Ma jeunesse éternelle
94 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Ma jeunesse éternelle , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
94 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

"Une ancienne gloire du cinéma, septuagénaire célibataire et coureur de jupons, brûle de retrouver les plateaux de tournage. Seul hic : le comédien est devenu aigri, ingérable et doncâ?¦ chômeur. Un fâcheux concours de circonstances l'envoie droit en maison de retraite. Son ambition ultime : retrouver sa liberté et le rôle qui saura le faire renaître de ses cendres. Mais l'amour s'en mêle... chose étrange pour lui, qui n'a jamais vraiment aimé. "

Informations

Publié par
Date de parution 16 septembre 2021
Nombre de lectures 2
EAN13 9791096382330
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

david tavityan

Copyright é ditions Ocrée
contact@editions-ocree.fr
www.editions-ocree.fr
ISBN : 979-10-96382-36-1
Toute représentation ou reproduction intégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause, est illicite. Cette représentation ou reproduction, par quelque procédé que ce soit, constitue une contrefaçon sanctionnée par la loi sur la protection du droit d’auteur.

Table des matières Profession : Acteur enflammé Une famille sur le dos Borsalino L'épate Nouveau départ Nouvelle adresse Un frisson dans la nuit Le locataire Agent trouble Prendre un bon pli Les bières de Mirabelle L'étreinte de l'ange gardien la grande évasion Un taxi mauve Erreur de casting Le mot magique Brasserie-baskets Une seconde chance Je reviendrai Accident de comptoir Macadam SOS amitié Soins et petite compresse Gueule d'amour A bout de souffle Nettoyage à sec L'ami de Mirabelle La gifle Arrêt sur image Retour chez Floralie Personne n'est parfait Coup de pub L'interview Un après-midi de chien Un chien vaut mieux que deux tu l'auras Le dîner Jeu de mime L'incroyable hug Profil bas Quoi de neuf, Docteur ? Apocalypse now La femme à barbe sans tête Adieu les cons Victoire La dame au lapin, Benny, Mirabelle et son copain Le sapin a les boules La grande lessive Noël (dernière chance) Le grand saut Dernier jour chez Floralie, premier jour à Londres C'est arrivé grâce à vous
Landmarks Couverture du livre


du même auteur
My Heart in Seoul - Tome 3 , Éd. Nisha, 2018.
Chip , Éd. Evidence, 2017.
Lorraine Super-bolide , Éd. Sarbacane, 2011.
Comment j’ai raté ma vie de super-héros , Éd. Sarbacane, 2010.


Aux seniors qui n'ont pas dit leur dernier mot.
« Azad, ça veut dire libre, dans un certain langage. »
Le casse, Henri Verneuil
« Vous savez, l’amour et l’amitié, ça marche avec l’admiration. »
Baisers volés, François Truffaut

1
profession : acteur enflammé
à 70 ans, Emile Azad était resté une sorte de gamin terrible. Gloire passée du grand écran, il ne tournait plus depuis une dizaine d’années. « Acteur trop caractériel » avait été la formule convenue par la profession pour le blacklister sur les plateaux de tournage. Pour se rappeler ses beaux succès, il lui arrivait de se brancher sur une chaîne payante du câble qui rediffusait l’un de ses films. Ce soir-là, il n’y avait rien — avec le grand Emile Azad. Aussi il avait décidé de feuilleter un de ces anciens magazines qui lui avait consacré un article flatteur. A en croire la presse d’alors, il possédait tout : le charisme, le talent, une beauté racée, une filmographie très populaire ponctuée de quelques films d’auteur. Il était fier de ses bluettes distrayantes tout autant que de sa période « auteur » des années soixante-dix où il avait tourné pour François Truffaut et Federico Fellini. Mais lire et relire toutes ces vieilleries finissait par lui mordre le cœur.
— Allô, Teresa ?
Il venait de remettre la main sur le numéro de téléphone de cette femme rencontrée au supermarché et l’appelait depuis son mobile.
— Emile Azad, s’annonça-t-il, d’un ton assuré. Vous allez bien ?
Décliner son identité pouvait être un sésame avec ces femmes qui l’admiraient encore. En plus, il usait du même ton flamboyant que les personnages haut en couleur qu’il avait incarnés. Arsène Lupin, Lagardère, Fantômas.
— J’avais pensé que peut-être ce soir... Ah... vous êtes prise ? Alors, demain soir, attendez un peu, je consulte mon agenda.
Ce qu’il ne fit pas.
— Demain, c’est impeccable. Je passe vous chercher ?
Il ne l’avait pas oubliée. La soixantaine, la voix un peu rocailleuse et un corps svelte dans un haut en satin rouge. Elle lui avait tapé dans l’œil et réciproquement. Bon, sa soirée de demain était programmée. Ce soir, par contre, c’était le gros spleen. Il s’enquiquinait royal. Il avait envie de composer le numéro de téléphone d’une chaîne de télé pour les insulter. Leurs programmes sont débiles. Où sont passés les classiques ? Emile Azad n’est pas mort. Vous m’avez planté là sans vergogne dans mon logement solitaire. Programmez quelque chose d’immortel, enfin ! L’immortalité, c’est ce qui continue de grandir dans les grands films alors que les télés se sont éteintes depuis longtemps dans un flash crépusculaire.
Vous avez quoi contre la classe et le talent ?
Il partit se chercher une bière dans la cuisine. Quand il ouvrit le lave-vaisselle pour attraper un verre propre, il passa mentalement en revue ses connaissances féminines susceptibles d’être libres dans la soirée. Tout à ses pensées, il ne vit pas tout de suite ce qui lui arrivait. Une flamme perfide monta et lui lécha une oreille. Désemparé, il relâcha la porte qui s’abattit vers le sol et vit le feu se propager à l’intérieur de l’appareil. Une autre grande flamme sortit subrepticement et lui agrippa une mèche de cheveux qui flamba. Il fit pleuvoir la bière sur lui pour éteindre la flammèche qui poussait sur son crâne. Il fonça sous l’évier, empoigna un seau qu’il remplit d’eau, tous les robinets ouverts. Bon sang, pompier, il n’avait jamais fait ça ! Encore une conspiration de la télévision contre le talent... pensa-t-il pour éteindre sa propre frayeur.
Prenant son élan, il jeta le contenu du seau. Le feu mourut aussitôt.

2
une famille sur le dos
La brûlure avait à peine touché son épiderme grâce à ses réflexes de survie. Seule la mèche de cheveux de devant avait disparue. A la place, une surface unie qui s’avançait entre deux rangées laineuses blanches un peu roussies.
— Pourquoi a-t-il fallu que je fasse votre boulot ? dit-il aux pompiers venus pour inspecter les lieux. Avant, on me payait pour ça. Maintenant, c’est moi qui paye.
Les pompiers ne relevèrent pas et repartirent. Ils commençaient à le connaître, Emile.
Son gendre et sa fille avaient débarqué dare-dare. Elle le regardait comme on remontre un bambin coupable.
— Ne me fais pas ces yeux, Florence, c’est ce gredin-là qui me l’a vendue, la machine.
Il désignait du doigt son gendre qui, d’ailleurs, portait le polo rouge Darty sous une veste noire. Une légère rougeur couvrit les joues rondes de ce dernier qui réagit :
— Tu es le deuxième cas à qui cet incident arrive. Il y aurait un vice au niveau de l’interrupteur. Il va falloir le signaler.
Florence se tourna vers son époux comme s’il se liguait contre elle.
— Stoppe là, Eddy. Papa en est à son troisième incident, cette année. Est-ce que la cigarette qui a foutu le feu à ses draps en pleine nuit vient de l’interrupteur de la machine à laver ?
Eddy changea immédiatement de point de vue :
— Tout à fait d’accord, ma chérie. Et sa voiture qu’il a emboutie, par ailleurs. Non, c’est sûr.
Emile prit la parole :
— C’est quoi, cette réunion ? Mon procès ? Un nouveau chapitre de mon humiliation ? Est-ce que vous avez vu ce film où j’explose de fraîcheur et d’énergie : Dernier round , qui m’a valu un prix à Cannes ?
— Ça, pour exploser, papa, ça détonne un peu trop en ce moment, dit Florence.
— Pfff... parce qu’en plus, madame fait de l’esprit.
— Florence fait surtout ce qu’elle peut, plaida Eddy.
— à tel point, répondit Emile, qu’elle est maintenant ma tutrice. Quelle tristesse.
— J’y ai été contrainte, tu le sais bien, dit-elle. Tu m’inquiètes, c’est tout.
— Bon, laissez-moi, grogna Emile. J’ai quelques cheveux en moins. Et mon intuition me dit qu’ils ne repousseront pas tant que vous serez dans les parages.
Nom d’une bourrique ! pensa-t-il, amèrement. Pas de cheveu là-haut... et mon rendez-vous de demain soir ? Je fais comment ?

3
borsalino
La soirée avait commencé sous des auspices bizarres et décevants. Le cinéma où il avait invité Teresa diffusait bien Hercule et les filles de la vallée , ce péplum italien kitsch qu’il avait tourné au début des années soixante pour payer ses impôts. à ce détail près qu’il s’agissait d’une autre version où il ne jouait pas dedans. C’était du n’importe quoi. Il se barbait. Il avait beau répéter à l’oreille aigrement parfumée de sa compagne que ce n’était pas lui sur l’écran, elle répétait : « Oh, vous êtes formidable, formidable ! »
— Mais je vous dis que ce n’est pas le bon film. Ça n’est pas moi.
— Vous êtes beau !
Après tout, le charme opérait... il n’insista pas. L’acteur lui ressemblait plutôt, près d’1 m 80, une carrure imposante, le cheveu noir. Il lui manquait ces yeux d’azur matinal qui avaient fait le succès d’Emile Azad. Et puis la démarche de son sosie était raide, si peu naturelle.
Quand les lumières se rallumèrent, Emile recoiffa très vite son Borsalino. Pas question que Teresa remarque le trou dans sa chevelure.
Enfin, ils sortirent du Brady, ce vieux cinoche du 10 e arrondissement et, au passage, Emile ne put se retenir d’aller glisser une remarque à la caissière derrière son guichet :
— Vous pourriez au moins diffuser l’original ! C’était quoi ce baltringue qui joue Hercule ?
Teresa le tirait par le bras :
— Moi, j’ai trouvé ça très bien.
Ils montèrent dans la Mercedes cabossée sur l’aile avant droite et l’acteur démarra. Tandis qu’il conduisait, Teresa sortit une bouteille de Tequila de son sac et se mit à siroter gorgée par gorgée. Entre deux lampées, elle eut un petit rire entendu et lui proposa :
— T’en veux ?
— Pas tout de suite. On a failli me retirer le permis il n’y a pas longtemps.
— Allez, Hercule ! Si la police t’arrête, tu gonfles tes muscles.
— Bon, une petite goutte, alors, fit-il tièdement.
Il pencha la tête en arrière et téta à même le goulot. En lui rendant la bouteille, il ne pu

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents