Lettres jamais envoyées à mon père
240 pages
Français

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Lettres jamais envoyées à mon père , livre ebook

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Description

L'auteur ne mentionne ni le pays ni l'époque de son récit. On reconnaît cependant aisément les traits d'une Afrique du Nord coloniale en plein bouleversement. Une romance fera ici scandale, tout comme un mariage forcé suivi d'un exil en France... C'est avec authenticité que se dévoilent, au fil des pages, le poids des traditions, la pression familiale et la violence du patriarcat. Diouri compose un récit initiatique qui fleure bon le vécu, dépeignant avec justesse une société sclérosée où les espoirs se tournent vers un ailleurs au parfum de liberté. On ne lit pas ce texte d'un dévoreur des plaisirs, des joies et des souffrances de la vie, on le visionne sur un écran virtuel. Images et sons, en déferlant, créent d'emblée l'empathie. L'intensité de ce récit tient à un style sans fioritures permettant de créer un fond d'émotions intemporelles et universelles. Diouri est avant tout un conteur et si elles n'ont jamais été envoyées au père, ses lettres toucheront en profondeur chaque parent et chaque enfant d'ici et d'ailleurs.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 26 août 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342054958
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0071€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettres jamais envoyées à mon père
Claude Diouri
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Lettres jamais envoyées à mon père
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
Avant-propos
 
 
 
Ce deuxième tome, achevé longtemps après l’édition de Maintenant, tu sais…, est issu d’une réflexion profonde comme précisé dans le premier volet, lequel n’était qu’un « hors-d’œuvre ». Il s’avère maintenant que « l’entrée » de ce jeune adolescent est truculente, étant livré ici aux affres et tumultes de la Ville Lumière.
Pour compléter la trilogie, le « plat de résistance » alternera sagesse et appétit de folie créatrice. Il sera également épicé de tribulations d’hommes aussi bien que de femmes.
Toute ressemblance avec… n’est que simple coïncidence ou fruit de l’imagination personnelle.
 
 
 
Quelque part dans sa ville natale…
 
 
 
L’évolution de ce jeune adolescent rebelle, en quête d’autonomie pour s’extraire de tous les commérages familiaux et, plus particulièrement, pour esquiver les joutes, parfois même violentes, du patriarche qui est le Père.
Ce patriarche, pour éviter de voir sa famille traînée dans la boue, tente de cadenasser cet enfant à des responsabilités d’adulte, l’encastrant dans un mariage forcé.
L’ado, par manque d’autonomie, acquiesce à cette souffrance de responsabilité non voulue. Ado, dit ado à femmes , se réjouit d’évoluer aux côtés d’une femme qui, en plus, est belle et attirante, comparable à l’émergence d’un bourgeon.
Cette adolescente le comble à tout point de vue avec la bénédiction des deux familles respectives, tentant de leur apporter la joie de vivre comme s’ils étaient déjà mariés.
L’adolescent croque la vie à pleines dents, considérant que ce n’est qu’un acompte sur le mariage.
Si une rumeur négative arrivait aux oreilles des familles et plus particulièrement à celles de l’adolescente, la morale pourrait tirer sur les rênes de manière aussi violente que nécessaire, au point que le mors pourrait déchirer les lèvres de ces deux innocents.
Devant cette situation, l’adolescent s’enfuit vers la Ville Lumière pour entamer une nouvelle vie afin, non pas d’oublier l’amour de son bourgeon, mais plutôt de trouver une quiétude pour vivre cette relation intensément, dans sa tête comme dans son cœur, qu’il se promet de ne jamais oublier.
 
 
 
Lettres jamais envoyées à mon père
 
 
 
Dès mon arrivée à la maison, j’ai senti de l’orage dans l’air.
Je m’éclipse à l’étage, fébrile et plutôt angoissé.
En effet, l’ambiance est pesante, les femmes de la maison sont toutes regroupées dans un coin du patio. Mon grand frère, assis en tailleur, les sourcils froncés, le visage blême, observe mon arrivée, affichant une attitude pour le moins très peu accueillante.
Je fais semblant de rien, je salue tout le monde comme à l’accoutumée. Je découvre cependant que tous sont d’une froideur glaciale et que le seul qui manque à l’appel est mon père, qui, selon toute vraisemblance, est parti à la mosquée, pour la prière du soir.
 
À peine remis de mes craintes de lourdes punitions après la délation de mon frère aîné, je suis rattrapé le soir même. Mon père, qui n’en demande pas tant pour m’infliger la correction qui s’impose, selon son mode d’éducation familiale, profite de cette occasion pour me faire payer toutes mes désobéissances et le scandale que j’ai occasionné dans la maison durant la semaine qui vient de s’écouler.

