Loli le temps venu
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Loli le temps venu , livre ebook

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Description

Les femmes font des enfants, et leurs enfants font à leur tour des enfants. Que se passe-t-il dans cette chaîne des générations entre celle qui termine sa vie et celle qui la commence ? Loli le temps venu s’attache à comprendre le mystère du lien grand-mère/petite-fille, de cet amour aux résonances si particulières, hanté qu’il est par la brièveté du temps qui lui est accordé, taraudé aussi par le questionnement sur l’avenir de l’espèce. Joie et terreur s’enlacent à tout instant. Vos priorités sont à réviser, vos configurations familiales se trouvent refaçonnées. Le temps tourne-boule, vous êtes aspirée dans les strates oubliées de votre enfance, les fantômes de vos ancêtres surgissent sans crier gare. Par-dessus tout, le monde est adorable parce qu’une enfant l’habite. Loli le temps venu est la chronique d’une passion délicieuse, et c’est bien plus que cela. Une expérience qui redonne à l’être humain sa juste place d’élément dans le monde et le goût primordial de la vie. « Ce livre est un délice, une petite merveille, qui nous fait accéder à des choses impalpables, qui prennent corps grâce au talent de l’auteur. Il y a là une pénétration, une tendresse et une drôlerie sans pareilles. » Françoise Héritier Pierrette Fleutiaux a publié de nombreux romans, dont Nous sommes éternels, qui a obtenu le prix Femina, Métamorphoses de la reine, le Goncourt de la nouvelle, et, plus récemment, un récit, Bonjour, Anne (chronique d’une amitié). 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 03 octobre 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782738175175
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0650€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

© O DILE J ACOB , SEPTEMBRE  2013
15, RUE SOUFFLOT , 75005 PARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-7517-5
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Ce document numérique a été réalisé par Nord Compo
Sommaire
Couverture
Titre
Copyright
Préface
Chapitre 1  
Du même auteur
Préface

S’il m’arrive souvent (et fort heureusement !) de me reconnaître de façon intellectuelle ou émotionnelle sous la plume d’un auteur, il est rare que j’éprouve un sentiment de compréhension et d’empathie mêlées l’une à l’autre tel que celui que j’ai ressenti à lire le nouveau livre de Pierrette Fleutiaux.
Un lecteur pressé et inattentif penserait peut-être : peut-on dire quelque chose de nouveau et d’intrigant sur l’art d’être grand-parent depuis Victor Hugo ? D’autres, écueil justement relevé par l’auteur, édicteront a priori qu’il s’agit là de littérature de bons sentiments et de « femme ». Laisse à ceux-là le remugle de leurs idées courtes et plonge-toi, lecteur éveillé à toutes aventures, dans cette aventure-ci que l’auteure qui l’a vécue décrit avec les mots les plus justes, les plus simples, les plus évocateurs : l’émoi ressenti à l’état pur devant la beauté, l’innocence, la grâce du petit être humain qui ne se sait pas être et qui va faire à grands efforts son apprentissage et son éclosion d’individu oublieux de son enfance. Comme l’ont fait tous ceux qui l’ont précédé et tous ceux qui le suivront, puisque Pierrette Fleutiaux, dans une intuition percutante du temps, lie ensemble le destin de sa petite-fille, bien réelle, et celui, rêvé, de celle qui aura peut-être survécu à la mort de notre Soleil et vivra, après l’exode galactique des siens, sur une autre planète, autour d’un autre soleil, jeune femme inconnue qui n’aura peut-être même plus notre apparence et dont l’auteure a cru percevoir un jour autour d’elle l’onde infinitésimale de la pensée. Une sorte de continuité sereine, « de l’eau entre deux rives », unit ces destins.
« Le tout-petit est livré, pieds et poings liés, à une inquiétude sans nom et sans limites » face aux désastres et aux disparitions qui jalonnent sa vie : parents qui se dissolvent gratuitement derrière une porte pour reparaître plus tard de façon tout aussi inopinée, rythmes changeants du temps et de l’espace auxquels il est assujetti… Et nous, adultes, nous nous moquons gentiment de ces effrois ! Pierrette Fleutiaux sait nous les faire sentir, qui ouvre son récit sur l’évocation de la scène du landau dévalant les escaliers du Cuirassé Potemkine , scène aveuglante et marquante pour tous ceux qui l’ont vue. Pourquoi donc est-elle si marquante ? Parce que, justement, elle nous fait accéder, tel un coup assené au plexus, telle une décharge d’adrénaline, tel un choc inopiné, à « la peur terrifiante », celle qui naît de l’évocation suggérée de la vulnérabilité du bébé qui est dans ce landau. Peur, bien sûr, du témoin qui sait que ce bébé va s’écraser, mais surtout sensation brutale de la terreur et de l’incompréhension du bébé qui sent dans son petit corps l’accélération et les cahots et dont le monde usuel disparaît dans un tourbillon d’images dénuées de sens. Ce thème de l’être désarmé, et de la nécessaire confiance qu’il doit avoir dans ses proches, est un de ceux qui sans doute mobilisent le plus l’auteur car elle y revient à plusieurs reprises, ne serait-ce que pour s’étonner de l’infini abandon de cet être sans forces qui dort tranquille dans une poussette laquelle traverse pourtant des rues abruties de bruits de moteurs et de crissements de freins.
Pierrette Fleutiaux traque tous les éveils du nourrisson puis du bébé qui vont lui faire faire les apprentissages nécessaires sous l’œil admiratif mais aussi, souvent, négatif des adultes. Qui n’a pas été excédé du jeu sans fin qui consiste à ramasser et à rendre à l’enfant l’objet qu’il s’obstine à flanquer par terre ? On le réprimande : ça suffit !, sans comprendre qu’il s’agit pour lui d’une expérience passionnante, celle de la gravité : les objets ne restent pas en suspension en l’air, expérience qu’il renouvelle avec une joie toujours neuve. L’incompréhension des adultes et leur lassitude lui sont parfaitement opaques, jusqu’à ce qu’il découvre les mystères antagonistes de l’objet qui rebondit, nouvelle source de leçons et de plaisir infini. Elle aura ainsi de nombreux seuils à franchir, cette petite Loli, à qui le livre est dédié. Rien de plus intelligent que cette description et cette analyse au plus serré, au plus fin, des mécanismes de l’apprentissage, acquis et pertes confondus, qui nous sont offerts dans ce texte. Une enfant veut saisir le téléphone, cet objet étrange qui fait la joie des adultes, mais elle se tait sidérée à l’écoute des voix sans visage et puis, un jour, elle répond. C’est encore mieux que l’expérience du miroir : elle a compris que l’autre est là, sans être physiquement là, et qu’il lui parle, à elle. Quelle merveille de réflexion quand on veut bien y penser ! Comme la survenue du « moi », alors qu’on parle d’Elle ou qu’on utilise à son endroit le tutoiement : comment t’appelles-tu ? D’un coup, elle a compris la réciprocité. Comme l’exigence d’être reconnue comme un individu à part entière par les grands de sa catégorie, comme l’arrivée rapide, saturant tout l’espace, de la trilogie fondamentale gage de la sécurité, parents et enfant… Comme la perte de l’innocence sans trouble, avec l’entrée des récits, des images, du langage et du loup. Toutes ces choses évidentes et bien étalonnées par pédiatres et psychologues sont des miracles et -Pierrette Fleutiaux sait nous y faire accéder sans mièvrerie.
Elle est sous le charme de cette petite enfant, c’est naturel, dira-t-on, mais c’est cette sidération admirative qui nous émeut le plus. Elle permet à l’auteure bien des réflexions sur la loi commune et la singularité, l’antique « dévalorisation du féminin » (qu’aurait été le destin du célèbre tableau de Michel-Ange s’il y avait eu un corps de femme et non d’homme au bout de l’index divin ?, mais la chose était-elle seulement pensable ?), l’inné ou l’acquis, l’essence ou le genre… Certaines, menues, sont éblouissantes : ainsi du destin des photographies, scrutées, chéries, et qui, supplantées par d’autres plus récentes, « rejoignent la planète des albums morts ». D’autres font le pont entre la grand-mère d’aujourd’hui et la petite-fille qu’elle a été, auprès de ses propres grands-mères, la paysanne qui urinait chaque matin à ses côtés au bord du pré pour ne pas avoir à traverser l’herbe mouillée en allant au cabanon dévolu à cet usage, la citadine aux longues jupes austères et au dos blanc si proche dans sa vieille nudité du dos d’albâtre du bébé.
Et puis, sur tout cela qui nous enchante plane la drôlerie. Pierrette Fleutiaux n’est pas dupe de ses attendrissements, qu’elle assume gaillardement. Disons qu’elle est foudroyée.
F RANÇOISE H ÉRITIER , juillet 2013.
 

À trois années d’intervalle, deux événements se sont produits dans ma vie personnelle, apparemment sans lien l’un avec l’autre, à moins de renverser l’ordre des causalités et la flèche du temps, et c’est bien là-dessus que je m’interroge certains soirs de grand ciel pavoisé d’étoiles.
Le premier, furtif et très étrange. Si étrange que je n’en ai parlé à personne – par incertitude, par peur du jugement, peut-être pour protéger une jubilation secrète. Cet événement-là n’a rien changé à mon quotidien. Le second en revanche, parfaitement commun, m’a chamboulée de fond en comble, j’en ai parlé à tout le monde autour de moi, et ne cesse d’ailleurs d’en parler. Agissant en cela comme la plus banale des grands-mères.
Mais, trois ans avant la naissance de ma petite-fille Loli, aucune descendance ne se préparait dans ma famille ni même ne s’annonçait à l’horizon.
En ce qui me concerne, avoir des petits-enfants était une idée hors champ.
Cela s’est passé vers la fin de l’année. Je mettais le couvert du déjeuner. J’ai dû m’appuyer brièvement au rebord de la table, mais l’assiette que je tenais n’a pas glissé de mes mains, personne ne s’est aperçu de rien, et moi-même sur le coup j’ai chassé aussitôt ce qui venait d’arriver. Ce n’était pas difficile : je ne savais pas ce qui était arrivé. Mille choses se passent dans une journée, on garde, on jette, on ne sait pas.
Sur un point, cependant, j’ai une certitude : ce n’était pas un malaise.
Cet événement n’est pas l’objet de ce livre. Cependant il en colore chaque moment, peut-être en est-il à l’origine, en tout cas, il explique pourquoi la chronique qui suit s’arrête à l’arrivée de la parole chez le bébé fille dont je suis la grand-mère.
Celle à qui je m’adressais bien avant la conception même de Loli n’avait pas de nom. Elle n’avait aucune existence qui se puisse représenter. Pourtant quelqu’un en moi s’adressait à elle, je l’appelais ma petite-fille du bout du temps, je lui disais « ma chérie », elle s’était « manifestée » à moi d’un futur insondable, pour désigner lequel aucun des temps de notre grammaire ne convient exactement, et je l’avais perçue dans ce qui est mon présent, comme si nous étions, elle et moi, dans des univers parallèles.
Oui, ma chérie, je t’ai entendue.
Façon de dire, bien sûr. Pas de mots, pas de sons. J’ai senti ta présence, un effleurement à la surface de mes pensées. Soudain, avec une absolue certitude, j’ai su que tu étais là. Tu avais établi un contact.
Un point flottant le

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