. Elle se fatiguait très vite et ne pouvait pas s’occuper de nous quatre.
Attention, mais qu’est-ce qu’elle fait avec son gant, elle se croit où ? Non mais elle croit que je vais me laisser faire.
— « Allez encore un petit instant, nous avons presque fini. Restez tranquille. Le gant est froid ? »
Froid, mais elle plaisante ! Ce n’est pas là le problème, c’est l’endroit qui me dérange. Bon ça y est, tu as fini.
— « Je vous assis dans votre fauteuil, je reviens. »
Oui c’est ça, laisse-moi, tu es bien comme ses bonnes sœurs de l’orphelinat.
Après la mort de ma petite maman, mon papa a envoyé les garçons travailler chez des patrons. Moi, je ne voulais pas que Marcel s’en aille, j’ai tiré sur sa chemise pour le retenir, j’ai pleuré et crié fort mais Marcel ne s’est même pas retourné, il m’a laissée seule sur le chemin, après ma petite maman, voilà que mes frères me quittaient encore heureux que mon petit papa restait avec Mireille et moi.
Les deux valises furent rapidement fermées, mon petit papa avait sorti la carriole à bras. Il nous fit nous asseoir dedans avec les valises posées sur nos genoux. Mon petit papa n’est pas bien costaud, mais nous ne pesions pas lourd. J’avais à peine quatre ans et Mireille six. Mon petit papa sifflotait sur le chemin. On partait sûrement faire un tour au village voisin voir de la famille.
La route fut longue, j’avais froid aux jambes, ma robe trop courte ne recouvrait pas mes mollets et mon petit papa n’avait pas su raccommoder mes bas. Deux énormes trous ornaient mes genoux rougis par le froid.
Il stoppa la carriole devant une immense bâtisse, il y avait une énorme plaque fixée au mur avec un tas de lettres alignées, ma petite maman ne m’avait pas encore appris à lire, mais mon petit papa le fera plus tard.
Mon petit papa a actionné la volumineuse cloche près du portail. Le bruit me fit sursauter. Une forme drapée de tissus arriva essoufflée au portail.
Je n’apercevais qu’un minuscule visage coiffé d’un grand-voile noir. Il était ridicule ce petit visage noyé sous tant de tissus.
— Ce sont les deux fillettes ?
— Oui ma mère !
— Ma mère ? Mais ce n’était pas sa mère ?
Mon petit papa nous fit descendre de la carriole, la « mère » ouvrit le portail et saisit les valises. Mon petit papa s’agenouilla devant nous et nous embrassa comme jamais il n’avait fait. Il nous serrait si fort qu’il me fit mal.
— Vous serez bien ici, je viendrais vous voir de temps en temps.
Il se releva, nous poussa vers la « mère » qui referma le portail.
Lui aussi ne se retourna pas quand j’ai hurlé pour qu’il reste. La « mère » me secoua fortement le bras :
— Ce ne sont pas des façons, je vois que toute l’éducation est à faire.
J’ai continué à hurler, j’ai donné des coups de pieds dans les innombrables jupons de la « mère », elle au moins elle ne devait pas avoir froid aux jambes.
Ce jour-là, je l’ai haïe cette « mère » qui n’était pas ma mère mais mon bourreau.
— « Madame Gounis, c’est le petit déjeuner. Voici deux biscottes avec de la confiture de prunes ! Je vous tartine les biscottes ? »
Oh oui ! De la confiture de prunes que ma petite maman faisait. Mais pas celle au rutabaga que les sœurs de l’orphelinat nous obligeaient à manger à la veillée de Noël, et elles disaient que c’était un cadeau de Jésus. Il n’a pas dû souvent en manger lui du rutabaga.
Ce premier jour à l’orphelinat fut le dernier jour de ma vie, je n’avais que quatre ans et déjà ma vie était réduite à néant, réduite au mépris, à l’indifférence et à l’humiliation. Je les haïssais toutes, ses bonnes du curé, ses bonnes du christ. Elles me volèrent mon enfance. Mes deux seules et uniques robes achetées par ma petite maman me furent supprimées, trop fleuries, trop blasphématoires. Seuls mes bas troués échappèrent à ce vol, « cela t’apprendra à ne pas prendre soin de tes affaires », avaient-elles dit pour me punir. Je les ai gardés deux années de suite, même trop petits, elles m’ont obligée à les porter.
Mireille a eu droit au même châtiment, les bas en moins, elle acquiesça sans broncher, sans larmes, résignée à six ans.
— « Le chocolat n’est pas trop chaud, Madame Gounis ? Attention, vous en faites couler sur votre menton ! Doucement, vous avez le temps. »
Évidemment qu’il est chaud, sinon cela ne s’appellerait pas un chocolat chaud. Quelle idiote, bien toutes les mêmes, ces femmes en blanc. Elles se veulent aimables, puis vous flagellent par derrière.
Le matin, nous avions droit à une assiette de soupe, ou du moins de l’eau chaude avec un ridicule bout de navet flottant, se noyant dans cette flaque tiède et fétide. La nourriture des cochons était plus garnie et plus odorante. Il m’est arrivée de me joindre à eux pour une dégustation interdite.
Les sœurs, mangeaient également une soupe, mais elles avaient de gros morceaux de légumes et du pain qui gonflé par le jus, débordait de l’assiette. Peut-être que comme les cochons, le bon dieu les engraissait pour les manger ?
Un café terminait leurs repas, un café brûlant, fort, noir, édulcoré par du sucre. Un sucre blanc, fin, qu’elles prenaient avec délicatesse avec une petite cuillère en argent sous les regards affamés des petites filles. Elles nous narguaient en remuant en grand bruit leur café. Nous restions là, subjuguées par cette odeur, par ce plaisir défendu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents