Lussien contre-attaque
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Lussien contre-attaque , livre ebook

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Description

« À cœur pur, rien d’impossible, en avant Lussien ! Ta destinée te hèle, loin des sordides cloaques où tu traques le brigand, il va falloir juste t’adapter, convertir tes paramètres habituels, affiner ton flair de limier, deviner le brigand en costume de paysan, qui sait ? Tu connais tes alliés mais point encore tes adversaires, n’oublie pas déjà les enseignements de “Tosca”, imagine sa fierté et les lauriers pour ta tronche de beau gosse, plein de bonnes choses pour ta petite gueule de flic obstiné que tu es. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 octobre 2012
Nombre de lectures 0
EAN13 9782748388442
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0056€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lussien contre-attaque
David G.F. Kapell
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Lussien contre-attaque
 
 
 
 
Chapitre 1. Les grands espaces
 
 
 
— Oh ! là, là ! Vanous ! Vanous ! Réveille-toi, Vanous ! Faut que tu viens, madiou, va y avoir du foin… Vanous ! C’est Gégé ! Oh, Vanous !
— Oh dis, Gégé, escogniaud, va ! C’est pas un peu fini de brailler comme ça, tôt le matin… Il y a d’honnêtes paysans qui aiment leur tranquillité par ici ! Tu le sais, ça ?
— Oh ! là, là ! T’es là, Germain ?
— Que oui, je suis là ! C’est quoi ce mardi gras que tu me fais de sitôt, t’as dormi avec les poules ou quoi ? La Monique t’a licencié ? Madiou ! T’es fou, ma parole !
 
Le recto bedonnant du Germain, déjà emballé dans un bleu de travail, encombrait à lui tout seul le passage de la porte. La petite masse de Gégé s’était recroquevillée penaude en contrebas des deux marches d’escalier qui mène jusqu’à son gros voisin. La fraîcheur de ce matin de campagne s’était suspendue un temps, faisant place à cette confrontation virile.
L’atmosphère portait la rumeur des derniers cocoricos et le voile mystérieux d’une légère brume matinale, s’évanouit, perforé de mille rais de lumière d’un soleil qui voulait percer. Les deux hommes se faisaient face, irritation et dubitation titillaient les petits nerfs d’un Germain à peine réveillé, et Gégé s’engouffra dans la brèche de la surprise, par un assaut solidaire.
 
— Oh ! là, là, Vanous ! Va y avoir du foin, ne prends pas tes nerfs ! Figure-toi que, en passant sur le chemin, j’allais au bourg, j’ai vu qu’il y avait une voiture garée le long de ta clôture en bas, ça m’a l’air pas clair du tout… Si c’est des brigands, ça peut faire du vilain, la plaque, c’est un soixante-quinze, c’est un étranger, faut voir ça tout de suite… J’ai juste regardé un peu, j’ai vu un gars qui dormait, ça sent le frelaté tout ça, mon Vanous…
— Une voiture, dis-tu ? Sur le chemin en bas ? C’est quoi encore cette tisane ? Quelqu’un qu’aura bistouillé sa route sûrement ! T’as pas tort, faut voir ça tout de suite, on ne sait jamais, je me demande si… Bétouine, le fusil ! Mes contrariétés reviennent.
 
Happés par l’excitation soudaine de cette aventure matinale, les deux hommes se lancèrent à travers champs, sous la conduite rebondissante de Gégé et la protection du fusil chargé au gros sel, de quoi dissuader un assaillant et préserver la tranquillité du secteur. Les deux révoltés se trouvèrent vite sur le site des opérations et par précaution, ils contournèrent le véhicule noir, encore à l’arrêt le long de la clôture du Germain. À pas feutrés, tels des grands fauves en traque, ils longeaient la machine juste quand le passager, probablement indisposé par la chaleur à l’intérieur, se décida à bouger.
 
Incertains quant à leur légitimité, les deux hommes se disposèrent alors bien en vue, en attendant la sortie de l’étranger, visiblement éreinté par une nuit de sommeil inconfortable sur le siège déployé de son impressionnant bolide d’une marque inconnue de l’autochtone. Le pauvre homme avait dû chercher en vain sa route, toute la nuit : un chemin que jamais il ne trouva. Vaincu par la fatigue, il avait rangé là son véhicule le long de cette clôture, et voilà que cette aube nouvelle, porteuse de promesses, le ramenait au monde. Sous le regard de ces improbables spectateurs, l’homme égaré entreprit quelques assouplissements afin de dégripper la machine, relancer sa marche en avant quoi ?
 
— Et comment il va ce matin, le petit monsieur là ?
 
Action ! Dans un rotatif nerveux, un réflexe de combattant, l’homme avait tout de suite repéré l’origine de la voix, saisi à froid par les deux épouvantails qui le dévisageaient. Il en bafouilla de surprise ;
— Oh, ben ! Qu’est-ce que c’est ? Je… enfin… à qui ai-je l’honneur, messieurs ? Bonjour !
 
Combien de tragédiens eussent aimé écrire cette scène d’un pathétique notoire ? Ces trois hommes soudainement mis en présence, ne sachant que se dire, seul le hagard des regards donnait une sorte de vie à l’instant. Néanmoins, l’étranger fit preuve de savoir-vivre, justifiant sa présence sur zone, vaguement inspiré par la vue du fusil que le Vanous tenait encore posé au sol, le long de sa rurale plastique.
 
— Oh ben, c’est que rien tout ça ! Mon petit monsieur, avec Gégé, on s’est un peu inquiété, c’est tout ! Il ne vient jamais d’étrangers par ici, vous vous êtes égaré pis c’est tout, nous autres par ici, on a nos tranquillités mais on sait comprendre. S’il veut se remettre un peu, y a qu’à monter à la maison avec nous, il va prendre une petite collation à la ferme, hein, il veut bien ? Le fusil, c’est juste pour les mulots…
 
La proposition de Germain finit par convaincre l’étranger qui suivit son hôte improvisé, au passage, il récupéra une carte dans sa voiture, décidé à reconsidérer les détails de son itinéraire. Le faux plat du pré lui arracha tout de même une petite suée et les trois hommes parvinrent enfin à la ferme de Vanous.
 
— Bétouine, sors la charge ! On a du monde !
 
En deux temps et trois manœuvres habiles, le logis se transforma en espace d’accueil.
Bétouine, alias madame Grain, fit merveille dans son rôle, loin d’être une Nadine de Rothschild, elle étala pêle-mêle tous les ingrédients d’un solide petit déjeuner que, d’ailleurs, la présence impromptue de l’étranger n’avait décalé que de quelques instants. Autour de la table, les hommes se jaugeaient… Gégé, pour sa part, attendait dans un silence de fouine la suite des débats.
 
— …Et tu regarderas si la Barbie n’est pas à vêler bientôt pour prévenir le vétérinaire ! Va ma Bétouine, dès que j’en ai terminé avec monsieur, je m’occuperai des bêtes avec toi…
— Alors mon petit monsieur, faut pas vous laisser intimider, on est entre hommes. Dans nos contrées, faut pas feinter avec la santé, avec les travaux de la ferme, il en faut de la force, on dit bien que « sac de blé ne tient point s’il est vide ». Ah, ça va bien vous changer de vos habitudes parisiennes, vous êtes bien de Paris, n’est-ce pas ? À votre plaque, avec le Gégé, on s’est tout de suite dit ça !
 
Les larges carreaux rouges de la nappe tranchaient bien avec les couleurs et les odeurs donnant à la table l’allure d’un tableau de Marcus Tringard ; grand maître incontesté du figuratisme éclairé. Ici, apparemment, on ne se figure pas grand-chose : odeurs, couleurs et matières ne font qu’une seule et même campagneuseté.
 
— Tenez, après votre bol de café, vous ferez bien honneur à notre liqueur de Fredonia. Ça, c’est notre fierté locale, le Fredonia sauvage, c’est l’herbe du pays, à ne pas confondre avec le Fridolia de mai, plus bas vers le sud de l’Aveyron, une vraie tisane de pucelles, à chacun ses fantaisies, pas vrai ? Chez vous les Parisiens, paraît que la Marie-Jeanne tient toujours la une du pavé… Z’en faites pas monsieur, après, on verra pour votre carte…
 
L’étranger s’est bien tenu, il a supporté vaillamment l’âpreté du café, un truc de mulet, il espérait dans le sucré de la douceur promise pour retrouver son palais d’avant, tu parles ! Il fit montre d’un stoïcisme sénéquien, sa prudente libation lui arracha comme une sorte de frisson, de ses cheveux qu’il avait en bataille à ses lacets de chaussures en daim brun. Germain, flatté de faire ainsi découvrir l’âme de son pays, n’en ressentit que joie ; Gégé, compatissant, présenta une pleine carafe d’eau salvatrice au supplicié.
 
— Alors Monsieur machin, elle passe bien la petite ? Des douceurs comme ça, c’est pas pour les rastaquouères ? Hein, ici, monsieur, on soigne, on déguste le machin, on défie la mort, c’est une lutte permanente, voyez-vous ? Ne dites rien… C’est sûr que pour un baptême, ça peut surprendre l’homme, moi que vous voyez, ma défunte mère, Dieu ait son âme, en mettait dans le biberon, comme ça pour me former, m’éduquer, juste pour la tradition. Allons monsieur, remettez-vous, dites-moi un peu vos petits soucis, ici on a les moyens de vous faire tout oublier, z’êtes comme qui dirait en famille !
L’étranger, recouvrant peu à peu ses esprits, ne perçut pas d’emblée le fond inquisiteur de son interlocuteur qui se révéla d’un coup.
 
— Ben voilà, il se remet le monsieur, il va pouvoir me donner des nouvelles de Ferdinand… allons, il va pas faire sa fillette s’il veut éviter les élans d’excès… Un drame est si vite arrivé…
« Doux Jésus, voilà que le bucolique tourne au mystère ! » pensa l’étranger.
— Eh oui, mon petit monsieur ! C’est pas à moi que tu feras danser ton slow, des Germain Grain, y en a pas deux, avec tes airs de pas en tâter, m’étonnerait pas que tu sois de la clique des malfaisants, une relation a ce verrat de Ferdinand, des fois que tu ferais l’espion pour lui. Moi, je connais ses manières de gangster et je renifle le vicieux ; à ton maître, tu diras que je reste sur ma décision… si des fois tu t’en sors !
— De quoi, Ferdinand ? C’est quoi cette histoire ? Vous vous méprenez, monsieur… Grain, c’est bien ça ? Je ne comprends rien à votre histoire, non vraiment, vous faites erreur…
— Ta gueule ! Étranger, tu es chez moi ici, tu ne seras pas le premier lapin que je dépèce. Les tortures, j’en connais un rayon, va falloir te mettre à table ! Gégé, sors les pinces…
— Mais non, enfin ! Mais, des pinces de quoi ? Pourquoi ? Je vous assure, vous faites erreur monsieur Vanous !
— Mais c’est qu’il deviendrait insolent, l’avorton ! Ta gueule, j’te dis ! Déjà Vanous, c’est que pour les intimes ; pour toi, ça sera monsieur Grain, ok ? Je m’en vais te faire avou

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