Loups grégeois - Tome 1
332 pages
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Loups grégeois - Tome 1 , livre ebook

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Description

Amour, famille, passion, luttes de pouvoir...

Andass, empire des Vallées Ensoleillées, est en crise. Un complot horrible a renversé et exterminé les Rois-Loups, famille régnante d’êtres surnaturels, dix ans plus tôt. Pillages des ressources par les Comploteurs, sécheresse, exactions et perversités voisines forment désormais le quotidien des populations. Heureusement, un mystérieux sauveur apparaît, tel un héros. Résultat : foyers de rébellion... Or, tous ignorent que Reill, prince héritier légitime, a survécu. Et il veut en finir... Pour cela, il doit livrer l’histoire originelle troublante des Loups Grégeois, et contracter une alliance avec Lynx, le puissant Exécuteur, souverain maudit des cruels « Tueurs-Né » des Pays Enneigés. Mais les négociations lui coûteront l’être le plus cher...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414333431
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

« Plus une chose est fragile, plus on a envie de la briser »


 
1 ère partie La Lame de cristal


 
Chapitre 1 er
« – Va-t’en ! »
L’ordre fut craché dans l’air glacial, tranchant comme une lame de poignard. Tremblante, couverte d’un tissu laqué, le corps si endolori qu’elle fut incapable de parler, la victime se réveilla en sursaut et leva vers son bourreau des yeux dénués de toute expression, comme pour vérifier s’il ne possédait pas un tant soit peu d’humanité. Dans la cabane en rondins parcourus d’inscriptions fines et élégantes, construite au fond de la forêt boréale pour éloigner du reste du peuple le danger qu’ il représente, aucun feu n’était allumé. Le toit de peaux de phoque croulait sous le poids de la neige, ce qui rendait la sensation de gel encore plus vive. Affligée, elle considéra le « jeune » phénomène assis au centre de la lugubre pièce dans un siège à dossier en diamant massif, incrusté de saphirs et de perles noires.
Une peau pâle. De longs cheveux argentés. Une carrure de guerrier antique. Un visage impénétrable taillé dans de l’opale, et statufié par l’infini. Des lèvres minces, tel un fil. Un nez droit. Des yeux bridés, en forme d’amande, aux iris d’une froideur blanc cassé. Oui ; beau, il l’était. Dans toute la magnificence de sa cruauté . Elle remonta progressivement vers son visage, osant accrocher son regard. Ce qu’elle vit la pétrifia. Ses pupilles transparentes étaient fixées sur la pauvre fille, or il ne semblait même plus la voir. Juste… un déchet à nettoyer. Un déchet parmi tant d’autres avant elle, voilà ce qu’elle est désormais. En fait, il en avait fini avec elle. Elle éprouva une soudaine envie de fuir le plus vite possible. Certaines sont mortes en s’attardant comme elle le fait en ce moment. Et là, il semblait à deux doigts de la pulvériser. Le plaisir charnel, heureusement, les préservait souvent de la congélation.
Il était vêtu d’un simple kimono, habituellement blanc immaculé, à l’instant moucheté de petites taches rouge vif aux bordures inférieures du vêtement. Pas une fois il ne l’a enlevé, même la veille. Les taches lui remirent toute l’horreur de la nuit passée en mémoire. Elle avait encore les tympans fragilisés par ses propres cris de détresse. Il l’avait matraquée, déboitant ensuite sa hanche gauche lorsqu’il la saisissait des deux mains comme une poupée chiffon pour la pénétrer avec brutalité. À répétition. Il l’avait mordue, écorchée, sodomisée et désarticulée pour la prendre dans toutes les positions imaginables, et aussi pour faire jaillir son sang dose après dose. À l’évocation de cette image, la jeune femme failli vomir ; elle rassembla ses dernières forces, traîna son corps mutilé jusqu’à la clochette suspendue à la chaise même du monstre, et, évitant son regard tout en essayant d’oublier sa proximité, tendit la main pour tirer de toute sa volonté avant de s’évanouir.
҉
Ils ne lui donnent jamais ce qu’il veut. Pourquoi ne lui donnent-ils jamais ce qu’il veut ? Cette pensée mettait LYNX dans une rage obscure. À cause de leur incapacité dans les recherches, le froid installé depuis des siècles dans son âme ne disparaissait pas après l’acte ; il ne faisait que s’estomper éphémèrement. Comme aujourd’hui, avec la petite brune aux cheveux clairs venue des Vallées Ensoleillées. Ils ont poussé leurs recherches vraiment loin, cette fois. Mais pour rien. La vague de chaleur post-acte commençait déjà à s’évaporer. Cela leur coûtera cher. La dernière fois, il avait personnellement menacé les conseillers de s’approprier le corps, le sexe et la chaleur de leurs propres filles si le prochain sacrifice n’était pas à la hauteur de ses attentes… même s’il sait très bien qu’il n’en fera rien.
Avant d’essayer des étrangères, il avait « pratiqué », au début de sa glaciation, des femelles de son propre peuple, de KHOÏANSK, les Pays des Neiges. Le résultat fut désastreux ; les individus de ces pays, surnommés les « Tueurs-nés » étaient, comme lui, taciturnes, froids de nature, inflexibles, inaccessibles et coriaces, de sang froid tel des reptiles, d’un langage cru et sans détours. Il ne les désirait plus. Pire, le flegme polaire des sacrifiées se faufila dans ses propres veines, décuplant la froidure de ses sentiments et sa cruauté, mais aussi sa puissance. Il n’avait pas d’égal dans toute la principauté. Voire dans tous les autres royaumes. Il était devenu un réflexe, un animal féroce. Au moins une bonne chose découlant de cette mésaventure.
Tout cela parce qu’il avait, douze siècles auparavant, dit ses quatre vérités à une vieille bonne femme qui faisait office de diseuse d’avenir, alors qu’elle paraissait plutôt être un oiseau de mauvais augure. Lynx et NARVEK, son frère cadet, s’étaient rendus dans les montagnes de SCANDINGÄRD la féérique. Des enlèvements de serfs à leurs propriétaires légaux survenaient depuis peu, et ils avaient entrepris des enquêtes méticuleuses pour tuer le mal dans l’œuf. À une de leurs heures creuses, ils étaient sortis « se relaxer les muscles » dans les rues du quartier principal de Dinovia, lorsqu’ils tombèrent, deux ruelles plus loin, sur une sorte de prophétesse.
Elle radotait sans cesse, en langue commune, que les Pays des neiges seraient bientôt ensevelis sous une glaciation surnaturelle. Lynx était déjà conscient de sa puissance à trente années lunaires. Il était orgueilleux et de nature méfiante et sceptique. Dans la même langue, ignorant délibérément les discrets avertissements de son frère, il intima ouvertement à la vieille femme de garder ses sottes prédictions pour ses petits-enfants à divertir en soirée. La diseuse n’avait pas digéré l’humiliation publique, aussi avait-elle lancé en atlant, les iris tout à coup noircis :
« –  Je te le dis aujourd’hui et ici même au nœud de la Grande Sphère : tu seras l’instrument désigné par moi de ce bouleversement des sept Natures que je prophétise, ô prince de l’hiver ! Tu deviendras le Verre Cristallisé de KHOÏANSK ! Et KHOÏANSK se statufiera avec toi pour l’éter… »
Lynx n’avait jamais apprécié être pris pour cible. Dans une quelconque circonstance que ce soit. Aussi, avec sa célèbre Crystal , grande lame de katana fusionnant en cristaux avec son bras, trancha-t-il la tête de la diseuse sans en entendre davantage, sous les yeux incrédules de son frère, des auditeurs et passants curieux, avant de poursuivre posément son chemin. La Lame sentit la désapprobation du Bouclier l’envelopper comme une nasse, mais n’en fit aucun cas. De toute façon, il était trop tard ; elle était morte. La foule, prudente, n’argumenta pas. Chacun s’éloigna en silence – sauf un, qui attendit les princes entre deux igloos, dans un couloir de la rue.
– Ça alors ! Les deux plus notoires « Tueurs-né » des Pays des Neiges !
Rares étaient ceux qui les apostrophaient avec autant de légèreté. Bien qu’intrigués par sa témérité, les interpellés l’ignorèrent et continuèrent leur route comme si de rien n’était. Cela ne dissuada pas l’étrange individu de les suivre, tout en poursuivant en langue com. la provocante conversation – on aurait dit trois compagnons de route.
– Ce qui vient de se passer… Incroyable ! Zan ! D’un seul coup ! Décidément la Lame porte bien son nom et sa réputation… la sorcière n’avait qu’à bien se tenir ; elle nous fatiguait déjà les oreilles… quoique… Vous ne vous préoccupez peut-être pas des conséquences de votre geste, mais sachez que les effets en seront quand même dévastateurs. Vous êtes stupidement tombés dans leur piège.
Le mot « piège » freina le pas de Narvek, Lynx continuant d’avancer un moment avant de s’en rendre compte.
– Ne nous retarde pas, le morigéna son aîné.
Dans leur dos, l’individu eut un sourire bizarre.
Des deux, Narvek était sans doute le moins déraisonnable. Il ne combattait que pour se défendre. Il était moins difficile à vivre que bon nombre dans la principauté et n’avait pas des instincts sadiques aussi développés que Lynx. Plus intelligent que la moyenne, il était du genre à réfléchir avant d’agir, ce qui les extraira de bon nombre de situations compliquées à Dinskvall ou contre les Tribus Libres. Sa maîtrise fut considérée comme de l’hésitation et de la faiblesse par ses parents, qui, durant son enfance, se détournèrent de lui pour se consacrer exclusivement au digne héritier. Ils finirent par constater, à regret, qu’ils avaient fait fausse route, et que seul lui savait freiner les dangereux élans de son frère. À croire que c’était lui l’aîné ; Lynx était insupportable et incontrôlable, et il faisait ce qu’il voulait.
Narvek avait des dons dermo-hydro-thérapeutiques : il cicatrisait vite sans laisser de traces, guérissait tout juste avec de l’eau et était capable de servir de couverture invisible pour une centaine de ses co-guerriers. Le célèbre Bouclier . Lui et son frère donnaient du fil à retordre aux Tribus libres depuis des années : ensemble, ils étaient quasiment invincibles. Quasiment .
– Un piège ? s’enquit le Bouclier , d’une voix faussement calme.
Il se retourna lentement, et vit que l’individu était déjà monté en une seconde au sommet d’un grand cèdre. Preuve de son intelligence.
– Vous, les « Tueurs-né », si fiers, si orgueilleux… Qu’est-ce que ça fait de savoir que votre élimination viendra de l’un d’entre vous ?
Ce fut au tour de Lynx de s’arrêter. Le sinistre oiseau de mauvais augure qui les suivait ne le savait peut-être pas, mais la traîtrise n’épargnait personne, même si elle n’était pas une tare héréditaire à Khoïansk, comme c’est le cas chez les Nguni. Là-bas, on s’attend à tout de tout le monde. L’instinct de survie y prédomine. Or, le problème des Khoïns, c’était leur ego. Le principe de communauté n’y existait presque pas. Seuls les plus puissants survivent. Les princes sont devenus princes par la seule raison du plus fort. Alors, chacun pour soi. Le Khoïn était par définition individualiste, indépendant et prêt à tout pour se défendre et préserver son autogestion.
De ce fait, les cas de traîtrise n’éta

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