Dès son entrée, il se plante au milieu du patio comme un guerrier, crie mon prénom et demande à l’assemblée où se trouve le mécréant.
Au même instant, mon grand frère, qui a repéré mon refuge, escalade les escaliers quatre à quatre, m’attrape et me traîne par le bras vers le rez-de-chaussée. Il me plaque au sol et me prépare pour que mon père exécute son forfait.
Celui-ci commence à me frapper avec un bâton sur le plat des pieds, que mon frère serre de toutes ses forces. Comme fou, une mousse blanche autour des lèvres, le visage rouge pivoine, il casse le bâton sur mes pieds, en prend un deuxième et puis encore un troisième.
Il frappe de toutes ses forces jusqu’à en perdre le souffle, et ajoute : – Que cela te serve de leçon, et qu’on ne te voie plus faire entrer une femme dans ma maison que tu as déshonorée.
Toutes les femmes en pleurs, blotties dans leur coin les unes contre les autres, sont impuissantes, incapables d’intervenir ou de dire un mot à ce chef de famille qui, en pareilles circonstances, perd la raison.
Mon frère m’ayant lâché, les pieds en sang, je me trouve au milieu du patio comme une offrande. Abandonné à mon sort, j’attends qu’une âme charitable me tende une main généreuse pour me réconforter et, pourquoi pas, m’apporter un premier soin. Mon père, lui, part se laver les mains et se rafraîchir le visage afin de recouvrer ses esprits.

Le lendemain matin, avant d’aller à l’école, ce même père au caractère intransigeant m’invite à sa table pour partager son petit-déjeuner et m’encourager à mieux travailler à l’école. Décidément, les jours se suivent et, pour moi, ne se ressemblent pas. À l’avenir, je devrai faire gaffe, particulièrement à ce frère aîné.
Celui-ci, ayant assisté à la torture dont il est la cause, s’approche de moi, pour s’excuser et surtout pour m’aider à rentrer dans les rangs et ne plus m’exposer à de pareilles souffrances.
— Tu sais, pour les filles, tu verras, une fois grand ; je suis sûr que notre père te trouvera une très jolie fille pour te marier, et j’insiste, tu le sais bien, tous nos grands frères, notre père les a mariés une, voire plusieurs fois.
 
Après toutes ces tortures, si néfastes pour moi, je suis devenu plus secret, mais sans jamais laisser ma part au chat.
À la maison, je suis devenu plus docile et plus serviable, afin de bénéficier de plus de liberté quant à mes fréquentations dans le quartier.
Ceci, bien qu’amusant, n’a pas manqué de m’occasionner pas mal de déboires et de bagarres avec l’ensemble de mes copains, à cause des filles qui préféraient se retrouver avec moi, parce qu’elles se sentaient plus en sécurité.
 
Ma chance, c’est que les parents de ces filles m’ont toujours trouvé mignon et sympathique, au point de faire de moi presque un enfant de leur maison. Certes, je n’ai jamais dépassé le stade amical, un baiser par-ci par-là, et j’ai toujours fait plaisir à l’une ou l’autre d’entre elles, sans que cela dérange leurs mères.
 
Dans toutes les familles, comme d’ailleurs dans la mienne, il y a toujours une fête, un mariage, un baptême, une circoncision, des fiançailles et un départ ou un retour de pèlerinage. Qui dit fête , dit en général plein de monde, et qui dit plein de monde, dit alors plein d’enfants et de pré-ados.
C’est donc un terrain de découvertes, d’enrichissements et de connaissances.
 
Lors du baptême d’un nouveau neveu, né du récent mariage de mon grand frère, celui-là même qui m’a fait découvrir le métier d’ébéniste et la gent féminine, j’aperçois mon frère cadet remettant au jeune frère de ma belle-sœur, qui vient d’accoucher, une petite missive pour sa grande sœur à peine plus âgée que lui.
 
Ce petit garçon va donc servir de facteur. J’imagine que c’est un message avec un poème ou un petit mot doux pour s’approcher de cette belle jeune fille.
 
Pour ma part, je suis dans d’autres réflexions, m’inquiétant des lendemains difficiles au risque de m’y accoutumer. Quelques jours passent, je ne sais plus à quelle occasion, le petit frère de ma belle-sœur se trouve à la maison, et, de nouveau, mon frère fait appel à son jeune facteur attitré pour un autre courrier de cœur. Je comprends alors qu’une idylle est en train de naître entre mon petit frère et la jeune sœur de ma belle-sœur. Tous deux sont à la veille de leur adolescence.
 
L’année scolaire est sur le point de se terminer sans trop de casse, ce qui m’a permis d’obtenir un résultat satisfaisant et positif pour répondre aux exigences de la famille.
Rentrant donc de l’école, sans crainte pour le résultat de ma scolarité, je trouve toute la famille en effervescence autour d’une quantité surprenante de ballots de laine. J’apprends alors que c’est pour préparer le trousseau de mariage de ma grande sœur. Ces ballots, pour nous les enfants, ont servi de plaine de jeux pour le restant de la journée.
Le lendemain matin, tous les membres de la famille prennent le petit-déjeuner. Mon père est aux abonnés absents.
 
Ma tante paternelle, ma complice de toujours, m’informe que mon père est en voyage au moins pour une semaine. Elle ajoute : – Cela te rassure ?
Tout ce beau monde se dirige vers la cave afin de commencer le nettoyage de cet amas de laine. Cela signifie que tous les enfants sont réquisitionnés pour donner un coup de main et laver cette laine que nous devrons transporter à la terrasse pour la faire sécher, à l’exception de ma petite sœur. Elle a demandé à ma mère d’accompagner tout le monde pour participer à la fête.
Mon frère cadet et moi-même partageons avec joie le bonheur indescriptible de participer à cette opération majeure qui contribue à la préparation du mariage de notre grande sœur.
Ma mère accède à la demande de ma petite sœur, bien qu’elle la couve tout le temps et plus que tout le monde, parce que ma mère, qui n’a eu que des garçons, avait tant espéré une fille qu’elle la protège contre le mauvais œil a

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