Lettres à l Homme Soleil
76 pages
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Lettres à l'Homme Soleil , livre ebook

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Description

« Quand vous êtes entré dans ma vie, le printemps pluvieux de cette année-là avait capitulé devant l'ardeur d'un bel été. Je vous ai appelé l'Homme Soleil. Quelque chose en vous ressemblait aux jours interminables aveuglés de lumière qui font oublier l'idée de nuit. Était-ce l'éclat de vos yeux ou celui de votre sourire ? Lorsque j'y songe aujourd'hui il me semble que votre rayonnement avait plus à voir avec l'esprit. Vous avez grandi sur les bords de la Méditerranée, là où des voix s'élèvent encore pour raconter mille histoires éternelles. » Dans ce nouveau recueil de nouvelles que l'on pourrait qualifier de trilogie solaire, l'auteur nous offre un voyage initiatique au pays de la lumière, celle de la Méditerranée ou d'une île perdue quelque part, au milieu d'un océan de toutes les audaces. La prose s'y fait poésie et berce le lecteur d'une ensorcelante musicalité.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342057676
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Lettres à l'Homme Soleil
Martine Gasnier
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Lettres à l'Homme Soleil
 
Lettres à l’Homme Soleil
 
Vous qui allez partir à Rome, écoutez-moi : pour jouir de la ville jusqu’à la souffrance, vous choisirez un jour insupportable de chaleur, un de ces jours qui rend tout effort inhumain et fait suffoquer les touristes.
Vous abandonnerez le Colisée aux marchands et aux hordes des machines à photographier. L’odeur de sang qui plane encore sur l’arène vous donnerait la nausée. Vous passerez, indifférent, devant les arcs de triomphe, ils ne sont que les vestiges de toutes les gloires éphémères et vous n’êtes pas homme à chérir des batailles.
Vous ignorerez aussi les trésors du Vatican, il y a là trop d’or et d’insolence qui dérangent l’Éternel.
Vous marcherez par les rues torrides, ruisselant d’une sueur vite devenue poussiéreuse, les pieds maltraités par les pavés, jusqu’au moment où vous parviendrez à la Fontaine des Tortues. Il faudra vous y arrêter longtemps car c’est elle qui initie le voyageur capable d’émotion à la beauté romaine.
Vous aurez envie d’apprivoiser les reptiles et leurs beaux dompteurs à la nudité de bronze et vous vous désaltérerez à la gueule des monstres marins cracheurs de l’eau de toutes les purifications. Vous vous souviendrez que je vous racontais les visages un peu veules des éphèbes et leur chevelure souple comme des plantes aquatiques. Vous rafraîchirez votre visage dans les grands bénitiers profanes en pensant que je l’ai fait avant vous et que j’ai cru à l’éternité lorsque mes yeux brûlés par le soleil s’y sont noyés.
Vous n’en finirez pas de regarder les grandes maisons aux volets clos. Certaines sont léprosées. Vous en choisirez une et vous imaginerez qu’elle deviendra votre demeure. Vous en goûterez la pénombre et le dépouillement. Il n’y aura là rien qui puisse vous détourner de vous-même. Vous quitterez l’interminable partie de jeu des apparences, les autres la poursuivront bien sans vous. Le sacrifice pourra sembler cruel à l’homme trop social que vous êtes devenu, montrez-vous courageux et laissez tomber votre habit de convenances. Quand vous serez aussi nu que les éphèbes de la fontaine, prenez un cahier d’écolier qui vous rappellera qu’autrefois vous avez été un petit garçon en quête d’un rêve immense resté inachevé, poursuivez-le sur le papier sagement quadrillé et ne craignez pas d’y faire des ratures, la vie elle-même en est noircie. Si l’écriture se fait parfois trop douloureuse, écoutez le silence, il en montera une musique rare comme un air de Debussy, une musique qui fera danser votre plume et captivera votre cœur.
Vous passerez ainsi le temps d’un été brillant comme les pépites d’or de votre regard. Un jour arrivera où vous n’aurez plus rien à écrire, vous vous sentirez étrangement libre, l’envie de renaître vous prendra.
Je sais qu’alors vous sortirez de votre retraite pour attendre, sous le soleil romain, qu’une femme vienne apaiser ses yeux meurtris à l’eau de la fontaine miraculeuse.
 
Quand vous êtes entré dans ma vie, le printemps pluvieux de cette année-là avait capitulé devant l’ardeur d’un bel été. Je vous ai appelé l’Homme Soleil. Quelque chose en vous ressemblait aux jours interminables aveuglés de lumière qui font oublier l’idée de nuit. Était-ce l’éclat de vos yeux ou celui de votre sourire ? Lorsque j’y songe aujourd’hui il me semble que votre rayonnement avait plus à voir avec l’esprit. Vous avez grandi sur les bords de la Méditerranée, là où des voix s’élèvent encore pour raconter mille histoires éternelles. Vous avez joué au milieu de la foule colorée qui se déverse dans la rue à l’heure crépusculaire et envahit toutes les places de la ville. Vous y avez côtoyé le notable et le mendiant. L’un et l’autre vous ont appris à devenir ce que vous êtes pour moi : une sorte de funambule qui ne laissera jamais tomber son balancier. Vous avez respiré avec une telle gourmandise l’odeur aga çante des épices que vous en êtes resté imprégné. Votre peau a encore le goût du safran que vous courriez acheter dans le souk seulement pour enivrer vos narines.
Dans le jardin de votre maison coulait, m’avez-vous dit, une fontaine à laquelle, par les heures caniculaires, vous rafraîchissiez votre regard brûlé par la fournaise. C’est cette eau cristalline qui baigne toujours vos yeux et les rend si purs.
Vous avez dû beaucoup rêver en croisant les femmes voilées porteuses de secrets que vous ne pouviez violer. Vous en avez gardé une nostalgie qui vous pousse vers la pudeur et le mystère. J’ai appris de vous le silence et les gestes feutrés qui protègent des autres.
Le désert a ravi votre cœur et vous traversez la vie, assoiffé d’immensité, tout entier tendu vers un horizon que vous n’atteindrez jamais. Les petites choses ne vous concernent pas ; le sable qui fuyait sous vos pieds vous a permis de mesurer la vanité humaine. L’intemporel est devenu votre royaume, vous avez pris des allures de géant sous les cieux nomades d’un pays qu’il vous fallait reconquérir chaque jour.
Je vous crois incapable d’accorder la moindre attention aux misères de l’existence, tout comme je vous sens incapable de laideur. Le soleil a trop brillé sur votre enfance pour ne pas en avoir balayé les ombres.
Vous avez rapporté dans nos contrées de noirs labours le balancement toujours recommencé de la mer qui berça vos désirs, il s’est inscrit dans votre démarche que la terre ne parvient pas à alourdir. Vous êtes pareil aux grands voiliers qui cinglent vers le large, heureux de leur souplesse et surpris que des hommes puissent rester sur le quai.
Voilà pourquoi j’ai voulu vous connaître, vous qui venez d’un lumineux pays.
 
L’heure approchait où le soleil couchant déposerait sur le marbre des colonnes de subtils reflets roses. Nous étions là depuis le matin à attendre un spectacle qui emplirait, me disiez-vous, votre âme d’une grande pensée mystique. Du temple, nous avions contemplé la mer de Poséidon miroitante dans l’air si pur de ce printemps grec que nous partagions comme un mets délicat, avec d’infinies précautions, pour en savourer jusqu’aux plus infimes nuances. Vous auriez aimé que nous marchions jusqu’à la maison toute blanche dressée sur un rocher couvert de fleurs violettes baptisées par vous « fleurs de la passion ». Vous me racontiez qu’un jour nous pourrions y vivre, ...

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